Photo Aurore (cliquer pour agrandir)
Chers Amis,
Aucun évènement de l’Histoire n’a suscité autant de joie et d’enthousiasme dans la durée que la Résurrection du Christ… Et voilà qu’au beau milieu de ce soulèvement inouï surgit l’Apôtre Thomas qui met l’évènement en question et sème le doute ! Je ne croirai, dit-il, que lorsque j’aurai mis mes mains dans ses plaies. Quel superbe miracle que ces paroles ! Quelle connivence avec des millions d’hommes, surtout aujourd’hui, qui aimeraient bien en dire autant ! Il est inacceptable d’être chrétien parce que « par hasard » on est né dans ce milieu-là, qu’on a reçu la foi comme un héritage, parce que le curé du coin en a parlé ou l’Institution qui me coiffe la professe…La foi par personne interposée !
Le doute, par contre, permet et provoque l’affrontement personnel avec la réalité proposée. De quoi s’agit-il exactement ? C’est, pour celui qui l’entreprend, une démarche d’éveil et de maturation par l’expérience unique et transformante. Ce n’est plus à cause de tes dires que nous croyons, nous avons entendu nous-mêmes et nous savons qu’Il est vraiment le Sauveur du monde, ont dit les Samaritains (Jn 4,42). Dieu s’est incarné en Jésus Christ pour que chacun puisse le voir, le toucher, l’entendre et l’expérimenter directement. Le doute ouvre dans l’homme un espace de recherche.
Voilà ce qui est précisément très important. Celui qui cherche, au lieu de recevoir passivement de l’extérieur, devient sujet et va à la racine de son désir, c'est-à-dire de l’expérience la plus originelle en lui. C’est la première et seule chose qui intéresse Jésus quand Il rencontre ses tout premiers disciples : Que cherchez-vous ? leur demande-t-Il (Jn 1,38). Celui qui cherche a le désir en éveil et un chemin d’expérience, son être est orienté. Jésus, voyant cela chez les disciples qui ont répondu : Maître, où demeures-tu ? les invite à l’expérience immédiate : Venez et voyez ! Leur cœur profondément motivé ouvre les portes. Et ils demeurèrent avec Lui ce jour-là, continue le texte. Tout est là : demeurer avec Lui : ils sont dans la fournaise de l’expérience la plus transformante qui soit.
Thomas a quelque souvenir de ces moments d’intenses rencontres et il sait : la foi ne peut être une simple adhésion intellectuelle des « vérités à croire »… Pour lui, la foi c’est « plonger », ce qui définit le baptême, dans la chair et le sang du Christ, dans la puissance de son souffle, pour devenir avec Lui une même substance, ce qui définit l’eucharistie. La foi est une adhésion d’Amour au Christ. Connaître par la foi c’est alors naître au Christ, vivre en Lui et par Lui, Le laisser vivre en soi à travers le moindre geste. Quand Thomas, après avoir touché le Christ, s’écrie : Mon Seigneur et mon Dieu ! , il témoigne de cette « plongée » dans une toute autre dimension, la dimension non-conditionnée, qui fait de lui une « créature nouvelle ».
C’est un immense lâcher-prise. Le Christ l’y conduit pour que plus rien ne s’interpose dans sa foi, pas même sa volonté d’expérience. Dieu se laisse saisir, mais pas enfermer ! Jésus l’invite à descendre dans son mystère inépuisable et sans limites. L’homme est toujours réducteur et risque de rester à la superficie de ses images et de ses sensations, victime de son mental. Quand Jésus dit à Thomas : Tu crois parce que tu m’as vu, heureux ceux qui croient sans voir vu !, Il lui fait remarquer que « voir » c’est rester encore à distance de Lui, forcément.
Mais heureux ceux qui ne voient plus : le Christ leur est devenu tellement intérieur que la relation d’extériorité est totalement absorbée. L’homme est entré dans le grand « Je Suis » avec le Christ, il n’y a plus d’objectivation : Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi, selon la fameuse révélation de saint Paul (Ga 2,20).
Voilà justement le Mystère abyssal où l’homme naît vraiment à lui-même parce qu’il porte le Vivant dans son intimité. C’est l’homme de ce « huitième jour » dont parle l’Evangile, il a intégré l’éternité dans le temps et mène désormais une vie de ressuscité ; le Royaume lui est intérieur, si bien qu’il est libre de tous les conditionnements et divinement heureux. Même les blessures que la vie continue à lui infliger : Jésus lui apprend qu’Il peut les toucher avec confiance, elles sont maintenant « sauvées » et déjà remplies de lumière…
A chaque instant, nous avons le choix entre le doute néfaste qui nous aimante vers le bas-fond enférique ou le doute comme « méthode » qui ressuscite !
Avec toute notre affection, à bientôt !
Père Alphonse et Rachel
animateurs du centre spirituel Béthanie
http://www.centre-bethanie.org
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