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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 23:04

Gorze, novembre 2012

 

 

Chers Amis,

 

Avec ce temps de l’Avent qui commence, se pose pour nous très concrètement la question de nous préparer à Noël, c’est-à-dire, ni plus ni moins, à devenir Mère de Dieu. La prétention peut paraître énorme au premier abord mais le Christ lui-même n’a-t-Il pas dit : Qui est ma mère ? … Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est une mère. (Mc 3, 35)

 

Mais où se fait la volonté de Dieu dans ma vie ? Nécessairement dans l’instant présent ! Là dans le « ici et maintenant », au bout de ma plume, dans le contact avec le balai ou le couteau des épluches, dans l’épaisseur même de ce que je fais en ce moment, à la jointure des deux consciences, la mienne et celle de Dieu..., là commence l’histoire, l’histoire d’un enfantement, l’Histoire tout court, mon Chemin.

 

Ce Chemin est d’abord celui de Marie. Elle est la première ; la première à réaliser pleinement depuis tant de siècles et de générations le chemin de retour offert par Dieu Lui-même à son peuple dans le livre du Deutéronome, le fameux « Shema » : Ecoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toutes tes forces. (Dt 6, 4-5). Tout est là, absolument tout pour retrouver le bonheur perdu depuis la chute. (Dt 6, 3). Déjà le troisième fils d’Adam et Eve, Seth, rouvrait la voie en engendrant Henosh, dont la Bible dit qu’il était le premier invocateur du Nom.

 

L’homme, par sa déviance, avait perdu « l’axe de son Nom », c’est-à-dire son identité et la vie divine qui en était la source. Henosh invoquait le saint Nom et retrouvait ainsi les racines perdues de toute joie possible. A sa suite, Shem, le premier fils de Noé, commence la lignée des Shemites (ou Sémites), les « porteurs du Nom », et annonce les fondations de la « maison d’Abraham », avec Isaac et Jacob, puis les mères d’Israël : Sarah, Rébécca, Léa et Rachel qui sont, tous, les grandes semailles d’un avenir radicalement nouveau. Axés dans le saint Nom, ivres de la Parole, ils deviennent une nation grande et puissante et une cause de bonheur pour toutes les nations de la terre (Gn 18, 18). Mais cette germination va durer encore des siècles, à travers des annonces et des préfigures multiples, jusqu’à ce qu’elle atteigne sa plénitude en Marie.

 

Plénitude, car elle est l’aboutissement, la première, en effet, à être tournée vers Dieu d’une façon absolue. C’est la première fois qu’un être réalise le « Shema » parfaitement ; tout son être est écoute et son coeur sans partage. En général nous aimons plus ou moins, nous mobilisons une partie de nos capacité et n’investissons nos forces « qu’à moitié »...

 

Mais ce qui caractérise le « Shema » c’est le mot : « TOUT » ! Marie aime Dieu de TOUT son coeur, de TOUTE son âme et de TOUTES ses forces. Elle est « vierge » de tout autre désir, « seul » Dieu habite ses pensées et son coeur. Totalement décentrée d’elle-même, pure relation à Dieu, elle a retrouvé la source de son être qui la remplit d’une autre Présence : la virginité spirituelle ouvre toujours à la maternité inséparablement ; dans le vide d’elle-même que Marie offre à Dieu, Dieu se précipite ; l’homme qui cesse de se porter lui-même devient porteur de Dieu : « Théophore », ou « Théotokos » : mère de Dieu. Le vieux rêve de l’homme déchu se réalise : Ah, si Tu déchirais les cieux et descendais ! (Is 63, 19).

 

Pour Marie, et à travers elle pour tout homme, l’impossible arrive : le ciel s’ouvre et le Messager céleste lui annonce la « Bonne Nouvelle », la Nouvelle stupéfiante qui fait basculer l’Histoire et fonde désormais toute joie...

 

On ne construit jamais un édifice sur n’importe quel matériau, plus il est élevé et important, plus les fondations doivent être profondes, dit saint Augustin ; aussi les premières paroles de Dieu à Marie, apportées par l’archange Gabriel, vont-elles fonder toute la Nouvelle Alliance entre Dieu et l’homme, l’Alliance éternelle, définitive, et ces paroles fondatrices sont : Réjouis-toi, Marie ! (Lc 1, 28). Mot qui contient tout, car il contient Dieu lui-même et l’homme puisqu’il est à son image, mais aussi le Chemin qui conduit de l’un à l’autre...

 

L’Alliance avec Dieu, devenir un avec Dieu, est la plus haute possibilité de l’homme, cela va de soi. Mais il n’est pas moins clair que, Dieu étant le sommet du bonheur, le bonheur absolu, c’est par le bonheur que l’on progresse vers Lui et être pleinement heureux représente l’essence de la vie spirituelle. Partout où règne la joie, Dieu s’exprime, mais partout où l’on s’exerce à la joie, Dieu s’imprime !

 

En invitant donc Marie à la Joie, Dieu ouvre l’histoire du salut, l’histoire de la libération définitive de l’humanité, de chaque homme en particulier. Marie n’est pas un être à part, un météorite solitaire dans l’histoire, mais en elle éclot, à partir des racines ancestrales, toute la splendeur de la mystique juive et c’est en elle aussi que tout l’avenir spirituel de l’humanité trouve sa vraie matrice.

 

Réjouis-toi, Marie ! n’est pas une « salutation angélique », une manière céleste de dire « Bonjour » ou « Salut, Marie ! », mais l’accomplissement de l’immense joie messianique annoncée depuis longtemps par les prophètes. Quel poids prennent alors les paroles de saint Gabriel, quand on les sait lourdes, enceintes d’un long passé qui va résonner avec puissance dans les entrailles de Marie. Ces paroles, Marie les connaît par coeur pour les y avoir « gardées » longuement ; la vraie joie ouvre toujours sur une Présence, elle est une « conception » et un « enfantement » : Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus (Lc 1, 31)

 

Evénement fondateur, mais aussi normatif pour chacun : Marie devient Mère de Dieu par nature et tout homme désormais qui invoquera ce saint Nom le sera par grâce, le Nom de Dieu se gravera en lui (Ap 3, 12), il sera « porteur du Nom ». Normatif aussi parce que, maintenant, tout homme qui a vraiment un Chemin et ne cherche plus que l’unique nécessaire (Lc 10, 42) entend dans son tréfonds : « Réjouis-toi ! ». Mais il peut l’entendre également à l’intérieur de chaque événement. Chaque événement, chaque moment avec son contenu est un messager, un ange, qui vient me dire : « Réjouis-toi ! » Et si j’adhère à cette joie, elle me libérera de toutes les contingences.

 

Avec toute notre affection, à bientôt !


Père Alphonse et Rachel
animateurs du centre spirituel Béthanie

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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 23:15

dix_commandements-copie-1.jpg

Le film complet

Réduit en esclavage, le peuple d'Israël doit travailler pour le Pharaon. Comme le bruit court qu'un libérateur va naître du peuple juif, le Pharaon fait exterminer tous les nouveaux nés. Sauvé des eaux par Bithiah, fille du Pharaon, Moïse devient Prince d'Egypte et s'attire la haine de Ramsès, fils du souverain régnant Séthi, qui voit en lui un concurrent à la couronne et un rival pour l'amour de Nefertiti. A l'annonce de sa judéité, Moïse se fait chasser du palais et rejoint les siens en esclavage.

A la mort de son père, Ramsès devient Pharaon et épouse Nefertiti. Moïse, condamné à mourir de soif dans le désert après avoir tuer le surveillant chef des esclaves pour sauver une juive du déshonneur, est recueilli par des bergers et épouse Sephora. Un jour, sur le Sinaï, Moïse reçoit de Dieu l'ordre de délivrer le peuple juif. Il se rend en Egypte pour demander à Ramsès la liberté des esclaves mais celui-ci refuse.

Les dix plaies s'abattent alors sur l'Egypte, les enfants meurent et avec eux le fils du Pharaon. Vaincu, Ramsès laisse partir les esclaves mais, poussé par sa femme, se lance à leur poursuite avec son armée. La Mer Rouge s'ouvre pour laisser passer Moïse et se referme pour engloutir l'armée egyptienne.

Tandis que sur le Sinaï, Moïse reçoit les Dix Commandements, les Israëlites adorent au pied de la montagne le "Veau d'Or". En punition, Israël sera condamnée à errer quarante ans au desert. Au moment d'accéder à la terre promise, Moïse meurt sur le Mont Nébo.

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 23:41

mgr_jean_st_seraphim_de_sarov.jpg

Pendant l'ère soviétique, il n'existait peut-être pas de symbole plus horrible de la dévastation de l'Église orthodoxe russe par le régime communiste que le Monastère de Diviyevo.

 

Le monastère fut fondé par saint Séraphim de Sarov, mais il avait été transformé en une ruine affreuse. Les restes éventrés de ce qui restait, dominaient le pathétique centre régional soviétique dans lequel la ville autrefois glorieuse et florissante de Diviyevo avait été transformée. Les autorités n'avaient pas pris la peine de détruire complètement le monastère. Au lieu de cela, elles avaient délibérément laissé la ruine debout comme souvenir de leur triomphe, comme trophée de leur esclavage perpétuel de l'Église. Près des Portes sacrées du monastère, elles mirent en place un monument représentant le chef de la Révolution -Lénine- dont le bras était élevé vers le ciel, accueillant en se moquant  tous ceux qui venaient au monastère dévasté.

 

Tout sur les lieux déclarait d'une manière convaincante qu'il n'y aurait plus jamais de retour vers le passé. Les prophéties de saint Séraphim au sujet de la grande destinée du monastère de Diviyevo, qui avait été si cher à toute l'orthodoxie russe, semblaient avoir été profanées et détruites à jamais.

 

Nulle part dans Diviyevo, ni dans la ville, ni dans ses environs, il n'y avait une seule église ouverte, pas même le souvenir d'une église, tout avait été complètement détruit. Et dans le monastère de Sarov, autrefois renommé, et dans les villes autour, au lieu d'un site sacré, aujourd'hui l'une des constructions les plus top-secret et fortement gardée de l'Union soviétique avait été installé à la place, un projet connu sous le nom Arzamas-16. Ici, des armes nucléaires étaient fabriquées.

 

Si des prêtres faisaient un pèlerinage secret à Diveyevo, ils cachaient leurs intentions, s'habillaient en civil. C'était en vain. La police secrète les trouvait de toute façon. Dans l'année où j'ai visité le monastère dévasté, deux moines venus pour prier et exprimer leur vénération pour les saintes reliques de Diviyevo furent arrêtés, cruellement battus par la police, puis maintenus emprisonnés pendant quinze jours dans une cellule de prison, et dormant sur un parquet gelé.

 

Cet hiver-là, l'archimandrite Boniface, un moine merveilleux et extrêmement gentil du célèbre monastère de la Sainte-Trinité, m'a demandé de l'accompagner dans un voyage à Diviyevo. Selon nos règles ecclésiastiques, un prêtre qui se lance dans un voyage avec les dons sacrés de l'Eucharistie, [le Corps et le Sang du Christ] doit toujours être accompagné par quelqu'un, afin de contribuer à défendre et à protéger les Saints Dons dans toute situation d'urgence qui pourrait survenir. Et Père Boniface était sur son chemin à Diviyevo afin de donner la communion à quelques moniales âgées qui vivaient encore dans la zone autour du monastère (une partie de ces dernières vivent encore à notre époque sur les mille qui peuplaient autrefois le couvent pré-révolutionnaire).

 

Pour y arriver, nous avons dû prendre un train qui traversait Nijni-Novgorod, qui s'appelait alors Gorki, et ensuite aller en voiture à Diviyevo. Dans le train, toute la nuit, l'archimandrite Boniface ne pouvait pas dormir. Accroché autour de son cou par un cordon de soie était un petit réceptacle sacré pour les Saints Dons. Je dormais sur une couchette voisine, mais de temps en temps je me réveillais au bruit des roues et je voyais le Père Boniface assis à une table, lisant le Nouveau Testament à la faible lumière lde notre wagon.

 

Nous sommes arrivés à Nijni-Novgorod, qui était sa ville natale, et sommes restés dans la maison de ses parents. Père Boniface m'a donné un livre sérieux à lire:  le premier volume des œuvres du saint hiérarque Ignace Briantchaninov et toute la nuit je ne pus fermer l'œil, tandis que je découvrais cet extraordinaire écrivain chrétien.

 

Le lendemain matin, nous partions pour Diveyevo. Nous fûmes confrontés à un trajet d'environ 80 km. Père Boniface essaya de s'habiller de telle sorte que personne ne se doute qu'il était un prêtre: cachant bien les plis et replis de sa soutane sous son manteau, et cachant sa barbe très longue dans son col retroussé et son écharpe épaisse.

 

Il faisait déjà nuit quand nous sommes arrivés à notre destination. En regardant par la vitre de notre voiture à travers les flocons de neige tourbillonnant dans la tempête de février, j'ai été peiné de voir la haute tour de guet, le dôme détruit, ruiné et les carcasses des églises profanées. En dépit de cette scène lugubre, j'étais toujours frappé par la puissance et l'énergie secrète inhabituelle de ce grand monastère. De plus, j'ai eu le sentiment que le monastère de Diviyevo n'était pas encore mort, mais vivant avec un peu de vie spirituelle ineffable, bien au-delà de la compréhension de ce monde matériel insensible. 

 

Et cela s'est avéré être vrai! Dans une hutte délabrée un peu à la périphérie de Diviyevo, j'ai vu quelque chose que je n'aurais jamais imaginé, même dans mes rêves les plus rayonnants. J'ai vu en vie de l'Eglise Rayonnante, invincible et infatigable, jeune et joyeuse dans la conscience de Son Dieu, notre Berger et Sauveur. C'est alors que j'ai été frappé par un verset du grand apôtre Paul: "Je puis faire toutes choses par Christ qui fortifie" (Philippiens 4:13)! Et qui plus est, l'office de l'église la plus beau et le plus inoubliable de ma vie a eu lieu alors, non pas dans une magnifique et grandiose cathédrale, non pas dans une église ancienne et glorieuse sanctifiée avec le temps, mais dans un immeuble quelconque dans le centre communautaire de Diviyevo, au numéro 16 de la rue Lesnaya. Ce n'était même pas une église du tout, mais un ancien établissement de bains en quelque sorte vaguement converti en logements collectifs.

 

Quand je suis arrivé avec Père Boniface, j'ai vu une chambre miteuse avec environ une douzaine de femmes âgées, dont la plus jeune n'aurait pas pu être plus jeune que quatre-vingts ans, alors que les plus âgées avaient certainement plus de 100 ans. Toutes étaient habillés en simples et vieux habits de femmes de la campagne et portaient des foulards de paysannes. Aucune d'entre elles ne portait un habit ou une quelconque sorte de vêtement monastique ou ecclésiastique. 

 

Bien sûr, ce n'étaient pas des moniales, mais seulement de simples vieilles dames, c'est ce que n'importe qui aurait pensé, moi y compris, si je n'avais pas su que ces vieilles femmes étaient en fait parmi quelques-uns des plus courageux confesseurs de la foi des temps modernes, de vraies héroïnes qui avaient subi des tortures et passé des décennies dans les prisons et les camps de concentration pour leurs croyances.

 

Et pourtant, en dépit de toutes leurs épreuves, leur loyauté spirituelle et une foi inébranlable en Dieu n'avait fait que croître en elles. J'ai été étonné de voir comment, sous mes yeux le vénérable Père Boniface, archimandrite et recteur des églises dans les quartiers patriarcaux du monastère de la Sainte Trinité, confesseur respecté et bien connu à Moscou, se mit à genoux avant de donner la bénédiction à ces vieilles femmes, et se prosterna sur le sol! Pour être honnête, je ne pouvais pas en croire mes yeux. Mais après se levant du sol, ce prêtre a commencé avec ferveur à bénir ces vieilles femmes qui clopinaient maladroitement jusques à lui, chacune à leur tour. Il était clair que vraiment elles étaient ravies de sa visite.

 

Tandis que Père Boniface et les vieilles femmes échangeaient des salutations, j'ai regardé à l'entour. Des icônes dans d'anciens cadres de cérémonie, faiblement éclairés par des lampes vacillantes, étaient accrochées sur les murs. L'une d'elles en particulier attira mon attention. C'était une grande et belle icône de saint Séraphim de Sarov. Le visage du staretz dégageait une telle gentillesse et chaleur que je ne pouvais pas détacher mes yeux de lui. Comme je l'ai découvert plus tard, cette image avait été peinte juste avant la Révolution pour la nouvelle cathédrale de Diviyevo, qu'ils n'avaient jamais eu le temps de consacrer, et qui par miracle avait été épargnée de la profanation complète. 

 

En attendant, j'ai commencé à me préparer pour le service de Vigiles. Cela m'a coupé le souffle lorsque les moniales ont commencé à sortir de leurs cachettes secrètes et de déposer sur la modeste table en bois les objets authentiques appartenant à saint Séraphim lui-même. Il y avait là l'étole de son vêtement ecclésiastique, il y avait sa croix de fer lourd sur de grosses chaînes, portées par la mortification de la chair, un gant de cuir, et le pot à l'ancienne en fonte dans lequel le saint avait fait cuire ses aliments. Après la Révolution lorsque le monastère fut pillé et détruit, ces saintes reliques avaient été transmises de sœur à sœur par les religieuses du monastère de Diviyevo. 

 

Ayant mis ses vêtements, Père Boniface a dit les paroles du prêtre qui commence l'office des Vigiles. Les moniales, immédiatement ragaillardies, ont commencé à chanter. Quel chœur divin et tout à fait étonnant, elles formaient! "Ton six! ! Seigneur, je crie vers toi, écoute-moi "chantait une des voix chevrotantes avec l'âge, c'était la religieuse canonarque, qui avait maintenant 102 ans. Elle avait été emprisonnée et exilée pendant plus de vingt ans. Et toutes ces merveilleuses sœurs chantaient avec elle: "Seigneur, je crie vers toi, écoute-moi! Écoute-moi, Seigneur! "Il n'existe aucun moyen de capturer la sublimité de cet office par les mots. Les cierges vacillaient, et le visage bon et sage sans limite de saint Séraphim baissait les yeux sur nous depuis son icône… 

 

Ces moniales incroyables chantèrent l'ensemble de l'office quasi par cœur. Très rarement l'une d'elle jetait un regard sur les vieux livres épais, pour lesquels elles avaient besoin d'utiliser non pas des lunettes, mais des loupes géantes mais avec poignées en bois. Elles avaient risqué la mort ou une lourde peine pour avoir fait cet office dans les camps de concentration et les prisons et les lieux d'exil. Elles le faisaient même maintenant, après toutes ces souffrances, ici àDiviyevo, installées dans leurs masures misérables à la périphérie de la ville. 

 

Pour elles, il n'avait rien d'inhabituel, et pourtant, pour moi, je pouvais à peine comprendre si j'étais au Ciel ou sur la terre. Ces vieilles moniales étaient possédées d'une telle incroyable force spirituelle, d'une telle prière, d'un tel courage, d'une telle modestie, de bonté et d'amour, et elles étaient remplies d'une telle foi, que ce fut alors à cet office merveilleux que j'ai compris qu'elles triompheraient de tout avec leur foi: de notre gouvernement athée, malgré toute sa puissance, de l'incrédulité de ce monde, et de la mort elle-même, dont elles n'avaient absolument aucune crainte.

 

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Archimandrite Tikhon

EVERYDAY SAINTS and Other Stories

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