19 juin 2011
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Mon âme était impatiente d'apprendre ce qui est le propre et le principe de la philosophie... L'intelligence des choses incorporelles me captivait entièrement ; la contemplation des idées donnait des ailes à ma pensée. En peu de temps je me figurais devenu un sage et j'ai même été assez sot pour espérer voir Dieu tout de suite, car tel est le but de la philosophie de Platon. Dans cet état d'esprit,... je m'approchais d'un endroit isolé au bord de la mer où je comptais me trouver seul, lorsqu'un vieillard se mit à me suivre...
-- Qu'est-ce qui t'a conduit ici ? dit-il. -- J'aime ce genre de promenade..., c'est très favorable à la méditation philosophique... -- La philosophie fait donc le bonheur ? demanda-t-il. -- Certainement, répondis-je, et elle seule... -- Qu'appelles-tu donc Dieu ? -- Ce qui est toujours identique en soi et qui donne l'être à tout le reste, voilà Dieu. -- Comment les philosophes peuvent-ils se faire une idée juste de Dieu alors qu'ils ne le connaissent pas, ne l'ayant jamais vu ni entendu ? -- Mais, répondis-je, la divinité n'est pas visible à nos yeux comme le sont les autres êtres ; elle n'est accessible qu'à la seule intelligence, comme dit Platon ; et je suis d'accord avec lui...
-- Il y a eu, voici bien longtemps, dit le vieillard, des hommes plus anciens que tous ces prétendus philosophes, des hommes heureux, justes et amis de Dieu. Ils parlaient sous l'inspiration de l'Esprit de Dieu et prédisaient un avenir maintenant réalisé : on les appelle les prophètes. Eux seuls ont vu la vérité et l'ont annoncée aux hommes... Ceux qui les lisent peuvent, s'ils ont foi en eux, en tirer grand profit... Ils étaient les témoins fidèles de la vérité... Ils ont glorifié le créateur de l'univers, Dieu et Père, et ont annoncé celui qu'il a envoyé, le Christ son Fils... Et toi, avant tout prie pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, car nul ne peut voir ni comprendre, si Dieu ou son Christ ne lui donne de comprendre...
Je ne l'ai plus revu. Mais, soudain, un feu s'est allumé dans mon âme ; j'ai été pris d'amour pour les prophètes, pour ces hommes qui sont les amis du Christ. En réfléchissant aux paroles du vieillard, j'ai reconnu que c'était la seule philosophie sûre et profitable.
Saint Justin (v. 100-160), philosophe, martyr
Dialogue avec Triphon, 2-4,7-8 ; PG 6, 478-482,491 (trad. Orval)
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18 juin 2011
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« Pourquoi, maintenant, te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? » Penses-tu trouver en toi aussi une place pour le Seigneur ? Et quelle place en nous est digne d'une telle gloire, et suffit-elle à recevoir sa Majesté ? Puissé-je seulement l'adorer aux lieux où se sont arrêtés ses pas ? Qui m'accordera de pouvoir au moins suivre les traces d'une âme sainte « qu'il s'est choisie pour son domaine » ? Cependant puisse-t-il aussi daigner répandre en mon âme l'onction de sa miséricorde, si bien que je sois capable de dire, moi aussi : « Je cours dans la voie de tes volontés, car tu mets mon cœur au large ». Je pourrai peut-être, moi aussi, montrer en moi, sinon « une grande salle toute prête, où il puisse manger avec ses disciples », du moins « un endroit où il puisse reposer sa tête »...
Il est nécessaire que l'âme grandisse et s'élargisse pour être capable de Dieu. Or, sa largeur, c'est son amour, comme dit l'apôtre Paul : « Élargissez-vous dans la charité ». Car, bien que l'âme n'ait aucune dimension spatiale puisqu'elle est esprit, la grâce lui confère ce que sa nature exclut... La grandeur de chaque âme est donc à la mesure de sa charité. Si bien que celle qui a beaucoup de charité est grande, celle qui en a peu est petite, celle qui n'a rien est néant. Saint Paul affirme en effet : « Si je n'ai pas l'amour, je suis rien ».
(Références bibliques : Jn 14,23; Ps 21,4; Ep 3,17; Jn 1,3; Ps 131,14; Ct 2,10; Ps 41,6; Ps 32,12; Jn 14,23; Ps 118,32; Mc 14,15; Mt 8,20; 2Co 6,13; 1Co 13,3)
Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l'Église
Sermons sur le Cantique des Cantiques, n°27, 8-10 (trad. Leclercq in Delhougne, Les Pères commentent, p. 370)
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17 juin 2011
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Le savant, l'homme de laboratoire, le chimiste, qui interroge l'Univers, s'il ne pense qu'à faire de l'argent, s'il s'amuse, s'il n'a aucun respect de la vie, peut réussir des expériences mais ne pourra jamais connaître la Vérité. Pour connaître la Vérité, il faut appliquer la grille du respect et de l'amour : quand un homme cherche dans la lecture, il n'est pas seul, quand un homme cherche dans son laboratoire, il n'est pas seul!
A travers l'expérience qu'il fait, il n'est pas seul, il y a une Pensée, une Présence, une Intelligence, une Lumière qui l'appelle. Il doit faire le vide en soi, il doit se purifier pour découvrir la Vérité. Alors, peu à peu, à travers ses calculs et ses mesures, à travers son microscope, son télescope, ses dissections atomiques, il va être en contact et en dialogue avec Quelqu'un, et la Vérité, ce sera cette Présence d'amour qui lui permettra de dépasser le laboratoire, les calculs et les observations pour dialoguer à travers eux avec la Lumière qui commence à illuminer son intelligence et à lui faire comprendre que l'Univers est en avant de lui, que l'Univers est imparfait, inachevé, qu'il n'existera finalement que lorsqu'il aura fermé l'anneau d'or des fiançailles éternelles, donné le complément et le supplément de son oui, le supplément et le complément de son amour.
Maurice Zundel
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