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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 22:09

Voici un petit texte dont la beauté ne manque pas d’humour. Jean Chrysostome y donne quelques conseils à l’époux qui cherche à reconquérir son épouse.

chrysostome.jpgQuand ta femme ne te témoignerait que dédain, mépris, insolence, il ne tient qu’à toi de la ramener à tes pieds à force de bonté, d’amour, de tendresse. Car il n’est pas d’attache plus forte, surtout entre un homme et une femme…

Que faut-il que tu dises à ta femme ? Dis-lui avec toute ta douceur : Moi, je t’ai choisie pour compagne de ma vie, j’ai associé mon existence à la tienne, dans les tâches les plus importantes et les plus nécessaires, l’éducation des enfants et le gouvernement de la famille… Ou plutôt, parle-lui d’abord de ton amour. Rien ne dispose mieux celui qui écoute à agréer nos paroles que la conviction qu’elles nous sont inspirées par un vif amour.

Comment lui témoigner ta tendresse ? En lui disant : Je pouvais en épouser d’autres, une femme plus riche ou de naissance plus illustre ; je ne l’ai pas fait, car je t’ai désirée, toi, ta façon d’être… Dès lors je me suis attaché à toi, je t’aime et je te préfère à ma propre vie, qui est un néant ; et je prie et je supplie, je fais tout pour qu’il nous soit donné, après avoir passé cette vie dans un mutuel amour, d’être encore réunis et heureux dans la vie future.


Tout ce qui est d’ici-bas est court et fragile : mais nous avons su nous rendre dignes de la bonté de Dieu, au sortir de ce monde, nous serons éternellement avec le Christ, éternellement l’un avec l’autre, dans une joie sans limites. Ton amour me ravit par-dessus tout, et rien ne me serait plus pénible et odieux comme d’être en désaccord avec toi. Quant il me faudrait tout perdre, devenir plus pauvre qu’un mendiant, encourir les derniers périls, tout souffrir, rien ne me coûtera, rien ne m’effraiera, si je possède ton amour, et je ne souhaiterai des enfants que le jour où tu partageras ma tendresse…

Quels biens, quels trésors auraient la même valeur, aux yeux d’une femme, que de telles paroles ? Ne crains point que ton amour ne lui inspire du mépris à ton égard ; n’hésite pas à le lui confier… Montre-lui que tu attaches un grand prix à sa compagnie et que tu aimes mieux, à cause d’elle, être à la maison que sur la place ; préfère-la à tous tes amis, aux enfants mêmes que tu as d’elle et que tu dois aimer pour elle…

Si elle dit : Ceici est à moi, réponds-lui : Que réclames-tu comme étant à toi ? Je l’ignore ? Je n’ai, moi, rien en propre. Pourquoi dis-tu : c’est à moi, quant tout t’appartient ?… Oui, tout est à toi, et moi aussi je suis à toi.


Jean Chrysostome, Commentaire de la lettre aux Éphésiens, homélie 20, trad. M. Jeannin, France Quéré.

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 22:46

penseur_1.jpg

 

Rentre donc en toi-même, pécheur, rentre là où tu existes vraiment : en ton cœur. A l'extérieur, tu es un animal, à l'image du monde...; au-dedans, tu es un homme, à l'image de Dieu (Gn 1,26), et donc capable d'être déifié.

 

Isaac de l'Étoile (?-v. 1171), moine cistercien
2ème sermon pour la Toussaint § 13-20 (trad. Brésard, 2000 ans A, p. 84)

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 22:46

pope-benedict-xvi-writingLes temps modernes ont fait grandir l'espérance de l'instauration d'un  monde parfait qui, grâce aux connaissances de la science et à une politique scientifiquement fondée, semblait être devenue réalisable.  

 

Ainsi l'espérance biblique du règne de Dieu a été remplacée par l'espérance du règne de l'homme, par l'espérance d'un monde meilleur qui serait le véritable « règne de Dieu ».

 

Voilà, en fin de compte, ce qui semblait être l'espérance, grande et réaliste, dont l'homme avait besoin ; elle était en mesure de mobiliser – pour un certain temps – toutes les énergies de l'homme...

 

Mais au cours du temps il est devenu clair que cette espérance s'éloignait toujours plus. On s'est rendu compte que c'était peut-être une espérance pour les hommes d'après-demain, mais non une espérance pour moi.

 

Et bien que le « espérer pour tous » fasse partie de la grande espérance humaine - en effet, je ne peux pas devenir heureux contre les autres et sans eux - il reste vrai qu'une espérance qui ne me concerne pas personnellement n'est pas une véritable espérance. Et il est devenu évident qu'il s'agissait d'une espérance contre la liberté...

Nous avons besoin des espérances - des plus petites ou des plus grandes - qui, au jour le jour, nous maintiennent en chemin.

 

Mais sans la grande espérance, qui doit dépasser tout le reste, elles ne suffisent pas. Cette grande espérance ne peut être que Dieu seul, qui embrasse l'univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons pas atteindre.

 

Précisément, le fait d'être gratifié d'un don fait partie de l'espérance. Dieu est le fondement de l'espérance – non pas n'importe quel dieu, mais le Dieu qui possède un visage humain et qui nous a aimés jusqu'au bout (Jn 13,1) – chacun individuellement et l'humanité tout entière.

 

Son règne n'est pas un au-delà imaginaire, placé dans un avenir qui ne se réalise jamais ; son règne est présent là où il est aimé et où son amour nous atteint.


Pape Benoît XVI
Encyclique « Spe Salvi » § 30-31 (trad. © Libreria Editrice Vaticana rev.)

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