Terre des jours anciens et des joies ogivales
Terre jamais tenue
Terre que l'on partage en parcelles tombales
O terre droite et drue
Je sais tes landes, tes fontaines, tes vallons
Tes fées de ressemblance
L'Enchanteur qui te fait dans l'herbe une leçon
Avec des jeux de branches
Jette le verbe amour à la tête des morts
Jusque dans les orties
Je sais de ton sommeil les travers et les torts
Et les vieilles magies
Si bien que tout fangeux et de limon perdu
Je t'emporte pareille
A la parole qui permet dans chaque mue
Une saoulée d'étoiles.
Charles Le Quintrec
"Qui, si je criais, qui donc entendrait mon cri
parmi les hiérarchies des Anges ?
Et cela serait-il, même, et que l'un d'eux soudain
me prenne sur son coeur : trop forte serait sa présence
et j'y succomberais.
Car le Beau n'est rien autre que le commencement du terrible,
qu’à peine à ce degré nous pouvons supporter encore ;
et si nous l'admirons, et tant, c'est qu'il dédaigne
et laisse de nous anéantir.
Tout Ange est terrible..."
(Reiner Maria Rilke, Les Elégies de Duino, oeuvres 2, Poésie, éditions du Seuil, pages 315 et suivantes, traduction Armel Guern.)