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29 janvier 2017 7 29 /01 /janvier /2017 23:25
Antoine POUPEL/CIRIC

Antoine POUPEL/CIRIC

1er février 1954. L’abbé Pierre lance à la radio un vibrant message de solidarité et de fraternité pour aider les sans-logis, victimes de températures extrêmement basses.

Même celles et ceux qui seraient nés bien après cet hiver glacial connaissent l’impact de cet appel, et l’aura de celui qui a fondé Emmaüs.

Ce que l’on sait moins, c’est que la veille, à Courbevoie, l’abbé Pierre avait donné 6 messes à l’élise Saint-Pierre-Saint-Paul pour parler de son combat et inviter les paroissiens à apporter tout ce qui pourrait être utile aux plus nécessiteux.

Le saviez-vous ?

Le vrai nom de l’abbé Pierre est Henri Grouès. Lorsqu’il prononce ses voeux en 1931, il prend le nom de Frère Philippe. C’est au cours de ses années dans la Résistance qu’il deviendra l’abbé Pierre, un pseudonyme utilisé afin de préserver son anonymat lors de ses missions.

Lorsque la seconde guerre mondiale éclate, Henri Grouès rejoint l’armée en tant que sous-officier. Démobilisé à l’Armistice, il rejoint la résistance en juillet 1943 et deviendra de plus en plus actif, notamment en aidant les passages clandestins vers la Suisse, à travers les montagnes. Il finira par rejoindre De Gaulle à Alger en 1944.

Après la guerre, il est élu député de Meurthe-et-Moselle, apparenté au Mouvement Républicain Populaire. Il quittera ses fonctions en 1950, après un désaccord avec les positions sociales et politiques du parti, notamment après la mort d’un ouvrier au cours d’une manifestation à Brest.

Sa rencontre avec Georges Legay, en 1949 est l’un des actes fondateurs majeurs d’Emmaüs. Cet ancien bagnard voulait se donner la mort quand l’abbé Pierre, appelé à son secours, lui demande de « l’aider à aider », à défaut d’avoir quelque chose à lui donner. Ce sera le premier compagnon de la communauté Emmaüs.

En mars 1952, il participe à un jeu radiophonique, « Quitte ou double », où il remportera plus de 250 000 francs. Cette notoriété médiatique lui sera particulièrement utile deux ans plus tard.

Parmi tous les dons qui suivirent l’appel de l’abbé Pierre du 1er février 1954, on peut noter celui de Charlie Chaplin. À la surprise générale, la légende d’Hollywood fit un chèque de 2 millions de francs, en disant : « Je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j’ai été et que j’ai incarné ». Au total, les 500 millions de francs récoltés permirent de bâtir des cités d’urgence et d’agir au mieux contre la misère.

La suite, on la connaît mieux, grâce aux combats d’Emmaüs partout dans le monde et surtout au charisme de l’abbé Pierre qui les a incarnés jusqu’à sa mort en 2007. Mais saviez-vous qu’en 1963, il fut victime d’un naufrage en Argentine, où on le crut mort pendant plusieurs jours ?

Pour terminer, voici une anecdote à l’image de ce prêtre aussi libre que sensible.

Par seize fois, l’abbé Pierre a tenu la première place du classement du JDD présentant les personnalités préférées des Français.

En 2004 pourtant, il demande à ne plus y apparaître, pour laisser la place « aux plus jeunes ». Une élégante façon de faire comprendre que son combat importait plus que tout…

"Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l'avait expulsée... Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d'un presque nu. Devant tant d'horreur, les cités d'urgence, ce n'est même plus assez urgent !

Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l'un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l'autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s'accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l'on lise sous ce titre « centre fraternel de dépannage », ces simples mots : « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime »

La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l'hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l'âme commune de la France. Merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux « sans abri ». Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain : cinq mille couvertures, trois cents grandes tentes américaines, deux cents poêles catalytiques.

Déposez-les vite à l'hôtel Rochester, 92, rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l'asphalte ou sur les quais de Paris.

Merci !"

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En 1954, un bébé puis une femme meurent de froid en janvier et en février. L'abbé Pierre lance alors un cri de détresse sur les ondes de Radio Luxembourg : c'est "l'insurrection de la bonté" à Paris et en province.
Lors de cet hiver de froid terrible, l'abbé Pierre demande au Parlement un milliard de francs, qui lui est d'abord refusé. Trois semaines plus tard, le Parlement adopte à l'unanimité non pas un, mais dix milliards de crédits pour réaliser immédiatement 12 000 logements d'urgence à travers toute la France, pour les plus défavorisés.

« Je voudrais à mon tour poser une question à ceux qui m'écoutent : qu'allez vous faire pour m'aider à bâtir des logis pour les sans-abri ? »

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24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 22:40
Le mois des saints

Le mois d’octobre est un terrain miné.

Joyeusement miné mais quand même : à peine y pose-t-on le pied qu’explose à notre figure celle, lumineuse, de sainte Thérèse de Lisieux.

Sitôt remis, saint François d’Assise arrive, pauvre et rayonnant.

Et puisque le week-end du 15 se dispute sainte Thérèse d’Avila et sainte Marguerite-Marie, nous disposons, avec ces quatre-là, de toutes les manières d’être blessés par l’Amour de Jésus.

Pour soulager la charge mystique ainsi reçue, vous pouvez verser saint François du côté des fondateurs d’ordre.

Vous le retrouverez deux jours plus loin, aux côtés de Bruno, le père des chartreux.

Les ecclésiastiques, eux, marchent par trois : saint Denis, premier évêque de Paris, et deux papes, Jean XXIII et Jean-Paul II.

Les Apôtres aussi : saint Luc, saint Simon, saint Jude. Dans cette forêt de saints aux couleurs de l’automne, où des hêtres majestueux côtoient les grands chênes, sainte Fleur apparaît comme à la lisière, pour nous offrir une respiration.

Car ne donne-t-elle pas le vertige, cette sainteté à laquelle pourtant je suis appelé ?

Ce serait le cas si j’oubliais que ces réponses vivantes à l’appel de Dieu ont connu leurs nuits obscures.

Un peu avant la fin de sa vie, saint François ne savait plus.

La petite Thérèse non plus. Les fondateurs ont creusé dans la boue et les Apôtres marché sur des terres arides.

Jean XXIII est humble par sa naissance, Jean-Paul II par sa mort.

On le voit : tous ces saints sont moins des cimes qui taquinent le Ciel que l’humus sous nos pieds.

Humains, très humains. Ils ont cela seul d’extraordinaire qu’ils vécurent l’ordinaire de leur vie, péché compris, sous le regard de Dieu.

Ce n’est pas exactement que les saints soient à notre portée.

Il faut prendre les choses par l’autre bout : la sainteté, c’est Dieu à portée de ma vie.

Martin Steffens

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14 octobre 2016 5 14 /10 /octobre /2016 22:54
Martin de Tours, le rayonnement de la Cité

À l’occasion du 1700e anniversaire de la naissance de Martin de Tours (316 - 397) célébré en 2016, le musée des Beaux-Arts présente, du 8 octobre 2016 au 8 janvier 2017, une exposition consacrée à ce personnage emblématique de la ville, dont le rayonnement a largement dépassé les frontières de l’Europe. Cet anniversaire s’inscrit dans le programme des célébrations nationales de l’année 2016.
Dans le cadre de cette exposition, de nombreux chefs-d’oeuvre provenant de prestigieuses collections nationales et internationales sont exceptionnellement réunis à Tours.
120 oeuvres, parmi lesquelles des manuscrits, peintures, objets d’art, dessins, sculptures, mobilier archéologique… retracent près de 1700 ans d’art et d’histoire autour de saint Martin. De grands artistes sont présents dans l’exposition comme Fouquet, Bassano, Lorenzo di Bicci, Pérugin, Lallemant, Maulbertsch, Schongauer…
Le musée des Beaux-Arts de Tours souhaite rendre hommage à ce personnage qui a profondément marqué l’histoire de Tours ainsi que sa culture, ses traditions et son développement urbain notamment autour des grandes constructions (abbaye de Marmoutier, collégiale Saint-Martin de Tours…) qui se sont succédé en son nom depuis le IVe siècle.

° L’exposition s’articulera autour de cinq grandes séquences :

Saint Martin, de Savaria à Candes
Martin est né en 316 en Pannonie (aujourd’hui la Hongrie). Enrôlé de force par son père qui était officier dans l’armée romaine, il se retrouve en garnison à Amiens. Devant la porte de la ville, il partagea son manteau en plein hiver pour en donner la moitié à un mendiant.
Il quitta ensuite l’armée lors d’une campagne contre des barbares sur le Rhin et rejoignit Hilaire, évêque de Poitiers, réputé pour la qualité de sa doctrine. Martin établit alors, à Ligugé, le premier monastère d’Occident. Devenu évêque de Tours, il assure la charge auprès des fidèles, convertit les paysans et continue de mener une vie monastique en fondant Marmoutier sur l’autre rive de la Loire. Il meurt à Candes en 397, sa dépouille est amenée à Tours sur bateau en remontant la Loire.

La geste martinienne, la Charité et les miracles
La Vita Martini, texte de Sulpice Sévère, disciple de Martin, servira de référence aux artistes tout au long des siècles, pour illustrer les grands épisodes de la vie du saint notamment celui de la Charité d’Amiens particulièrement bien représenté dans cette section de l’exposition par de grandes signatures italiennes, françaises, nordiques…Peintures, sculptures, enluminures, vitrail, tapisserie, émaux, dessins illustrent cette déclinaison d’un thème tel un poncif dans les ateliers d’artistes européens du Moyen Âge au XVIIIe siècle.

Sur les chemins de Saint Martin
Le rayonnement de Martin, de son vivant, attira vers Tours et Marmoutier de nombreux disciples. À partir du Ve siècle, les pèlerins affluent pour se recueillir sur son tombeau. Ecrits et objets liturgiques présentés se font l’écho de l’importance du pèlerinage qui montre cependant un déclin dès le XVIesiècle. Il faudra attendre 1860 et la redécouverte du tombeau pour retrouver un très vif renouveau. La carte, présentée dans cette section, illustre les nombreux lieux martiniens en Europe

De Ligugé à Châteauneuf : les lieux martiniens en Poitou et en Touraine
Cette section de l’exposition propose de découvrir les édifices martiniens majeurs en Touraine et en Poitou, notamment l’Abbaye de Marmoutier, le « grand monastère » selon la désignation de Grégoire de Tours, Candes-Saint-Martin, où Martin rendit son dernier souffle en 397, et qui fut alors dotée d’une collégiale aux dimensions impressionnantes et la collégiale Saint-Martin de Tours.
Des pièces archéologiques du IVe siècle au XIVe siècle : chapiteaux, reliefs sculptés, fragments du tombeau de Martin, sculptures, mais aussi manuscrits, dessins, aquarelles, peintures, du IXe au XIXesiècles retracent l’évolution architecturale et stylistique ainsi que l’histoire de ces lieux martiniens.

Le renouveau au XIXe siècle
Après 1830 on est face à un véritable renouveau dans ce domaine de la peinture religieuse. L'imagerie martinienne n’échappe pas à cette nouvelle règle, et se répand d'une manière spectaculaire sur l'ensemble du territoire national. D’après la vaste enquête engagée à l'occasion de l'exposition de Tours en 1997, toutes régions confondues, on ne dénombre pas moins de trois cent soixante-trois oeuvres concernant le culte martinien. Il s'agit de peintures, dont une partie n'est plus localisée aujourd'hui, commandées pour des églises ou des chapelles placées sous le vocable de Saint-Martin ou conservées dans des musées. Des esquisses, dessins et études, notamment pour les cartons de vitraux comme ceux des Lobin pour la basilique de Tours. L'iconographie y est très largement dominée par le thème de la charité qui de vertu chrétienne devient préoccupation sociale tout au long du siècle.
À Tours, la redécouverte du tombeau de Saint Martin en 1860 sera le déclencheur pour la reconstruction de la basilique menée par l’architecte Victor Laloux de 1886 à 1902.

* Des dispositifs innovants

En complément du parcours de l’exposition, conçu par un architecte-muséographe, des dispositifs numériques permettront d’élargir le propos scientifique. Il sera ainsi possible de ‘feuilleter’ un manuscrit, d’écouter des pièces musicales, comme celles de Jean Ockeghem, ou encore de découvrir les sites et monuments emblématiques du patrimoine martinien.

L’exposition sera l’occasion pour le CESR (Centre d’études supérieures de la Renaissance) de présenter le Cubiculum musicæ et le travail en cours de reconstitution 3D de la basilique Saint-Martin-de-Tours, projets participants à la dynamique Intelligence des Patrimoines et inscrits dans le domaine potentiel de spécialisation « TIC et service pour le tourisme patrimonial » identifié par la Stratégie Régional de l’Innovation.

Le Cubiculum musicae

Réalisé par le CESR en partenariat avec la MSH Val de Loire, le Cubiculum musicæ est un équipement d’immersion musicale et visuelle destiné à évoquer et à reconstituer des créations musicales. Par le biais d’un programme audiovisuel (diffusion d’éléments architecturaux, de peintures, sculptures…) conçu selon des critères scientifiques, le Cubiculum musicæ offre une expérience d’écoute inédite destinée à susciter des émotions parmi les auditeurs. Lors de l’exposition, installé dans la cour du musée, il permettra à un petit groupe de personnes d’entendre un chef d'œuvre de la musique polyphonique composé par Jean Ockeghem, principal musicien des rois de France et plus haut dignitaire de la collégiale à la fin du XVe siècle.

La collégiale Saint-Martin-de-Tours : histoire d’une renaissance virtuelle

Le CESR développe une maquette 3D de l’ancienne collégiale Saint-Martin, détruite vers 1800, qui sera à terme déclinée en applications permettant d’apprécier non seulement l’architecture de ce vaste édifice mais également la vie liturgique et musicale qui l'animait à l'époque de la présence du compositeur Jean Ockeghem, dans la seconde moitié du XVe siècle. Dans le cadre de cette exposition sera projeté un film vidéo d'une dizaine de minutes, un Making of de la première année du projet 'Renaissance virtuelle en musique de la collégiale Saint-Martin de Tours', qui présente le processus de collecte documentaire, d'interprétation et d'analyse, en lien avec la phase de production numérique et audio-visuelle. Il accorde une place centrale au travail de modélisation 3D de l'édifice et à la figure de Jean Ockeghem et de sa musique.

Visite commentée les lundis, mercredis et samedis à 14h30. Visite tous les jours à 14h30 durant les vacances de la Toussaint. Visite exceptionnelle le vendredi 11 novembre à 14h30. Vistes dernière heure le dimanche 8 janvier à 10h, 11h, 14h30, 15h30 et 16h30

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