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2 mars 2024 6 02 /03 /mars /2024 20:26
Le peuple breton, sa terre, sa religion, sa poésie

Anatole Le Braz

Extraits de l'introduction au Guide Bleu sur la Bretagne 1924

Le peuple breton

Il est d’usage de distinguer deux Bretagnes : celle de l’Ouest, la Basse [Breiz Izel), où l’on n’a jamais cessé de parler le breton; celle de l’Est, la Haute [Bretagne. Gallo), d’où le breton, qui n’avait pas eu le temps d’y pousser de fortes racines, a totalement disparu à la suite des invasions normandes du IXeme siècle.

La frontière qui les sépare est purement linguistique.

Peut-être n’a-t-elle cependant pas été sans entraîner certaines dilférences de mentalité entre la Bretagne bretonnante et la Bretagne francisante ou patoisante, mais il serait imprudent de rien affirmer à cet égard, car on ne voit pas que les grandes caractéristiques de la race aient été moins prononcées chez un Chateaubriand, Haut-Breton, que chez un Renan, Bas-Breton, si, au contraire, clics ne l'ont été davantage.

Les Bretons de Basse-Bretagne, à leur tour, se répartissent eux-mêmes selon plusieurs types, correspondant, semble-t-il, aux diverses tribus insulaires qui fournirent des contingents à l’émigration.

C’est ainsi qu’il y a un Breton du Goëlo, entre Pairnpol et Guingamp; un Breton du Trégor, entre le Trieux et la rivière de Morlaix; un Breton du Léon, entre Saint- Bol et la pointe Saint-Mathieu; un Breton de Cornouaille, depuis Crozon jusque par delà Quimperié; un Breton du Vannctais, couvrant les deux tiers du Morbihan.

Et la subdivision ne s’arrête point là.

Chacune de ces espèces comporte des variétés qui ne sont pas seulement reconnaissables pour les gens du crû : témoin — pour ne citer qu’un exemple — ces deux catégories de Léonards, si opposées de physionomie, d’allures, de moeurs : l’habile maraîcher de Roscoff, penché sur ses champs de légumes, et le farouche pagan de Guissény, aux aguets devant les bris de mer.

A dire vrai, dans ce pays morcelé à l’infini, coupé de talus qui raccourcissent encore l’étroit horizon, le particularisme se manifeste de clocher à clocher, sinon de ferme à ferme, et c’est ce qu’exprime à merveille le proverbe celtique :


Kant bro, kant giz;
Kant parrez, kant iliz.

Cent pays, cent guises;
Cent paroisses, cent églises.


Comme le sol breton, la population bretonne abonde en contrastes.

Toutefois, à y regarder de plus près, ces contrastes, tout superficiels, se résolvent en une unité profonde.
 

Le peuple breton, sa terre, sa religion, sa poésie

La Bretagne

La Bretagne est une harmonie.

On ne saurait concevoir un coin du monde où l’accord soit plus complet entre le pays et l’habitant.

L’homme et le terroir, ici, se sont énergiquement marqués de leur mutuelle empreinte : ils ne se comprennent qu’en fonction l’un de l’autre.

Le Breton achève, parfait la Bretagne.

Comme l’a excellemment noté Michelet : « Sur la terre de granit marche la race primitive, elle-même d’une finesse de caillou ».

Il dit « finesse », non « dureté », et là est, en effet, le signe du peuple breton.

Trop souvent, on lui a prêté la solidité massive de ses rochers ou de ses chênes.

Peut-être serait-il temps de renoncer à ce poncif d’un Breton en pierre ou en bois.

Vidal de la Blache a écrit de la structure géologique de la Bretagne qu’elle « a moins de chair que de nerfs».

Il en va pareillement du Breton : c’est par-dessus tout un nerveux, un impressionnable.

Sa puissance d’entêtement a pu le faire prendre pour un volontaire, mais, à travers toute son histoire, il se révèle plutôt comme un sensitif et un imaginatif, avec des façons singulièrement « fines » de sentir et d’imaginer.

Sa logique est toute de sentiment, et c’est sans doute pourquoi Renan le classe parmi les races féminines.

A lui surtout pourrait s’appliquer la fameuse maxime : « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas. »

On le dit mélancolique, parce que sa joje n’est jamais débordante, ni vulgaire.

Rien de grossier chez lui, ni de bas. Même inculte, il a la passion des choses de l’esprit, des choses de l’âme.

Plus enclin au rêve qu’à l’action, il n’est pas rare qu’il aille jusqu’à sacrifier la réalité à ses chimères, sinon jusqu’à tenir ses chimères pour l'unique réalité.

C’est au premier chef un idéaliste. Par là s’expliquent ses qualités et ses défauts.

Ses erreurs mêmes ont ordinairement leur noblesse.

S’il se montre parfois trop dédaigneux des contingences matérielles, il possède, en revanche, une distinction morale qu’on a vu survivre aux pires déchéances.

Il y a en lui, si humble que soit le rang social auquel il appartient une sorte de gentilhomme natif.

La religion

Ajoutons que la forme la plus habituelle par laquelle se traduit son idéalisme est la religion.

Le Breton est à base religieuse, si l’on peut dire.

La pensée, voire la hantise de l’au-delà enveloppe, pénètre, imprègne sa vie.

Comme ses plus lointains ancêtres celtes, il subit le mystérieux attrait des problèmes de la mort.

Il n’y a pas de domaine où il s’aventure plus volontiers.

Il se meut naturellement dans le surnaturel et l'Autre Monde est, de tous ses thèmes familiers, celui qui lui a inspiré les plus beaux mythes.

On mesure l'emprise qu’une telle religion exerce sur l’âme, mais aussi la part de création personnelle qu’elle implique.

Même en matière de croyance, l’individualisme breton revendique ses droits, et il n’y a donc pas à s’étonner si, depuis Pélage et Abélard jusqu’à Lamennais, Renan, Félix Le Dantec, les plus grands exemples d’indépendance religieuse ont été donnés par des Bretons.

Ce qui ne veut nullement signifier — il s’en faut — que le Breton abdique aisément sa foi.

Disparue, elle agit encore sur lui.

Il y est d’autant plus attaché qu’elle lui vient de ses pères et qu’il la considère un peu comme le symbole toujours vivant de sa nationalité perdue.

Le trait le plus frappant de cette foi, c’est, en effet, le caractère national qu’elle a conservé.

Le Breton a ses cultes à lui.

Sa dévotion s’adresse de préférence aux saints issus de son lignage, à ceux que le vieil hagiographe morlaisien, Albert Legrand, appelle si justement les « Saints patriotes ».

Ces pieux thaumaturges des temps de l’Émigration, que, seule, la vénération populaire a canonisés, sont légion en Bretagne, comme en Irlande, comme en Ecosse, comme en Galles.

Leurs légendes, d’une poésie tantôt rude et tantôt charmante, ne sont pas toujours d’une orthodoxie irréprochable.

Mais il suffît au peuple breton qu’il se reconnaisse en eux, qu’il les sache de sa parenté, de son sang, qu’il puisse les invoquer, dans sa langue qui fut la leur, comme ses chefs de clan spirituels, les héros éponymes de sa race.

Ce fut sous la protection de sept d’entre eux qu’à l’origine de son histoire armoricaine, il plaça ses églises épiscopales de Saint-Malo, de Dol (Saint-Samson), de Saint-Brieuc, de Tréguier (Saint-Tudual), de Saint- Pol de Léon, de Quimper (Saint-Corentin), de Vannes (Saint-Patern).

Plus tard, ce fut en leur honneur qu’il fit jaillir des entrailles de la péninsule un merveilleux printemps artistique, épanoui très haut dans le ciel en une svelte floraison de pierre sculptée.

Longtemps ils ont présidé aux opérations essentielles de sa vie.

Chacun de leurs oratoires, riche ou pauvre, avait sa fête votive, son « pardon », vers lequel ou s’acheminait, par bandes endimanchées, de tout le pays avoisinant.

Les malades s’y faisaient véhiculer en chars à bancs, dans l’espoir d’obtenir la guérison, et les amoureux s’y donnaient rendez-vous pour deviser après vêpres de leurs accordailles, sous les arbres de l’enclos bénit.

On y conduisait même les bêtes à qui les saints celtiques ne sont pas moins propices qu’aux hommes.

Ces rites, que les côtes et les campagnes bretonnes pratiquaient jusqu'en ces toutes dernières années, vont s’abolissant de jour en jour.

Beaucoup de sanctuaires sont tombés en ruines; d’autres ont dû se résigner à l’abandon, désertés par des pèlerins chez qui de nouvelles conditions d’existence ont éveillé des goûts et des besoins nouveaux.

Ce n’est point, toutefois, que la Bretagne actuelle soit en train de rompre pour jamais avec ses dévotions anciennes.

Si elle ne fréquente plus aussi assidument ses petits « pardons », elle reste fidèle à ses grandes panégyries.

Les Bretons du Trégor continuent de s’empresser à Saint-Yves du Minihy, à Saint-Jean-du-Doigt, à la Vierge noire de Guingamp; ceux du Léon, au Folgoët; ceux de Cornouaille, à la Palud et à Locronan; ceux du Mené, a Saint-Mathurin de Moncontour; ceux du Vannetais, à Sainte- Barbe du Faouet, à Saint-Cornély de Carnac, à Notre-Dame de Josselin; et tous, en général, à Sainte-Anne d’Auray.

Sainte-Anne d’Auray, avec sa somptueuse basilique, éclose au milieu des landes, du rêve d’un laboureur obscur, apparaît à celte heure comme le pôle religieux de la Bretagne.

C’est là qu’il faut la voir défiler, le 26 juillet, dans la complexité vivante de son type et la pittoresque diversité de ses costumes; là qu’il faut entendre résonner la musique de ses quatre dialectes sur les lèvres de ses derniers chanteurs nomades; là qu’il faut assister à la représentation de ses mystères d’autrefois, ressuscités par un prêtre et joués par des acteurs paysans.

La poésie

On a dit de la Bretagne qu’elle était une poésie : elle a pareillement nourri une race de poêtes.

Il y a peu de Bretons qui ne reçoivent au berceau le don poétique, et beaucoup auraient droit, comme épitaphe, à ce vers de l’un d’eux, qu’une Américaine, amie de la Bretagne, a fait graver, dans le cimetière de Pluzunet, sur la tombe de la vieille chanteuse trégorroise, Marguerite Philippe :
 

Je n’ai fait qu’une chose ici-bas : j’ai chanté.
 

Telle fut aussi bien la destinée des Celles de tous les temps et de tous les pays.

Poètes et musiciens nés, les Gallois se définissent eux-mêmes « une mer de chant ».

On sait le rôle considérable que leurs harpeurs ont joué dans l’Europe occidentale du XIXeme siècle.

Les mélodies des lais nationaux qu’ils promenaient à travers les cours féodales, en s’accompagnant de la rote, captivèrent d’abord les oreilles, puis, lorsqu’on se fût fait initier aux paroles, les poignantes aventures d'amour et de mort qu’elles célébraient séduisirent les cœurs.

La rudesse de la société barbare s’attendrit au contact de l’ardente et fine sensibdité celtique.

« Les Bretagnes sensibilisent », selon le mot si juste d’André Chevrillon.

L’orientation de la littérature européenne s’en trouva changée : à l’inspiration purement guerrière et un peu brutale des Chansons de Geste, d’où la femme était presque absente, se substitua le lyrisme, tout de chevalerie et de passion, des Romans de la Table Ronde, où elle trônait.

Pour combien la Bretagne figura-t-elle dans ce mouvement idéaliste par qui les âmes furent comme renouvelées de fond en comble?

Si sa contribution ne fut pas aussi importante qu’on l’a parfois prétendu, elle fut loin d’être négligeable.

Nous avons déjà vu que c’est la Brocéliande armoricaine qui couvrit de ses ombrages complices la capitulation suprême de Merlin entre les bras de Viviane : c’est également un promontoire breton qui servit de théâtre au dénouement de la plus incomparable des tragédies d’amour, quand Iseult, après avoir pris la mer à l’appel désespéré de Tristan, n’aborda que pour rendre elle-même le dernier soupir sur son cadavre.

Nous avons, d’autre part, le témoignage formel d’une « saga » Scandinave qu’il existait en Bretagne, au temps de Guillaume le Conquérant, une « Dame rouge », poétesse et musicienne renommée, chez qui l’on pouvait, en toute occasion, s’approvisionner de chants inédits sur tel motif que l’on désirait.

Avec ses bardes, le pays possédait donc des bardesses.

De cette collaboration qui ne s'est pas démentie jusqu’à notre époque, est. sortie au cours des âges, toute une moisson de complaintes épiques et de ballades sentimentales, désignées, les unes sous le nom de Soniou, les autres sous le nom de Gwerziou. Gwerziou et Soniou, voilà proprement les deux cordes maîtresses de la harpe d’Armorique — Telen Arvoz, comme disait Brizeux.

La Bretagne intérieure

Le rigide manteau de pierre du Méné confisque d’abord la vue : mais que de petites Arcadies délicieusement verdoyantes ne recèle-t-il pas dans les cassures de ses plis!

Là sont les gorges secrètes, là les recoins ombreux, et les gazons idylliques, et les fraîches fontaines aimés de Virgile.

Et il n’y a pas jusqu’aux landes désertiques à travers lesquelles il faut gagner ces oasis qui, leur saison venue, ne se métamorphosent comme par miracle en de merveilleuses solitudes de rêve et d’enchantement.

Dès qu’avec la première brise attiédie de mars elles ont senti frémir sur elles le souffle du printemps breton, leurs ajoncs épineux, de mine ordinairement si hostile, se couvrent soudain d’autant de fleurs qu’ils ont de dards, et toute l’étendue rutile, submergée d’un immense flot d’or.

En septembre, c’est le tour des bruyères de dérouler leur somptueuse draperie d’améthyste, comme le deuil violet de l’été à son déclin.

Non, la Bretagne des monts, à l'envisager même en ses régions des plus stériles, n’est pas une déshéritée.

Ajoutons, néanmoins, que ce qui fait par-dessus tout sa séduction, c’est qu’elle est en même temps la Bretagne des bois, Argoat (par opposition à Armor, pays de mer.

Au témoignage des géographes, une impénétrable forêt de chênes occupait anciennement la presque totalité de la péninsule.

Sur la côte septentrionale, elle recula sans doute de bonne heure sous la pression du vent de noroît, mais, dans le Sud, elle devait envelopper encore les rivages, quand la race bâtisseuse de menhirs y dressa les alignements de Carnac.

Plus tard, les druides tinrent leurs assises dans ses arcanes et y célébrèrent leurs rites sacrés.

La conquête romaine lui imposa des coupes sombres : ses fourrés s’écartèrent, éventrés par la hache, des légions; les larges voies dallées de l’Empire la traversèrent de part en part; puis, les défrichements y pratiquèrent de vastes éclaircies.

Elle n’avait pourtant pas cessé de mériter le nom de « Forêt profonde » (Donna) lorsque, dans la seconde moitié du Veme siècle, les saints bretons abordèrent en Armorique.

Leur légende nous les montre attirés au débarquer par l’horreur mystérieuse des bois, où les plus caractéristiques d’entre eux, les Ronan, les Hervé, les Herbot, les Efflam, les Envel, se plongent et s’ensevelissent avec une sorte d'ivresse érémitique pour y travailler, hors du monde, à leur salut.

Actuellement, de cet océan d’arbres, il ne demeure qu’une succession morcelée de houles vertes, qui moutonnent aux flancs des monts ou ondulent dans leurs intervalles.

A ces tronçons épars se sont attachées des appellations diverses : Cranou, Coal-an-Noz, Beffou, Porlhuault, Lorges, Quénécan, Paimpont; mais il n’est pas un d’eux où ne palpite, toujours intacte, l'âme de la grande forêt primitive, devenue dans la tradition bretonne Brocéliande.

Brocéliande!

De quelle intensité de signification poétique un tel vocable n’est-il point rempli!

Il suffit de le prononcer pour qu'immédiatement surgissent devant l’esprit quelques-uns des plus beaux songes où l’imagination des hommes se soit bercée.

On est transporté au cœur de la féerie celtique; toute l’Arthuriade se reconstruit d'elle-mème autour de vous; on vogue en pleine « matière de Bretagne ».

Il semble que, dans la lumière élyséenne du sous-bois, vont repasser Lancelot, le preux des preux, et son fidèle Galchaut, prince des Iles Lointaines, et Keu, le sénéchal pervers, et Gauvain, l’irréprochable.

Et ils y repassent, en effet, car des Bretons les ont vus, comme ils ont vu, parmi les vapeurs du soir, flotter la blanche robe de Viviane, comme ils ont entendu résonner, dans les silences nocturnes, le cri, le « brait » de Merlin.

A Paimpont, les poteaux indicateurs vous jettent, aux carrefours des chemins forestiers, des noms magiques dont les syllabes se prolongent en vous avec une vertu d’incantations : Brécilien, Barenton, la Fontaine de Jouvence, la Butte aux PIaintes, le Val sans Retour!

Quoique réduite et appauvrie, l’antique mer de feuillage a gardé tous ses prestiges et tous ses fantômes.

[...]

Pendant des siècles, en effet, la forêt centrale, même dépecée, a joué dans l’histoire bretonne un rôle isolateur.

Pendant des siècles son armée d’arbres a défendu la péninsule contre les invasions qui venaient de l’Est et permis au peuple breton de mener une existence indépendante.

Mais, en revanche, elle l’a aussi condamné à vivre replié sur lui-même, enfermé dans son court horizon de collines et de huiliers, sans presque rien soupçonner de ce qui se passait au delà.

La barrière qu’elle opposait aux hommes, elle l’opposait également aux idées.

C’est la raison pour laquelle l'Argoat s’est plus lentement développé que l’Armor.

La mer est une porte toujours ouverte sur l’infini : elle incite aux voyages, aux échanges; elle développe le goût de l’aventure intellectuelle comme de l'aventure commerciale.

Il n’y a guère eu à faire figure dans le domaine de l’esprit que des Bretons qu’elle avait, dès le berceau, touchés de son souffle : Abélard et des envi-rons de Nantes; Le Sage, de Sarzeau; Chateaubriand et Lamennais, de Saint-Malo; Renan, de Tréguier; Hello, de Lorient; Villiers de l'Isle-Adam, de Sainl-Brieuc.

Tous sont, à quelque degré, des fils de la mer.

En regard de ces grands noms, la gloire de l’Argoat se résume toute dans un La Tour d’Auvergne, plus connu par sa mort, qui fut sublime, que par ses écrits qui, n’était la ferveur dont ils sont animés, seraient quelconques.

Tandis que ses illustres compatriotes de l’Armor répandaient le génie.

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