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22 mars 2025 6 22 /03 /mars /2025 20:53
Sagesse et victoire spirituelles

l y a des gens que j’ai essayé d’aider, pendant des années.

Un homme a accepté cette aide pendant une vingtaine d’années, puis il a dit: ‟Tu es un vaurien”. Bien dit, je ne discute pas.

Mais, vous savez, j'aurais pu me dire : tu t’es tant soucié de cette personne, et lui, il n’a pas hésité de te traiter de vaurien. Au lieu de cela, il faut avoir assez d’humilité pour dire ‟Oui, merci, tu m’as dit la vérité, j'ai oublié qui j’étais”. Et si je le dis sincèrement, c’est une victoire. Une victoire spirituelle.

Mais d’habitude, nous sommes offensés: ‟Observe-toi toi-même!”

C’est pourquoi je dis: il vaut mieux ne faire de remarque à personne, car si vous voulez avoir des ennemis, commencez à faire des remarques aux gens. Ils ne sont pas prêts à accepter la critique.

Il en va de même dans la famille. Nous ne sommes pas prêts à entendre la vérité sur nous-mêmes. Et si une personne n’est pas prête, et que je lui dis toute la vérité, il n’y aura que du ressentiment.

Cette vérité ne servira à rien. Un chrétien doit être intelligent, il doit raisonner. Il peut voir son prochain dans un état troublé; cependant, même les évêques sont aussi des hommes pécheurs.

Si une personne ne vit pas de l’Esprit Saint, si ses paroles ne sont pas inspirées par Dieu, c'est une maladie; on ne juge pas cette personne, on la plaint, on commence à l’aimer encore plus.

Pendant des dizaines d’années en prison, les résidents de notre Centre d’hébergement ont entendu dire qu’ils étaient des vauriens complets et incorrigibles. Ils y sont déjà habitués, mais quand on leur dit: ‟Tu es bon, tu es une personne noble et belle”, ils commencent à changer.

L’apôtre Paul nous dit: ‟Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?” (1 Corinthiens 3 : 16).

Imaginez-vous ce que cela veut dire? ‟Moi? Le temple de Dieu? C'est inimaginable ! Et pourtant si quand même je suis ce temple? Et si le Saint-Esprit habite en moi? Et si je peux me libérer de cette saleté qui, malheureusement, s’accumule si vite et encombre mon âme immortelle?”

Si je deviens saint j’entrerai dans le Royaume des Cieux ?

Je dis à nos frères du centre d’hébergement: ‟Vous devez arrêter de fumer, il n’y aura pas de cigarettes là-bas”, puisqu’on meurt sans cigarettes.

Tout est si simple, tout est clair avec Dieu. 

Si vous vivez vraiment votre vie avec Dieu maintenant, vous entrerez dans le Royaume des Cieux.

Ne réprimandez pas vos proches.

Il arrive qu’on dise aux enfants: ‟Nous avons honte de t’avoir élevé”. C’est horrible et insensé. Ne dites jamais cela de peur de leur infliger un ressentiment à vie, de peur qu’ils n’entrent dans l’éternité avec lui.

Archiprêtre André Léméchonok

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19 mars 2025 3 19 /03 /mars /2025 20:30
Icône de Ste Thérèse d'Avila peinte par Rachel Goettmann, Chapelle Saint Thiébault

Icône de Ste Thérèse d'Avila peinte par Rachel Goettmann, Chapelle Saint Thiébault

Gorze, mars 2025

Approche de l'expérience spirituelle carmélitaine dans les pas de sainte Thérèse d’Avila …

Chers amis,

Pourquoi sainte Thérèse d'Avila ? 

Nous avons dans notre chapelle sur le mur ouest, une icône de sainte Thérèse peinte par Rachel Goettmann qui fut avec le père Alphonse les piliers fondateurs du centre Béthanie.

Nous avons également, une statue de la sainte, ramenée d'Avila, bâton en main vers la mission des fondations de monastères en Espagne, fondations qui lui ont été demandées par « Sa Majesté », car c'est ainsi qu'elle nomme le Christ... Nous sommes donc à Béthanie sous sa protection depuis de nombreuses années...

Rappelons que le Carmel est né en Palestine au temps des croisades : cela débute par quelques frères ermites autour d'un sanctuaire dédié à Notre-Dame.

La règle du Carmel est celle de saint Albert et date de 1209. Rome leur impose le statut d'ordre mendiant comme les Franciscains et les Dominicains. D'abord contemplative, leur vie va devenir aussi apostolique.

L'ordre prend le prophète Elie comme modèle : « Il est vivant » dit le prophète « le Dieu devant qui je me tiens. » Se tenir devant le Dieu vivant, c'est l'attitude méditative foncière du Carme et plus tard de la Carmélite.

La règle de saint Albert ne prescrit-elle pas de «méditer jour et nuit la loi du Seigneur. » C'est la prière « nourriture » ou liturgique et la prière « respiration » ou silencieuse qui sont les deux piliers de la vie en Christ.

Sainte Thérèse d'Avila, ainsi que saint Jean de la Croix, au 16e siècle, vont enrichir et rénover le Carmel à partir de leur expérience chrétienne d'une intensité peu commune.

Ils se sont abandonnés à la volonté divine, vivant alors l'intégralité du chemin intérieur, c'est à dire de la metanoïa. Leurs écrits éclairent ce qui se passe au dedans de l'être humain. Thérèse raconte « ce qui lui est arrivé. »

Cette expérience qu'elle partage suscite et réveille les âmes et elle le fait avec une finesse d'analyse et une grande élégance d'expression. Nos deux docteurs sont une référence incontournable pour celles et ceux qui sont en chemin et qui ont choisi le Christ.

Le troisième sommet de la tradition carmélitaine, le troisième docteur de l'Eglise de Rome apparaît avec Thérèse de Lisieux.

C'est la sainte de la spiritualité du quotidien le plus banal… On pourrait lui appliquer cet aphorisme zen : «Puiser de l'eau, couper du bois : quelle merveille ! » Thérèse ouvre l'espace d'une spiritualité incarnée dans le détail de la vie quotidienne.

Elle annonce un message d'espérance en ce Dieu qui est miséricorde. Cet engagement dans la tradition carmélitaine nous rappelle à notre vocation humaine : « Rendre grâce en tout temps et en tous lieux », et « Prier sans cesse. » Présence à soi, présence à Dieu !

Le petit banc de méditation utilisé par sainte Thérèse d'Avila nous rappelle à l'attitude corporelle qui favorise la vigilance. C 'est l'expression de la « tenue » car « il est vivant le Dieu devant qui je me tiens. »

C'est cette dignité, qui est une manière de prier avec son corps, qui nous enracine dans notre incarnation et nous ouvre le chemin de la déification.

L'être humain s'engage corps, âme et esprit, et cet engagement est à reprendre à chaque instant.

Thérèse prescrit à ses fils et à ses filles deux heures d'oraison quotidienne et agence le mode de vie des monastères en fonction de la prière silencieuse.

« L'oraison » écrit-elle, « n'est rien d'autre qu'un commerce d'amitié, par lequel on s'entretient fréquemment et intimement avec Celui dont on se sait aimé. » Cet amour partagé se nourrit du « noble Silence » de Sa présence.

C'est alors dans toute l'existence, dans le banal et le quotidien que revient la pensée de l'être aimé et l'élan d'amour vers lui. Oui ! Le Seigneur est aussi au milieu des « marmites » comme elle aimait à le rappeler !

Alors, en route vers nos cuisines... au milieu de notre travail quotidien, car c'est là que le Seigneur nous attend, et nulle part ailleurs... Comme nous le rappelle saint Paul : « Voici MAINTENANT le temps favorable, voici MAINTENANT le jour du salut. » (2 co 6, 2)

Avec toute mon affection en Christ !

Père Francis

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15 mars 2025 6 15 /03 /mars /2025 20:30
Le cœur qui bat à Notre-Dame, c’est le cœur battant de la France 

Rome fut dans le Forum et la Grèce fut contenue dans le Parthénon.

Si dans l'histoire des hommes, celle d'un peuple peut tenir tout entière dans une œuvre particulière, alors la cathédrale résume la France. Et la cathédrale des cathédrales, c'est Notre-Dame de Paris.

C'est la maison du peuple français. Il y a déployé les expressions les plus pures de son génie créateur et a entassé dans le vaisseau renversé nos chimères et nos grimaces.

L'incendie de Notre-Dame a été une allégorie. Celle de la France qui se consume et qui renaît.

Quand, à minuit, je suis allé me coucher, les sapeurs-pompiers avaient livré leur verdict: les deux tours allaient tomber, après la flèche. C'en était fini de Notre-Dame.

Mais le matin, les tours étaient encore là. Notre-Dame avait survécu. C'est l'allégorie de la France.

On croit qu'elle va mourir et elle renaît Il y a au fond du cœur de chaque Français une sorte d'écho aux vicissitudes de la pierre souffrante décapitée.

C'est-à-dire que chacun ressent, charnellement, vibrer en lui toute une France des hautes nefs immémoriales.

Notre-Dame, c'est le souvenir des encens refroidis d'une foule chantante. C'est le souvenir d'un grouillement d'âmes simples. C'est un hymne à l'unité profonde de la symphonie millénaire.

Pour les Français, Notre-Dame, c'est l'accord parfait du burin sur la pierre et du souffle de l'Esprit.

Et d'ailleurs, sans savoir ce qui s'était passé à Notre-Dame depuis sa construction au XIIe siècle, puis sa reconstruction au XIIIe siècle, puisqu'elle a déjà brûlé une fois, c'est toute une histoire vivante qui se fraye
un chemin.

On entend l'âme de la France qui respire. Il ne faut jamais oublier la trace sur la dalle des pas lourds et accablés des cortèges triomphants, le Te Deum de Charles VII sous les voûtes, le vœu de Louis XIII, le Requiem du service solennel des funérailles de Turenne, le Te Deum pour la victoire de Marengo et en 1918, le 17 novembre, le Requiem Te Deum, la mort et l'appel de la vie qui revient. Sans oublier, Emmanuel, le gros bourdon muet depuis 1940 et qui se remet à sonner avec l'entrée des troupes de Leclerc le 24 août 1944.

Mon père me disait souvent: « En France, aujourd’hui comme hier, on fait comme les aïeux: on va au bistrot quand ça va bien et on va à l'église quand ça va mal. »

Il y a un exemple qu'il me racontait qui m'a toujours fasciné: le 10 mai 1940 quand le pays court à l’abîme,
le recours au surnaturel apparaît comme l'unique voie de salut.

Même aux politiques. Que font-ils? Ils se pressent à Notre-Dame le 19 mai 1940 pour s'associer aux prières publiques. Paul Raynaud, alors président du Conseil, entonne une allocution poignante:
« S'il faut un miracle, alors je crois au miracle. » C'est magnifique. C'est la France.
(…)
La muséification de Notre-Dame de Paris signifierait qu'on la transforme en un musée, que la couronne d'épines devienne un colifichet, prenant la valeur d'une pierre diamantée qui n'a plus rien à voir avec
l'histoire vivante.

Le cœur qui bat à Notre- Dame, c’est le cœur baꢅant de la France. Je conclurai par Péguy qui, en pensant à Notre-Dame, saluait cette quintessence du génie d'un peuple: « C’est embêtant, dit Dieu, quand il n'y aura plus ces Français. Il y a des choses que je fais, il n'y aura plus personne pour les comprendre. » 

Philippe de Villiers


 

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