L'accès des femmes aux ministères de l'Eglise
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_857d36_les-charismes-du-saint-esprit-p-aguila.png)
Il y a des charismes (des capacités) correspondant à des ministères (des fonctions, des missions) dans l’Eglise donnés directement par l’Esprit-Saint indistinctement aux hommes et femmes et il y a les ministères de l’autel donnés par le sacrement de l’ordination uniquement à des hommes choisis.
L’Esprit Saint donne librement ses dons (les charismes) sans distinction à l’homme et à la femme (Romains 12, 3-8, 1 Corinthiens 12, 11) mais ne confère pas par lui-même les sacrements dont celui de l’ordination.
On peut ainsi distinguer les ministères baptismaux (conférés aux baptisés hommes et femmes selon le bon vouloir de la grâce divine) et les ministères ordonnés (conférés par le sacrement de l’ordination à des hommes choisis sous l’inspiration de l’Esprit-Saint par l’intermédiaire d’hommes ayant été eux-mêmes ordonnés). Tous les ministères sont possibles à la femme si l’Esprit-Saint lui en donne le charisme sauf le ministère de l’autel.
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_75b8a0_three-marys-at-the-tomb-of-christ-from.jpg)
Pourquoi le ministère de l’autel serait-il réservé à l’homme ?
L’autel c’est la table du sacrifice, le lieu où s’accomplit la mort et la résurrection du Christ à chaque célébration eucharistique.
C’est le Golgotha et le tombeau où est déposé le corps du Christ (le pain et le vin) et où s’accomplit la Résurrection, le changement de ce qui est mort en le corps et le sang vivant du Seigneur.
Le Christ est le Grand-Prêtre, celui qui offre et qui s’offre en sacrifice. En Jésus il est homme et non pas femme.
A la Sainte Cène, c’est Jésus homme ( représentant toute l’humanité en sa chair mais seulement l’homme en son genre) qui donne son corps et son sang à manger à ses disciples ; au Golgotha c’est Jésus homme (représentant toute l’humanité en sa chair mais seulement homme en son genre) qui est crucifié et qui ressuscitera.
Le prêtre image du Christ[1] ne peut donc être qu’un homme. Ce n’est pas un privilège ni un droit mais un mystère (sacrement) divin.
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_a2932b_marie-au-pied-de-la-croix.jpg)
Les femmes, disent les Evangiles, assistent à la crucifixion. Marie est au pied de la Croix et Jésus lui remet en Jean l’humanité baptisée, l’Eglise, le corps même du Christ comme son enfant « Voici ta mère »[2] Jean 19, 26, celle qui protège, qui engendre à la Vie nouvelle.
Là se fixe le mystère de l’homme prêtre et de la femme servante (ou de l’homme serviteur sans être prêtre).
L’un ne remplace pas l’autre mais les deux sont nécessaires et se complémentent.
Sans Marie, la femme et sa matrice, le Fils de Dieu n’a pas de mère, il ne s’incarne pas, il ne ressuscite pas et il ne nous sauve pas.
Sans le Christ, le fils de l’homme, acceptant la mort en son corps d’homme et sans ses lèvres et sa voix d’homme portant la parole divine créatrice il ne peut se donner à nous dans l’eucharistie.
Désormais pour que le sacrifice de la messe soit effectif, pour que le pain et le vin deviennent corps et sang du Christ il doit être réalisé par un évêque ou à défaut un prêtre en qui le Christ agit par la grâce de l’Esprit.
Pour aider l’évêque ou le prêtre à l’autel l’Eglise ordonne des diacres et bénit des servants qui sont uniquement des hommes.
Les diaconesses (quand ce ministère était accordé aux femmes dans les premiers siècles) et les servantes n’ont pas l’autorisation de s’approcher de l’autel sans doute en référence aux apôtres ayant choisi des hommes pour s’occuper du service des tables et un peu plus tard des affaires matérielles de l’Eglise et contribuer à l’évangélisation. Actes des Apôtres 6
Cette explication est loin d’être décisive sur le sujet. Il y a peut-être un héritage non-dit provenant des anciens interdits faits aux femmes qui pourraient s’approcher d’un endroit sacré en étant impures (souillées par leurs règles).
Le prêtre se purifie les mains avant d’offrir le saint sacrifice. Cet interdit des femmes à l'autel lié à l’impureté a sans doute toujours un sens. Il ne s'appliquerait donc pas aux fillettes impubères.
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_a86774_ob-6c6e67-cene.jpg)
Une autre explication à l’interdiction des femmes à l'autel
« Bien que le Christ notre Seigneur fût accompagné par les saintes femmes, il n’en admit aucune parmi ses apôtres, pas même sa mère »
L’institution de l’eucharistie a été confiée par le Christ lors de la Sainte Cène uniquement aux apôtres qui y participaient en leur disant « Faites cela en mémoire de moi. » Luc 22, 19
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_6ac6a0_cq5dam-thumbnail-cropped-750-422.jpeg)
Une explication de l’Eglise catholique romaine[3] : une interdiction dés l’origine de l’Eglise en orient et en occident
La discipline générale de l'Église des premiers siècles a été formulée en termes lapidaires par le can. 44 de la Collection de Laodicée, qui date de la fin du IV siècle, et qui a figuré dans presque toutes les collections canoniques d'Orient et d'Occident :
"quod non opporteat ingredi mulieres ad altare"
(Il ne convient pas d'autoriser les femmes de s'approcher de l'autel)
La tradition venant des premiers siècles s'est maintenue tout au long de la législation médiévale et moderne :
Le Code de droit canonique de 1917 stipule dans le can. 813 § 2 : "Le ministre qui sert la messe ne peut être une femme, sauf en l'absence d'un homme et pour une juste cause, mais de façon que la femme réponde de loin et n'approche pas de l'autel".
L'exclusion de droit commun des femmes du service de l'autel, qui appartient à la tradition liturgique immémoriale tant de l'Orient que de l'Occident (et qui a, par conséquent, une dimension œcuménique), provient de la notion de clergé (nécessairement masculin), liée à celle de sanctuaire.
Dans la traduction française de la première édition des Préliminaires du Missel Romain de Paul VI, en 1969, il est précisé que le mot "sanctuaire", qui est la traduction du mot latin presbyterium, doit s'entendre au sens large : non pas comme l'environnement immédiat de l'autel, mais comme le lieu où se tient le clergé, distingué du lieu où se tient le peuple (n. 27, note 30). De fait, le sanctuaire est le lieu où s'accomplit le Sacrifice, célébré par le prêtre, agissant in persona Christi (le prêtre ou l'évêque agit dans le cadre de la messe à la place mais aussi en tant que Jésus-Christ en identification à lui), assisté éventuellement par un diacre.
Il convient donc que ceux qui entourent le célébrant, dans cette partie de l'église réservée au clergé (prêtres et diacres) soient aussi des hommes (viri) afin de ne pas rompre la dimension "symbolique" du ministère ordonné (entendu dans le sens spécifique de l'anthropologie théologique).
Selon Gino Concetti publie dans L’Osservatore Romano, qu'il y a un fossé infranchissable : la détermination du Christ. S’il l’avait voulu, le Christ aurait pu choisir des femmes parmi les nombreuses femmes qui le suivaient pour les élever à la dignité sacerdotale.[4] Il ne l’a pas fait, non par respect d’une tradition humaine, de milieu, mais pour respecter l’ordre de la création et du plan du salut qui exigeait le rôle capital de l’homme : tout d’abord chez Adam, puis chez le Christ.
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_094b12_yvescongar-1937.jpg)
Position du Père Yves Congar
Jésus est accompagné de femmes et il n’a montré à leur égard aucune distance. On ne peut pas prouver que l’exclusion des femmes des ministères publiquement institués s’explique adéquatement par les conditions historiques, culturelles et sociales. Il existait alors des prêtresses dans le paganisme. Il faut reconnaître que, si Jésus avait voulu des femmes présidentes de l’Eucharistie comme les Apôtres, il eût pu l’indiquer positivement. Or il n’y a aucun signe positif en ce sens.
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_99627f_kallistosware.jpg)
Position de l'évêque orthodoxe Kallistos Ware
/image%2F1464303%2F20240403%2Fob_9c043d_rhpr-0035-2403-1999-num-79-4.jpg)
Kallistos Ware n'hésite pas à affirmer également que sa propre pensée à évolué depuis 1978 vers une affirmation plus positive de l'ordination des femmes au ministère sacerdotal.
Il reprend dans un esprit critique trois problématiques essentielles : la nature et la Tradition, l'anthropologie, la conception de la prêtrise, pour démonter qu'il existe déjà de longue date de facto un ministère des femmes dans quatre domaines : la prédication apostolique, l'engagement de la femme du prêtre, de la diaconesse et de la «mère spirituelle ».
Il s'agit donc d'apprendre entre Églises à poser la question de l'ordination autrement : non en termes de sexe mais d'humanité partagée non en termes de profession ou de droits mais de service.
Enfin l'argument iconique, moins décisif selon Ware pour l'Église orthodoxe que pour l'Église catholique, ne doit pas être fondamentaliste car l'imitation (ou l'icône) du Christ n'implique pas nécessairement une ressemblance physique (p. 92).
D'une part l'humanité du Christ a été plus décisive que sa masculinité, d'autre part dans l'Église tant les hommes que les femmes sont «féminins » par rapport à Dieu.
Ainsi «si les hommes peuvent représenter l'Église comme épouse, pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas représenter le Christ comme époux ? » (p. 95).
Une question que je me réjouis de lire sous la plume d'un évêque orthodoxe qui signe ainsi la possibilité de voir la discussion se poursuivre.
E. Parmentier
https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1999_num_79_4_5584_t1_0542_0000_1?q=diaconesse
[1] Comme pour les évêques, c’est le Christ qui, à travers les ministres qu’il a choisis, agit pour enseigner, paître, pardonner et guérir. C’est le Christ qui pardonne les péchés et qui guérit les maladies physiques, psychiques et spirituelles de l’humanité. Le prêtre est une image du Christ. https://fr.orthodoxwiki.org/Pr%C3%AAtre
[2] « Marie au pied de la Croix, une Mère à qui son Fils demande une nouvelle maternité pour l’offrir à tous les hommes. Voici ton fils, mon frère, et à ce fils, voici ta Mère, notre Mère. » père Bernard Devert
[4] « Parmi les disciples de Jésus, il y avait des femmes. Aucune exclusion du ministère sacerdotal n’a été prononcée à leur égard par le Christ. » Marie-Claire Bourriaud, s.s.s.
S'abonner au Blog Seraphim
Cliquer ICI