Chers amis,
« Le monde périra non à cause des guerres, mais par l'ennui invivable, gigantesque, quand, du bâillement grand comme le monde, sortira le diable. » Dostoïevski
Notre vie est minée par l'usure et la perte. L'homme le plus riche du monde est-il vraiment le plus heureux ?
« Tout passe ! » comme dit sainte Thérèse d'Avila.
Son palais orné est une prison dont les fenêtres s'ouvrent sur le néant. Comme Judas à la Sainte Cène, il quitte le repas du Seigneur et dehors c'est la nuit, la nuit du non-sens bien sûr. Dans ce non-sens l'être humain est en errance et cherche une issue qui le libère de cette prison d'une vie à demi morte, la seule véritable souffrance est la perte de son identité.
Alors nous cherchons un sens dans la jouissance, mais la jouissance tournée sur elle-même mène droit à la mort. L'être humain creuse sa tombe avec ses dents et le lit d'éros est en réalité un tombeau. « Le diable est homicide dès le commencement » dit Jésus. (Jean 8 40-44)
Il reste alors à essayer le pouvoir, la volonté de puissance de tous les « Babel », petits et grands, où la confusion des langues signifie l'incommunicabilité et la solitude.
Que ce soit le non-sens, la mort et la solitude, ces trois détresses fondamentales résument toutes les autres. Elles sont l'envers du silence de l'Être, la négation de l'hésychia. Elles sont le tumulte bruyant des passions, selon l'expression patristique, qui faussent tous les rapports de l'être humain à lui-même, aux autres et à Dieu.
L'être humain vit désormais dans une conscience, qui détournée du fond le plus intime de son identité, jouit des choses pour elles-mêmes, comme une fin en soi. C'est la maladie de l'obsession de soi-même, une autolâtrie selon saint André de Crète. C'est un besoin maladif d'être reconnu. Il s'agit d'une disposition qui est en chacun de nous, une inauthenticité fondamentale issue de notre éloignement de la Source paternelle.