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29 janvier 2025 3 29 /01 /janvier /2025 20:24
La petite voix intérieure

Marie de Hennezel, psychologue clinicienne et psychanalyste jungienne, pionnière de l’accompagnement des personnes en fin de vie, est devenue une des grandes voix de la vieillesse.

Extraits de l'interview

Vous développez vraiment l’art de bien vieillir en disant que vieillir est une chance. Est-ce qu’on peut considérer que c’est possible
sans foi, sans avoir une vision plus large de la vie que cet épisode qu’est l’existence ?

La foi est une aventure spirituelle. Un de mes livres s’appelle L’Aventure de vieillir, une aventure spirituelle au sens large. Je ne pense pas qu’on puisse bien vieillir si on n’a pas effectivement une spiritualité.

En fait, le paradoxe du vieillir, saint Paul le définit ainsi :« Tandis que notre homme extérieur s’en va en ruines, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour ».

Ne pas focaliser sur l’homme extérieur mais investir celui de l’intérieur.

Quand vous dites la foi, ce n’est pas nécessairement une foi religieuse.

Mon ex-mari Christopher a 96 ans et se définit comme un « mécréant qui prie ». Pas du tout inscrit dans une foi religieuse, il prie.

Il est relié à une confiance dans le déroulement de la vie, dans l’au-delà, sans avoir de représentation. Mais je vois qu’il est complètement dans le présent.

S’il commence à penser au futur, il dit qu’il dilate le présent. Cette aventure ne peut qu’être spirituelle.

Si des personnes essayent de rester jeunes et actives le plus longtemps possible, il y a forcément une limite.

En vieillissant se développent la lenteur, la disponibilité, le lâcher-prise, l’acceptation des choses comme elles sont et comme elles arrivent.

L’être plutôt que le faire. Les personnes en vieillissant explorent les contre-valeurs de la société.

Il ne s’agit plus de se battre, de contrôler et de maîtriser. Les personnes qui vieillissent vraiment bien me touchent, elles ne sont
pas dans la projection de l’au-delà.

C’est un au-delà qui est au-dedans. Être de plus en plus là est tout à fait spirituel. Cela conduit à la contemplation, à la dilatation du présent.

Vous faites la différence entre la spiritualité et l’aspect religieux ?

Si les gens ont une pratique religieuse nourrie, ils la continuent. J’ai eu une pratique religieuse enfant. Je l’ai abandonnée à mon adolescence et j’ai fait ma psychanalyse.

Avec la méditation, j’ai retrouvé la perception interne d’une présence.

Quand je médite, je pratique la méditation chrétienne, enseignée par
John Main puis reprise par Laurence Freeman, la même méditation que les méditations orientales sauf que le mantra que l’on récite est un mot araméen : maranatha (« Viens, Seigneur »).

Lorsque je répète ce mantra, je sens physiquement une présence arriver à l’intérieur de moi.

Ma foi n’a donc rien d’intellectuel. C’est une perception, un ressenti au niveau du cœur.

Beaucoup de gens m’ont reproché de ne jamais parler de Dieu dans mon livre La Mort intime.

Pendant les années où je travaillais auprès des mourants, je n’ai quasiment jamais parlé de Dieu.

Je lisais à l’époque Maurice Zundel qui disait : Ne parlez pas trop de Dieu, vous l’abimeriez.

Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Zundel disait : Respirez Dieu. J’ai trouvé ça génial.

Être à côté de quelqu’un, lui tenir la main et respirer Dieu, ça suffit. D’ailleurs, il y avait un calme qui s’établissait.

Je m’étais aussi formée au chant contemplatif antique auprès de Iegor Reznikoff, un chant très intériorisé dans lequel on sentait les sons voyager dans le corps.

On a fait un stage dans le désert pour l’association des sidéens que j’avais créée.

Vous portez à votre cou une colombe, symbole du
Saint-Esprit ?

Je ne porte que ce bijou-là au cou. C’est en effet la colombe de l’Esprit.

Voyez-vous, dans la Trinité, c’est l’Esprit-Saint qui me touche le plus.

J’invoque rarement le Fils ou le Père. Il y a cette prière que frère Roger avait donnée d’ailleurs à François Mitterrand mais que je me
suis aussi appropriée.

C’est une prière que je dis tous les jours :

« Esprit du Dieu vivant,
tu souffles en moi une brise légère,
fraîcheur de l’âme,
pour reprendre chaque jour
le chemin de l’ombre
vers la clarté de ta présence
».

La Pentecôte est le jour où l’on célèbre la descente de l’Esprit-Saint sur l’humanité.

Vous faites une distinction entre l’esprit et l’âme ?

L’esprit est la fine pointe de l’âme, me disait Jean-Yves Leloup. La connotation âme, c’est plus affectif, c’est plus poétique et mystérieux.

Dans les poèmes, on dit mon âme soupire et pas mon esprit soupire.

Elle est peut-être plus proche du cœur, plus intime.

Le divin, c’est l’Autre avec un grand A.

C’est pour ça que j’aime le mot de présence.

C’est un peu intellectuel, on est tellement limité et peu de chose.

Se sentir relié est vraiment très intime pour chacun. C’est un peu le loupé de l’Église.

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