Les hymnographes jouent souvent sur les mots "éléon" (accusatif masc.), miséricorde, et "élaion" (neutre), huile, nous avons parfois l'occasion d'imiter le jeu de mots en associant la "grâce" de la clémence à la "grasse" matière de l'huile!
Le mot grec Eleos que l’on traduit par Pitié a la même racine que le mot grec signifiant huile et plus précisément l’huile d’olive, si importante dans le monde méditerranéen, utilisée non seulement comme aliment mais également quelquefois en cure en la buvant et à profusion comme agent apaisant de massage pour les contusions et les blessures superficielles.
On versait l’huile (et encore aujourd’hui avec l’huile sainte des veilleuses ou le myrrhon des icônes miraculeuses) sur les meurtrissures que l’on massait avec douceur, apaisant, soulageant et guérissant ainsi la partie du corps blessée.
Et le mot hébreu Hesed qui signifie aussi à la fois l’huile et la miséricorde est le mot pour amour indéfectible.
On traduit donc partout « Kyrie Eleison » par « Seigneur aie pitié ! » mais il serait préférable à mon humble avis de dire au moins quelque chose comme « Seigneur sois miséricordieux » ou mieux « Seigneur prends (bien) soin de moi (ou de nous) » car il s’agit bien de soins dans le sens de « prendre soin » et de celui de « soigner ».
Jésus est notre médecin (Il a passé sa vie sur terre à soigner les âmes blessées par le péché et les corps outragés par la maladie voire corrompus par la mort) et l’implorer par « Kyrie Eleison » c’est lui demander « Seigneur apaise-moi, soulage-moi, délivre-moi de ma douleur, guéris-moi et montre-moi ton indéfectible amour ».
Ainsi ce sens du mot pitié fait moins référence à la justice du redoutable tribunal et à l’acquittement du condamné selon l’inévitable et si négative interprétation occidentale pur sucre qu’à l’Amour-tendresse infini de Dieu et à sa compassion pour les souffrances de ses enfants dont Il connaît le moindre pas.
La formule de la prière à Jésus que l’on retrouve partout et désormais même chez les mystiques catholiques (comme les icônes de la Sainte famille et de Dieu le Père) « Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur » loin de mener à l’humilité et à l’abandon entre les mains du Sauveur dans la certitude d’être sauvé, outre qu'elle se complique à la prononciation au féminin accumule plutôt, à chaque grain de chapelet, les couches d’une culpabilité si chère à la culture de l’Occident « chrétien » autant que déchristianisé c’est à dire « politiquement correct » et qui ne mène nulle part si ce n'est à l'écrasement, au découragement et à l'acédie.
D’ailleurs la formule inscrite et offertes aux pèlerins dans les monastères de la Sainte Montagne se réduit à « Kyrie Issou Christe eleison me ».
Mais si la formule telle quelle a traversé les siècles malgré les traductions concomitantes ce n’est sans doute pas pour rien ; aussi finalement est-il sans doute préférable de ne pas la traduire mais plutôt de la conserver telle quelle comme un don précieux du Saint Esprit dont l’huile sainte oint ainsi plus sûrement nos êtres en profondeur par la répétition des ecténies comme par la prière du coeur.
De toute façon l’Orthodoxie est une « religion » de l’huile, de toutes les saintes onctions jusqu’au suintement des icônes miraculeuses il s’agit toujours d’huile et de lumière et pas tellement de sang, de plaies béantes, de larmes, de condamnation et de réparation et enfin de pitié d’un Dieu qui s’arrangerait pour faire payer à d’autres ce dont Il ferait cadeau à certains par pitié.
Lu sur un forum internet
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Le sens de la prière "Kyrie eleison" - SERAPHIM
Le mot français miséricorde est la traduction du mot grec eleos. Ce mot a la même racine ultime que l'ancien mot grec pour huile, ou plus précisément, l'huile d'olive, une substance qui était...
https://www.seraphim-marc-elie.fr/2022/07/le-sens-de-la-priere-kyrie-eleison.html
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