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31 mars 2025 1 31 /03 /mars /2025 19:30
Le toucher porte sur l'invisible

Dieu souvent nous parle mais souvent aussi nous ne l'entendons pas !

Mais est ce que c'est parce que nous ne le voulons pas ou bien pour qu'elle raison !

Helen Keller qui elle était sourde , muette et aveugle a réussis elle à saisir la beauté de la musique ! Miracle !

Georgette Joly

 

En mars 1924, Helen Keller adressa la lettre suivante à l’Orchestre symphonique de New York. Elle y raconte, avec une sensibilité poignante, l’expérience inoubliable qu’elle vécut en écoutant, à sa manière unique, la Neuvième Symphonie de Beethoven diffusée à la radio.
 

Chers amis,

J’ai la joie de vous confier qu’hier soir, bien que sourde et aveugle, j’ai vécu une heure merveilleuse en écoutant, par la magie de la radio, la Neuvième Symphonie de Beethoven.

Je ne veux pas dire que je l’ai "entendue" comme le font les autres, et je ne sais si je parviendrai à vous faire comprendre comment j’ai pu en retirer un tel ravissement. Ce fut pour moi une immense surprise.

Dans ma revue en braille, j’avais lu combien la radio apportait du bonheur aux non-voyants à travers le monde. J’étais ravie de savoir qu’ils avaient ainsi découvert une nouvelle source de plaisir, mais je n’aurais jamais osé imaginer que je pourrais, moi aussi, en goûter la joie.

Hier soir, alors que ma famille se délectait de votre interprétation magistrale de cette symphonie immortelle, quelqu’un eut l’idée de me proposer de poser ma main sur le récepteur, pour voir si je pouvais en percevoir les vibrations.

Il dévissa le capuchon, et je posai délicatement mes doigts sur la fine membrane.

Quelle ne fut pas ma stupéfaction !

Non seulement je sentais les frémissements de la musique, mais aussi son rythme enflammé, son souffle palpitant, son élan irrésistible !

Les vibrations entremêlées des divers instruments m’ensorcelaient. Je distinguais les trompettes éclatantes, le roulement profond des tambours, le chant grave et vibrant des altos, la mélodie sublime des violons.

Quelle merveille que ce langage des cordes, qui glissait et ondoyait sur la profondeur des autres instruments !

Et soudain, jaillissant du tumulte harmonieux, les voix humaines s’élevèrent, frémissantes, et je les reconnus instantanément.

Elles étaient exaltées, lumineuses, comme des flammes vives montant vers le ciel, au point que mon cœur en resta suspendu.

Les voix féminines me semblèrent être l’incarnation même des chœurs angéliques, déferlant en une vague harmonieuse de beauté et d’inspiration.

L’orchestre et le chœur vibraient sous mes doigts, dans une alternance poignante de silences et de crescendos.

Puis, tous les instruments et toutes les voix se fondirent dans un océan de vibrations célestes, avant de s’éteindre doucement, comme le vent qui s’apaise, dans une fine pluie de notes cristallines.

Bien sûr, ce n’était pas de l’"écoute" au sens habituel, mais j’ai su, je le sais, que ces tonalités et ces harmonies me transportaient vers des paysages d’une grandeur et d’une beauté ineffables.

Il me sembla même percevoir, au creux de ma main, les murmures de la nature – le bruissement des roseaux bercés par le vent, le chuchotement des ruisseaux sinueux. Jamais encore je n’avais été envoûtée par un tel tourbillon de vibrations sonores.

Dans cette chambre emplie d’ombre et de mélodie, de silence et d’harmonie, une pensée m’envahit : le grand compositeur qui avait déversé sur le monde un tel torrent de douceur était, comme moi, privé d’ouïe. Je m’émerveillai devant la force inextinguible de son esprit, qui avait su transformer sa souffrance en une source de joie pour l’humanité.

Et moi, assise là, ma main posée sur le récepteur, je ressentais toute la magnificence de cette symphonie qui, telle une mer en furie, venait briser son silence sur le rivage de nos âmes, celle de Beethoven et la mienne.
 

Le toucher porte sur l'invisible
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