« Devenir Dieu » par la communion
Pour Sandrine Caneri, l’homme est appelé à être traversé par les énergies divines, et c’est une pensée incroyablement moderne : « Cette idée de déification ou de divinisation, Irénée l’explique très bien ! Pour lui, l’homme est appelé à devenir Dieu, mais pas par lui-même, pas en se mettant au-dessus de Dieu. Devenir « Dieu », c’est à dire à la ressemblance de Dieu, par la divinisation, par la communion.
Dans l’Eglise orthodoxe c’est un sujet qui nous est très cher. On parle assez peu de sanctification, mais davantage de divinisation.
Pourquoi ce terme est-il plus fort pour nous? Parce que – excusez-moi, c’est un terme un peu familier – on colle à Dieu.
On va vers Dieu et on ne le quitte plus, on s’approche de Lui et on colle à lui. Ce n’est pas seulement être saint ou être sanctifié, c’est être Lui en nous et nous en Lui.
Irénée s’appuie sur les Ecritures
Irénée est un immense théologien, sa pensée est gigantesque ! C’est très précieux, parce qu’on peut encore aujourd’hui puiser chez lui de quoi nourrir notre foi.
Sa force réside dans le fait qu’il s’appuie sur les Ecritures, et rien que les Ecritures.
Toute sa théologie, toute son œuvre sont irriguées par les Écritures, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. Il démontre l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament. On ne peut pas comprendre le Nouveau Testament si l’on n’a pas intégré les bases de l’Ancien ».
Chose étonnante qui mérite d’être signalée, Irénée n’a quasiment jamais été sujet à controverses. Homme du deuxième siècle, il apparaît avant tous les conciles, donc avant une dogmatisation de la pensée chrétienne.
« Et aucun concile ne va être contre Irénée : tous les conciles vont confirmer la pensée et la théologie d’Irénée de Lyon. C’est pour ça aussi que c’est un très grand théologien, un gigantesque …. Il avait prévu à l’avance ce qui allait se dérouler dans les conciles, même si c’est de manière embryonnaire ».
« Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu. Ces mots puissants, qui sont prononcés pour la première fois par saint Irénée le sont à nouveau dans les écrits de saint Athanase, saint Grégoire de Naziance et saint Grégoire de Nysse.
Les Pères et les théologiens orthodoxes l’ont répété à chaque siècle avec autant d’emphase, résumant dans cette sentence : la véritable essence du christianisme : une descente ineffable de Dieu jusqu’aux limites ultimes de notre condition déchue, même jusqu’à la mort… une descente de Dieu qui ouvre aux hommes un chemin d’ascension vers la vision illimitée ou l’union des êtres créés avec la Divinité. »
Vladimir Lossky, À l’image et à la ressemblance de Dieu, Paris, éd. Aubier-Montaigne, coll. « Le Buisson Ardent », 1967, p. 97.
L'homme appelé à être Divinisé
Que signifie cette célèbre affirmation reprise notamment par saint Irénée ? "La vie actuelle ne suffit pas à dire qui est chacun de nous, nous préparons une vie définitive où nous serons semblables au Christ et où nous aimerons comme Dieu aime", explique le Père Bernard Housset.
Pour comprendre cette idée, Varillon utilisait la métaphore du grain de blé. Du grenier où il est parmi d'autres grains de blé au chaud et au sec, il est ensuite jeté en terre dans le noir et l'humidité. Là il se dit ce que si Dieu existait cela ne lui arriverait pas. Pourtant ce que Dieu veut c'est qu'il devienne un bel épis. "La vie actuelle, Dieu ne s'en contente pas pour nous puisqu'il veut que nous devenions amour comme lui est amour, dit le Père Housset, c'est cela l'essentiel de la définition humaine selon la foi chrétienne."
"L'autre passage auxquel nous sommes appelés est notre passage à une existence proprement humano-divine", écrit le Père Varillon. Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce "passage" dont il parle n'est pas un passage pour plus tard, mais pour maintenant. "Chaque fois que je fais quelque chose de bien, de valable, de juste, de vrai, bref d'évangélique, résume le Père Housset, le Christ le prend à son compte et le transforme pour ma vie éternelle."
"Quand je serai divinisé c'est alors que je serai humanisé." À la suite de François Varillon, le Père Housset encourage chacun à se concevoir comme "en construction, en chemin". Varillon écrit : "Le Christ ressuscité qui est vivant, présent, actif, transfigurant, divinisant au cœur de nos décisions humaines humanisantes, leur donne une dimension de royaume éternel proprement divine." Il écrit aussi : "Dieu divinise ce que j'humanise." Ce à quoi le Père Housset ajoute : "Dieu divinise ce qu'il me donne d'humaniser parce que tout est don de Dieu."
Paroles de Saint Irénée
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