In memoriam:
Il y a un an Kevin faisait une ultime plongée au large de l'Espagne et s'en allait au paradis des amoureux inconditionnels de la mer. Il est parti avec l'ivresse des profondeurs dans une ultime étreinte avec celle qu'il aimait passionnément. Issu d'une vieille et fameuse famille bretonne ce fou de tous les sports aquatiques avait une prédilection pour la planche à voile dans les conditions les plus extrèmes des mers froides du bout du monde. De retour au port d'attache familial sur la Côte d'Emeraude où je l'avais rencontré il peignait avec talent des tableaux où là encore la mer était le sujet principal de son art mais à la façon d'un visionnaire suréaliste. Il traduisait dans sa peinture sa communion avec l'audelà de la nature visible.
Juste avant sa dernière plongée il écrivit dans son carnet de bord ce beau texte qui résonne comme un testament et qui résume sa vie et annonce son passage dans l'autre vie.
Regarder la mer, c'est comme regarder certains écrans de veille d'ordinateur (avec des formes géométriques qui se forment et se déforment): on se poste devant, scotché, sans réfléchir, à la différence près que l'écran, on en a marre en quelques minutes maximum, alors qu'on peut passer des heures à regarder la mer sans se lasser.
Si un jour on me demande: « Qu'as tu fait de ta vie, ou dans ta vie ? » je pourrai répondre: « j'ai regardé la mer... » Certains diront: « c'est un peu juste » ou « c'est pas très actif », mais on peut s'y prendre de mille façons : depuis la plage, sur les rochers, les falaises, depuis un bateau, sur une planche, sur un surf, sous l'eau (en plongée)... On peut être actif, passif, sportif ou tranquille, de toute manière même si on ne change pas de point de vue, la mer change continuellement; il y a largement de quoi occuper une vie.
Et pour aider le cerveau à comprendre cette étrangeté de l'âme, on pourra ajouter:
« La mer est belle » enfin je veux dire
« L'âme est rebelle ».
Kevin du Couëdic de Kergoaler