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Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Nous célébrons ce jour la fête de la Toussaint. Je vous souhaite donc, à tous, une bonne fête. Saint Paul n’appelle-t-il pas ainsi les membres des communautés auxquelles il s’adresse ?
Les saints qui sont à Corinthe ou les saints qui sont à Thessalonique ? Le prêtre au cours de la messe ne dit-il pas en s’adressant à nous : les saints dons aux saints ?
Affirmation à laquelle nous répondons immédiatement bien sûr : un seul est saint, un seul est Seigneur, Jésus-Christ à la gloire du Père.
Nous sommes ici dans le déjà et le pas encore. Nous sommes déjà saints puisque le Christ est saint et que nous sommes baptisés en Lui, plongés en Lui, immergés en Lui. C’est le sens même du mot baptême.
Et puis nous sommes revêtus de Lui ainsi que nous le chantons à Pâques et à la Théophanie : Vous tous qui avez été baptisés en Christ vous avez revêtu le Christ. Quelle bonne nouvelle, n’est-ce pas ? Quelle nouvelle extraordinaire ! Plongés en Lui et revêtu de Lui.
Et pourtant ! nous savons bien que nous ratons souvent le tir, que nous sommes souvent à côté de la plaque, que nous sommes tellement dans l’inconscience et la non-vigilance, que nous ne vivons pas comme étant plongés et revêtus de Lui, en un mot nous savons bien que nous sommes « pécheurs » ! Ça, c’est le côté : pas encore.
Le texte d’Isaïe que nous avons entendu, nous montre que Dieu rassemble, regroupe son peuple et le fait sortir de la jalousie pour le faire entrer en fraternité. Rappelons-nous : la jalousie, c’est le premier meurtre, celui d’Abel par Caïn.
C’est le début de l’engrenage infini du sang qui coule. Il faut sortir de cette logique de la jalousie qui est si souvent nôtre, mais qui conduit immanquablement au meurtre, au sang versé, qu’il soit physique, psychique ou pire encore spirituel.
Dieu veut le rassemblement, la sortie de la jalousie, l’entrée dans la fraternité. Juda, Ephraïm c’est toi, c’est moi, c’est mon collègue de travail, c’est mon époux, mon épouse. Pour Dieu nous sommes tous uniques, précieux, Caïn comme Abel, Ephraïm comme Juda, uniques et aimés. Dans l’Apocalypse, Dieu nous dévoile, c’est le sens du mot apocalypse, son programme :
Une foule immense, de toute nation, race, peuple et langue debout devant le trône et devant l’agneau. Si cette foule, dans sa profonde diversité, est debout devant le trône c’est-à-dire devant Dieu lui-même, et devant l’Agneau c’est-à-dire devant Dieu incarné, Dieu crucifié et ressuscité, c’est parce qu’elle se comporte, cette foule, comme la lune devant le soleil, comme un miroir qui reflète son Dieu, son Dieu incarné, son Dieu immolé et ressuscité. Elle est passée de l’image à la ressemblance.
Alors entre ce texte d’Isaïe et ce dévoilement de la vision de Dieu dans l’Apocalypse, il y a bien sûr un chemin à parcourir, une sortie d’Egypte à réaliser, un désert à traverser. C’est l’Agneau, Yeshoua de Nazareth qui nous le montre dans cet Evangile selon St Matthieu que nous avons entendu.
Cette foule, c’est Lui qui la rassemble, qui nous rassemble, c’est Lui qui monte sur la montagne, comme Moïse autrefois était monté sur le Sinaï après avoir rassemblé le peuple en bas pour recevoir les dix Paroles de Dieu, ce que nous traduisons souvent bien maladroitement par les dix commandements.
On nous présente ainsi un Dieu un peu militaire, ce qu’Il n’est pas, Dieu laisse toujours à l’homme sa liberté, sa capacité de dire « oui » ou de dire « non ».
Dans la Bible c’est le mot « Devarim » cad « davar » au pluriel qui est employé et il veut dire « Parole ». C’est par sa Parole, son Verbe que Dieu créa le monde, c’est par ses dix Paroles qu’Il nous propose de sortir du marasme.
C’est un chemin pour quitter la logique de Caïn et Yeshoua, dans le Sermon sur la montagne, lui qui est le Verbe de Dieu, la Parole incarnée, vient, comme il le dit quelques versets plus loin, non pas abroger les dix Paroles mais les accomplir c’est-à-dire les intérioriser pour nous permettre de devenir à son image : saint.
Tout l’enseignement de Yeshoua dans les Béatitudes est l’intériorisation des Paroles reçues par Moïse. C’est une échelle de vie avec neuf barreaux, neuf marches, neuf clés, comme les neuf hiérarchies angéliques qui mènent depuis la terre jusqu’au trône de Dieu.
Ces neuf clés que Yeshoua donne dès le début de son ministère, cette Bonne Nouvelle, est un chemin qui mène devant le Trône de Dieu, qui ne l’oublions pas, n’est pas à l’extérieur de nous, car ce trône se trouve dans notre cœur.
Alors quelles sont ces marches, quels sont ces clés ? Reprenons-les très brièvement !
- Heureux les pauvres en esprit c’est-à-dire les humbles ceux qui connaissent leur pauvreté, leur péché, car il est plus grand de connaître son péché que de ressusciter les morts, dit Saint Isaac le Syrien, aussi le Royaume des Cieux est à eux
- Heureux les affligés c’est-à-dire ceux qui regrettent leur péché, qui le pleure, ceux qui sont dans le repentir, cette douloureuse joie, car ils seront consolés.
- Heureux les doux, c’est-à-dire ceux qui ne répondent pas au péché par le péché mais qui l’attaquent à sa racine, dans leur cœur, car ils hériteront la terre.
- Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, c’est-à-dire de justesse, de vérité, car la vérité vivante c’est le Christ, oui, heureux ceux qui ont faim et soif du Christ car ils seront rassasiés.
- heureux les miséricordieux, c’est-à-dire ceux qui aiment avec leurs « tripes », de tout leur être, comme l’Agneau immolé de l’Apocalypse qui a été jusqu’au bout de l’amour.
- Heureux les cœurs purs, c’est-à-dire sans mélange, ceux qui sont « monos », « un » entièrement unifié, entièrement donné à Dieu, car oui, en effet ils verront Dieu.
- Heureux les pacificateurs, c’est-à-dire ceux qui apportent la paix aux autres, par leur simple présence, leur « être là », leur rayonnement, celui de leur cœur pacifié.
- Heureux les persécutés pour la justice, c’est-à-dire les témoins du Christ, ses icônes.
- Heureux serez-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera, qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi, car votre récompense sera grande dans les cieux ! Or les cieux ne sont pas ailleurs, là haut, ils sont là, ils descendent et s’offrent à nous, à notre intériorité, dans la célébration de la Divine Liturgie.
Au sommet de cette échelle des Béatitudes, quelle bonne nouvelle, Dieu lui-même se donne à nous, ici et maintenant.
En vérité, accueillons-Le, Lui, le Vivant, la Joie, notre Dieu incarné, à qui soit la louange et la gloire aux siècles des siècles. Amen
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