L'Église, en étudiant l'éventuelle ordination des femmes cherche avant tout à rester cohérente avec la volonté de son Fondateur. Elle se sent dépositaire et non propriétaire d'une vérité et de certains moyens pour distribuer la grâce divine.
Toute autre considération, si intéressante soit-elle, a pour l'Église moins de poids que son désir d'être fidèle à ce que le Seigneur Jésus a voulu en instaurant les sacrements.
Une illustre féministe, Régine Pernoud, écrit par exemple dans le Figaro du 19 novembre 1992 :
" Parce que je suis féministe, profondément, la décision récemment prise par l'Église anglicane l'accès des femmes au sacerdoce me paraît contraire à l'intérêt même des femmes.
Elle risque en effet de les confirmer dans le sentiment que la promotion consiste pour elles à faire tout ce que font les hommes, et le progrès à tout faire exactement comme eux.
Or, au vu de l'histoire, il y a semble-t-il une double erreur : sur la nature du sacerdoce, mais aussi, et avant tout, quant aux aptitudes de l'homme et de la femme, lesquelles sont également différentes.
Comment peut-on glisser si facilement dans cette confusion simpliste entre égalité et similitude?
Être égaux n'a jamais voulu dire être semblables !
Un monde d'individus en série, même taille, mêmes goûts, même allure: le comble de l'ennui; commode à loger, il est vrai, dans nos architectures de clapiers; mais justement la vie s'y révèle invivable.
Que l'homme et la femme soient égaux, que chaque personne soit autonome, libre et responsable, possédant les mêmes droits c'est l'Évangile qui nous l'a enseigné.
Et les Apôtres, eux-mêmes, lorsque le Christ annonce l'absolue réciprocité des devoirs entre mari et femme, en ont été offusqués : c'était aller si évidemment à l'encontre de la menta-lité générale de leur temps !
Cela ne rend que plus significative la décision du Christ quand, parmi ceux qui l'entourent, hommes et fem-mes, il choisit douze hommes qui vont recevoir, à la veille de sa mort, le dépôt sacré - au sens profond du mot - la consécration eucharistique lors de la Cène, dans la salle haute, à Jérusalem.
Remarquons que plus tard, dans cette même salle haute, des femmes se trouveront mêlées aux hommes pour recevoir l'Esprit Saint, à la Pentecôte.
Très explicite pour la suite des temps, cette succession de faits que nous transmettent les Évangiles : dans l'égalité des personnes, absolue du point de vue social, il y a différence de fonctions.
Des femmes sont invitées à transmettre la parole : mystiques, théologiennes, quelques-unes docteurs de l'Église.
Presque partout en Europe, la conversion d'un peuple a commencé sous l'action d'une femme : Clotilde en France, Berthe en Angleterre, Olga en Russie, sans parler de Théodosia en Espagne et Théodolinde en Lombardie.
Mais le service sacerdotal est demandé aux hommes.(...)
L'Église, étant elle-même société des baptisés est, et sera d'ailleurs en tous temps, reflet de la société civile, dans laquelle elle est appelée à jouer le rôle de ferment.
Aussi bien, au cours de son second millénaire, a-t-elle été influencée par ce retour à l'Antiquité, qui s'est manifesté à peu près partout en Occident, et notamment en France, avec pour conséquence la réapparition de l'esclavage et l'éloignement de la femme en particulier de ces deux domaines du Savoir et du Pouvoir qu'elle ne retrouve partiellement et péniblement qu'en notre temps.
Le mouvement s'était du reste manifesté très tôt en ce qui concerne le droit canonique, influencé dès le XII° siècle par le droit romain, centralisateur et autoritaire, de surcroît ignorant la femme.
Ainsi, pour prendre un exemple, voit-on naître en 1298 la clôture stricte qui, appliquée aux ordres religieux féminins, deviendra de plus en plus rigoureuse au cours des temps. (...)
La méfiance envers la femme, manifeste dans le monde classique, a commencé à se dissiper tout récemment, chacun le sait, dans la société religieuse comme dans la société civile.
Ce que l'on peut souhaiter à l'aube du troisième millénaire, c'est que l'équilibre nouveau qu'on en espère s'établisse hors de toute confusion.
On voit aujourd'hui nombre de femmes diriger des aumôneries de lycées ou assumer sur le plan le plus large des tâches d'enseignement.
Ne serait-il pas temps, en effet, de s'en remettre à elles pour tout ce qui répond à leurs possibilités spécifiques : éduquer, transmettre, répartir.
Vastes domaines, à notre époque, et dans lesquels se manifeste de façon criante - et pour cause! - un manque évident.
On se plaint que la conscience religieuse ne soit plus éveillée : aux jeunes générations d'établir les rapports de cause à effet et d'y remédier.
Plutôt que de revendiquer le service sacerdotal, n'y aurait-il pas lieu de rappeler que ce que le Christ a demandé aux femmes c'est d'être porteuses de salut?
Au point de départ de l'Évangile, il y a le oui d'une femme ; au point final, des femmes encore s'empressent d'aller réveiller les apôtres pour leur apprendre l'incroyable nouvelle de la Résurrection qu'at-teste le tombeau vide.
On se prend à penser qu'aujourd'hui encore il y aurait beaucoup de monde à réveiller.
Et certaines femmes n'ont pas attendu pour aller droit où l'on a besoin d'elles.
On pense à Mère Teresa qui n'a sollicité ni autorisation ni décret de quelque assemblée que ce soit, mais qui a provoqué un mouvement dont le rayonnement ne cesse de s'étendre, et qui lui vaut d'ailleurs la considération du monde entier. "
Jean-Paul Savignac
La femme et le sacerdoce
Congrégation pour la doctrine de la foi
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