Vous trouverez ici des textes extraits de mes écoutes et lectures "spirituelles". Si un mot, une phrase, une
pensée, touche votre coeur c'est que Dieu vous a fait signe par les mots de ceux qu'Il inspire.
La prière du cœur » tel est le titre du livre de frère Jean paru tout récemment aux Editions Actes Sud que le père Jean-Claude GURNADE nous propose d’explorer aujourd’hui.
Ce n’est pas un résumé du livre qu’il nous propose, car d’ailleurs comment résumer la « prière du cœur » ?
Il s’agit au cours de cette émission de plonger dans quelques textes proposés par frère Jean pour rendre compte de son expérience de la « prière du cœur.
Frère Jean a eu deux vies. Dans la première, il était Gérard Gascuel ce playboy branché, photographe de stars et voyageur invétéré. La seconde a commencé à 33 ans lors d'un séjour au Mon...
La prière n'est pas une technique élaborée, la prière n'est pas une formule. La prière du cœur est l'état de celui qui se trouve devant Dieu, Dieu est partout présent mais moi je ne suis pa...
Le mois dernier, nous prétendions que la seule invocation du « sacré » ne saurait nous sauver, qu’au contraire mal comprendre ce que désigne ce terme serait ajouter à la violence du monde.
Le centenaire de la naissance de René Girard, anniversaire qu’illustre notamment un livre de Bernard Perret, nous permettra d’approfondir cette intuition.
Pour qui l’ignore, René Girard est ce critique littéraire qui, mettant au jour dans la littérature mondiale le principe de « réalité mimétique » qui veut qu’on se prenne inconsciemment à désirer son rival en tant qu’on veut lui ressembler pour acquérir l’objet qu’il désire aussi – le triangle du désir –, a ensuite compris que ce principe se retrouvait dans toutes les sociétés archaïques où c’est sur le « bouc émissaire » que se reportait la violence mimétique de la foule, créant ainsi la notion de sacrifice qui servirait à apaiser les guerres intestines d’une collectivité.
Ainsi, écrivait-il, le sacré est « l’ensemble des postulats auxquels l’esprit humain est amené par les transferts collectifs sur les victimes réconciliatrices, au terme des crises mimétiques ».
Mais cela ne sont que les deux premiers pas de sa pensée qui culmine dans sa conversion au christianisme lorsqu’il se rend compte, dans le courant des années 70, que cette pratique du bouc émissaire se retrouve partout sauf dans les Évangiles où Jésus « dévoile » cette pratique de la violence commune, en s’offrant lui-même comme victime.
Ainsi, son sacrifice a-t-il définitivement rompu cette antique conséquence du péché, précédé évidemment en cela par les prophètes : toute la révélation divine contenue dans les Ancien et Nouveau Testaments constituerait donc une « démystification du sacré ».
Comme le dit justement Bernard Perret, à défaut de la faire disparaître, il s’agit surtout de « stériliser la violence », en refusant de continuer à croire qu’elle puisse être productrice de quelque ordre désirable que ce soit.
Mais ce faisant, la mort et la résurrection du Christ ont des résonances inouïes, évidemment pour le salut mais même, en l’occurrence, pour l’anthropologie : « Allez donc apprendre le sens de cette parole : c’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice », dit Jésus (dans Mt, 9, 13), citant le prophète Osée.
Ainsi, la pratique du sacrifice doit disparaître, tout entière absorbée dans celui du Christ, que nos prêtres réactualisent, de manière non sanglante, chaque fois qu’ils célèbrent la messe.
C’est le même, le seul, le paradoxal Sacrifice, celui qui renverse et annule tous les autres en montrant leur inanité, c’est, ainsi que le veut notre foi, un « faux » sacrifice pour le monde parce que le seul vrai dans l’économie du Salut. Scandale pour les juifs, folie pour les païens, etc.
Conséquences pour nos vies
Et de cela, les conséquences sur nos vies sont innombrables, à tel point que l’on risque d’être noyé sous ces effets, et que c’est le rôle de la barque de Pierre que de nous guider : cela suppose que plus jamais l’on puisse prononcer les paroles de Caïphe, « il vaut mieux qu’un seul homme meure plutôt que tout le peuple », cela implique que nos bâtiments religieux, églises, cathédrales, ne soient plus conçus comme le lieu sacré au sens de l’ancien Temple, où l’on n’entre pas sans certain effroi, mais qu’au contraire elles soient le lieu de tous, où nul n’ait besoin de se couvrir la tête ni de se déchausser, sinon devant le pauvre qui est l’image vivante du Dieu partout crucifié sur les murs.
Cela implique qu’il ne faille plus, plus jamais, rivaliser avec le vrai-faux sacré du voisin et que peu nous chaulent les incitations de certains identitaires qui n’ont rien compris à notre foi d’en faire la démonstration ostentatoire tel le premier musulman venu.
Cela implique qu’on ne puisse plus jamais supposer que la mort de quelques centaines de milliers de vieux soit le dommage collatéral de la continuation de nos vies en cas de crise sanitaire, comme si de rien n’était.
Cela rejoignant évidemment cette culture de vie que nous a apprise Jean-Paul II, dans laquelle aucun innocent, ni même aucun coupable (car qui est coupable ?
Sinon nous tous, qui sommes aussi tous sauvés) ne peut être « sacrifié ».
Parce que tout a déjà été accompli, il n’y a plus de sacré antique.
Seulement de la sainteté, cette grande aventure.
Jacques de Guillebon
Bernard Perret, Violence des dieux, violence des hommes. René Girard, notre contemporain, Seuil, 2023, 380 pages, 25 €.
La prière n’est pas une technique élaborée, la prière n’est pas une formule.
La prière du cœur est l’état de celui qui se trouve devant Dieu,
Dieu est partout présent mais moi je ne suis pas toujours présent à Dieu.
J'ai besoin d'une tradition vivante, d’un Père spirituel, d'un chemin à parcourir pour incarner la réalité de la prière.
Nous allons, en toute humilité, aborder la voie de la prière du cœur.
Le chemin que nous découvrons est divisé en plusieurs étapes, chacun l’accomplit suivant son engagement, ses possibilités.
Extrait du prologue
La prière du cœur est un don de Dieu.
Elle ne s’explique pas, elle se vit simplement.
Elle n’est pas le fruit de nos actes si louables soient-ils, de nos réflexions si remarquables soient-elles.
Elle est le fruit de notre foi, de l’ouverture sans limite de notre cœur à Dieu.
La prière est une goutte de lumière vivante qui féconde tous nos sens et transfigure toute notre existence.
Le Seigneur dit cette parabole :
Deux hommes montèrent au temple pour prier : l’un était pharisien, l’autre publicain.
Le pharisien, la tête haute, priait ainsi en lui-même :
“Ô Dieu je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes,
qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ;
je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tous mes revenus.”
Le publicain, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux vers le ciel,
mais il se frappait la poitrine en disant : “Ô Dieu, aie pitié de moi pécheur !”
Je vous assure que ce dernier descendit chez lui justifié, l’autre non.
Quiconque s’exalte sera humilié et quiconque s’humilie sera exalté.
Évangile selon saint Luc 18, 10-14
Il apparaît, dans cet Évangile, qu’aucune des deux personnes n’a été condamnée mais qu’une seule a été justifiée.
L’obéissance à la loi ne suffit pas. L’un méprise son prochain, il se glorifie de ses propres efforts, l’autre trouve par son humilité le chemin de la prière.
Le repentir est un ébranlement réel du cœur, un retournement profond de l’être, une purification des pensées, un retour vers Dieu.
La conversion nous permet d’escalader nos profondeurs pour nous élever vers Dieu. Dieu repose dans un au-delà au plus profond de nous-même.
Tant que le cœur n’est pas touché par la grâce, tant qu’il reste froid, le repentir ne suscite qu’une émotion superficielle, alimentée par des sentiments authentiques mais sans véritable conversion.
C’est pour cela que dans la prière du cœur, nous crions vers le Seigneur : “Aie pitié de moi” car sans Toi je ne suis rien.
Donne-moi d’avoir la conscience de ma fragilité, donne-moi la grâce de T’écouter et de mettre en pratique Ta Parole.
Il n’y a pas de technique sophistiquée, pas de formule magique devant Dieu. La prière ne s’apprend pas, elle se vit.
Ceux qui prétendent enfermer la Présence dans des mots secrets ou des postures compliquées tombent dans la vanité.
La prière est l’état du croyant qui se trouve devant Dieu, dans l’attente de la Parousie.
Elle est un face-à-face intime, un amour fou, un cœur ouvert qui résonne à l’unisson avec le cœur du Bien-Aimé.
État signifie la participation totale de l’être : corps, âme, esprit.
Cette rencontre plénière ne se répète jamais, elle est chaque fois unique et nouvelle.
Elle engendre la Joie, la Paix, la Beauté, l’Amour…
Au fond de l’être ne sont pas inscrites des lois, au fond de l’être repose la Présence du Tout-Autre.
Chaque geste se place spontanément dans la conscience de l’instant qu’engendre la prière.
Le souffle habité par la Présence du Christ colore notre regard d’innocence.
C’est une rencontre globale de tout l’être vers une union, une découverte chaque fois unique, qui se nourrit du don de soi.
Dieu n’est pas au-delà des cieux, au-delà des montagnes, au-delà des mers pour que nous disions qui ira le chercher.
Dieu n’est pas une idole qui a des yeux et ne voit pas, des oreilles et n’écoute pas, une bouche et ne parle pas.
La rencontre avec Dieu n’est pas une fusion mais une communion,
sans confusion, dans un même esprit.
Comme deux flammes s’unissent consubstantiellement : le feu de notre humanité et le Feu de la Grâce divine.
Vous allez me dire : Pourquoi alors étudier une technique ?
Pour reconnaître notre faiblesse, nos limites, pour participer à notre sanctification.
Si Dieu infini est partout présent, nous ne sommes pas toujours présents à Dieu.
Nous avons besoin de l’Église, des Pères, de structures, de rites pour canaliser nos pulsions, pour pacifier nos désirs qui vagabondent, pour écouter les saints qui nous ont précédés dans la voie et qui nous guident sur le chemin de l’intériorité.
L’homme a besoin d’un schéma, d’un chemin balisé pour accomplir le pèlerinage de la tête au cœur.
Les étapes se succèdent comme des échelons à gravir pour nous ouvrir à l’Esprit Saint.
Les degrés les plus efficaces sont le repentir et l’humilité.
La prière est le souffle par lequel nous recevons la révélation divine.
La connaissance de la carte ne remplacera jamais l’expérience de la marche, l’ignorance de la carte nous fait hésiter, tomber dans l’utopie ou chuter.
Le novice recherche une tradition vivante, une technique incarnée, un rituel sacré, un guide spirituel pour l’aider à affronter, à franchir les obstacles inévitables : l’orgueil, l’illusion, l’impatience…
Le pèlerin des profondeurs a besoin d’une paternité spirituelle pour le guider
mais l’homme est seul à décider de ses choix, il demeure libre mais il ne peut pas ne pas choisir.
Le chemin que nous allons découvrir est divisé en étapes en fonction de l’engagement de chacun. Voici les diverses étapes à franchir :
1. Purification
2. Orientation intérieure
3. Paternité spirituelle
4. Position
5. Pardon des ennemis 6. Récitation orale
7. Mémoire de la mort 8. Méditation
9. Manducation
10. Contemplation
C’est la conscience de notre fragilité qui nous fait crier : “Abba Père”,
“Seigneur, aie pitié de moi”, car sans Ta puissance je ne suis rien.
Ce qui ne signifie pas que nous soyons indignes, mais que notre désir n’a de réalité qu’en étant fécondé par le souffle de l’Esprit.
Le souffle jaillit de la transcendance, il se manifeste ici et maintenant dans d’incessants recommencements.
La première œuvre que l’homme doit accomplir, durant le temps de son existence, c’est lui-même.
Vous constaterez que, dans cet ouvrage, je passe souvent du “je”, au “nous”, du “vous”, au “tu” car ce témoignage sur la prière a pour origine une expérience vécue, depuis plus de quarante ans, soit au mont Athos au monastère Stavronikita et à Kerassia, soit dans le désert de Judée à la laure Saint-Sabba, soit en Cévennes au skite Sainte-Foy.
J’utilise un langage parlé car ce témoignage est issu de diverses rencontres
et de multiples prises de conscience.
Très souvent je m’inspire de passages des Évangiles, je cite des Docteurs ou des Pères de l’Église, je fais parler des starets, des iérondas, des anciens.
Qui suis-je pour oser parler ?
Ce livre est un carnet de route, il passe de l’action à la méditation, de l’exercice à la contemplation, de la réflexion à l’humble témoignage d’un moine qui aspire à vivre dans son quotidien la prière de Jésus.
“Seigneur
Jésus-Christ,
Fils de Dieu,
aie pitié de moi,
pécheur.”
Le chemin que nous découvrons est divisé en plusieurs étapes, chacun l'escalade suivant son engagement, ses possibilités. La prière ne s'apprend pas, elle se vit simplement.