Quelles peuvent être ces tendances ?
La première qui nous habite pourrait s'appeler « contemplative », celle qui ouvre le cœur à la sagesse et à la sainteté. Ouverture à l'Esprit saint et donc au grand Silence intérieur, à l'hésychia... Cette tendance est souvent étouffée par notre civilisation du bruit presque partout présent… et en particulier celui qui habite notre mental !
La deuxième pourrait s'appeler « chevaleresque ». C'est le symbole du « guerrier pacifique » : Type actif et héroïque. Il mène le bon combat de l'ascèse mesurée et bien orientée.
La troisième, celle de la personne persévérante qui assume son destin ; elle n'aspire ni à la transcendance, ni à la gloire. Elle aime la paix et la tranquillité.
La quatrième tendance est le type « concupiscent », sans idéal autre que le plaisir plus ou moins grossier. Difficulté à se dominer. Sa grande vertu sera l'obéissance et la fidélité. Rôle important du « conseiller de vie » ou du père spirituel.
Enfin la dernière tendance serait celle du « paria » : type même du désaxé, capable de tout et de rien, toujours à la recherche de la nouveauté, complètement identifié à son mental et à ses émotions. Il est un « néant avide de sensation ».
D'une manière générale donc, le type de personne que nous sommes est une question de prédominance. On pourrait dire que le premier est « spirituel », le deuxième « noble », le troisième « probe », le quatrième « concupiscent » et le dernier « vaniteux et transgresseur ».
La vie est mouvement de transformation, et la vie spirituelle s'ancre dans les trois premières tendances. Les deux dernières sont à priori un obstacle à l'épanouissement de l'être essentiel. Pourtant c'est la totalité de ces tendances qui nous habite et étant créé à l'image de Dieu pour la ressemblance, nous n'avons que le choix de nous convertir ou de mourir : « Si vous ne vous repentez » dit le Christ « vous périrez tous également ».
Ce contenu qui habite en moi et que je peux observer ne me définit pas en tant que Personne (Hypostase), il m'est donné pour le travailler et en faire une lumière qui rayonne et embellit l'univers. Que tout soit remplit de lumière ! ... le ciel, la terre et l'enfer ; c'est à dire le ciel en moi, la terre en moi, et l'enfer en moi. Tout est à offrir à la Lumière résurrectionnelle du Christ ressuscité.
Notre vocation est de nous orienter vers cette lumière en tenant compte du contenu qui nous habite, depuis le « spirituel » jusqu'au « vaniteux et transgresseur. » La conscience d'un centre « stable, non conditionné » en nous est constamment écrasée par le poids d'une hypertrophie mentale qui veut tout comprendre et tout contrôler et qui nous coupe de notre profondeur (notion de péché).
L'être humain ne saurait avoir sa raison d'être en lui-même, de même ses qualités ne sauraient représenter une fin en soi. Pour ceux qui s'engagent à sortir de la « normose », sans mépriser pour autant l'humanité commune, parler « d'esprit ou d'être essentiel ou de supraconscient », confronte à une grave difficulté qui est celle du langage humain.
Les mots qui désignent les conditions et réalités spirituelles sont à l'origine des métaphores ou des symboles tirés de réalités concrètes. Les symboles sont des directions, et en même temps des « théophanies » pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre... à nous de les suivre et de laisser résonner cette rencontre au plus profond de notre être, ou pas ! Notre liberté consiste à accepter de nous laisser guider ou d'en faire « à notre guise » et de devenir ainsi un « obsédé de soi-même »
Avec toute mon affection en Christ!
Père Francis