La beauté est liée à l’intériorité, à la spiritualité et à la conscience de la présence de Dieu dans les phénomènes.

L’intériorité appelle la reconnaissance du beau parce qu’elle est contemplation de la beauté intérieure et pratique de l’attention à la Présence divine.

Lorsque ces sources vivantes sont recouvertes ou polluées par le bavardage et l’agitation religieuse, il en résulte une culture religieuse incapable de produire une ambiance dans laquelle la Vérité puisse « respirer ». […] 

Il n’y a pas de religion sans intégration de la beauté, car elle inspire ses arts et ses manières d’être, mais aussi par ricochets, la manière dont les pratiques, les croyances et les valeurs sociales sont envisagées.

La religion est toute beauté parce qu’elle a affaire avec la Réalité et la Vérité, et celles-ci doivent être vues, entendues et senties, sans quoi elles deviennent trop abstraites, trop sèches et trop lointaines pour la plupart des gens, au point que la Réalité finit par paraître irréelle, et la Vérité inutile et incertaine. […]

Le beau prodigue et retient, voile et dévoile. Comme Henry Corbin l’a fort bien exprimé dans le contexte de la contemplation soufie de la beauté, l’expérience du Beau consiste à trouver et à ne pas trouver.

Quelque chose est donné et quelque chose est gardé, retenu, celé ; et c’est l’Intérieur, « al-Bâtin », qui nous attire à lui par l’Apparent, « az-Zâhir ». 

Par Patrick Laude

P. Laude, « Apocalypse des religions », Paris, L’Harmattan (Théôria), 2016, p. 260-262.

Illustration : « Pèlerins », par Jacline Martin (peinture au pastel).

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