4 février 2009
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La vie va ainsi qu'elle nous conduit parfois dans l'inquiétude. Devant l'état du monde, face aux incertitudes de toutes sortes qui nous traversent et touchent parfois brutalement ceux que nous côtoyons, comment ne pas s'inquiéter en effet ? Il y a pourtant une bonne inquiétude, celle qui consiste à toujours aller de l'avant.
Etre vivant, c'est être « in-quiet » au sens premier du terme, jamais rassasié, constamment curieux du lendemain. Mais curieux n'est jamais loin d'anxieux. Ne dit-on pas de l'inquiétude qu'elle nous dévore ? Et c'est bien là qu'il faut en venir. À ce sentiment de « dévoration » qui nous envahit par moment et fait qu'on tourne en rond, qu'on y perd son nom. S'inquiéter, c'est au fond ne plus s'habiter. On est parti de chez soi, on n'est plus là parce qu'on s'est laissé prendre par des pensées qui effacent le chemin sous les pieds. On imagine le pire et on l'amène dans le présent, de sorte que ce n'est plus un futur hypothétique, mais une réalité qui envahit tout l'aujourd'hui.
Ce souci-là est mortifère, car il dévore notre vitalité et nous incarcère dans la peur. C'est pourquoi une parole bien connue de l'Evangile nous convie à le barrer: « Ne vous inquiétez pas pour votre vie... Qui d'entre vous peut, par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ? »* Mais le commandement de ne pas s'inquiéter - et c'est ce qui doit nous donner à penser- est complété par trois impératifs : « Regardez !, observez !, cherchez ! ». Comme si pour sortir de la mauvaise inquiétude, il s'agissait de se mobiliser intérieurement et de retisser sa propre densité en observant ce qui est donné et qui fait signe vers le donateur, comme les oiseaux du ciel qui font leur métier d'êtrejour après jour. Plutôt que de se laisser emmener par ce qu'on redoute, l'appel est ici de retrouver la terre sous ses pieds, de se sentir porté par une bonté qui nous offre une portance et une importance.
Mais il y a plus encore, il y a à chercher ce Royaume dont on ne connaît ni les contours ni la définition, mais dont on peut seulement dire qu'il est « au milieu de nous ». L'inquiet cherche toujours la Présence hors du présent, alors que ce qui est à chercher, c'est ce qui est donné maintenant et qui commande de veiller sur autrui: la justice. Personne n'échappe à l'inquiétude, mais la promesse, c'est qu'on peut en inverser le mouvement en renouant avec la confiance qui nous tire vers le haut aux jours où le souci nous tire vers le bas.
Etre vivant, c'est être « in-quiet » au sens premier du terme, jamais rassasié, constamment curieux du lendemain. Mais curieux n'est jamais loin d'anxieux. Ne dit-on pas de l'inquiétude qu'elle nous dévore ? Et c'est bien là qu'il faut en venir. À ce sentiment de « dévoration » qui nous envahit par moment et fait qu'on tourne en rond, qu'on y perd son nom. S'inquiéter, c'est au fond ne plus s'habiter. On est parti de chez soi, on n'est plus là parce qu'on s'est laissé prendre par des pensées qui effacent le chemin sous les pieds. On imagine le pire et on l'amène dans le présent, de sorte que ce n'est plus un futur hypothétique, mais une réalité qui envahit tout l'aujourd'hui.
Ce souci-là est mortifère, car il dévore notre vitalité et nous incarcère dans la peur. C'est pourquoi une parole bien connue de l'Evangile nous convie à le barrer: « Ne vous inquiétez pas pour votre vie... Qui d'entre vous peut, par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ? »* Mais le commandement de ne pas s'inquiéter - et c'est ce qui doit nous donner à penser- est complété par trois impératifs : « Regardez !, observez !, cherchez ! ». Comme si pour sortir de la mauvaise inquiétude, il s'agissait de se mobiliser intérieurement et de retisser sa propre densité en observant ce qui est donné et qui fait signe vers le donateur, comme les oiseaux du ciel qui font leur métier d'êtrejour après jour. Plutôt que de se laisser emmener par ce qu'on redoute, l'appel est ici de retrouver la terre sous ses pieds, de se sentir porté par une bonté qui nous offre une portance et une importance.
Mais il y a plus encore, il y a à chercher ce Royaume dont on ne connaît ni les contours ni la définition, mais dont on peut seulement dire qu'il est « au milieu de nous ». L'inquiet cherche toujours la Présence hors du présent, alors que ce qui est à chercher, c'est ce qui est donné maintenant et qui commande de veiller sur autrui: la justice. Personne n'échappe à l'inquiétude, mais la promesse, c'est qu'on peut en inverser le mouvement en renouant avec la confiance qui nous tire vers le haut aux jours où le souci nous tire vers le bas.
Francine Carrillo
Panorama Février 2009