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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 22:25
Du spirituel en politique

En période électorale, les promesses abondent toujours et sur quasiment tous les aspects de nos vies.

Une seule promesse reste désespérément absente, comme si elle n’avait pas droit au chapitre de la vie politique : la promesse de rendre meilleur l’être humain lui-même.

Pourquoi diantre la nature humaine demeure-t-elle la grande absente de toute réflexion politique ?

Pour que notre pays puisse aller mieux économiquement, socialement et culturellement, il doit commencer par se redresser spirituellement. Mais que signifie redresser spirituellement un pays sinon appeler chacun de ses membres à reprendre contact avec la vie de l’esprit ?

Je tiens en effet que la vie spirituelle est la condition nécessaire et préalable à tout développement humain économique, social et culturel…

Commençons donc par le b.a.-ba : qu’est-ce que la vie spirituelle ?

Elle est ce par quoi l’être humain prend conscience de sa capacité de donner un sens rationnel à sa vie et d’énoncer la signification des choses qui l’environnent.

Accueilli dans un univers qui le précède, se recevant lui-même dans un corps, tout être humain fait l’expérience du temps et de la finitude.

Ces trois points fondamentaux de la vie spirituelle devraient être réinvestis sans attendre pour que se lève la brume qui trouble tant nos esprits.

À l’évidence, la première cause de nos problèmes vient de ce que nous ne nous interrogeons pas suffisamment. Le questionnement est un chemin de croissance de l’humain. « Qu’est-ce que c’est ? » est la question la plus nourrissante pour l’être humain, car elle fortifie en son esprit la possibilité d’une cohérence du monde. Une cohérence que chacun va concevoir afin de former en soi une sagesse, un ordre des réalités qui nous environnent.

Recueilli dans une parole, ce « verbe de vie » peut alors être partagé et nourrir d’autres personnes. Sans la perception de la cohérence du monde, nous finissons par perdre la saveur de la vie et commençons à faire n’importe quoi.

La seconde cause de nos problèmes découle de cette méprise sur le monde réel. Il en résulte un mépris du corps, auquel nous ne voulons pas adresser ce questionnement. « Pourquoi sommes-nous comme nous sommes ? De quoi notre corps est-il le signe jusque dans son métabolisme ? »

Ce point d’aveuglement atteint son maximum lorsque nous nous refusons à questionner la signification de la différenciation sexuelle, en corps masculin et corps féminin.

Pour l’être humain, elle est beaucoup plus qu’une simple participation au mode de reproduction des mammifères. Cette différence lisible sur le corps de l’homme et sur le corps de la femme est le signe visible d’une réalité invisible : elle ouvre l’intelligence à la relation entre l’homme et Dieu.

En réduisant le corps à un objet, nous fermons la possibilité de son dépassement, donc à une transcendance. Nous nous condamnons à l’enfermement dans la matérialité du monde. Cet enfermement est inconsciemment la cause de la folie meurtrière des hommes.

Enfin, la troisième cause des drames de notre époque est que nous ne prenons pas la mort assez au sérieux !

Parce qu’elle est infiniment douloureuse, nous croyons en avoir dit le dernier mot en la réduisant là encore à un simple phénomène biologique, alors qu’elle est d’abord pour l’être humain un événement spirituel et le signe d’un accomplissement nécessaire à la manifestation de la plénitude de l’humain.

Pour les chrétiens, la mort a livré son secret dans le corps ressuscité de Jésus. Elle est la condition de possibilité d’un don de nous-mêmes et d’un état nouveau du corps ; dans le dépassement de la mort se trouve donc le sens ultime de toute l’histoire.

Ce monde, notre corps et la mort seraient donc les trois énigmes par lesquelles l’esprit humain pourrait retrouver sa vigueur. Il pourrait redécouvrir les raisons d’une organisation sociale, économique et culturelle à la mesure de la dignité de l’homme : l’amour créateur au fondement de tout, la fécondité du don de soi par amour et la vie éternelle, horizon invisible de nos existences temporelles.

Rien de moins nécessaire, mais rien de plus essentiel, rien de plus urgent !

Père Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du Service pastoral d’études politiques

La Croix

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