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21 avril 2024 7 21 /04 /avril /2024 19:30
L'escalier "miraculeux" de Notre-Dame de Lumière

En septembre 1852, des sœurs de Lorette vinrent s’installer dans le sud-ouest des Etats-Unis, via le Kentucky, le Missouri et le Kansas.

Un voyage difficile et à hauts risques au cours duquel la supérieure, Mère Mathilde, décédera du choléra.

Elles se fixèrent à Santa Fe, Nouveau-Mexique.

Les sœurs Madeleine (elle sera nommée supérieure par Mgr Lamy), Catherine, Hilaire et Robert, s’installèrent dans une petite maison de briques, au milieu d’une population majoritairement composée de Mexicains et d’Indiens.

Leur premier souci sera de bâtir un couvent et une chapelle.

Elles firent donc appel à des charpentiers mexicains et, bientôt, une école sortit de terre : le collège de Lorette.

La construction de la chapelle débuta le 25 juillet 1873 sur des plans de l’architecte Mouly qui avait dessiné la catédrale de Santa Fe.

Mgr Lamy étant français, il avait dans l’idée « quelque chose de similaire » à la Sainte-Chapelle à Paris !

Cette chapelle sera donc la première construction gothique à l’ouest du Mississippi.

Le bâtiment devait faire 8 m de large, 23 m de long, 26 m de hauteur. Il fut placé sous le patronage de saint Joseph.

La chapelle terminée, les sœurs s’aperçurent que si la réalisation était remarquable, une grossière erreur avait été faite : aucune liaison n’avait été prévue entre la tribune et la chorale.

Aucune cage d’escalier et, compte tenu de la hauteur de la tribune, impossible d’en installer un !

Sœur Madeleine fit appel à de nombreux charpentiers pour essayer de résoudre le problème. En vain.

Certains proposèrent de mettre une échelle, d’autres de raser tout l’édifice pour le reconstruire. Les sœurs, elles, préférèrent faire une neuvaine. Et d’attendre pour voir.

Le dernier jour de la neuvaine, un homme âgé, qui poussait un âne chargé d’outils, proposa de construire un escalier. Cela lui fut accordé, bien sûr.

En fait d’outils, l’homme n’avait qu’une scie, un marteau et une équerre en té. Au bout de six mois, le travail fut terminé. Et l’homme disparut du jour au lendemain. Sans laisser de traces. Et sans avoir demandé le moindre sou.

Mère Madeleine, soucieuse d’acquitter sa dette, se rendit à la scierie pour payer le discret charpentier et la commande de bois.

Mais là, surprise : personne ne connaissait l’homme et aucun document ne concernait une commande de bois pour la chapelle.

Premier mystère.

Le second, et non des moindres, concerne l’escalier. C’est un véritable chef-d’œuvre qui fait deux tours complets (2 x 360°) sur lui-même.

A la différence de la plupart des escaliers circulaires, il n’a aucun pilier pour le soutenir. Ce qui veut dire qu’il est suspendu sans aucun support.

Tout son poids repose sur la première marche.

Sœur Florian, OSF, qui a laissé un récit de cette « miraculeuse » histoire (Magazine Saint-Joseph, avril 1960), écrit :

« Plusieurs architectes ont avancé qu’il aurait dû s’effondrer sur le sol au moment même où la moindre personne se serait aventurée sur la première marche. Et il a cependant été utilisé quotidiennement pendant plus de cent ans.

L’escalier a été assemblé exclusivement par des chevilles en bois : il n’y a pas un seul clou. La partie située sous les marches et entre le limon et la crémaillère ressemble maintenant à du bois léger.

C’est en réalité du plâtre mélangé à du crin de cheval destiné à donner de la rigidité. Trop nombreux sont les visiteurs à avoir succombé à la tentation de rapporter chez eux un souvenir, et d’avoir pour cela arraché à l’escalier des morceaux de plâtre. En 1952, lorsque les sœurs ont fêté le centenaire de leur arrivée à Santa Fe, elles ont remplacé le plâtre, et l’ont peint de manière à lui donner l’aspect du bois vernis. »

A l’époque de sa construction, l’escalier n’avait pas de rampes. Elles furent ajoutées cinq ans plus tard.

L’une des jeunes filles qui se trouvaient alors au collège avait 13 ans. Plus tard, elle deviendra sœur Marie chez les Sœurs de Lorette. Elle a expliqué comment elle et ses camarades furent sans doute les premières à utiliser l’escalier :

Mais nous avions tellement peur de monter à la tribune que nous en redescendions sur les mains et sur les genoux.
Des milliers de visiteurs sont venus – et du monde entier – pour examiner cet escalier mystérieux. Parmi eux, de très nombreux architectes. Tous ont confié qu’ils ne comprenaient absolument pas comment l’escalier avait été construit. Ni comment il avait pu rester en aussi bon état après des dizaines d’années d’utilisation.

Sœur Florian explique encore :
« J’ai parlé de l’escalier avec monsieur Urban C. Weidner, architecte de la région de Santa Fe et expert en boiseries. Il m’a dit qu’il n’avait jamais vu un escalier circulaire sur 360° qui ne soit pas supporté par un pilier central. L’une des choses les plus surprenantes à propos de cet escalier, c’est, selon monsieur Weidner, la perfection des courbes des limons. Il m’a expliqué que le bois est raccordé (en menuiserie on dit « enté ») sur les côtés des limons par neuf entures sur l’extérieur, et sept sur l’intérieur. La courbure de chaque pièce est parfaite. Comment cela a-t-il été réalisé dans les années 1870, par un homme travaillant seul, dans un endroit retiré, avec des outils des plus rudimentaires ? Cela n’a jamais été expliqué. »

De nombreux experts en bois ont tenté d’identifier le bois utilisé, de deviner son origine.

Sans trouver de réponses. Les marches, inlassablement utilisées pendant plus d’un siècle, ne présentent des signes d’usure que sur le bord. Un de ces experts pense avoir identifié ce bois comme « une sorte de pin granuleux sur les bords ». Reste que ce bois au grain dur ne vient pas du Nouveau-Mexique.

« Notre Mère la Sainte Eglise est toujours très circonspecte lorsqu’il s’agit de juger des choses surnaturelles. C’est pourquoi les sœurs et les prêtres de la région de Santa-Fé ont évité, dans le même esprit, de dire quelque chose de définitif à propos de l’escalier. Les sœurs du collège de Notre-Dame de Lorette savent aujourd’hui, comme le disaient déjà sœur Madeleine et sa communauté, que l’escalier était la réponse de saint Joseph à leurs prières. Beaucoup se plaisent à penser que le charpentier était saint Joseph lui-même. Pourtant, les annales de la communauté comme les archives diocésaines sont silencieuses sur le sujet : les annales nous apprennent cependant que la chapelle Notre-Dame-de-Lumière a été dédicacée le 25 avril 1878 », rappelle sœur Florian.


Informations complémentaires

La controverse s'alimente à trois sources au moins :
Un livre de Mary Jean Cook. Elle attribue, au terme d'une enquête privée et non authentifiée, la construction de l'escalier à Jean-François Rochas à partir de la rubrique nécrologique parue le 6 janvier 1896 dans le journal New Mexican Santa Fe et qui, rendant compte de la découverte du cadavre assassiné de l'intéressé, mentionne qu'il était « honorablement connu à Santa Fe comme expert en bois, et qu’il avait construit le bel escalier de la chapelle de Lorette ».

— Un article de Joe Nickel, paru dans le Magazine de l'Enquêteur sceptique (nov.-déc. 1998), intitulé : « La spirale vers le Ciel : l'escalier tient debout, mais le mythe s'effondre ». Beaucoup d'explications techniques pour étayer un raisonnement partial et assez pauvre.

— Un autre site fait mention d'un certain Oscar Hadweiber, maître charpentier, qui, en 1965, est subjugué par la beauté de l'escalier. Il annonce avoir trouvé en 1970, dans le grenier de sa sœur, la preuve que son grand-père Johan, lui aussi maître charpentier, et qui avait circulé au Colorado et au Nouveau-Mexique à l'époque de la construction de la chapelle de Lorette, était bien l'auteur de l'escalier. Rien n'a été authentifié. Et Oscar est décédé en 1980.

Le collège de Lorette a été fermé en 1968, et la propriété a été vendue aux enchères. Au moment de la vente en 1971, la chapelle de Notre-Dame-de-Lumière fut retirée du culte catholique. L'accès à la tribune a été interdit en 1970. Non pas à cause de la vétusté de l'escalier, mais en raison de l'application stricte des normes de sécurité : la tribune n'avait pas d'issue de secours…

La chapelle de Lorette est désormais un musée privé maintenu et entretenu, en partie, pour la conservation de l'Escalier Miraculeux et de la chapelle elle-même. Elle sert encore aux mariages « romantiques ».
Alain Sanders

— Références : http://www.christ-roi.net


Petite chronologie

— 1622, l’église Saint-Francis de Santa Fe est construite.
— 1812, l’ordre des Sœurs de Lorette est fondé le 25 avril dans le Kentucky.
— 1823, le Mexique gagne son indépendance sur l’Espagne.
— 1848, la partie sud-ouest des Etats-Unis lui est cédée.
— 1849, le Vicariat du Nouveau-Mexique est établi, et confié à monseigneur Jean-Baptiste Lamy.
— 1852, les Sœurs de Lorette répondent à l’appel de monseigneur Lamy qui demande des renforts pour instruire ses ouailles, en envoyant six sœurs enseignantes.
— 1853, premiers bâtiments du collège.
— 1854, le collège reçoit ses premières élèves.
— 1855, des sœurs supplémentaires arrivent à Santa Fe.
— 1856, un troisième groupe de sœurs arrive à Santa Fe.
— 1870-1880, construction de l’actuelle cathédrale Saint-Francis.
— 1873, début des travaux de la chapelle.
— 1878, fin des travaux de construction de la chapelle.

Indications bibliographiques

Albach, Carl R. (1965) Miracle ou merveille de la construction ? Réimpression à partir d’un mémoire d’ingénieur conseil.
Bobin, Jay (1998). L’escalier, rétrospective télévisée, The Buffalo News, 12 avril, pp1, 24-25.
Bullock, Alice (1978), Lorette et l’escalier miraculeux, Santa Fe, N.M., Sunstone Press.
Easley, Forrest N. (1997), Une montée d’escalier du Ciel ? (Impression privée).
Knight, Christopher (1997) « Juste qu’elle sorte de bois… ? » Wall Street Journal.
The Staircase (Ann Rinaldi, roman), Gulliver Books.
The Staircase. Téléfilm CBS 12/04/98. Barbara Herschley. David Caradine.
« La Escalera de San José » in San José Revue (Buenos Aires), 1986.
« The Mysterious Staircase of Santa Fe », in Liguorian Revue (1979, Liguori-Missouri).

 

Compléments

1- L’escalier, qui fait près de six mètres de haut, fait deux tours complets autour de son axe avant d’atteindre le chœur. Il a été construit sans aucun clou ni colle, et ne comprend aucune forme de support central. La construction en elle-même est qualifiée d’ “impossible”.

D’après certains, elle aurait dû s’effondrer dès la première utilisation, même si l’on suppose que la spirale centrale de l’escalier est assez étroite pour servir elle-même de support central.

En tout état de cause, il n’y avait à l’origine aucune attache au mur. C’est seulement en 1887, c’est-à-dire dix ans plus tard, que l’on ajouta la rampe et que la spirale extérieure fut fixée au pilier le plus proche.

2- L’ouvrage mesure un peu plus de 6 mètres de haut, et semble défier les lois de la gravité.

Pour couronner le tout, l’une des choses qui avait fortement intrigué ceux qui se sont intéressés à l’escalier en question est que l’essence de bois utilisée est une variété d’épicéa. L’épicéa, c’est un arbre commun… en Europe (pas du tout aux USA, encore moins au Nouveau-Mexique).

Autre énigme, les experts semblent avoir du mal à identifier la sous-espèce précise d’épicéa utilisée.

Il est à noter que l’ouvrage fut ultérieurement renforcé par le biais d’un ancrage à une paroi via un support métallique, et également agrémenté d’une rambarde, car malgré leur foi évidente, les sœurs eurent parfois quelques frayeurs en empruntant l’escalier (sans doute parce que personne ne leur avait appris comment utiliser ce type d’escalier).
 

3- Petit cours de technologie des escaliers pour un matheux qu'a rien compris.

Tout escalier, quelle que soit sa forme est contenu dans une "cage" carrée ou circulaire (en général fonction du lieu d'implantation). Il comprend un certain nombre de marches déterminé par la hauteur entre la base et le sommet sachant que la hauteur entre deux marches successives normal est comprise entre 16 et 20cm (les personnes âgées apprécient un escalier "doux" dont la hauteur de marche est inférieure à 20 cm qui leur évite de lever le pied trop haut).

Les marches sont tenues en place au moyen d'un assemblage de pièces de bois qui court à leurs deux extrémités. Cet ensemble de pièces de bois assemblées s'appelle un "limon".

Suivant le type d'escalier le limon est droit ou courbe. Une longueur continue d'escalier s'appelle une "volée" et le réglage de l'escalier (nombre de marches, hauteur de marche constante) se nomme "balancement".

Dans le cas de l'escalier de St Joseph nous avons un balancement sur 33 marches avec un double limon circulaire.

Le limon intérieur, évidemment // à celui de l'extérieur, est quasiment droit ce qui en fait une sorte de pilier central sur lequel repose l'escalier. Ici la hauteur de marche est comprise entre 20 et 20,35 cm (671cm/33=20,33...).

Premier mystère. Le second, et non des moindres, concerne l’escalier.

C’est un véritable chef-d’œuvre qui fait deux tours complets (2 x 360°) sur lui-même. A la différence de la plupart des escaliers circulaires, il n’a aucun pilier pour le soutenir.

Ce qui veut dire qu’il est suspendu sans aucun support. Tout son poids repose sur la première marche.
 

4- On voit bien que le nombre de marches (33) n'a rien de symbolique mais résulte de la contrainte technique.

L'escalier étant hélicoïdal d'une seule volée il n'est pas difficile d'imaginer le développé des limons (un peu plus difficile à tracer).

Je m'y connais un peu en escalier,  techniquement avec un limon intérieur découpé en hélice ( noyau) comme vu sur la photo cela peut être réalisable et fait office comme une colonne centrale.

Mais réaliser cet ouvrage sans clous, vis ou colle, et en plus en épicéa ( un sapin très fissile, tendance à se fendre ) même pour un ouvrier chevronné reste de la haute voltige.

Le faire avec des outils manuels, s'il était seul,  est presque irréalisable, ( découpe du noyau central)

Tout artisan bois sait que la hauteur de référence d'une marche d'escalier est de 180 mm.

6000 : 33 marches   =   18,1818182  ...surprenant !

Qu'il ait tenu également 10 ans sans rampe qui reparti les efforts sur plusieurs marchés est aussi incompréhensible.

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20 avril 2024 6 20 /04 /avril /2024 19:30
Symboles celtiques : leur signification 2

Signification de noeud de la Trinité
Le noeud de la Trinité est également appelé le Triquetra et est l’un des symboles les plus connus de la culture celtique. L'église celtique chrétienne l'utilisait pour représenter la Sainte Trinité, mais d'autres cultures utilisaient aussi le symbole et chacune y attachait un sens propre.

Ci-dessous, nous examinons en détail le nœud de la Trinité et en décrivons l’histoire, ainsi que son analyse pour les différentes cultures qui l’ont adopté comme symbole.

Le noeud Trinity se compose de trois coins. Certains dessins incluent également le cercle au centre.

Le noeud de la Trinité est également appelé le Triquetra et est l’un des symboles les plus connus de la culture celtique.

L'église celtique chrétienne l'utilisait pour représenter la Sainte Trinité, mais d'autres cultures utilisaient aussi le symbole et chacune y attachait un sens propre.

Ci-dessous, nous examinons en détail le nœud de la Trinité et en décrivons l’histoire, ainsi que son analyse pour les différentes cultures qui l’ont adopté comme symbole.

Image de la conception du noeud Trinity

Le noeud Trinity se compose de trois coins. Certains dessins incluent également le cercle au centre.

L'histoire
Le mot «Triquetra» vient du latin «trois coins» et, bien que ses origines soient inconnues, il a été trouvé sur des sites du patrimoine indien vieux de plus de 5 000 ans. Il a également été trouvé sur des pierres taillées dans le nord de l'Europe datant du 8ème siècle et sur des pièces de monnaie germaniques anciennes.

Le légendaire Livre de Kells , qui remonterait au début du IXe siècle, porte également le symbole du nœud de la Trinité parmi ses autres illustrations décoratives. Il est probable que le noeud de la Trinité ait eu une signification religieuse pour les païens et qu'il ressemble également au Valknut , qui est un symbole associé à Odin, un dieu vénéré dans la mythologie nordique.

En ce qui concerne l’apparition du nœud Trinity dans la culture celtique, il semble que le style artistique distinctif développé au cours du mouvement de l’art insulaire d’Irlande autour du VIIe siècle soit difficile à obtenir avec une date précise. La Triquetra est réputée être le nœud le plus simple qui puisse surprendre ceux qui croient qu’il s’agit d’un projet complexe!

Jim McCabe et sa famille ont planté ce nœud sylvan Trinity dans les années 1980 dans le comté de Sligo, en Irlande.

Avec d'autres motifs de nœuds celtiques, le nœud Trinity a connu un âge d'or qui a duré jusqu'à l'invasion normande, après quoi cette forme d'art a décliné. Le nouage celtique a été essentiellement maintenu en vie pendant la période sombre en raison du soutien des aristocrates gaéliques.

Au XVe siècle, le nouage est de nouveau perçu comme une partie d'une identité politique et culturelle et des symboles tels que le nœud de la Trinité recommencent à orner des armes et des bijoux. Cependant, le nombre de cas où le nœud de la Trinité est utilisé comme décoration a été considérablement réduit par rapport à la période de la rébellion jacobéenne au milieu du XVIIIe siècle.

Ce n'est que vers le milieu du 19e siècle et le début de la soi-disant ' Renaissance celtique ' en avons-nous vu plus des cas de décoration de nouages celtiques et des représentations des différents symboles ont été reproduits avec régularité depuis.

Qu'est-ce que ça veut dire?
Un des points forts du noeud Trinity est sa polyvalence. il a été utilisé comme symbole dans diverses religions et, même aujourd'hui, il revêt une nouvelle signification.

Les chrétiens
Dans la foi chrétienne, les trois points du nœud de la Trinité représentent la Sainte Trinité Père, Fils et Saint-Esprit. Dans sa forme originale de poisson vesicae, il incorpore le poisson qui est un symbole chrétien populaire. Parfois, vous pouvez voir le nœud de la Trinité enfermé dans un cercle comme moyen d'insister sur l'unité ou l'éternité.

Les chrétiens croient que la Triquetra a commencé avec les moines qui ont apporté le symbole avec eux ainsi que leur foi lors de la conversion des Celtes. Pourtant, de nombreux historiens pensent que les symboles de nœud d'origine tels que le nœud de la Trinité sont d'origine celtique. Cependant, au moins un historien éminent estime que le nœud de la Trinité n’est pas du tout lié à la Sainte Trinité.

Les chrétiens ont utilisé le nœud pour symboliser la Sainte Trinité et ont ajouté un cercle pour représenter la vie éternelle.

Selon John Romilly Allen dans sa publication de 1903 " Monuments paléochrétiens d'Écosse ", le nœud de la Trinité était utilisé principalement à des fins "décoratives". et l'hypothèse qu'il représente la Sainte Trinité est sans fondement. Il ajoute que tout symbolisme de la Triquetra vient probablement de l’ère païenne, où il avait très probablement une affinité avec le Triskele.

Dans la publication de 1940 intitulée "L’art irlandais au début de la période chrétienne", Françoise Henry affirme qu'il est convaincu que le nœud de la Trinité représente probablement la Sainte Trinité mais laisse la question ouverte.


Wiccans et Néopagans
Pour les groupes ci-dessus, le nœud de la Trinité est symbolique de la nature triple de la déesse en tant que mère, jeune fille et chevalier. La mère en tant que déesse représente la création, la jeune fille représente l'innocence et la tête représente la sagesse. Il est également représentatif des forces de la nature (terre, feu et eau) et les trois cercles imbriqués symbolisent la fertilité féminine.

Autres significations possibles
Selon les Celtes, les choses les plus importantes au monde se font par trois; trois domaines (terre, mer et ciel), trois éléments, trois étapes de la vie, etc. Il est également possible que le Triquetra ait signifié les phases lunaire et solaire. Au cours des fouilles de divers sites archéologiques de l’ère celtique, un certain nombre de symboles représentant des nœuds de la Trinité ont été découverts à côté de symboles solaires et lunaires.

À l'époque moderne
Comme c'est souvent le cas avec le symbolisme celtique, le nœud de la Trinité a reçu une foule de nouvelles significations à l'ère moderne. L'une des utilisations les plus connues du Triquetra provient de la série télévisée à succès Charmed , mettant en vedette trois soeurs qui se trouvent être des sorcières . Le trio fonctionne comme une seule entité et le symbole apparaît sur la couverture de leur «Livre des ombres»; lorsque le pouvoir de trois est intact, le symbole sur le livre l'est également, mais lorsque le pouvoir de trois est divisé, le symbole n'est pas uni.

La Triquetra a également été utilisée dans plusieurs autres émissions de télévision et peut être vue sur des lignes de vêtements, la couverture de CD et de nombreux autres motifs artistiques.

La polyvalence du noeud de la Trinité
Si tout ce qui précède ne suffit pas, voici quelques autres significations:

 

  • Il peut être utilisé comme symbole de la culture ancienne de l’Irlande.
  • Les courbes sans fin qui s'entrelacent peuvent aussi être représentatives de l'amour éternel.
  • Il peut être donné en cadeau afin de transmettre un souhait de longévité car il représente un cycle de vie ininterrompu.
  • Le nœud de la Trinité peut même être utilisé pour décrire les étapes de la vie d’une femme; la jeunesse, la maternité et la vieillesse.
  • On l'appelle parfois le noeud d'amour irlandais.
  • Cela en fait une cravate très impressionnante. Apprenez à faire un nœud de cravate avec Trinity comme un champion.
  • Il peut faire un cadeau merveilleux pour une foule d'occasions telles que des fiançailles, un mariage et des anniversaires.

Conclusion
Avec un tel éventail de significations potentielles, le symbolisme attaché au nœud de la Trinité ne devrait jamais être rigide. Ceci est dû au peu de preuves disponibles; Cependant, loin d'être une mauvaise chose, le fait que le nœud de la Trinité puisse être interprété signifie que chacun de nous peut tirer son propre sens spécial.

 

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18 avril 2024 4 18 /04 /avril /2024 19:30
Témoignage réflexion de l’échange interreligieux monastique Japon, septembre 2023

Sœur Barbara Verhelst fait partie du DIM depuis une dizaine d'années. Après des études de sociologie et d'anthropologie à l'Université Libre de Bruxelles et 3 ans d'expérience professionnelle dans le social elle a vécu 17 ans de vie monastique  dans une communauté orthodoxe en France (centre Béthanie) très ouverte sur le dialogue inter confessionnel. Elle vit actuellement en Belgique dans une communauté qui explore le dialogue entre bouddhisme (tradition zen sotto) et christianisme (catholicisme et orthodoxie). Elle est passionnée par la méditation hésychaste et  le chant sacré, deux poumons de sa vie de prière.

Témoignage réflexion de l’échange interreligieux monastique Japon, septembre 2023

Au retour de cette inoubliable expérience en monastères zen japonais, des amis m’ont demandé de raconter ce que j’y avais vécu. L’idéal aurait été que je les invite à s’assoir avec moi sur un zafu et de communier au grand silence. Ou désherber ensemble les herbes dans de vastes étendues de caillou...ou encore pratiquer le rituel du repas avec les bols et chanter des sutras en sino-japonais.  Comment en effet raconter un vécu si dense et sous quel angle l’appréhender ?
J’ai choisi quatre mots à déballer : beauté, ascèse, paradoxe et merci.
 
1.Beauté : « la beauté sauvera le monde » (Dostoïevski)
 

La beauté et le raffinement m’ont semblé omniprésents au pays du Soleil levant : des plantations de thé sur les collines aux présentations culinaires, des jardins secs aux habits traditionnels, de l’architecture des temples et des calligraphies aux emballages cadeaux et moindres objets ménagers du quotidien.
Les deux monastères fréquentés, Shogen-ji et Nisodo de Nagoya n’étaient pas en reste.
 
Il y a avant tout la beauté de l’assise, la « noble posture » qui verticalise l’être, qui donne d’emblée une impression de présence, de vigilance, de dignité.
Se tenir là, présent, de tout son cœur dans le silence et l’immobilité, c’est beau !
C’est une attitude qui m’a parue contagieuse. Quand j’observais les jeunes et les anciennes nonnes, droites sur leur zafu, le visage à la fois grave et détendu, j’avais le désir de rejoindre et de goûter moi aussi à ce rayonnement auprès d’elle.
 
Mère Aoyama nous racontait qu’il y a 20 ans, lors d’une rencontre inter religieuse en Italie, les fidèles avaient été saisis par l’assise des moines zen. Leur posture contrastait avec celle des prêtres croisant bras et jambes sur leurs chaises… elle riait en évoquant ce souvenir et citait Dogen : «la posture engendre l’homme à lui-même ».
 
Les différents rituels liturgiques sont également emplis de solennité, comme dans une pièce de théâtre sacrée. L’encens, les offrandes présentées aux Bodhisattvas dans des gestes codifiés, les prosternations, tous les sens sont appelés à participer à la beauté liturgique.
 
J’ai observé de la délicatesse dans les relations entre les nonnes et j’ai senti beaucoup de tendresse envers leur roshi, mère Aoyama, qui le leur rendait si bien. Presque chaque phrase est ponctuée de « merci » ou de « je m’excuse ». Même si ce sont des formules de politesse, cela connote d’un esprit bienveillant qui me parle de la beauté du tissu humain. Un matin après zazen, chaque nonne s’est inclinée devant les autres pour leur dire merci d’être là. Quelle richesse que de vivre cela dans une vie communautaire !
 
Au monastère de Shogenji dans la périphérie de Kyoto, nous avons été initiés au zazen en commençant par un cours de poterie. Pour réaliser un pot en terre glaise, sur le tour de potier, on nous conseillait de respirer, de nous tenir droit et de tenir l’axe, centrés. Le pouce forme le creux et les autres doigts caressent la terre formant une masse ondoyante, mouvante de toute beauté. Il nous a été enseigné que l’imperfection est bienvenue et fait même partie du processus d’apprentissage. Dans le zen, l’erreur est précieuse, tout comme les mauvaises herbes qui servent d’engrais. Ce qui compte n’est pas le résultat mais l’effort et le processus pour y parvenir nous a- t-on assuré. Et cet effort est sans effort volontariste...
« Établissez votre pratique au milieu de vos illusions », « Il faut 100 échecs pour atteindre la cible » (Dogen)
 
J’ai appris que la conception japonaise de la beauté diffère de celle, uniquement esthétique, qui vise la perfection. Dans l’art japonais, influencé par le bouddhisme et le taoïsme, l’impermanence est partie intégrante du beau. L’imperfection aussi. Quand on voit une fleur à laquelle il manque un pétale, ou une forêt avec des arbres jeunes, tordus ou morts, c’est harmonieux et imparfait., en accord avec les cycles naturels de la vie, laissant émerger l’authenticité et la spontanéité
 
Dans l’art de l’arrangement floral japonais, l’ikebana, un bouquet doit contenir une fleur fanée, une autre en bourgeon. Aoyama roshi nous a expliqué que l’artiste doit anticiper à quoi ressemblera le bouquet ou la composition florale deux jours plus tard, en gardant à l’esprit l’harmonie des cycles cosmiques.


 
2. L’ascèse : « Il faut que Lui croisse et que je diminue » (saint Jean-Baptiste)
 
Tout art nécessite une discipline. Le chemin spirituel aussi et le peu que j’ai expérimenté de la vie en monastères zen m’a paru en effet très (trop ?) ascétique.
 
A Shogenji, monastère réputé pour sa rigueur, une nonne américaine y vivant nous a dit que la vie était conçue là-bas comme un stage para-commando pour des jeunes hommes dans la force de l’âge.  Je le confirme !
 
Le rythme très soutenu depuis tôt le matin (3h30) jusqu’au soir (21h) ne laisse
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 pas de temps libre. Aucun moment individuel non plus, tout est collectif jusqu’au bain.
Les repas étaient très austères, dans une atmosphère tendue car le moine responsable de la correction des novices ne cessait de reprendre les uns et les autres sur leur façon de placer leur baguette ou de faire du bruit avec leur bol. On devait manger à toute vitesse ; la rapidité permet de chasser les pensées, nous a-t-on expliqué...
Après un office de soutras où un jeune moine avait mal lu, je l’ai vu se faire violemment gifler. Quand j’ai voulu en parler, on m’a répondu qu’un esprit occidental ne pouvait pas comprendre...
En revanche, les pauses thé étaient détendues et joyeuses, on pouvait à ce moment échanger et fraterniser. Moines et moniales rivalisaient d’attentions et de gentillesse avec nous.
 
Comme j’avais mille et une questions, une jeune nonne m’a répondu qu’elle était venue au monastère non pas pour avoir des réponses à ses questions ou accumuler des connaissances ou des expériences mais pour se dépouiller et se débarrasser du trop...
Cela m’a énormément touchée... et m’a invitée à creuser l’esprit de pauvreté évangélique dans ma foi.
 
Au monastère de Nagoya, la discipline était rigoureuse également, l’horaire est notre maître » nous avait-on averti. Un maître un peu despote ! Sœur Manuela et moi ne savions jamais les horaires des offices ou du travail, on nous donnait très peu d’informations et les horaires changeaient tous les jours (anniversaire de Dōgen, fête de la pleine lune, sesshin, ...), nous étions donc invitées à attendre en ne sachant pas ce qui nous attendait. Autrement dit, à nous tenir prêtes à passer sur le champ à telle ou telle autre activité. « Il n’y a pas de temps perdu, disait Lanza del Vasto, mais toujours du temps gagné pour prier ». Plus facile à dire qu’à faire...
 
Une nonne nous a expliqué que nous avions le droit de nous laver uniquement les jours en 4 et en 9, et ajoute fièrement que leur monastère est plus proche de la tradition de Dogen que les monastères masculins...Tout y est codifié, réglementé à l’extrême et, pour un esprit rationnel, ne pas comprendre le sens de ce que l’on fait est en effet une grande ascèse. J’ai pensé alors à l’icône de saint Jean-Baptiste représenté la tête sur un plat, symbolisant son ego décapité. Ne pas vouloir tout comprendre, descendre de la tête vers le cœur...c’est bien sûr au cœur de notre tradition également. Mais jusqu’où obéir aveuglément ? Ne sommes-nous pas héritiers dans nos propres églises d’abus de pouvoir justifiés par la sacro-sainte obéissance? Travailler sans en voir l’utilité est aussi une ascèse : enlever la poussière qui vient d’être époussetée par une autre personne juste avant nous, par exemple. Dans mes études de sociologie, j’avais été enthousiaste par le concept de « non-utilitarisme » de Marcel Mauss. Voilà que je pouvais mettre en acte cette théorie ... Il suffit de prendre l’activité comme une autre façon de méditer.
 
Quand il fallait courir à quatre pattes avec un chiffon humide pour laver les longs couloirs en bois jouxtant le dojo, j’ai proposé de prendre un balai avec un torchon pour ne pas devoir m’accroupir. Un moine m’a répondu :  «  tu veux changer mille ans de tradition ? » ...
 
Si nous rangions les pantoufles perpendiculairement, une nonne venait rectifier pour les ranger horizontalement. Nous devions aussi poser les pieds nus ou chaussés selon les différents lieux   (WC avec pantoufle particulière, autres pantoufles à l’intérieur, chaussures à l’extérieur, pieds nus sur le bois et tatamis tapis, chaussettes blanches pour certaines cérémonies...) car tout ceci semblait une affaire d’état.
De même, si nous faisions mention de notre état de fatigue, on nous faisait gentiment comprendre qu’au monastère la fatigue est partagée par tous et en effet nous observions les moines s’endormir en méditation ou même en travaillant en cuisine. Il y a donc une ascèse et un esprit d’effort qui dénotent parfois avec le lâcher prise, l’abandon et justement la place censée être accordée à l’erreur et à l’imperfection.
 
J’ai trouvé la vie en monastère zen finalement assez « élitiste » en ce sens qu’elle est réservée à des constitutions physiques et psychiques très solides. Avec beaucoup de gentillesses, les nonnes et les moines ont tout fait pour me faciliter la tâche à cause de mon handicap (petit tabouret plutôt que désherber, manger, méditer à même le sol) mais malgré cela, c’était physiquement douloureux et éprouvant.
 
Étonnamment pourtant, mes douleurs intenses m’ont permis de méditer plus profondément que jamais. Comme si l’esprit, focalisé en un point douloureux, permettait de ne plus voltiger de-ci et de-là. D’un mal peut sortir un bien...


 
3. Les paradoxes : « L’erreur n’est pas le contraire de la vérité, elle est l’oubli de la vérité contraire» (Blaise Pascal)
 
Tout ceci m’a amené à contempler les paradoxes de cette tradition : ne pas l’idéaliser ni la diaboliser. Y goûter, comme dans la mienne, chrétienne, des fruits savoureux et d’autres plus amers. D’ailleurs dans la nourriture zen, il y a le fade, le sucré, le salé le piquant et l’amer. Tout est à gouter, tout fait partie de la vie.
 
Le Japon est un pays de contrastes : en ville, j’ai vu des restaurants où l’on est servi par des robots, dans les gares ultra modernes et les hôtels :  des toilettes publiques avec tableau de bord indiquant plusieurs options : « petite chasse », « grande chasse », « musique ou son de rivière », « jet d’eau pour nettoyer les fesses », « chaleur de la planche de WC ».  Un univers futuriste qui contraste avec celui des monastères qui fonctionnent selon un mode de vie qui n’a pas bougé depuis des siècles.
 
La cuisine et les ustensiles pour cuisiner à Shogenji dataient du siècle dernier.  Pour cuire le riz du matin (d’ailleurs non salé et accommodé juste d’une prune saumurée) il faut d’abord allumer le feu. Cette pauvreté

 

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 et simplicité m’ont beaucoup inspirée. Mais je me suis demandé si les moines n’étaient pas carencés car il n’y avait pas de protéine, le soja coûtant trop cher...
En revanche, ils acceptent tous les cadeaux qu’on leur donne, donc parfois ils mangent de la viande et du poisson mais surtout beaucoup de biscuits gateaux sucreries.
 
Au monastère de Nagoya, c’est le caractère écologique et zéro déchets de la cuisine qui m’a frappée: rien n’est perdu tout est recyclé. L’eau de la vaisselle (sans savon car on utilise l’eau de cuisson du riz qui est saponnifère) n’est pas jetée mais récupérée pour arroser les plantes...Par contre, dès qu’on sort du monastère, aucun tri de déchets, pas de poubelles en rue, tout est sur emballé dans des plastiques (même chaque coton tige dans les hôtels ou chaque cure dents). Nouveau paradoxe : les Japonais semblent être très en lien avec le cosmos et la nature et en même temps, les villes sont très polluées.
 
Dans la rue, ce contraste entre le monde traditionnel et la société de consommation est visible aussi dans les tenues : les kimonos côtoient les chevelures violettes ou les costumes- cravates.
 
Aux monastères, je l’ai déjà mentionné, l’austérité des repas traditionnels était contrebalancée par l’abondance des sucreries et pâtisseries lors des pauses thé. Mère Aoyama a expliqué qu’ayant observé les nonnes manger en cachette des sucreries, elle avait préféré qu’elles les partagent ensemble... A Shogenji, on nous a dit qu’il n’était pas rare que les novices après 22h partent en ville pour boire une bière pour revenir tôt matin pour le zazen...
La soumission des japonais à la pression sociale est si forte que des soupapes sont nécessaires pour se lâcher (le saké aide bien !).
 
Dans le zen Rinzai, les koans sont essentiels. A Shogenji chaque moine voit le roshi deux fois par semaine pour s’y exercer. Ces échanges disciple-maître énigmatiques l’invite à dépasser la logique et le plonge dans le paradoxe. Cela donne au zen un caractère facétieux, qui contraste délicieusement avec les habits noirs, le silence et la sévérité monastique.
 
Le dernier jour à Shogenji, nous avons eu un long entretien avec Sogen Yamakawa roshi, l’abbé du monastère. Nous pouvions lui poser des questions et je lui demandé s’il avait déjà rencontré le Bouddha, Il m’a répondu qu’il le rencontrait tous les jours...pour ensuite ajouter que si on le rencontre il s’agit de le tuer. 
 
Le paradoxe se combine bien avec la non-dualité propre au bouddhisme.
Quand sœur Manuela lui a demandé ce qu’était un bon moine, il a répondu qu’il n’y avait ni bon ni mauvais disciple, qu’on marchait tous ensemble dans la même direction. Cela m’a fait penser au Christ qui demande de ne pas séparer le bon grain de l’ivraie.
 
Touchée que, tous les matins, quelques moines aillent laver et donner le petit déjeuner aux ancêtres fondateurs du monastère (représentés par des statues), j’avais demandé ce que le bouddhisme disait de la vie après la vie terrestre. Les défunts deviennent tous des bouddhas, m’a-t-il répondu. Mais, de suite après, il a raconté une histoire d’un disciple étonné que son vénérable maître en train de mourir dise aller en enfer. Devant son étonnement, le maître lui déclara qu’il y allait pour l’y attendre... Ces réponses paradoxales sont précieuses pour ne pas fixer, figer, des vérités qui sclérosent le vivant.
 
Pour moi, l’un des grands paradoxes que j’ai perçus dans les monastères japonais c’est que la tradition enracinée permet l’ouverture et l’échange. Mais il y a un écueil également à tomber dans le légalisme, dans le traditionalisme (la lettre avant l’esprit). Cela peut assécher s’il n’est pas vivifié et renouvelé par les nouvelles générations.
Au symposium final, réunissant les membres de l’Institut des Etudes Zen qui nous aveint accueillis ainsi certains membres de monastères ayant participé à des échanges avec des moines et moniales d’Occident, nous avons eu de beaux échanges. Dans l’assemblée (une trentaine de personnes), . deux femmes seulement étaient présentes : une nonne et une femme laïque et bien sûr Soeur Manuela et moi-même.  Deux personnes avaient moins de 45 ans.
Nous nous sommes bien sûr interrogés sur l’avenir de la tradition monastique qui, au Japon comme en France, en Belgique ou en Allemagne, est en péril : très peu de jeunes vocations et de vénérables moines vieillissant qui continuent vaillamment à vivre et à transmettre la tradition, tout en acceptant les flux et reflux des vocations. 
 
Je m’interroge : en 2024, une tradition, qu’elle soit chrétienne ou bouddhiste, peut-elle continuer à distinguer si nettement le rôle des hommes de celui des femmes ? Est-il juste de continuer un mode de gouvernance à ce point hiérarchique alors que dans la sphère civile fleurissent de nouvelles façons de décider et de diriger plus concertative  ? Ne faut-il pas adapter une tradition qui n’attire plus de vocations aux évolutions du monde contemporain ? C’est une question ouverte, un koan...


 4. Merci: «Aligato»
 
Pour conclure, j’aimerais en ajouter un quatrième mot-clé, « merci ».
Au Seigneur d’abord, au Bouddha, au DIM et tous ces moines et moniales qui ont cheminé avant moi dans cette voie passionnante. Merci à toutes les personnes qui nous ont accueilli avec tant d’amour, d’attention, de générosité.
 Je suis rentrée les valises pleines de cadeaux tout en délicatesse et le cœur rempli de joie.

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