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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 23:55

 

Gorze, mars-avril 2020

 

Chers amis,
 

  Chacun cherche à comprendre les événements que nous vivons aujourd'hui, mais il semble que peu de personne se réfère aux données traditionnelles des Sagesses de l'humanité. Dans le brouhaha médiatique, comment s'élever au-dessus de la multitude des opinions individuelles souvent contradictoires ? Chacun y va de son refrain et finalement cela devient une belle cacophonie...

 

Depuis la fin du moyen âge, nous nous sommes éloignés progressivement de la véritable connaissance que l'on pourrait appeler « initiatique », c'est à dire de la recherche de la Sagesse en nous qui est le fruit donné par l'esprit ( le noûs ) relié à sa Source. La recherche horizontale des causes, si elle a sa place, ne doit pas prendre toute la place. Nous sommes trop souvent entraînés dans la guerre des opinions et comme disait Lanza del Vasto , toutes les guerres commencent par cette phrase : «  J'ai absolument raison ! »...

 

Le monde de la forme est en perpétuelle transformation et nous sommes bien loin d'en saisir toute la complexité et toute la subtilité... Être identifié à la forme, c'est être dans l'errance permanente et tourner en rond dans sa vie, sans point de référence et de stabilité. On n'y comprend plus rien bien souvent et on cherche dans le mental des explications qui ne s'y trouvent pas et qui ne s'y trouveront jamais. Nous sommes donc invités à changer de méthode pour accéder à un sens au-delà du sens et du non-sens.

 

Cette méthode nous est proposée par la Bible, dès le début, dans l'invitation à entrer dans l'écoute : c'est le fameux appel du « Shema Israel ». Oui, « écoutez ! une voix s'élève, qui résonne à travers la nuit, rejetez loin de vous les songes, la Lumière du Christ paraît... »

 

Cet hymne, que nous chantons durant le temps de l'Avent, exprime cette « attente » d'entrer dans la véritable « connaissance » , celle du Christ qui « éclaire » tout homme venant en ce monde...  Dans notre monde actuel, soi-disant moderne, on prête en fait peu d'attention à cette écoute intérieure. C'est plutôt considéré comme le domaine des rêveurs, de gens qui n'ont pas le sens des réalités : Réveillez-vous donc et produisez, non pas des fruits dignes du repentir mais du concret mesurable et pesable dans la balance commerciale …

 

Pourtant, ce qui semble être le plus éloigné de l'ordre pratique se trouve souvent être efficace quant à la possibilité de sortir du malheur dans lequel semble s 'enfoncer notre monde. Sans l'« information » verticale, il est impossible de rien accomplir qui soit réellement valable,  qui soit autre chose qu'une agitation vaine et superficielle. Il nous est peut-être donné, par ce « corona-virus », l'occasion d'observer à quel point ce monde moderne est une négation dans ses principes mêmes, des vérités traditionnelles et supra-humaines.

 

Dans la tradition taoiste, entr'autre, se retrouve la notion de « Chakra coronal » et René Guénon dans un de ses ouvrages a écrit un chapitre qui s'intitule ; « L'artère coronale et le rayon solaire. » ( L'homme et son devenir selon le Vêdânta.) Ce Chakra coronal ou lotus aux mille pétales, est centré au niveau du sommet du crâne et c'est l'une des principales entrées d'énergie. Il nous relie avec ce cosmos que je suis ; il nous ouvre les « Portes du royaume du Tout. » Ce Chakra est l'expression de notre harmonie. Dans certaine iconographie ancienne, on représente Adam couronné et cette couronne est le symbole de sa royauté.

 

L'homme est roi, prêtre et prophète. Le fameux « corona-virus » ne vient-il pas nous rappeler à notre vocation essentielle, qui est de « cultiver » notre jardin intérieur en nous ouvrant aux énergies de l'Arbre de Vie qui descendent du ciel et pénètrent en nous par cette « couronne » ? Au lieu de cela, dans ce monde en ébullition, tout nous éloigne de notre « Quiétude » qui est le « couronnement » de notre quête, et qui est l'essence même de notre être, la vraie vie en Christ.

 

« Ce n'est plus moi qui vit » dit saint Paul, « c'est le Christ qui vit en moi »... Ce n'est plus moi qui vit, c'est le Grand Silence qui vit en moi pourrait-on ajouter pour ceux qui ne se référent pas au Christ, car cette expérience est universelle et elle concerne tous les hommes de par la nature même de leur humanité.

 

La délivrance n'est pas magique, il nous appartient, avec l'aide de Dieu, de la provoquer. C'est ce que le Christ appelle la seconde naissance.

« En vérité, Je te le dis, si un homme ne renaît de l'eau et de l'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu....Ne t'étonne pas, de ce que je te dis, qu'il faut naître de nouveau. »

 

Ce dialogue, entre Nicodème et Jésus, est le révélateur qui peut bouleverser notre vie comme il a sans aucun doute bouleversé la vie de Nicodème, docteur de la loi et qui ignorait le b, a, ba de la vie intérieure. Renaître de l'eau ! D'où le rite initiatique du baptême dans l'église, l'eau étant regardée par beaucoup de traditions, comme le milieu originel des êtres : la matrice « Yin » et par transposition, celui qui « naît de l'eau » devient « fils de la Vierge » et donc frère adoptif du Christ et co-héritier du « royaume de Dieu. »

 

Quant à l'Esprit, le Pneuma, Il est le Principe complémentaire et actif qui féconde ces eaux primordiales pour que naissent « l'homme nouveau », « maître des virus » si je puis dire, et qui commande aux éléments cosmiques.

 

Nous sommes invités à prendre au sérieux les expériences intérieures qui nous ouvrent sur cet espace du « numineux », source d'un véritable chemin initiatique, qui peu à peu nous ramène à la maison du Père que nous avons quittée, et que nous quittons encore et encore, dès que nous sommes repris par l'illusion du mental qui cherche à nous jeter à l'extérieur, « là où sont les pleurs et les claquements de dents ».

 

Nous sommes le cosmos, nous sommes le virus, nous sommes la vie sous toutes ses formes. Il n'y a pas « d'extérieur », tout ce qui arrive à l'extérieur est révélateur de ce qui se passe à l'intérieur. Nous n'avons pas à nous défendre de la nature, nous sommes la nature qui se défend et qui refuse de se laisser engloutir par la folie engendrée par le mental humain coupé de l'intelligence du cœur.

 

L'appel à la conversion résonne dans tout l'évangile, c'est même la première parole de saint Jean Baptiste : « Convertissez-vous, sinon vous mourez ». Que le Seigneur nous guide et que Marie la très sainte mère de Dieu nous accompagne dans ce chemin de retour vers la source paternelle, c'est à dire vers l'expérience de la « plénitude, de l'ordre, et de l'unité », pour reprendre la terminologie de Graf Dürckheim, et qui répond exactement à ce dont nous avons besoin, et non pas forcément à ce dont nous avons envie, « avant même que nous le demandions » pour reprendre une parole de Jésus parlant de son Père, qui est aussi « Notre Père » !

 

                   Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !

 

                            Père Francis

 

Prière

 

O Dieu, aide-moi à prier, et à élever mes pensées vers Toi,

seul je ne peux le faire.

 

En moi, tout est sombre, mais en Toi est la lumière.
Je suis seul, mais Tu ne m'abandonnes pas, le secours est en Toi;

je suis inquiet, mais la paix est en Toi.

En moi habite l'amertume, mais en Toi la patience;

je ne comprends pas Tes voies, mais Toi Tu connais mon chemin ! (...)
 

Esprit-Saint, donne-moi la foi qui sauve du désespoir et de la tentation.
 

Donne-moi l'amour de Dieu et des hommes

qui efface toute amertume et toute haine;

 

donne-moi l'espérance qui délivre de la peur et du découragement.
 

        Dietrich Bonhoeffer (1906-1945)

 

Texte à méditer

 

"Que le jeûne soit accompli avec mesure. Et qu'il soit observé pour la discipline de l'âme et du corps, comme nous l'avons reçu de la tradition. Que celui qui n'est pas capable de jeûner ne se permette pas d'innovation, mais qu'il reconnaisse que c'est par sa faiblesse personnelle qu'il adoucit le jeûne et qu'il honore par l'aumône ce qu'il ne peut accomplir par le jeûne. Dieu n'a nul besoin des gémissements de celui qui s'est ainsi acquis les larmes des pauvres qui plaident pour lui."

 

Saint Pierre Chrysologue, évêque de Ravenne (5ème siècle)

 

 

Télécharger la Lettre

Cliquer ICI

 

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