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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 20:31

Jean 6, 57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.

58 Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. ...

60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? 

Le mot grec sarx, latin caro, que nous avons traduit par le français chair, recouvre et traduit l'hébreu basar, qui a en réalité deux sens [dans la Bible] :

1. dans une série de textes [bibliques], basar désigne l'être vivant tout entier... C'est en ce sens que l'a pris l'auteur de l'évangile.  

2. Dans une autre série de textes, basar signifie ce que nous appelons la viande. Mais en ce cas, les traducteurs en grec (antique) de la Bible hébraïque ne traduisent pas l'hébreu basar par le mot sarx, mais par le grec kreas : la viande...

[Au contraire, dans le cas de Jean 6, 51-18], le traducteur en grec a traduit basar par sarx parce qu'ici basar désigne l'homme tout entier : perfectus homo comme dira le pape Damase.

Lorsque le Seigneur explique qu'il donne sa basar pour la vie du olam ha-zeh, le monde de la durée présente, cela signifie qu'il se donne tout entier lui-même : qu"il donne l'être qu'il est, corps et âme.

Cela ne signifie pas qu'il donne sa "chair" à manger au second sens du mot chair.  

Cela signifie qu'il est, lui, la nourriture vivante pour l'humanité malade, inachevée...

Le Seigneur est le pain intelligible offert à l'humanité pour la guérir et la conduire à sa finalité surnaturelle.

Il ne s'agit donc pas d'anthropophagie, parce que les anthropophages ne mangent pas l'homme vivant tout entier, corps et âme : ils mangent  la chair morte, qui n'est plus chair que par homonymie.

Si les auditeurs du Seigneur se sont disputés à propos de ces paroles (1), c'est que certains ont entendu basar au second sens, le sens de viande.

Nombre de ces disciples eux aussi ont trouvé intolérable, insupportable, ce que venait de dire le rabbi.

Le Seigneur a corrigé lui-même cette interprétation.

Et nous avons peut-être ici la cause et la raison pour laquelle le théologien éminent entre tous  qui a composé le quatrième évangile, n'a pas voulu rapporter les propres paroles du Seigneur lors du dernier repas : c'est qu'il avait observé que les disciples eux-mêmes comprenaient de travers cet enseignement du Seigneur.

Il a donc peut-être estimé plus prudent de réserver cet enseignement à l'explication de bouche à oreille...  

Claude Tresmontant,  L'Evangile de Jean  (F.X. de Guibert 1984).

(1) Jean 6, 60, rétroversion grec-hébreu-français d'André Chouraqui :  "En l'entendant, beaucoup de ses adeptes disent : 'Cette parole est dure ! Qui peut l'entendre ?' ", etc.  (Iohanân - L'évangile selon Jean, JC Lattès  1993).

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