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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 18:19

On sait que dans la première lettre aux Corinthiens, Paul rappelle les différentes apparitions du Christ après sa Résurrection : " [...] Et en tout dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton. " (1 Co, 15, 8)


Cette traduction m'est familière depuis toujours. la mention de l'apparition à Paul, défini comme " l'avorton", est également coutumière. Le mot, da ns son acception populaire, a un cachet de commisération, proche de l’injure : malingre, mal formé, si ce n’est contrefait.


[…] Il vaudrait mieux, pour être au plus près du terme grec, parler de celui qui a été tiré aux fers, ou aux forceps, lorsque le bébé ne parvient pas naturellement au jour. […]. Le mot grec litigieux EKTROMA ne se trouve nulle part ailleurs dans les textes du Nouveau Testament. Dans la traduction grecque de l’Ancien Testament (dite des Septante) il est employé trois fois, dans chaque cas, pour désigner des fœtus mort-nés. Visiblement ce sens n’a aucun rapport avec ce que veut signifier Paul.


Plus intéressante est l’étude étymologique qui se rapporte au verbe qui signifie percer, déchirer et qui désignerait «  au sens propre le fœtus né d’une manière violente et prématurée ; métaphysiquement, l’image paulinienne serait celle d’un corps arraché de force au sein d’une femme (la synagogue). Paul exprimerait le caractère anormal et soudain de sa naissance à la foi chrétienne et au ministère apostolique. Son cas étant bien différent de celui des Douze. Lui, Saul, « seulement un embryon spirituel » , il explique, en effet, immédiatement « puisque j’ai persécuté l’Eglise de Dieu » . Or dans les emplois d’EKTROMA l’accent est toujours mis sur la naissance anormale, avant le temps, que le bébé soit mort ou vivant. Il a fallu une intervention toute-puissante du Christ pour donner d’un coup à ce persécuteur et la foi et l’apostolat. »


[…] Lui-même ne cessera d’insister sur cette singularité, notamment dans le témoignage qu’il donne de sa vie aux Galates : « Sachez-le, en effet, mes frères, l’Evangile que j’ai annoncé n’est pas à mesure humaine : ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus-Christ »


[…] L’appel du Ressuscité signifie une autre naissance, un autre commencement radical qui redouble la sortie du ventre maternel : Saul est saisi par le Christ, arraché des entrailles de la Synagogue, avant qu’il ait réfléchi par lui-même et consenti à la réalisation des promesses et des prophètes en Jésus-Christ.

 

Extrait de Saint Paul par Gérard Leclerc Editions Pygmalion

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