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9 avril 2007 1 09 /04 /avril /2007 09:43

Que nous soyons n'importe où, Dieu y est aussi. L'espace nécessaire pour le rejoindre, c'est la place de notre amour qui ne veut pas être séparé de Dieu, qui veut rencontrer Dieu. Celui qui n'a pas essayé de savoir qui est vraiment, totalement, actuellement jésus, ne le désirera pas.

Mais ceux qui ont gravi lourdement le mystère de Dieu, qui l'ont pensé possible, qui l'ont cru possible, qui, enfin, l'ont cru vrai ; qui ont dans cette vérité trouvé la joie des joies ; ceux qui ont dû faire en eux place à plus de joie encore, en sachant que ce mystère s'était rendu perceptible aux yeux des hommes, dans un homme qui était homme et qui était Dieu ; ceux qui savent que cet homme demeure avec eux jusqu'à la fin des temps, avec son corps, avec son sang, avec sa gloire ; ceux qui ont cru et qui croient tout cela, nous qui le croyons, manquerons-nous du désir pour le trouver partout où il dit qu'on le trouve ; pour renverser, pour transpercer tous les obstacles qui nous empêcheraient d'être toujours et toujours davantage avec lui?

C'est ce désir qui fait la prière et qui la fait n'importe où. Partout, quel qu'il soit, l'amour porte en lui le désir.

Aimer Dieu assez pour vouloir être avec lui, porter en soi le désir de cet amour, c'est avoir une force capable de transpercer la vie la plus dure, la plus dense, pour rejoindre dans la prière celui que nous aimons. Quelques minutes de cette prière nous donneront à Dieu et nous donneront Dieu plus que des heures, peut-être fort recueillies, mais qui n'auront pas été précédées par un désir vivant et volontaire.

La retraite au désert, elle peut être cinq stations de métro à la fin d'un jour où nous avions « foré » un puits vers ces tout petits instants ; par contre, le désert lui-même peut être sans « retraite », si nous avons attendu d'y être, pour désirer rencontrer le Seigneur.

Nos allées et venues - et pas seulement les grandes, celles qu'on fait d'une pièce à l'autre - les moments où nous sommes obligés d'attendre - que ce soit pour payer à une caisse ou pour que le téléphone soit libre, ou pour qu'il y ait de la place dans un autobus - sont des moments de prière préparés pour nous dans la mesure où nous sommes préparés pour eux. (...)

C'est le temps passé à telle ou telle de ces choses qu'il s'agit de récupérer et de rendre à qui de droit. C'est préférer le Seigneur à une affiche, à un slogan, à soi-même.

Il faudrait une multitude de comparaisons pour faire comprendre que, dans l'Évangile, ce n'est pas le temps qui compte le plus.

Entre gens qui s'aiment, le temps pris pour se le dire a été quel­quefois très court ; chacun a dû peut-être repartir à son travail ou à une autre obligation ; ce travail, cette obligation ne retentiront que d'une chose : les quelques mots dits en quelques minutes.

(...) vivre ne prend pas de temps, c'est tout le temps qu'on vit, et l'Évangile, quoi qu'il soit pour nous, doit être d'abord : vie. Pour faire leur oeuvre de vie en nous, les paroles de l'Évangile que nous avons lues, que nous avons priées, que nous avons peut-être étudiées, il nous faut les porter en nous, le temps qui est le leur, pour que la lumière qui soit la leur nous éclaire et nous vivifie.

Madeleine Delbrêl
La Joie de Croire
Seuil

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