Extrait d’une homélie de l’évêque Marc de l’Eglise orthodoxe Celtique à l’occasion de la fête de saint Tugdual (célébré le 12 août 2018).
Extrait des méditations de Saint Tugdual
« L’an de grâce 1955, au troisième jour de janvier, un ermite se retira dans une lande bretonne.
Un après-midi d’hiver, il allait recueillir des pommes de pin, dans la forêt proche leur allumer un peu de feu.
Parmi les fourrés, les ronces, les genêts qui l’avaient envahi, il devina un antique chemin.
Chaque jour, dès lors, il travailla à le restaurer. Ce n’est pas certes pas, en tout et pour tout, le chemin d’antan.
Mais ceux qui l’emprunteront, retrouveront quelque chose du paysage ancestral, y respireront l’air pur d’autrefois, et de toujours ; y trouverons des ombrages aux heures chaudes, des sources qui désaltèrent et des étoiles que nos anciens Pères contemplèrent en toute certitude !
Que celui qui peut comprendre, comprenne, ce que dit l’Esprit … »
Je chanterai en esprit, je chanterai dans mon cœur !
Le chrétien celtique est un chrétien qui chante toujours, en tout par tout.
Il chante en esprit parce qu’il chante Dieu qui est Esprit absolu.
Il chante dans son cœur parce qu’il chante Dieu qui est Amour.
Il chante dans son intelligence parce que Dieu est sagesse.
Il chante dans sa mémoire parce que Dieu est Eternel.
Il chante dans sa volonté parce que Dieu est maître absolu.
Il chante dans son œuvre parce que Dieu est acte pur.
Il chante dans sa vie parce que Dieu est source de toute vie.
Il chante dans sa mort parce Dieu est immortel.
Il chante dans sa faiblesse parce que Dieu est fort.
Il chante dans l’impossible parce que Dieu est toute Puissance.
Il chante dans la création parce que Dieu est le Créateur.
Il chante dans son péché parce que Dieu est Sauveur.
Il chante dans son corps parce que Dieu est Esprit.
Il chante dans sa chair parce que Dieu est l’être Suprême.
Il chante en toutes circonstances parce que Dieu est omniprésent.
Il chante dans la tristesse parce que Dieu est le consolateur.
Il chante dans la tristesse parce que Dieu est Tendresse.
Il chante dans les ténèbres et dans les nuits parce que Dieu est Lumière. Il chante dans le bonheur parce que Dieu est félicité.
Il chante dans l’angoisse et la crainte parce que Dieu est la Paix.
Il chante dans les tribulations parce que Dieu est immuable.
Il chante dans les bassesses et l’ignominie parce que Dieu est le Très Haut.
Il chante dans la persécution et l’injustice parce que Dieu est Justice.
Il chante au milieu des apparences, des mirages et des erreurs parce que Dieu est vérité.
Il chante dans l’indigence, le dénuement et la pauvreté parce que Dieu est richesse.
Il chante dans les abîmes, les profondeurs et les gouffres parce que Dieu est inaccessible.
Il chante en tout, pour tout, pour tous, toujours et partout parce que Dieu est l’Absolu.
Ecouter l'homélie de Mgr Marc sur Saint Tugdual
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Saint Tugdual et l'Eglise Orthodoxe Celtique
Jean-Pierre Danyel est un enfant de l’Assistance publique qui étudia les théologies catholique, orthodoxe et protestante. Il fut converti au christianisme lors de sa captivité en Allemagne par un pasteur protestant. Très malade et affaibli lors de son séjour en stalag, il fallut deux années de convalescence à son retour en France. Il fit plusieurs retraites dans des monastères catholiques en quête d’une vocation monastique. Il s’intéresse ensuite à la spiritualité orthodoxe. Il reçoit la consécration monastique dans l’Église orthodoxe de France. Il ne reste pas dans cette Église et s’installant à Nantes en 1949, il s’attache la paroisse de Marie Marc Fatôme (pl) de l’Église mariavite. Cette communauté à cette époque vit dans un grand dénuement. Malheureusement, à la mort de Marie Marc Fatôme en 1951, la famille Fatome, vend l'église et la maison, le père Danyel se retrouve à la rue (l'église fut démolie par la suite). Il fonde alors la paroisse du Bon Pasteur.
En 1954, le père Danyel entre dans la juridiction de Thomas Marie Lutgen du patriarcat de Glastonbury qui le réordonne sub conditione. En 1955, il vint s’installer dans un bocage breton, au lieu-dit le Bois-Juhel en Saint-Dolay (Morbihan, Bretagne), sur un terrain offert par une dame de Nantes qui aurait été guérie de cécité par les prières du père Danyel.
Les premiers temps, il vécut très pauvrement dans une hutte de branchages. Les habitants alentour lui apportaient de quoi se nourrir. Puis, il bâtit une petite chapelle en bois. Il dédia son ermitage à la Sainte Présence. Avec le temps, un ermitage en dur vit le jour, mais il ne put jamais achever la petite chapelle y attenant. Moine et prêtre dans la tradition des Pères, il voulut restaurer la spiritualité et la tradition du monachisme celtique en fondant l’ordre de Saint-Colomban, qu’il voulait être la refondation d’une communauté suivant la règle de saint Colomban abandonnée depuis plus de mille ans au profit de la règle de saint Benoît.
En 1956, il se sépare de l’évêque Lutgen et fonde la « Sainte Église celtique de Bretagne » avec la bénédiction des évêques du « Siège ecclésial œcuménique ». Il fut consacré évêque par Irénée Poncelain d’Eschevannes de l’Église gallicane, le 5 mai 1957, sous le nom de Tugdual, du nom d’un des sept saints protecteurs de Bretagne. Ses co-consécrateurs étant Julien Erni du « Siège ecclésial œcuménique » et Eugène de Batchinsky de « l’Église orthodoxe ukrainienne conciliaire autocéphale en exil ».
Il était poète, iconographe, prédicateur de talent, connaissait la théologie des trois grandes confessions chrétiennes. On lui attribuait également un charisme de thaumaturge qui attirait un public venant parfois de loin dans l’espoir d’obtenir une guérison. De santé fragile, il n’en mena pas moins une vie ascétique dans la pauvreté, le jeûne et la prière, malgré l’humidité récurrente du lieu. Il savait que sa vie serait brève et il s'en confiait souvent à ses amis. Il chantait chaque jour le psautier dans son intégralité. Sa mission connu un certain succès, mais aussi bien des adversités, notamment à cause de son clergé.
Tugdual meurt le 11 août 1968, à l’âge de 51 ans, miné par la maladie. Il voulut mourir seul, considérant qu’il n’avait pas de disciples immédiat. Il fut mis en terre dans le cimetière Saint-Jacques à Nantes.
Tugdual avait légué son ermitage à l'un de ses évêques, l'évêque Suliac (Auguste Monier). Ce dernier, par l’entremise d’un ancien évêque de saint Tugdual , l'évêque Gall (Laigle), consacré dans le patriarcat de Glastonbury, le proposa à un petit groupe de moines qui vivait dans le Sud de la France. Saint Tugdual avait prophétisé que son ermitage deviendrait un monastère dix ans après sa mort. La dixième année, le 4 octobre 1977, le père Paul (de Fournier de Brescia) et deux autres moines, relevaient l’ermitage pour y fonder un monastère et continuer la mission. Le père Paul deviendra évêque en 1980 puis primat de l’Église orthodoxe celtique en 1995 sous le nom de Mael. Il restructura l’Église orthodoxe celtique en profondeur.
En 1996, l’Église orthodoxe celtique procède à la canonisation de Tugdual. Ses reliques se trouvent dans la cathédrale Notre-Dame-du-Signe au monastère Sainte-Présence à Saint-Dolay.
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