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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 20:09

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Chers Amis,


Si la fin de l’Année liturgique trouve en ce mois de septembre toute sa profondeur dans la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, c’est parce que, à la base de tous les combats pour la vie, il y a d’abord l’ascèse : la croix est l’unique chemin qui mène à la résurrection. Le Christ nous l’a montré et nous devons faire nôtre ce chemin. Nous n’arriverons à bout de notre égoïsme et de toutes les formes d’injustices extérieures qu’en commençant par un rude travail sur soi pour extirper l’orgueil démoniaque et son cortège de passions. Seule cette mort à nous-mêmes et au péché qui nous sépare de Dieu libère en nous et autour de nous son énergie de vie.


Si quelqu’un veut me suivre, dit le Christ, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (Mt 16,24). « Sa » croix : il doit être clair que la croix est intimement liée à la dimension de la profondeur de chaque être humain, elle est personnelle. Mon désir conscient ou inconscient de toujours contourner la volonté de Dieu, pour ne chercher que ce qui me plait, révèle la nature de mes résistances secrètes et de mes refus orgueilleux.


Seulement celui qui prend sa croix sur lui, en d’autres mots celui qui entre dans l’acceptation libre et totale de l’inacceptable ici et maintenant peut traverser la souffrance et accéder au mystère d’une vie autre. L’important c’est : ici et maintenant, car c’est là justement que la croix devient pour moi à la fois terriblement concrète et personnelle. L’instant présent c’est la croix, le croisement de l’éternité et du temps : si je reçois des mains de Dieu cet instant quel qu’il soit avec un amour inconditionnel, mon ego est crucifié, il peut souffrir mille morts, l’enfer même, mais c’est le seul chemin qui offre alors la Joie inconditionnelle, qui ne dépend plus d’aucune circonstance extérieure. C’est cela ressusciter…


C’est dans le « oui » à la souffrance et à la mort que se trouve la vie, c’est en consentant à descendre dans le tombeau des ténèbres qu’est si souvent mon « ici et maintenant » que Dieu le transforme en chambre nuptiale, c’est en communiant totalement à ma croix qu’elle devient Joie… S’imagine-t-on le Christ prendre sa Croix sans amour, à reculons ? C’est précisément parce qu’Il a étreint la souffrance et la mort avec un amour infini qu’Il y a déposé la Lumière et la Joie que nous y trouvons ! Dieu nous a caché la joie de mourir pour que nous ayons le courage de vivre.


L’amour est plus fort que tout ce qui lui est contraire et depuis que le Christ nous a révélé cette nouvelle approche de l’existence mortifère, la mort elle-même est devenue la grande initiatrice de la vie. Avec le Christ la mort a été métamorphosée et n’a plus rien de commun avec la conception païenne à son sujet. Saint François d’Assise appelait la mort avec une infinie tendresse : Ma sœur la mort et saint Séraphin de Sarov dit à la fin de sa vie : C’est la grande allégresse qui approche ! Les saints connaissent ce que la Tradition appelle le « joyeux mourir », car, en réalité, toute leur vie a été l’apprentissage de la mort. Cette pratique de la mort incessante est la pratique même de la vie en plénitude de la résurrection dès maintenant. Qui ne vit pas avec la mort tous les jours ne vit pas du tout, dit Graf Dürckheim, ce sage de notre temps ; ne vit vraiment que celui qui sait vraiment mourir…


Il n’y a finalement pas de Joie hors de la mort. Mourir n’est une obsession macabre et désespérante que pour celui qui est encore prisonnier de lui-même et de son avoir, de son moi psychique et mondain. Mais celui qui s’exerce à la mort plonge dans son esprit qui, lui, ne peut plus mourir depuis que le Christ l’a sauvé ; le soleil a-t-il peur de la nuit ? Et Dieu le Père infiniment bon qui nous donne la mort, donnerait-Il quelque chose de mauvais à ses enfants ? Et quand ce même Père, actif en tout, transforme la chrysalide en papillon, est-ce vraiment mourir de grande mort ? Voyez la joie du papillon… La certitude de l’Amour fou de Dieu pour nous ne fait-elle pas contrepoids à toutes nos peurs et questionnements ? La confiance totale, voilà le remède à tous les maux de la vie…


Nous pouvons, à tout instant, faire jaillir de notre cœur l’être nouveau, radicalement nouveau que le Christ ressuscité a recréé dans nos profondeurs. Si nous savions comme nous sommes heureux et quelle béatitude nous habite ! Nous n’en sommes séparés que par nous-mêmes, nos propres illusions et la crainte de la mort en est une… Qu’est- elle encore au milieu d’une telle plénitude ?


Devenir cet homme nouveau ne dépend que de ma décision immédiate et ferme qui dit : « oui » et se laisse empoigner par l’immense allégresse du Christ, notre Pâque. Tout est rempli de sa Lumière, le ciel, la terre et l’enfer, y compris nos enfers quotidiens : depuis la Résurrection chaque instant est un abîme ouvert sur l’éternité où Dieu m’appelle, il faut sauter. Là est le secret : mener une vie immortelle, une vie de ressuscité, tirer notre bonheur de toutes les circonstances.

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel

 

Lire la suite de la lettre : http://www.centre-bethanie.org/lettre_95.htm

 

 

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