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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 22:32

Gorze, mai 2010

C
hers Amis,


Avec l’avènement de l’Esprit à la Pentecôte, tous les mystères du Christ sont accomplis. Sait-on assez que l’homme a maintenant « un pouvoir » sur le cœur de Dieu ? Qu’une certaine attitude déclenche la puissance divine, lui donne libre cours et qu’alors une nouveauté radicale, tout à fait inconnue, peut s’introduire en nous et autour de nous ? C’est une puissance de guérison et de transformation qui nous fait sauter hors de notre vieille vie et de toutes les prisons de l’ego. Cette attitude s’appelle l’Abandon.

 

Elle est connue pour sa capacité absolument révolutionnaire par toutes les grandes Traditions religieuses de l’humanité, qui en ont fait la base même de leur démarche, un style de vie, et le secret de la vraie mystique, c’est à dire de la réalisation plénière de l’homme. On l’appelle de beaucoup de noms : le « Non-Agir » dans l’antique sagesse du Tao chinois, le « détachement » dans le Bouddhisme, « l’égalité d’âme » chez les Hindous, « la sainte indifférence » chez les Soufis ; dans le christianisme on la décline sous tous les vocables de l’obéissance, la volonté de Dieu, la confiance, le Oui, l’abnégation et l’humilité, l’amour des ennemis jusqu’au martyr, l’Enfance spirituelle, etc.

 

Il s’agit tout simplement de l’attitude fondamentale du Christ qui en révèle Lui-même la substance quand Il dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé (Jn 4,34), phrase qu’Il répète comme une trame tout au long de sa vie terrestre et qui va culminer au sommet de sa possibilité dans l’abandon total sur la croix : Père, entre tes mains je remets mon esprit (Lc 23,46).

Aussi saint Paul a-t-il pu dire de Jésus : Il n’y a eu que oui en Lui (2Co1,19). A nous qui ne savons plus ce qu’est vivre, le Christ est venu en faire la démonstration. Il n’y a pas d’autre bonheur sous le ciel, et celui qui entre en son partage entre aussi dans la vraie parenté du Christ : Celui qui fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère (Mc 3,35).


Il s’agit d’une profonde écoute intérieure pour percevoir les moindres injonctions de l’Esprit et ne plus rien faire que sous son impulsion. On devine alors à quel point le cœur de l’homme peut devenir un foyer brûlant toujours en action, mais parce que, abandonné à un Autre que soi, il pose constamment des actes marqués du sceau de l’intériorité et de la profondeur. Etre centré à la Source dit Maître Eckhart (XIIIe s.), c’est participer de l’Energie Créatrice, acte pur d’éternel engendrement, qui jaillit de notre propre Fond.


La conscience vive d’appartenir à Jésus, que c’est Lui le Maître de notre vie et qu’Il tient les rênes de notre destinée, provoque un tel sentiment de liberté au fond de notre être que les situations les plus cadenassées s’ouvrent d’elles-mêmes, mystérieusement, à l’intérieur et à l’extérieur de nous. Celui qui s’exerce tous les jours à l’extraordinaire prière de Charles de Foucauld : Mon Père, je m’abandonne à Toi, fais de moi ce qu’Il te plaira. Quoi que Tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout, et qui en fait une attitude de son cœur, verra une immense détente l’envahir. Dans sa puissance de simplicité, cette prière est le fruit non seulement d’une vie de sainteté, mais la quintessence de toute mystique. Il n’y a pas de Chemin spirituel qui ne converge un jour ou l’autre vers ce point. Chaque Tradition l’exprime à sa manière et chaque disciple trouve les mots qui lui sont propres. Ainsi peut-on lire dans la prière bien connue des starets d’Optino : Seigneur, prépare-moi et soutiens-moi à chaque heure de ce jour. Quelles que soient les nouvelles que je reçoive, apprends-moi à les accueillir d’un cœur tranquille, fermement persuadé qu’elles sont l’expression de ta sainte Volonté…Que je n’oublie jamais dans les circonstances imprévues que tout m’est envoyé de Toi…

Ce type de prière, c’est-à-dire l’attitude foncière d’abandon, ouvre un puits de joie en nous. Mais inversement aussi, l’exercice répété et persévérant de la joie profonde, quelles que soient les circonstances, conduit infailliblement au plus grand abandon. Nous reviendrons encore souvent sur ce caractère inconditionnel de la joie, au cœur même du tragique : c’est une affirmation si scandaleuse, aux antipodes de nos attitudes coutumières, même chez les plus fervents, qu’on ne peut avancer que par petites touches, creuser progressivement comme une spirale qui ne cesse de tourner pour trouver le centre du typhon.

 

L’ouragan peut être horrible, les énergies déployées par un cyclone provoquent des angoisses terrifiantes avant d’être mortelles : en leur cœur se trouve la paix immuable. Celui qui se rétracte ou se révolte reste à la périphérie qui l’emporte dans la violence de l’agitation. Celui qui, au contraire, s’abandonne totalement et devient un avec le tragique lui-même, se pose en son centre : là, il n’y a plus de mouvement, il est libre de toute condition alors qu’il s’y plonge.

 

Nous n’y arriverons que de couche en couche, d’une circonvolution à l’autre, l’abandon a de nombreuses étapes.

 

Laissons-nous conduire par l’Esprit Saint d’instant en instant, de surprise en surprise, vers la nouveauté absolue.


Avec toute notre affection, à bientôt !


Père Alphonse et Rachel

 

Texte à méditer

On ne peut pas vivre la plus humble sensation d’une manière attentive, aimante, quand on pressent l’Invisible dans le visible, le secret dans l’évidence même du sensible, sans faire une expérience trinitaire. Une fleur, par exemple, par son existence même nous renvoie à la Source de toute existence qui est le Père. D’autre part, elle est intelligible et c’est le mystère de la Sagesse de Dieu. Enfin, elle est prise dans un mouvement, il y a la racine, la tige, la fleur, il y aura le fruit. Cette fleur dans sa plénitude humble ou glorieuse est donc par là même un témoignage de l’Esprit Saint.

(Olivier Clément)

Prière

Viens, Lumière sans crépuscule
Viens, Espérance Qui veut sauver tous,
Viens, Haleine et Vie mienne,
Consolateur de mon humble cœur !
Nous proclamons Ton avènement
qui n’est pas une émanation naturelle de la divinité,
mais la venue personnelle, souverainement libre.
Tu es descendu en nous pour habiter en nous,
afin que toute chair Te cherche
comme l’accomplissement de son désir et,
Te cherchant toujours,
T’appelle avec larmes et gémissements.
Viens Lumière véritable,
Viens Vie éternelle,
Viens Mystère caché,
Viens Trésor sans nom,
Viens Chose indicible,
Viens Personne inconnaissable,
Viens Joie incessante,
Viens Lumière sans crépuscule,
Viens Espérance qui veut sauver tous.


(Saint Syméon le Nouveau Théologien, XIe siècle)

Prochaines sessions à Béthanie

  Du 19 au 20 Juin : « Gagner sa vie sans perdre son âme » avec Alain Setton, consultant et formateur en management. Comment la foi chrétienne peut-elle se vivre dans sa profession, les conflits, les crises et les épreuves. Les clés de la révélation biblique.
Cliquer pour en savoir plus
.


  Le dimanche 27 Juin : « Pèlerinage à Saint Thiébault ». de 10H30 à 17H : Divine Liturgie, prière de guérison autour des reliques, agapes fraternelles, musique, chant et danse….


  Du 5 au 11 Juillet : « Festival de Saint Thiébault ». Semaine de détente, de joie et de prière. Divers ateliers au programme : sagesse du corps, méditation, chant, musique, danse d’Israël, calligraphie, cuisine, jardin.


  Du 17 au 18 Juillet: « Des racines pour vivre au cœur de la crise » , avec le Père Jean-Thierry Verhelst, prêtre orthodoxe, juriste et anthropologue. La quête du sens quand rien ne va plus. Quelle grâce se cache dans le marasme personnel et collectif ? Des voies nouvelles pour un monde autre..
Cliquer pour en savoir plus
.

Informations

Programme des sessions et retraites Printemps - Eté 2010 :

http://www.centre-bethanie.org/programme_ligne.htm

 Les entretiens de Béthanie : chaque mois Père Alphonse et Rachel Goettmann
s'expriment dans un entretien vidéo sur une thème de leur enseignement.
http://www.centre-bethanie.org/video_entretiens_bethanie.htm

 Suivre Béthanie sur Twitter http://twitter.com/centrebethanie

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 22:15

Depuis l'origine du monde, le Christ souffre dans tous les siens.

 

Il est « le commencement et la fin » (Ap 1,8) ; caché dans la Loi, révélé dans l'Évangile, il est le Seigneur « toujours admirable » qui souffre et triomphe « dans ses saints » (2Th 1,10; Ps 67,36 LXX).

 

En Abel, il a été assassiné par son frère ;

en Noé, il a été ridiculisé par son fils ;

en Abraham, il a connu l'exil ;

en Isaac, il a été offert en sacrifice ;

en Jacob, il a été réduit en servitude ;

en Joseph, il a été vendu ;

en Moïse, il a été abandonné et repoussé ;

dans les prophètes, il a été lapidé et déchiré ;

dans les apôtres, il a été persécuté sur terre et sur mer ;

dans ses nombreux martyrs, il a été torturé, assassiné.

 

C'est lui qui, maintenant encore, porte notre faiblesse et nos maladies, car il est homme lui-même, exposé pour nous à tous les maux et capable de prendre en charge la faiblesse que, sans lui, nous serions totalement incapables d'assumer.

 

C'est lui, oui c'est lui qui porte en nous et pour nous le poids du monde afin de nous en délivrer ; voilà comment « la force donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2Co 12,9).

 

C'est lui qui en toi supporte le mépris, et c'est lui que ce monde hait en toi. Rendons grâces au Seigneur, car s'il est mis en cause, il remporte la victoire (cf Rm 3,4).

 

Selon ce mot de l'Écriture, c'est lui qui triomphe en nous lorsque, prenant la condition de serviteur, il acquiert pour ses serviteurs la grâce de la liberté.

 

Saint Paulin de Nole (355-431), évêque
Lettre 38, 3-4 : PL 61, 359-360.

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 22:31

christ_menas_500.jpg

 

Notre Seigneur Jésus Christ est monté au ciel ; que notre coeur y monte avec lui.

 

Écoutons ce que nous dit l'apôtre Paul : « Puisque vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu » (Col 3,1).


[...]      Lui, qui est là, est aussi avec nous ; et nous, qui sommes ici, nous sommes aussi avec lui. Il peut cela par sa divinité, sa puissance, son amour ; et nous, si nous ne le pouvons pas comme lui par la divinité, nous le pouvons en lui par l'amour.

 

Il n'a pas quitté le ciel quand il est descendu vers nous, et il ne nous a pas quittés lorsqu'il est monté au ciel...  Qu'il demeurerait avec nous, même quand il serait là-haut, il l'a promis avant son Ascension en disant : « Et moi, je suis avec vous jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20).


Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon Mai, 98, 1, 2 : PLS 2, 494-495

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