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24 février 2017 5 24 /02 /février /2017 23:38
Musique
Musique

Lorsque j’étais enfant,
Je me mis à sangloter assis par terre
A côté du piano de ma mère
Qui jouait et chantait
Car il y avait dans son chant
Une gloire timide mais solennelle
Que ma petitesse ne pouvait contenir

Et lorsqu’on m’a demandé
Pourquoi je pleurais
Je n’avais pas de mots pour le dire
Je secouai seulement la tête
Et continuai à pleurer

Pourquoi la musique la plus belle
Ouvre-t-elle une blessure en nous
Une douleur, une affliction
Profondes comme la nostalgie
De quelque pays lointain
Et à moitié oublié

Je n’ai jamais compris
Pourquoi il en est ainsi

Mais il existe une vieille légende
De l’autre côté du monde
Qui délivre le secret
De ce chagrin mystérieux

Pendant les siècles des siècles
Nous avons erré
Mais nous avons été faits pour le paradis
Comme le cerf pour la forêt

Et quand nous vient la musique
Avec sa beauté céleste
Elle nous apporte l’affliction
Car lorsque nous l’entendons
Nous nous rappelons un peu
De ce pays natal perdu

Faiblement nous nous rappelons les champs
Leur trèfle parfumé caressé par le vent
Les chants d’oiseaux dans les vergers
Les violettes sauvages blanches dans la mousse
Au bord de ruisseaux transparents

Et resplendissante au cœur de cela
Se trouve la beauté tant attendue
De Celui qui nous attend
Qui toujours nous attendra
Dans ces prairies radieuses

Mais qui est aussi venu vivre avec nous
Et qui erre où nous errons.

Anne Porter, « Musique »  dans Living Things: Collected Poems, Hanovre, NM: Zoland Books, 2006, pp. 54-55.

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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 23:14

TRADUCTION YOU WANT IT DARKER - LÉONARD COHEN


Si c'est toi qui mènes la danse, je me retire du jeu 
Si c'est toi qui panses, ça veut dire que je suis brisé, boiteux 
Si la gloire est tienne, alors que la honte soit mienne 
Tu veux rendre les choses encore plus noires 
Nous détruisons la flamme 

Que ton nom sacré soit magnifié, sanctifié 
Dans le cœur humain, vilipendé, crucifié 
Un million de cierges brûlent dans l'espoir d'un secours jamais trouvé 
Tu veux rendre les choses encore plus noires 
Hinéni, hinéni (me voici) 
Je suis prêt, mon Dieu 

Il y a un amant dans l'histoire 
Mais le scénario reste le même 
On chante une berceuse pour apaiser la peine 
On trouve un paradoxe pour rejeter la faute 
Mais c'est écrit dans les Saintes Écritures 
Et cette affirmation n'est pas vaine 
Tu veux rendre les choses encore plus noires 
Nous détruisons la flamme 

Ils alignent les prisonniers 
Les gardiens pointent leurs armes 
J'ai combattu quelques démons 
Ils étaient issus de la classe moyenne, dominés 
J'ignorais que j'avais la permission d'assassiner, de mutiler 
Tu veux rendre les choses encore plus noires 

Hinéni, hinéni (me voici) 
Je suis prêt, mon Dieu 

Que ton nom sacré soit magnifié, sanctifié 
Dans le cœur humain, vilipendé, crucifié 
Un million de cierges brûlent dans l'espoir d'un amour jamais trouvé 
Tu veux rendre les choses encore plus noires 
Nous détruisons la flamme 

Si c'est toi qui mènes la danse, je me retire du jeu 
Si c'est toi qui panses, ça veut dire que je suis brisé, boiteux 
Si la gloire est tienne, alors que la honte soit mienne 
Tu veux rendre les choses encore plus noires 

Si c'est toi qui mènes la danse, je me retire du jeu 
Si c'est toi qui panses, ça veut dire que je suis brisé, boiteux 
Si la gloire est tienne, alors que la honte soit mienne 
Tu veux rendre les choses encore plus noires 

Hinéni, hinéni (me voici) 
Hinéni, hinéni (me voici) 
Je suis prêt, mon Dieu 

Hinéni 
Hinéni, hinéni (me voici) 
Hinéni 

 

***
 

 

Un chant parlé, puissamment murmuré, plus profond et vibrant que jamais, que l'on retrouve sur ce You want it darker inattendu, qu'il nous offre pour ses 82 ans.

Grâce aux conseils de son fils Adam, producteur du disque et auteur de la belle photo de pochette : un portrait en noir et blanc, bienvenue rupture avec les bricolages criards d'avant.

Une esthétique appliquée également à la musique, aux arrangements, sobres, organiques, débarrassée du désir de faire moderne.

Du folk, du blues, à sa manière, sur lequel souffle une brise traditionnelle, ces choeurs aux accents yiddish qui remontent à l'enfance de Léonard Cohen. You want it darker est une oeuvre ouvertement crépusculaire, qui chante, sans crainte, entre sagesse et humour tendre, la fin qui approche.

La complainte d'un homme qui se retire des jeux de la vie et du plaisir pour se repaître d'amour spirituel et d'une petite cigarette de temps en temps !

Leonard Cohen déclame de cette voix enveloppante, cette diction susurrée dont la ferme douceur et les mots choisis sont une mélodie en soi.

Il a toujours su se lamenter, il sait qu'il a été verni. Il a bien vécu. Il a tout eu, l'amour, le talent, la culture, l'esprit.

Avec ce privilège de pouvoir douter constamment, de tout questionner avec sérénité.

Comment ne pas l'envier d'avoir su tirer de son égoïsme autant de générosité, de beauté redistribuée ? Hey, that's a way to say goodbye...

— Hugo Cassavetti

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30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 23:50
Dialogue du Christ, de l’âme et des anges

LES ANGES. – « Ô Christ tout-puissant ! quel voyage faites-vous ? Pourquoi cheminer pauvrement comme un pèlerin ? »
 
LE CHRIST. – « J’avais pris une épouse, à qui j’avais livré mon cœur. Je la parai de joyaux pour en tirer honneur : à ma honte, elle m’a quitté. C’est ce qui me fait aller triste et en peine. Je lui prêtai ma forme et ma ressemblance...

– Afin que toutes ses vertus trouvassent leur emploi, je voulus que l’âme eût le corps pour serviteur : c’était un bel instrument, si elle ne l’avait désaccordé !

– Afin qu’elle eût lieu d’exercer ses puissances, pour elle je formai toutes les créatures. Ces biens pour lesquels elle devait m’aimer, elle m’en a fait la guerre. »
 
LES ANGES. – « Seigneur, si nous la trouvons, et qu’elle veuille revenir, faut-il lui dire que vous pardonnez ? »
 
LE CHRIST. – « Dites à mon épouse qu’elle revienne, qu’elle ne me fasse point souffrir une mort si douloureuse. Pour elle je veux mourir, tant je suis épris d’amour.

– Avec grande joie je lui pardonne, je lui rends les ornements dont je l’avais parée... De toutes ses félonies je n’aurai plus souvenir. »
 
LES ANGES. – « Âme pécheresse, épouse du grand époux, comment ton beau visage est-il plongé dans cette fange ? et comment donc as-tu fui celui qui t’accorde tant d’amour ? »
 
L’ÂME. – « Quand je songe à son amour, je meurs de honte. Il m’avait mise en grand honneur : où suis-je tombée maintenant ? Ô mort douloureuse ! comment donc m’avez-vous environnée ? »
 
LES ANGES. – « Pécheresse ingrate, retourne à ton Seigneur. Ne désespère point : pour toi il meurt d’amour... Ne doute pas de son accueil, et ne tarde plus. »
 
L’ÂME. – « Ô Christ miséricordieux ! où vous trouverai-je, ô mon amour ? Ne vous cachez plus, car je meurs de douleur. Si quelqu’un a vu mon Seigneur, qu’il dise où il l’a trouvé. »
 
LES ANGES. – « Nous l’avons trouvé suspendu à la Croix, nous l’y avons laissé mort, tout brisé de coups. Pour toi il a voulu mourir. Il t’a achetée bien cher. »
 
L’ÂME. – « Et moi je commencerai les lamentations d’une cruelle douleur. C’est l’amour qui vous a tué, vous êtes mort pour mon amour. Ô amour en délire, à quel bois as-tu suspendu le Christ ! »
 

 
Jacopone da TODI.
 
Traduit par Frédéric OZANAM.

Jacopone da Todi (né vers 1230 à Todi, en Ombrie, et mort à Collazzone le 25 décembre 1306) est un poètefranciscain italien du xiiie siècle. Il est l'auteur d'une centaine de poèmes d'inspiration religieuse, tantôt empreints de ferveur, tantôt rédigés sur le mode de la polémique.

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