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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 23:41

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Le commencement de la « fausse religion » est l’incapacité de se réjouir, ou plus exactement le rejet de la joie. Cependant, la joie est absolument essentielle, car elle est le fruit indubitable de notre perception de la présence divine. On ne peut savoir que Dieu existe, et ne pas se réjouir.

 

Ce n’est que par référence à la joie que la crainte de Dieu, le repentir et l’humilité sont justes, authentiques, féconds. Si l’on reste en dehors de la joie, ils deviennent facilement « démoniaques », ils dénaturent en profondeur l’expérience religieuse.

 

La religion de la peur, la religion de la fausse humilité, la religion de la faute, tout cela n’est que le fruit de la « séduction », de la tentation. Combien elle est puissante, cette tentation, non seulement dans le monde, mais aussi au sein de l’Église !...

 

J’ignore pourquoi, chez les « croyants », la joie est toujours objet de suspicion. Or la source principale, la source primordiale de toute chose, est contenue dans ce verset « Mon âme aura la joie en l’Éternel... » La crainte du péché ne sauve pas du péché. La joie en l’Éternel, sauve.


Le sentiment de la faute, le moralisme ne « libèrent » pas. La joie est le fondement de la liberté dans laquelle nous sommes appelés « à demeurer fermes ».

 

Où, quand, comment cette « tonalité» du christianisme s’est-elle estompée, ou plus exactement, où, quand, comment les chrétiens ont-ils été frappés de surdité à son égard ? Comment, quand, pourquoi, au lieu de laisser partir libres ceux qui étaient tourmentés, l’Église a-t-elle commencé avec sadisme à les intimider, les terroriser ?


Et voici que les gens viennent sans relâche me demander un conseil. Quelle faiblesse, ou quelle fausse honte, m’empêche de dire à chacun : « Je n’ai aucun conseil à vous donner. Il n’existe que cette joie faible, vacillante, mais qui, pour moi, est une certitude. La voulez-vous ? »

 

Ils n’en veulent pas. Ils veulent parler de « problèmes », se perdre en pur bavardage pour voir comment les « résoudre ». En vérité, il n’y a jamais eu de plus grande victoire du diable dans le monde que cette « psychologisation » de la religion. Pour preuve : on trouve tout ce que l’on veut dans la psychologie ; une seule chose lui est absolument impossible, impensable et inadmissible la joie.

Selon moi, Dieu pardonne tout sauf cette « absence de joie » qui consiste en l’oubli que c’est Lui qui a créé le monde et l’a sauvé... La joie n’est pas un des appointments [« composantes »] du christianisme, mais sa « tonalité » intrinsèque qui imprègne tout : la foi et la vision du monde.

 

Là où il n’y a pas de joie, le christianisme, de même que la religion, se transforme en « peur », et par conséquent en souffrance. Car, même en ce qui concerne la chute du monde (terme médian de ma triple intuition : Création – Chute – Salut), nous n’en avons connaissance qu’à travers la « création et le salut » du monde, accomplis par le Christ. Et les lamentations sur la chute ne suppriment pas la joie qui finit toujours par faire surgir « en ce monde » une « tristesse lumineuse ».

 

« Le monde d’ici-bas » se divertit, mais il est justement sans joie, car la joie (à la différence de ce que les Américains appellent le fun) ne peut venir que de Dieu, d’en haut. C’est pourquoi le christianisme est entré dans le monde comme étant la joie : non seulement joie du salut, mais salut en tant que joie.

 

Réfléchissons un peu : chaque dimanche, nous « partageons les agapes » avec le Christ, nous sommes « à sa table, dans son Royaume », et ensuite nous nous plongeons à nouveau dans « nos problèmes », dans la peur et la souffrance... Dieu a sauvé le monde par la joie : « Votre tristesse se changera en joie », « et nul ne vous ravira votre joie » [Jn 16, 20 ; 22].

(...)  La force du péché n’est pas dans la tentation du mal évident mais dans l’enchaînement de l’âme par toutes sortes de vétilles, de passions minables, dans l’impossibilité pour elle, pour notre âme, de « respirer le ciel sans entraves... » [vers d’un poème de Vladislav Khodassevitch].

 

Mais pour combattre cet état, il ne suffit pas d’inviter seulement à la prière, à la piété. Même la « piété » peut être et se révèle souvent mesquine, et la prière – égocentrique. C’est toujours la même question : sur « le trésor du cœur », sur ce qu’est la joie...

 

Sans la joie, la piété et la prière sont, pour ainsi dire, privées de la grâce, car leur force est dans la joie. La religion est devenue synonyme du « sérieux » incompatible avec la joie, c’est pourquoi elle est si faible. On exige d’elle des réponses, la paix, un sens, alors qu’elle n’existe que dans la joie. C’est là sa réponse qui inclut toutes les réponses.

 

Alexandre Schmemann, Journal (1973-1983), éditions des Syrtes, 2009. 925 p.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 23:06

benoit_xvi_internet.jpg

 

Dans son message annuel pour la journée de la communication, Benoît XVI salue l'apport d'Internet mais rappelle que le «silence» reste l'allié le plus précieux d'une communication réussie.

Dans la substance de brefs messages, souvent pas plus longs qu'un verset biblique, on peut exprimer des pensées profondes à condition que personne ne néglige le soin de cultiver sa propre intériorité.

(...) il faut considérer avec intérêt les diverses formes de sites, d'applications et de réseaux sociaux (parce) qu'ils peuvent aider l'homme d'aujourd'hui à vivre des moments de réflexion et d'interrogation authentique (et peuvent aussi) l'aider à trouver des espaces de silence, des occasions de prière, de méditation ou de partage de la parole de Dieu.

(...) le Réseau devient de nos jours toujours plus le lieu des questions et des réponses; bien plus, l'homme contemporain est souvent bombardé de réponses à des questions qu'il ne s'est jamais posées et soumis à des besoins qu'il n'aurait jamais ressentis.

(...) Le silence est précieux pour favoriser le nécessaire discernement parmi tant de sollicitations et tant de réponses que nous recevons, précisément pour reconnaître et focaliser les questions vraiment importantes.

(...) silence et parole sont deux moments de la communication qui doivent s'équilibrer, se succéder et se compléter (…). Lorsque parole et silence s'excluent mutuellement, la communication se détériore, soit parce qu'elle provoque un certain étourdissement, soit au contraire parce qu'elle crée un climat de froideur.

(...) Le silence fait partie intégrante de la communication et sans lui aucune parole riche de sens ne peut exister. Dans le silence nous écoutons et nous nous connaissons mieux nous-mêmes; dans le silence, la pensée naît et s'approfondit, nous comprenons avec une plus grande clarté ce que nous voulons dire ou ce que nous attendons de l'autre, nous choisissons comment nous exprimer. Se taire permet à l'autre personne de parler, de s'exprimer elle-même, et à nous de ne pas rester, sans une utile confrontation, seulement attachés à nos paroles ou à nos idées. Ainsi s'ouvre un espace d'écoute mutuelle et une relation humaine plus profonde devient possible.

(...) là où les messages et l'information sont abondants, le silence devient essentiel pour discerner ce qui est important de ce qui est inutile ou accessoire. Une réflexion profonde nous aide à découvrir la relation existante entre des événements qui à première vue semblent indépendants les uns des autres, à évaluer, à analyser les messages; et cela permet de partager des opinions pondérées et pertinentes, donnant vie à une connaissance authentique partagée.

 

  (source Le Figaro)

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 23:23

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Toute assemblée eucharistique relevant du ministère sacré de l'évêque est un signe de cette charité et de cette « unité du Corps mystique sans laquelle le salut n'est pas possible ».

 

Dans ces assemblées, souvent petites, pauvres et éloignées les unes des autres, le Christ est présent, lui qui par sa puissance rassemble l'Église « une, sainte, catholique et apostolique ». En effet, « la participation au Corps et au Sang du Christ ne fait rien d'autre que de nous transformer en ce que nous recevons »...

Ainsi les évêques, priant et travaillant pour leur peuple, répandent sur lui en abondance et sous des formes diverses la plénitude de la sainteté du Christ.

 

Par le ministère de la parole, ils font passer dans les croyants la puissance de Dieu qui apporte le salut (Rm 1,16), et par les sacrements dont, par leur propre autorité, ils organisent la distribution régulière et féconde, ils sanctifient les fidèles.


Concile Vatican II
Constitution sur l'Église « Lumen gentium», § 26

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