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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 22:06

Gorze, avril 2011



Photo Aurore (cliquer pour agrandir)

 

Chers Amis,

Ce mois d’avril inaugure la splendide saison pascale qui, elle, n’aura plus de fin. Elle sera sous-jacente, en effet, à tout l’avenir, lui donnant sens et profondeur, explosion de Joie d’une radicale nouveauté, recréation de tout l’univers, depuis l’immense jusqu’au plus petit détail de notre vie quotidienne, absolument tout est porté par la Vie jaillissante du Christ ressuscité. La grandeur et la décadence de l’homme, de chacun d’entre nous, c’est sa réponse à ce fait unique dans l’Histoire et qui frappe à sa porte à chaque instant. L’instant présent n’a pas d’autre signification…

Beaucoup ignorent que l’inouï de cet Evénement repose dans le lit de notre Tradition ancestrale. A la fête de Pâque, célébrée selon les préceptes de la Loi chez les Juifs, le plus jeune de la famille pose, depuis l’époque de Moïse, la question suivante : « Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? » Alors, le plus ancien de la Communauté, autour de l’agneau immolé, évoque l’exode du peuple juif, le grand départ dans la nuit sous la conduite du Seigneur Adonaï Lui-même, qui se manifeste dans la Colonne de Nuée le jour et la Colonne de Feu la nuit. L’Ancien fait surgir de la nuit des temps, devant l’enfant émerveillé, l’image de Moïse brandissant son bâton sur la Mer Rouge, les flots fendus en deux et le Grand Passage, la Pâque d’Israël à pied sec à travers les hautes murailles d’eau. Puis la délivrance à tout jamais de l’oppression et l’entrée en Terre Promise…


Mais tout cela ne fait qu’épeler les balbutiements de cette immense joie pascale que nous fêtons aujourd’hui. La question de l’enfant n’obtient qu’une réponse provisoire. Nous sommes aujourd’hui les enfants de la plénitude réalisée, et nous ne posons plus la question : « Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres ? », car nous le savons et toute notre foi est là, c’est le noyau même de notre existence : il n’y a plus de nuit du tout ! Nous le chantons sans cesse : « maintenant tout est rempli de lumière, les cieux, la terre et même l’enfer ». La splendeur éclatante du Christ ressuscité est à l’intérieur de tout. Toute chose, tout événement, toute personne est ruisselante de sa Présence lumineuse


La Joie est venue dans le monde, et notre existence repose toute entière sur cette certitude absolue. Au sein de la nuit de Pâque éclate la plénitude de la révélation : la mort n’est pas remplacée par la vie, mais la mort est transformée en vie : la victoire germe à l’intérieur même de la défaite. Il ne s’agit pas d’une simple substitution de la tristesse par la joie. C’est dans l’acceptation de la première que va fleurir la seconde. Nous le chantons encore : le Christ a vaincu la mort par la mort. Avec Lui c’est Dieu, le Saint Immortel, qui entre dans le royaume de la mort. Celle-ci est désormais habitée par une puissance infinie de vie et de joie. Désormais on entre dans la mort comme dans un temple. Jusque là la mort était absence de vie, maintenant elle est inondée de lumière divine, la mort contient la source de la vie.


Les grands spirituels dormaient dans leur cercueil comme dans un lit nuptial et vivaient dans l’intimité avec la mort. L’homme est en effet ce qu’il fait de sa mort… S’il accepte quotidiennement d’en être le prêtre, alors il en fait une célébration et de l’attitude triste et angoissée par un tabou dont on n’ose jamais parler jaillit une libération extraordinaire qui s’inscrit jusque dans la banalité des petits gestes de tous les jours.


Tout cela explique pourquoi nous commençons ces Saints Mystères par la bénédiction des eaux baptismales : pour nous rappeler que nous, baptisés, avons la mort dans le dos, elle a été engloutie par les eaux de notre baptême qui nous a identifiés pour toujours à la Pâque du Christ.


Mais voilà qui est encore plus important : non seulement nous ne mourrons plus, mais tout baptisé, comme disent les Pères, est un être invisiblement stigmatisé, Jésus est une blessure dont on ne guérit pas, disait un soufi, Ibn Arabi : nous sommes marqués dans notre chair, dans notre sang, dans la profondeur de notre cœur et de tout notre être par le Feu de sa Présence de Ressuscité, par son Amour inouï pour chacun et qui est devenu notre véritable nourriture. Tout ce qui nous engendre un tant soit peu, tout ce qui nous donne le goût de la vie et l’envie de vivre, et toutes les joies, même les plaisirs, sont en réalité cette Présence ineffable du Ressuscité qui nous invite et nous appelle, nous moribonds, à une toute autre vie !


Mais surtout l’Eucharistie qui est le sacrement du Ressuscité : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, il passe de la mort à la vie ». Si tous ces verbes sont au présent, c’est qu’ils traduisent un Présent absolu, la Présence qui est maintenant, à la seconde même, ma véritable Réalité, l’Essence de toutes choses et le sens même de l’Histoire. Chacun porte au fond de son cœur cette certitude d’être aimé. Aucune épreuve ne peut ternir cette joie qui est la tonalité juste de notre vie. Pâque c’est l’éternelle jeunesse du monde, c’est notre jeunesse retrouvée ! Pâque c’est Jésus Christ, la joie de notre jeunesse sorti du tombeau plus fort que la mort, Lui le Fils du Père éternel qui abolit toute vétusté, la vie n’est pas derrière, mais ici et maintenant.

Avec toute notre affection, à bientôt !


Père Alphonse et Rachel

animateurs du centre spirituel Béthanie

http://www.centre-bethanie.org

 

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 22:01

À l'extérieur, Dieu avertit, c'est à l'intérieur qu'il instruit. Augustin écrit à la jeune Florentine :

« Tiens pour absolument certain que même quand tu pourras apprendre quelque chose par mon intermédiaire et d'une manière salutaire, ton Maître véritable sera toujours le Maître intérieur de l'homme intérieur. » (Lettre 266).

St Augustin
Car vous voyez là, mes frères, un grand mystère. Le son de nos paroles frappe les oreilles ; le maître est à l'intérieur. Ne croyez pas qu'un homme puisse apprendre quelque chose d'un autre homme. Nous pouvons vous avertir en faisant du vacarme avec notre voix ; s'il n'y a pas à l'intérieur quelqu'un pour vous instruire, c'est en vain que nous faisons du bruit.

Alors, frères, vous voulez vraiment savoir ? N'avez-vous pas tous entendu ce sermon ? Combien sortiront d'ici sans avoir rien appris ?
 

En ce qui me concerne, je me suis adressé à tous, mais ceux à qui cette onction ne parle pas à l'intérieur, ceux que l'Esprit Saint n'instruit pas de l'intérieur, ils reviennent chez eux sans avoir rien appris. L'enseignement de l'extérieur, c'est en quelque sorte une aide ou des avertissements ; il a sa chaire dans le ciel celui qui instruit les coeurs. C'est pourquoi il dit luimême dans l'Évangile : « Ne vous faites pas appeler maître sur la terre. Un seul est votre maître, le Christ » (Mt 23, 8.10).

Qu'il vous parle donc lui-même à l'intérieur, puisqu'aucun homme ne s'y trouve, car même si quelqu'un se trouve à ton côté, il n'y a personne dans ton coeur ? Que dis-je ! Que ton coeur ne soit pas vide de toute Présence ! Que le Christ soit dans ton coeur ! Que son onction soit dans ton coeur, afin que ce coeur altéré ne soit pas dans la solitude et privé des sources où il peut se désaltérer.

Il est donc à l'intérieur, le maître qui enseigne ; c'est le Christ qui enseigne ; c'est son inspiration qui enseigne. Là où il n'y a ni son inspiration ni son onction, nous faisons retentir en vain nos paroles à l'extérieur. Telles sont ces paroles, frères, les paroles que nous faisons retentir à l'extérieur ; elles sont comme les soins du cultivateur pour un arbre. L'homme travaille à l'extérieur : il donne l'eau et apporte tout son zèle. Quels que soient Ies soins qu'il donne à l'extérieur, est-ce lui qui forme les fruits ? Est-ce lui qui revêt la nudité des branches avec l'ombre des feuilles ? Accomplit-il quelque chose de tel à l'intérieur ?

Saint Augustin

Homélies sur la première épître de saint Jean III, 13 BA 76, p.177-179

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 22:15

Gabrielle-Bossis.jpg

 

Un saint est un homme comme les autres hommes.

Mais il s'est vidé de lui-même et a invité l'Esprit à prendre la place.

Et c'est l'Esprit qui est saint.

 

Gabrielle Bossis

Lui et Moi (Tome 2)

 

http://gabriellebossis.net/

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