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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 23:19
Heureux celui qui vit par lui, qui est mû par lui, et en qui il est la vie. Vous me demanderez, puisque les traces de sa venue ne peuvent pas être découvertes, comment j'ai pu savoir qu'il était présent ? C'est qu'il est vivant et efficace (He 4,12) ; à peine était-il en moi qu'il a réveillé mon âme endormie. Il a vivifié, attendri et excité mon coeur qui était assoupi et dur comme une pierre (Ez 36,26). Il a commencé à arracher et à sarcler, à construire et à planter, à arroser ma sécheresse, à éclairer mes ténèbres, à ouvrir ce qui était fermé, à enflammer ma froideur, et aussi à « redresser les sentiers tortueux et aplanir les endroits rugueux » de mon âme (Is 40,4), de sorte qu'elle puisse « bénir le Seigneur et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » (Ps 102,1).

Le Verbe Époux est venu en moi plus d'une fois, mais sans donner signe de son irruption... C'est au mouvement de mon coeur que j'ai perçu qu'il était là. J'ai reconnu sa force et sa puissance parce que mes mauvais penchants et mes passions s'apaisaient. La mise en discussion ou en accusation de mes sentiments obscurs m'a conduit à admirer la profondeur de sa sagesse. J'ai expérimenté sa douceur et sa bonté au léger progrès de ma vie. Et voyant « se renouveler l'homme intérieur » (2Co 4,16), mon esprit au plus profond de moi-même, j'ai découvert un peu de sa beauté. En saisissant du regard enfin tout cela ensemble, j'ai tremblé devant l'immensité de sa grandeur.


Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l'Église
Sermons sur le Cantique des cantiques, no. 74

proposé par Isabelle
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13 mai 2009 3 13 /05 /mai /2009 22:16
Alors que les sciences sont nées en milieu judéo-islamo-chrétien, elles ont dû s'opposer vigoureusement au carcan de l'autorité religieuse pour faire reconnaître leur autonomie. Qu'on se souvienne de l'affaire Galilée !

Mais après l'époque du triomphe de la connaissance scientifique, on peut espérer voir venir celui de sa maturité.

Les plus grands scientifiques reconnaissent les limites de leur savoir. Ainsi Bernard d'Espagnat, qui a dirigé le prestigieux Laboratoire de physique théorique et particules élémentaires de l'université Paris XI, à Orsay, et qui a l'avantage de disposer de la double formation en sciences et en philosophie. Pour lui, il existe un « réel voilé » qui ne peut être appréhendé par la science et qui existe en dehors du temps, de l'espace et de la substance. Et puis, l'intelligence humaine peut avoir du mal à reconnaître un Dieu, car cela l'engage.

Le philosophe Paul Clavier explique : « Ce n'est pas une vérité insipide et sans conséquences : si je dois mon existence à une cause première, personnelle, je ne peux pas traiter mon frère n'importe comment nous avons un même Père ! Si tout m'est donné, y compris I' existence, alors rien ne m'appartient ! Derrière la question metaphysique, il y a une question existentielle : le "Qu'as-tu que tu n 'aies reçu ?" de saint Paul aux Corinthiens met à mal notre concept de réussite, de respectabilité. »

L'expérience spirituelle est une aide précieuse pour faire dialoguer les savoirs. On y fait l'expérience d'une connaissance donnée, reçue comme un cadeau, et perdue. Puis reprise sous une autre forme. On ne la possède pas, malgré tous les efforts que l'on fait. Dieu s'y fait tantôt éblouissant, tantôt discret. Comme dans l'aventure amoureuse au long du temps. Mais elle laisse une trace indélébile ! Inoubliable. Elle rassasie. Et appauvrit. Elle conduit à l'humilité. À la simplification. Pas si loin de l'expérience du scientifique ...

Extrait de l'article "Et Dieu créa Darwin"
Christophe Chaland
Panorama mai 2009
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 19:18
Plus vous méditez, plus vous persévérez malgré les difficultés et les faux départs, plus il vous apparaît avec clarté que vous devez continuer si vous voulez mener une vie qui ait un sens et une profondeur. Il ne faut jamais oublier en quoi consiste la méditation : dire votre mantra du début à la fin. Ceci est fondamental, axiomatique et rien ne doit vous en dissuader… La discipline, l'ascèse de la méditation exige une chose et une seule de nous, de manière absolue :… que nous abandonnions le moi complètement, nos pensées et sentiments complètement, afin que nous puissions être totalement à la disposition de l'Autre…

Quelle est la différence entre la réalité et l'irréalité ? Je pense qu'une manière de la comprendre est de concevoir l'irréalité comme le produit du désir. Or, la méditation nous apprend, entre autres choses, à abandonner le désir, et nous l'apprenons parce que nous savons que l'invitation qui nous est faite est de vivre pleinement le moment présent. La réalité exige immobilité et silence. C'est l'engagement que nous prenons en méditant. Comme tout le monde peut le constater d'expérience, nous apprenons dans le silence et l'immobilité à nous accepter tels que nous sommes. Ceci paraît très étrange aux hommes de notre temps, surtout aux chrétiens d'aujourd'hui incités par leur éducation à faire tant d'efforts inquiets : « Ne devrais-je pas être ambitieux ? Et si je suis mauvais, ne devrais-je pas désirer être meilleur ?
La vraie tragédie de notre temps est que nous sommes tellement remplis de désirs de bonheur, de réussite, de richesse, de pouvoir, et de tout ce qu’on voudra que nous sommes toujours en train de nous imaginer tels que nous devrions être. C'est pourquoi il est si rare d'arriver à se connaître tel que l'on est et d'accepter son état présent.

Or, la sagesse traditionnelle nous dit : sache que tu es, et que tu es tel que tu es. Il se peut que nous soyons des pécheurs et si nous le sommes, il est important que nous le sachions. Mais il est beaucoup plus important pour nous de connaître, par notre propre expérience, que Dieu est le fondement de notre être et que nous sommes enracinés et établis en Lui… Telle est la stabilité dont nous avons tous besoin ; nous n'avons pas besoin de l'effort et du mouvement du désir, mais de la stabilité et de l'immobilité de l'enracinement spirituel. Chacun d'entre nous est invité à apprendre dans sa méditation, dans son immobilité en Dieu, qu'en Lui nous avons tout ce qui est nécessaire.

La méditation est la voie suprême de la foi, de l'engagement. Toute action sera nécessairement superficielle, aux effets purement immédiats, si elle n"'est pas fondée sur cet engagement envers ce qui est réel, qui doit aussi être envers ce qui est éternel. En tant que chrétiens nous sommes invités à connaître maintenant, d'une connaissance personnelle directe, ce qui est réel et éternel, et le connaissant, à vivre une vie inspirée par l'amour. Cet appel résonne dans ces paroles de Jésus : « Celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé est véridique, et il n'y a pas d'imposture en lui. » (Jn 7, 18). Le but de la méditation est qu'il n'y ait pas d'imposture en nous, mais seulement de la réalité.


Extrait de John Main o.s.b., The Way of Unknowing, Growing in God, New York, Crossroad, 1990, p. 79-81.
proposé par Isabelle


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