14 juin 2009
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On demanda à un moine ancien : « Abba, que faites-vous ici dans le désert ? »
Le Père répondit : « Nous tombons et nous nous relevons, nous tombons et nous nous relevons, nous tombons encore et nous nous relevons encore ! »
Ne te fais donc aucune illusion : la vie spirituelle chrétienne n'est pas une continuelle montée vers le haut, elle n'est pas un chemin de perfection, mais elle est cet incessant retour à Dieu. Oui, dans la vie chrétienne, selon les mots de Grégoire de Nysse, on va « de commencement en commencement, à travers des commencements qui n'ont pas de fin. »
En effet, aucune chute, aucun péché n'a le dernier mot dans la vie des chrétiens, mais la foi rend capable de croire davantage à la miséricorde de Dieu qu'à l'évidence de nos propres faiblesses. Elle rend capable de reprendre toujours à nouveau le chemin, « dans le continuel recommencement d'un homme jamais découragé parce que toujours pardonné », comme on l'a écrit.
Et pour t'encourager toi aussi dans cette démarche, je te livre un dernier récit du désert. On demanda un jour à un ancien : « Abba, l'homme peut-il chaque jour poser un nouveau fondement ? » Le vieillard répondit : « S'il est travailleur, il peut même à chaque heure poser un nouveau fondement ! » Enzo Bianchi
Panorama juin 2009
13 juin 2009
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Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu (1 jean 4,7)

Fresque de Subiaco
11 juin 2009
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Quand passent les canards et les oies sauvages à I'époque des migrations, il s'élève une étrange marée, sur le territoires qu'ils dominent.
Les oiseaux domestiques comme aimantés par le grand vol triangulaire, amorcent un bond inhabile et qui échoue à quelques pas. L'appel sauvage a frappé en eux avec la vigueur d'un harpon, je ne sais quel vestige sauvage. Et voilà les canards de la ferme changés pour une minute en oiseaux migrateurs. Voilà que dans cette petite tête dure, où circulaient d'humbles images de mares, de vers, de poulaillers, se développent les étendues continentales, le goût des vents du large et de la géographie des mers. Et le canard titube de droite à gauche dans son enclos de fils de fer, pris de cette passion soudaine dont il ne sait pas où elle le tire et de ce vaste amour dont il ignorera toujours l'objet.
Ainsi l'homme qu'une évidence inconnue empoigne découvre dans leur vanité ses occupations de comptable, comme aussi les douceurs de sa vie domestique. Mais il ne sait point donner un nom à cette vérité souveraine. Cet appel qui t'a remué tourmente sans doute tous les hommes... Mais la sécurité domestique a trop bien étouffé en nous la part qui pourrait l'entendre. Nous tressaillons à peine, nous donnons deux ou trois coups d'aile, et tombons dans notre cour. Nous sommes raisonnables. Nous craignons de lâcher nos petites proies pour une grande ombre...
Le canard domestique ignorait que sa petite tête fût assez vaste pour contenir des océans, des continents, des ciels, mais le voilà qui bat des ailes, méprise le grain, méprise les vers, et veut devenir canard sauvage...
Il est des départs d'oiseaux migrateurs qui s'engagent par vents contraires sur l'océan. Et l'océan se fait trop large pour leur vol, ils ne savent plus s'ils aborderont l'autre rivage. Mais il est dans leur petite tête des images de soleil qui maintiennent ce vol.
... Quand vient le jour où les anguilles doivent rejoindre la mer des Sargasses, tu ne peux plus les retenir. Elles se moquent bien de leur confort et de leur paix des eaux tièdes. Elles vont leur chemin dans les labours, se déchirent aux baies, s'écorchent aux pierres. Elles cherchent la rivière, qui mène à l'abîme.
ANTOINE DE SAINT-EXUPERY
cité par Bernard Bro dans "Apprendre à prier"