Overblog Tous les blogs Top blogs Religions & Croyances
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Traduire le blog - Translate into your language

31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 19:30

Le point capital, c’est l’entrée en contact et l’interpénétration sans confusion de l’humain et du divin, la divinisation de l’humain dans le sein virginal d’une petite galiléenne.

Il se trouve que nous nous vautrons comme des porcs dans la boue, le sang et la sanie, ce qui nous vaut d’expérimenter la maladie, la souffrance et la mort.

Le nouvel Adam vient donc, sans faire le difficile, nous rejoindre là où nous sommes.

Sans même retrousser ses manches, il plonge ses mains et ses bras, lui le-seul-sans-péché, ο μονος αναμαρτητος, comme disent nos textes liturgiques, dans les profondeurs immondes de notre pauvre nature animalisée par le péché, dans les abîmes où se déploient les racines chevelues de notre violence, de notre sexualité blessée et fragile, de nos angoisses et de nos névroses.

C’est pourquoi le 25 mars aboutira aux affres du grand Vendredi et à la déréliction du Roi endormi dans le tombeau, le grand Samedi.

Mais le Nouvel Adam est infiniment plus que Adam avant la chute, c’est l’Homme par excellence, le seul homme pleinement humain, qui ne fragmente pas la nature humaine, parce qu’il est en même temps pleinement divin.

On peut donc supposer que, quand même l’homme n’eût pas péché, les épousailles divines avec l’humanité auraient été malgré tout célébrées.

Le point capital, ce n’est pas le Vendredi saint, mais le 25 mars.

Parce que l’Epoux de l’Eglise est fou d’amour pour son Epouse, nous possédons le redoutable et tragique pouvoir de lui imposer la nécessité du Vendredi saint dès lors qu’il décide d’être le divin Mendiant d’amour frappant à la porte du cœur humain afin de pénétrer dans notre humanité.

Mais nous ne devons pas croire qu’il n’est devenu l’un de nous que pour rattraper le Dessein de Dieu que nous avions fait échouer.

Ce Dessein vient de bien plus loin : en lançant dans l’être la première molécule, Dieu, qui ne vit pas dans le temps et donc pense tout en même temps, Dieu le Père contemple son Fils et l’union divinisante qu’il réalisera de toute manière avec l’humanité, c’est-à-dire avec la sainte Eglise.

C’est l’Incarnation qui nous livre la signification profonde de la création, ce n’est pas la chute qui suffit à expliquer l’Incarnation.

Et de tous les Pères orientaux, celui qui est allé le plus loin dans le refus de tout juridisme en théologie chrétienne, c’est très certainement saint Isaac le Syrien, ce grand moine du golfe Persique, au 7ème siècle.

L’Abbé Isaac tient pour blasphématoire l’idée que Dieu puisse faire payer l’homme pour le mal qu’il a pu faire, et il rejette catégoriquement l’idée de rétribution.

Il ne veut entendre parler que d’une sollicitude divine pouvant aller jusqu’à s’adresser aux démons eux-mêmes, sollicitude qui n’est pas moins grande que la plénitude d’amour qu’il porte envers toutes ses autres créatures.

Pour l’Abbé Isaac, la miséricorde divine est opposée à la justice, et elle transcende toute justice.

Il nous dit : S’il y a l’amour, il n’y a pas de rétribution; et s’il y a rétribution, il n’y a pas d’amour.

Et il dit encore : L’usage que Dieu fait de sa justice ne fait pas le poids devant sa miséricorde.

Pour lui, l’idée d’un châtiment éternel des hommes pécheurs et même des démons, est incompatible avec l’idée d’un Dieu dont saint Jean nous dit qu’il est amour, idée que l’Abbé Isaac situe au centre de toute son oeuvre.

Si l’amour ineffable est constitutif de l’être même du Dieu tri-unique, unique mais non point solitaire, le salut que Dieu veut pour ses créatures, même pour les démons, ne peut être qu’un salut universel.

La seule limite à la réalisation de ce dessein divin est la liberté tragique que possèdent les hommes comme les anges de rejeter le salut accompli par le Christ et qui ne saurait être obligatoire.

Pour l’Abbé Isaac, l’enfer est une sorte de purgatoire, plutôt qu’un enfer : son but est de sauver les anges comme les hommes.

L’idée d’un châtiment que Dieu voudrait éternel lui paraît incompatible avec la bonté du Dieu qui est amour.

Aucun discours religieux ne peut être plus actuel pour nos contemporains que l’annonce d’un Dieu d’amour et de miséricorde, et non pas d’un Dieu/Juge.

La miséricorde, écrit saint Isaac, est opposée à la justice.

En tout cas, dans le christianisme tel que le comprend l’Abbé Isaac, la miséricorde doit transcender toute justice.

Saint Isaac a ce que Pascal appellera la force d’esprit de penser et d’affirmer que Dieu n’a fait tout cela – Isaac veut parler de l’Incarnation – pour aucune autre raison, sinon pour faire connaître au monde son amour.

Et il ajoute que ladite Incarnation s’est produite non pas pour nous racheter de nos péchés, ni pour aucune autre raison, mais uniquement afin que le monde se rendît compte de l’amour que Dieu porte à sa création.

Et il faut entendre ici l’amour non point principalement au niveau psychologique, comme un sentiment, mais au niveau ontologique – c’est-à-dire au niveau de l’être même de Dieu, de la vérité de l’existence divine, de la réalité existentielle de Dieu, de l’identité de son être proprement divin.

Une des trois Personnes divines devient l’un des hommes afin de restaurer l’union de Dieu et de l’homme qui était tout le Dessein de salut divin sur les anges et les hommes dès avant la création du monde.

Dire que Dieu aime les anges et les hommes, et qu’il ne saurait faire autre chose que les aimer, c’est dire qu’il pense tout le sens de leur existence et de leur destinée comme une déification, comme une ascension vers la gloire divine, vers la lumière incréée, comme une entrée dans l’acte générateur éternel par lequel le Père communique à son Fils unique toute sa plénitude de vie divine et incréée qu’est son saint Esprit.

Vous pouvez bien chercher ce qui peut relever de la justice et du droit dans ce projet divin, on vous met bien au défi d’en trouver la moindre trace.

Père André Borelly

S'abonner au Blog Seraphim

Cliquer ICI

Partager cet article
Repost0
26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 19:30
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume
En marche vers la Sainte Baume

Le chemin de la Sainte Baume relie Vézelay, dans l'Yonne, à la grotte de la Sainte Baume et le monastère Saint Michel du Var, dans le Var. 810 km en pleine nature le plus souvent.

Inauguré début 2024, ce groupe réunit les premiers marcheurs et permet l'échange d expériences, notamment pour contribuer à faire vivre et à améliorer ce nouveau chemin de pèlerinage.

Départ le 15 mai de Vézelay pour trois marcheurs. Arrivée à la Sainte Baume le 11 juin, puis Saint Michel du Var le 13. Premier parcours intégral !

Il n'est pas si fréquent de pouvoir poser ses pas sur un chemin de pèlerinage neuf par son tracé et profondément ancré par la tradition qui lui donne son parfum. Alors, sans hésiter, ultreia !

Suivez les marcheurs sur le groupe Facebook dédié à ce pèlerinage.

 

S'abonner au Blog Seraphim

Cliquer ICI

Partager cet article
Repost0
24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 19:30

Ces symboles figurent sur les sculptures, sur les vitraux ou sur les tableaux. Certains sont bien connus (croix, calice…) mais d’autres vous ont peut-être échappé au cours de vos visites (échelle, globe, bourse…).

Le livre : l’attribut des intellos ?

A partir du moment où il tient un livre, le Christ est dit « enseignant ». L’ouvrage symbolise sa connaissance et la sagesse de ses paroles. Portail de la cathédrale d’Amiens.

Sur les sculptures ou les vitraux, le livre n’est jamais figuré seul. En général, un personnage le tient. Cet attribut renseigne justement sur l’identité ou plus largement sur les fonctions de son propriétaire. Dans le symbolisme chrétien, le livre représente le savoir, la sagesse, la science et plus spécifiquement la Bible. Il se trouve donc entre les mains :

  • Des auteurs des quatre évangiles officiels : Mathieu, Marc, Luc et Jean. Les fameux évangélistes.
  • Des docteurs de l’Église, autrement dit des saints intellectuels qui ont pensé la foi chrétienne. Par exemple, l’évêque saint Augustin, le pape Grégoire le Grand, saint Thomas d’Aquin…
  • Des fondateurs d’ordres monastiques ou religieux (saint Benoît, Ignace de Loyola…), car ils sont les auteurs d’une règle de vie
  • Du Christ, bien entendu.

Le globe : contenir le monde en sa main

Les rois se reconnaissent principalement à leur couronne et leur sceptre. Ils peuvent aussi tenir, comme celui du centre, un globe, symbole de leur pouvoir. Galerie des rois sur la façade de la cathédrale d’Amiens.

Certains personnages tiennent un livre tandis que d’autres portent un petit globe dans leur main. Dans ce dernier cas, vous avez affaire à un homme très puissant : un roi, un empereur, le Christ ou Dieu. Car le globe représente le monde, la Terre, l’univers. Celui qui le possède est donc un souverain. Quand cette sphère est surmontée d’une croix, on la désigne sous le nom d’orbe crucigère.

L’échelle : élever l’âme

Allégorie de la Philosophie. L’échelle dressée contre son corps symbolise l’ascension de l’esprit. La connaissance, figurée par des livres, contribue à cette élévation. Cathédrale Notre-Dame de Paris. 

« Image de la progression et de l’élévation, l’échelle peut suggérer, par la succession de ses degrés, l’initiation spirituelle », explique Nathalie Le Luel, dans son Dictionnaire des symboles. Partagé par d’autres religions, cet accessoire exprime l’ascension de l’âme vers la perfection ou vers Dieu. « Les barreaux de l’échelle sont ainsi interprétés comme les différents degrés des vertus que le chrétien se doit de cultiver ».

Un prêtre et son assistant devant un autel portant un calice. Vitrail de Saint-Lubin, offert par des vignerons, dans la cathédrale de Chartres.

Le calice : du Christ au roi d’Arthur

Le calice est la coupe contenant le vin consacré lors de la célébration eucharistique, pendant la messe. Cet objet renvoie au dernier repas du Christ, la Cène. Entouré des douze apôtres, Jésus prit une coupe de vin et déclara « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés » (évangile selon saint Mathieu).

Selon une légende médiévale, Joseph d’Arimathie aurait utilisé cette même coupe pour recueillir, au pied de la croix, le sang du Christ. Dans les romans des chevaliers de la Table Ronde, les personnages se battent pour retrouver ce précieux objet : c’est la quête du Graal.

Les démons emmènent enchaînés les damnés. Parmi eux,  sur la gauche, un homme porte une bourse suspendue au cou. L’avarice a été son vice, ce qui lui vaut les tourments de l’enfer. Cathédrale de Reims.

La bourse : un problème d’argent

À l’inverse du livre, un personnage qui porte une bourse (accrochée à la ceinture ou suspendue au cou) n’est pas en odeur de sainteté. Thésaurisant ses pièces d’or et d’argent, il symbolise l’avarice, l’un des sept péchés capitaux. Il est bon pour l’enfer, ce que montrent avec délice les sculptures du Jugement dernier.

La bourse est par ailleurs le meilleur indice pour identifier Judas sur les tableaux de la Cène, le dernier repas du Christ. Elle contient l’argent qu’il a reçu pour sa trahison : livrer Jésus aux grands prêtres juifs.

Trois formes de croix originales : la croix de l’ordre de Malte, la croix en tau (en forme de T) et la croix de Lorraine (ou d’Anjou) à double traverse.

La croix : le logo du christianisme

L’Église en a fait son symbole au Ve siècle après J.-C. La croix rappelle en effet le moment fondateur du christianisme : quand Jésus, crucifié, se sacrifie avant de triompher de la mort. La portée de ce signe est tellement forte que des ordres religieux et des familles nobles l’ont repris comme blason ou emblème, en variant la forme : sachez distinguer la croix de l’ordre de Malte, la croix en tau des frères antonins, la croix de Lorraine des ducs d’Anjou… La croix a même inspiré les plans d’église (mais pas toujours)

Christ cantonné de chandeliers. Vitrail de saint Jacques, XIIIe siècle. Cathédrale de Chartres

Le chandelier : un symbole lumineux

À l’esprit vient la menorah, le chandelier à sept branches, devenu, avec l’étoile de David, le symbole du judaïsme. Mais le christianisme aime aussi beaucoup poser des chandeliers dans l’église ou en représenter sur les sculptures et les vitraux. Car Dieu est lumière, selon la Bible. Au contraire du diable dont on dénonce la noirceur. Jésus cultive le même rapprochement : « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie » (Évangile selon saint Jean). Les chandeliers, mais aussi les cierges ou les lampes, matérialisent donc la présence divine.

En résumé, voici le sens des 7 objets chrétiens :

–         Le livre est l’attribut des personnes qui diffusent la parole du Christ ou qui ont écrit sur la doctrine chrétienne

–         Le globe est l’attribut des souverains : roi, Christ et Dieu

–         L’échelle symbolise l’ascension spirituelle de l’âme

–         Le calice rappelle le sang du Christ et son sacrifice

–         La bourse, accrochée à la ceinture d’un homme, désigne un avare. Sinon, elle se trouve en la main du traître Judas.

–         La croix est l’emblème des chrétiens depuis le Ve siècle.

–         Le chandelier symbolise la lumière et la présence divine

Ne reste plus qu’à les retrouver dans ou à l’extérieur de l’église. La croix ne devrait pas vous poser de problèmes, mais je félicite ceux qui découvriront une échelle. Un sacré défi.

L’AUTEUR

 

 

 

 

 

LAURENT RIDEL

Ancien guide et historien

 

S'abonner au Blog Seraphim

Cliquer ICI

Partager cet article
Repost0