Vous trouverez ici des textes extraits de mes écoutes et lectures "spirituelles". Si un mot, une phrase, une
pensée, touche votre coeur c'est que Dieu vous a fait signe par les mots de ceux qu'Il inspire.
La situation d’un défunt est pareille à celle d’une personne qui flotte sur une rivière très dangereuse.
La prière pour les défunts est comme une bouée de sauvetage jetée à celui qui se noie.
Si les portes de l’éternité s’ouvraient devant nous et que nous voyions ces milliers et ces millions de personnes aspirant à un havre de paix, quel cœur ne serait pas frappé à la vue de ses proches et de ses frères et sœurs en Christ, sans paroles appelant à notre prière!
Je vais vous raconter une histoire qui s’est passée dans une paroisse de l’Église russe et qui nous montre à quel point les prières pour les défunts sont nécessaires.
Dans le village de Lysogorka, le prêtre est décédé.
Un jeune prêtre a été envoyé pour le remplacer, mais il est mort de façon inattendue au cours de la première liturgie, dans le sanctuaire.
Un autre prêtre a été envoyé, mais la même chose est arrivée: pendant sa première liturgie, on a chanté le Notre Père et les versets de communion, mais le prêtre n’est pas sorti du sanctuaire (derrière l'iconstase) avec les Saints Dons.
Alors le sacristain est entré dans le sanctuaire et a vu le prêtre mort devant l’autel.
Tout le monde a été horrifié d’apprendre ces morts mystérieuses et, n’en connaissant pas la raison, on disait que quelque péché grave avait été commis dans la paroisse.
Les rumeurs à ce sujet se sont répandues, et aucun prêtre n’a osé y aller servir.
Finalement, un vieux moine a accepté d’y célébrer la liturgie: ‟Je vais mourir bientôt de toute façon. Ma mort ne rendra personne orphelin”.
Pendant la liturgie, alors qu’on a chanté le Notre Père, il a vu une silhouette derrière l’autel.
Elle devenait de plus en plus nette, et soudain, le moine a discerné la figure sinistre d’un prêtre en riza, enchaîné aux mains et aux pieds.
Tremblant de peur, le moine a confondu les mots de la prière, mais après un moment, s’étant ressaisi, il est sorti pour donner la communion aux fidèles.
Tout le monde a vu que quelque chose lui était arrivé.
Le fantôme était toujours dans le sanctuaire, faisant cliqueter ses chaînes et désignant de ses mains entravées une boîte.
La liturgie célébrée, le moine a appelé le sacristain pour ouvrir la boîte, dans laquelle ils ont trouvé... des notes contenant les intentions de prière pour les défunts.
Il s’est avéré que lorsqu’on avait confié des intentions de prière pour les défunts au prêtre décédé, il les avait toujours mises de côté pour une autre fois sans les lire.
Le moine a alors compris la raison de cette apparition et a commencé à servir des pannychides pour les défunts oubliés.
Pendant la liturgie du dimanche suivant, le moine priait pour la paix de l’âme du prêtre décédé.
Quand on a chanté les versets de communion, la silhouette a réapparu, mais elle n’était plus tragique ni redoutable, comme la première fois, mais avec un visage lumineux et joyeux, sans chaînes aux bras et aux jambes.
Quand le moine a reçu la communion, le fantôme s’est incliné devant lui et a disparu.
Nous voyons donc comment les prières pour les défunts leur sont bénéfiques et soulagent leur sort.
Bientôt, la Sainte Église va célèbrer un jour spécial, appelé le samedi des défunts, et rassembler les fidèles pour prier ensemble devant le trône de Dieu pour leurs proches, pour les frères et soeurs en Christ qui sont passés à la vie éternelle.
La Sainte Église nous rappelle qu’il faut être prêt pour le Jugement dernier et nous demande de prier le Juste Juge pour nos proches décédés, afin que tous leurs péchés soient pardonnés et que leur chemin vers la lumineuse demeure de notre Père Céleste soit libre.
Prions donc le Seigneur de tout notre coeur:
Fais reposer parmi les saints, ô Christ, les âmes de tes serviteurs, en un lieu d’où sont absents la peine, la tristesse, les gémissements, mais où se trouve la vie éternelle. Amen.
Le staretz Silouane, qui vécut les cinquante dernières années de sa vie au Mont Athos, disait : « Le monde tient par la prière ; si la prière cessait, le monde périrait. »
C’est à la prière du cœur qu’il pensait : prière des prières et cœur de la prière, manifestation originelle du Christianisme, son patrimoine inaltéré...
Supposons un instant que, perdu dans le désert, un homme se sache objectivement et irrémédiablement condamné, privé de toute confession, de toute parcelle eucharistique.
Que peut faire un tel homme en une telle extrémité ?... Rien d’autre qu’invoquer le Nom, avec une confiance aimante, absolue, inconditionnelle, en Lui…
Maintes traditions enseignent que celui qui meurt s’achemine vers ce à quoi il s’est identifié dans ses derniers moments.
L’ultime image, l’ultime parole conditionnent toute la suite. Celui qui meurt en répétant le Nom divin a donc toutes les chances de rejoindre le Divin.
C’est dire l’importance de l’enchaînement, durant cette vie-ci, de la prière jaculatoire, dont chaque formule est une flèche lancée dans le cœur de Dieu :
« Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ! »
Parfait instrument de réalisation, la prière du cœur est aussi l’activité la plus discrète qui soit, la plus clandestine peut-on dire...
C’est là un autre aspect de sa modernité.
Au-delà de tout culte extérieur, Eucharistie invisible et insaisissable, la prière du cœur peut à la limite tenir lieu d’Eglise : elle subsisterait intacte, non profanée, si le monde était réduit à l’état de ruines calcinée ou d’un Goulag planétaire.
C’est à ce titre qu’elle apparaît d’une exceptionnelle opportunité. Car la prière du cœur a été divulguée précisément au moment où, en Occident, nos philosophes fourbissaient les armes de l’agnosticisme militant...
N’est-il pas dit que toute « fin des temps » s’accompagne d’un dévoilement des secrets ?
« Athos, la montagne transfigurée » de Jean Biès, Les Deux Océans, p. 242-247
De la situation dans les premiers siècles aux ministères institués en 2021
La question qui se pose aujourd’hui est donc différente : est-il nécessaire de rétablir un ministère de service ? Pour quelle raison ? Ne faut-il pas se demander de quel ministère le peuple de Dieu a besoin aujourd’hui ?
L’article suivant correspond à la contribution de la théologienne Mechelina Tenace à la table ronde « Femmes et ministères, status quaestionis », du Symposium International « Pour une théologie fondamentale du sacerdoce » qui s’est tenue à Rome du 17 au 19 février 2022, et dont la revue Humanitas était l’un des sponsors.
La commission que le Pape François a instituée en 2016 pour le diaconat féminin a été une surprise pour les membres appelés à y participer.
La moitié d’entre nous soit six personnes, étaient des femmes. C’était un événement qui se voulait dans la réflexion théologique de l’Église catholique. Et il n’a pas failli à sa tâche.
Il a eu un impact dont nous avons déjà commencé à voir les premiers signes – le motu proprio Spiritus Domini du 11 janvier 2021 parle de l’accès des femmes au ministère institué du lectorat et de l’acolytat.
Au-delà de cette perspective d’étude interne, la tâche de la commission a été appréhendée de manière réduite et inappropriée ; comme s’il s’agissait de trouver des arguments historiques pour restaurer un ministère féminin attesté par le terme « diaconesse » aux premiers siècles (dans certaines lettres de saint Paul et dans d’autres documents analysés par la commission).
La commission avait pour mission d’étudier, certes, mais pas de restituer. Pour au moins deux raisons liées à l’Écriture et à la Tradition.
L’Écriture n’est pas lue pour justifier un courant de pensée.
Et l’étude de la Tradition ne veut pas actualiser quelque chose du passé.
L’Ecriture se lit dans l’Esprit – la révélation – et la Tradition se lit dans la lettre – l’histoire. Sinon, on risque de trahir la nouveauté que l’Esprit apporte à chaque moment de l’histoire.
Les diaconesses sont mentionnées dans l’Écriture et dans la tradition de l’Église primitive.
Il en ressort la participation des femmes à l’évangélisation de la charité pour tous et la présence des femmes dans des services (ministères) qui les mettaient en contact avec d’autres femmes dans un lieu où la culture de la pudeur l’indiquait (notamment pour le baptême et l’onction des malades).
La question qui se pose aujourd’hui est donc différente : est-il nécessaire de rétablir un ministère de service ? Pour quelle raison ? Ne devrions-nous pas plutôt nous demander de quel ministère le peuple de Dieu a besoin aujourd’hui ?
Ce qui est courageux aujourd’hui, c’est la nouveauté, et non la simple restauration de quelque chose qui appartient au passé. La tentative de restauration est anachronique.
La recherche de la nouveauté est prophétique parce que la nouveauté doit tenir compte du chemin de croissance au sein des changements culturels, sociaux et théologiques.
La première commission consacrée à la recherche historique a établi quelques faits indiscutables.
J’en citerai trois : dans l’Église primitive, il y avait des diaconesses ; il y avait un rite propre lié à ce ministère ; et la présence des diaconesses a complètement disparu dans l’Église latine.
Néanmoins, le véritable succès de la commission a été d’ouvrir une voie et d’indiquer plusieurs directions : la disparition des diaconesses n’a pas impliqué la disparition des femmes dans l’Église ; la sainteté des femmes a été reconnue sans aucune discrimination ; et la diaconie, le service, a été accomplie sans « ministère institué ».
Pourquoi est-il nécessaire de réfléchir maintenant à l’histoire des ministères qui n’ont pas été conférés aux femmes ?
Parce que ce moment historique de l’absence des femmes dans les ministères a coïncidé avec une dérive « sexiste-cléricale » de l’Église qui n’a pas laissé resplendir son vrai visage d’humanité nouvelle, où les hommes et les femmes sont revêtus de la même dignité d´enfants.
Alors pourquoi est-il si important et urgent d’instituer des ministères pour les femmes ?
Non pas pour reconnaître la dignité des femmes, mais pour reconnaître la véritable identité de l’Église.
C’est l’Église qui a besoin des femmes et qui doit les appeler à son service.
Sur la base de cet appel de l’Église, les femmes pourront répondre « oui » et faire fructifier leurs dons pour le bien de tous.
Si l’Église ne les appelle pas, il est probable qu’un ministère sera considéré comme un droit.
Mais servir n’est pas un droit, c’est un devoir.
A partir de ce devoir de servir comme Jésus l’a fait, l’Eglise réalise aussi, à travers sa structure hiérarchique, qu’elle doit constamment se demander comment servir au mieux l’humanité dans sa quête du salut et de la manière la plus conforme au commandement du Maître.
Telle est la portée du discernement de l’Église sur les ministères féminins : le bien du peuple de Dieu dans des contextes géographiques, culturels et ecclésiaux si différents.
Pour qu’elle ne soit pas une réponse dictée par l’emprise d’une idéologie – l’idéologie féministe qui a trop revendiqué le droit – la réflexion sur les ministères doit revenir à la source : au baptême, où toute vocation naît et s’épanouit.
Nous voyons ainsi ce qui ne manque jamais à un baptisé : étant entré comme nouvelle créature dans la mort et la résurrection du Christ, il participe à son sacerdoce et s’incorpore ainsi à la dignité du corps qui continue dans l’histoire à assurer le chemin vers le Père.
La dignité du baptisé est la dignité de tous, hommes et femmes.
Le pape François nous le rappelle à de nombreuses reprises. Le baptême est la source incontestable de la sainteté pour tous.
Si nous partons de là, nous découvrirons comment énoncer le service et par rapport à quels ministères.
Car la dignité n’est pas seulement liée au service sacerdotal : il est donc contradictoire de penser qu’accorder le sacerdoce aux femmes serait une manière de reconnaître leur dignité.
Le service est déterminé par la nécessité, par l’exigence, par l’urgence de la charité.
Il ne s’agit donc pas de rétablir le diaconat féminin ; il serait trop pauvre s’il se limitait aux fonctions des diaconesses que l’histoire a connues.
Il s’agit de faire autre chose : écouter ce que l’Esprit suggère à l’Église pour que le visage masculin et féminin de l’humanité soit rétabli vers le Royaume.
En respectant la vocation de chacun, sans permettre que la diversité soit utilisée contre les autres, mais en la faisant reconnaître comme un bénéfice pour chacun.
Sinon, le danger est que le « sacerdoce commun » reste une expression désincarnée, un mirage en attente de la réalité.
Il y a peut-être un autre danger, celui de la promotion des laïcs, et donc des femmes, qui consiste la plupart du temps à les faire entrer dans la zone grise du sacerdoce ministériel, au plus près de l’autel dans la célébration de l’Eucharistie.
Cette célébration est considérée comme la seule réalité digne, car seul « le Christ en personne » y agit. Le Christ masculin (et non féminin) est une réalité liée à la logique de l’incarnation.
Le Sauveur, par respect pour l’humanité qu’il voulait assumer, est né comme un enfant mâle en qui l’ancienne alliance a été gravée par la circoncision ; pour révéler la dignité de l’humanité féminine, il est né d’une femme qui, « pleine de grâce », devient la première rédemptrice élevée au ciel dans la demeure de la Trinité.
Nous croyons que la question des ministères féminins comporte deux réductions : la réduction de la dignité de tout ministère à la dignité du sacerdoce ministériel, et la réduction de la dignité du sacerdoce ministériel au sacerdoce du Christ en tant que « mâle ».
Cette réduction n’est pas conforme à la foi : le Fils, deuxième personne de la Trinité, est notre Sauveur en tant que personne de nature humaine et divine.
Le salut s’adresse à tous, hommes et femmes, en tant que personnes différentes.
À quelle réflexion cette considération de la foi nous conduit-elle ?
L’homme et la femme sont deux réalités qui expriment une diversité complémentaire en ce qui concerne la reproduction : selon leur propre « genre », l’homme « engendre » et la femme « met au monde ».
Ainsi, symboliquement, hommes et femmes participent au sacerdoce unique du Christ qui a confié à l’Église ceux qui « engendrent » – en vertu du sacerdoce ministériel – et ceux qui « mettent au monde » – en vertu du sacerdoce commun – dans une dépendance et un soutien mutuel.
La réflexion sur les ministères féminins dans l’Église ne peut se passer d’une théologie renouvelée de la personne humaine – une anthropologie qui considère le masculin et le féminin selon la création et la vocation – et cette anthropologie du masculin et du féminin doit être le fondement de la réflexion sur les ministères dans le contexte d’une ecclésiologie de communion sur un chemin de synodalité.
Je voudrais conclure avec les mots du titre d’un livre de Bernard Pottier (1), l’un des membres de la commission.
J’ajouterai juste un point d’interrogation à la fin du titre. Le diaconat féminin. Jadis et bientôt.
Je dirais : le diaconat féminin. Jadis et bientôt ?
A suivre !
Notes * Mechelina Tenace est professeur de théologie à l’Université Pontificale Grégorienne, où elle enseigne les matières relatives à l’anthropologie théologique, à l’Orient chrétien et à la théologie spirituelle. Au sein de cette même faculté, elle a dirigé le département de théologie fondamentale de 2011 à 2018. Depuis 2018, elle est consultante auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi. [1] Pottier, Bernard ; Le diaconat féminin. Jadis et bientôt. Lessius, Belgique, 2021.
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