Overblog Tous les blogs Top blogs Religions & Croyances
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Traduire le blog - Translate into your language

20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 19:31

Les évêques et les prêtres doivent servir leur peuple avec simplicité et un amour semblable à celui du Christ

L'orthodoxie a traditionnellement évité le cléricalisme, mais plus récemment, cette même corruption du service sacerdotal a franchi les portes de l'Église orthodoxe.

Elle a conduit certains membres du clergé à rechercher, pour leur profit personnel, même le lourd fardeau du service hiérarchique de l'Église du Christ.

Motivés par leur désir d'honneur princier, leur vue est obscurcie au point de mettre en danger non seulement leurs propres âmes, mais aussi les âmes des laïcs qui ont besoin d'une attention humble, paternelle et pastorale, et qui souffriront sous leur direction "pastorale".

Cette quête d'honneur a conduit de nombreux membres du clergé à participer à une culture d'abus, où ils se retournent même les uns contre les autres dans leur triste tentative de s'aligner sur l'"officialité".

La culture de l'abus qui est encouragée et fomentée par le refus de vivre dans la simplicité et l'humilité de l'exemple du Christ, n'est pas très différente de la hiérarchie de l'école primaire où l'intimidateur construit des alliances basées sur la peur.

C'est la même culture qui choisit d'ignorer les comportements destructeurs qui sapent le message de l'Église et déplacent le ministère de la guérison, le remplaçant par une culture mondaine qui n'est pas sans rappeler celle des fiefs de l'Europe médiévale.

En tant qu'Église fondée par le Christ, nous, orthodoxes, devons revenir à l'essentiel.

Nos évêques doivent abandonner toutes leurs prétentions royales et leurs manières princières, et se consacrer à être des pères aimants pour leurs prêtres et leur peuple.

Nos évêques doivent diriger leurs diocèses selon des normes bibliques fondées sur l'amour de leur peuple et l'amour du Christ, et non pas gouverner par la peur et la tyrannie.

Les prêtres doivent diriger leur peuple comme des pères aimants, et non comme des gouverneurs locaux nommés par César.

Nous vivons une époque dangereuse et le peuple de Dieu doit recevoir les outils spirituels nécessaires pour prospérer alors que la société vacille et que le christianisme lui-même est de plus en plus attaqué.

Le chemin à parcourir exige des évêques et des prêtres qu'ils soient plus que des fonctionnaires religieux, ils doivent être des hommes saints qui dirigent leur peuple en tant que pasteurs aimants, attentifs et miséricordieux.

Amour dans le Christ

Abbot Tryphon

S'abonner au Blog Seraphim

Cliquer ICI

Partager cet article
Repost0
16 mai 2023 2 16 /05 /mai /2023 19:30

Le mois dernier, nous prétendions que la seule invocation du « sacré » ne saurait nous sauver, qu’au contraire mal comprendre ce que désigne ce terme serait ajouter à la violence du monde.

Le centenaire de la naissance de René Girard, anniversaire qu’illustre notamment un livre de Bernard Perret, nous permettra d’approfondir cette intuition.

Pour qui l’ignore, René Girard est ce critique littéraire qui, mettant au jour dans la littérature mondiale le principe de « réalité mimétique » qui veut qu’on se prenne inconsciemment à désirer son rival en tant qu’on veut lui ressembler pour acquérir l’objet qu’il désire aussi – le triangle du désir –, a ensuite compris que ce principe se retrouvait dans toutes les sociétés archaïques où c’est sur le « bouc émissaire » que se reportait la violence mimétique de la foule, créant ainsi la notion de sacrifice qui servirait à apaiser les guerres intestines d’une collectivité.

Ainsi, écrivait-il, le sacré est « l’ensemble des postulats auxquels l’esprit humain est amené par les transferts collectifs sur les victimes réconciliatrices, au terme des crises mimétiques ».

Mais cela ne sont que les deux premiers pas de sa pensée qui culmine dans sa conversion au christianisme lorsqu’il se rend compte, dans le courant des années 70, que cette pratique du bouc émissaire se retrouve partout sauf dans les Évangiles où Jésus « dévoile » cette pratique de la violence commune, en s’offrant lui-même comme victime.

Ainsi, son sacrifice a-t-il définitivement rompu cette antique conséquence du péché, précédé évidemment en cela par les prophètes : toute la révélation divine contenue dans les Ancien et Nouveau Testaments constituerait donc une « démystification du sacré ».

Comme le dit justement Bernard Perret, à défaut de la faire disparaître, il s’agit surtout de « stériliser la violence », en refusant de continuer à croire qu’elle puisse être productrice de quelque ordre désirable que ce soit.

Mais ce faisant, la mort et la résurrection du Christ ont des résonances inouïes, évidemment pour le salut mais même, en l’occurrence, pour l’anthropologie : « Allez donc apprendre le sens de cette parole : c’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice », dit Jésus (dans Mt, 9, 13), citant le prophète Osée.

Ainsi, la pratique du sacrifice doit disparaître, tout entière absorbée dans celui du Christ, que nos prêtres réactualisent, de manière non sanglante, chaque fois qu’ils célèbrent la messe.

C’est le même, le seul, le paradoxal Sacrifice, celui qui renverse et annule tous les autres en montrant leur inanité, c’est, ainsi que le veut notre foi, un « faux » sacrifice pour le monde parce que le seul vrai dans l’économie du Salut. Scandale pour les juifs, folie pour les païens, etc.

Conséquences pour nos vies

Et de cela, les conséquences sur nos vies sont innombrables, à tel point que l’on risque d’être noyé sous ces effets, et que c’est le rôle de la barque de Pierre que de nous guider : cela suppose que plus jamais l’on puisse prononcer les paroles de Caïphe, « il vaut mieux qu’un seul homme meure plutôt que tout le peuple », cela implique que nos bâtiments religieux, églises, cathédrales, ne soient plus conçus comme le lieu sacré au sens de l’ancien Temple, où l’on n’entre pas sans certain effroi, mais qu’au contraire elles soient le lieu de tous, où nul n’ait besoin de se couvrir la tête ni de se déchausser, sinon devant le pauvre qui est l’image vivante du Dieu partout crucifié sur les murs.

Cela implique qu’il ne faille plus, plus jamais, rivaliser avec le vrai-faux sacré du voisin et que peu nous chaulent les incitations de certains identitaires qui n’ont rien compris à notre foi d’en faire la démonstration ostentatoire tel le premier musulman venu.

Cela implique qu’on ne puisse plus jamais supposer que la mort de quelques centaines de milliers de vieux soit le dommage collatéral de la continuation de nos vies en cas de crise sanitaire, comme si de rien n’était.

Cela rejoignant évidemment cette culture de vie que nous a apprise Jean-Paul II, dans laquelle aucun innocent, ni même aucun coupable (car qui est coupable ?

Sinon nous tous, qui sommes aussi tous sauvés) ne peut être « sacrifié ».

Parce que tout a déjà été accompli, il n’y a plus de sacré antique.

Seulement de la sainteté, cette grande aventure.

Jacques de Guillebon

Bernard Perret, Violence des dieux, violence des hommes. René Girard, notre contemporain, Seuil, 2023, 380 pages, 25 €.

LA NEF n° 358 Mai 2023
 

S'abonner au Blog Seraphim

Cliquer ICI

Partager cet article
Repost0
10 mai 2023 3 10 /05 /mai /2023 19:40

Ma grand-mère, ayant plus de 90 ans, était assise, l’air affaiblie sur le banc du patio.

Elle ne bougeait pas, seulement assise, la tête vers le bas, fixant ses mains.

Quand je me suis assise auprès d’elle, elle ne bougea pas, aucune réaction.

Je ne voulais pas la déranger, mais après un long moment de silence, je me suis informé si tout allait bien.

Elle leva la tête et me sourit.
« Oui je vais bien, merci » dit-elle de sa voix forte et claire.

« Je ne voulais pas te déranger, grand-mère, mais tu étais assise là,
fixant tes mains et je voulais savoir si tout était bon pour toi » lui ai-je dit.

« As–tu déjà regardé tes mains? » me dit-elle.

« Je veux dire vraiment regarder tes mains? »

J’ai alors lentement ouvert mes mains et les fixai.

Les retournai, m’en frottai les paumes.

« Non, je pense que je n’ai pas vraiment regardé mes mains »
lui dis-je et me demandant ce qu’elle voulait dire.

Grand-mère me sourit et me raconta cette histoire.

« Arrêtes toi et réfléchis un peu au sujet des mains que tu as,
comment elles t’ont si bien servi depuis ta naissance. »

Mes mains, ridées, desséchées et affaiblies ont été les outils
que j’ai toujours utilisés pour étreindre la vie.

Elles m’ont permis de m’agripper et d' éviter de tomber quand
je trottinais lorsque j’étais enfant.

Elles ont porté la nourriture à ma bouche et habillée.

Enfant, ma mère m’a montré à les joindre pour prier.

Elles ont attaché mes souliers et mes bottes.

Elles ont touché mon mari et essuyé mes larmes quand il est parti à la guerre.

Elles ont été sales, coupées et rugueuses et enflées.

Elles ont été maladroites quand j’ai tenté de tenir mon premier enfant.

Décorées avec ma bague de mariage, elles ont montré au monde
que j’aimais quelqu’un d’unique et spécial.

Elles ont écrit mes lettres à ton grand-père, et ont tremblé quand je l’ai enterré.

Elles ont tenu mes enfants, ensuite mes petits enfants, consolé les voisins et tremblé de rage quand je ne comprenais pas.

Elles ont couvert ma figure, peigné mes cheveux et lavé mon corps.

Elles ont été collantes et humides, sèches et rugueuses.

Aujourd’hui, comme rien ne marche vraiment plus comme avant pour moi, ces mains continuent de me soutenir et je les joins encore pour prier.

Ces mains portent la marque de ce que j’ai fait et des accidents de ma vie.

Mais le plus important est que ce seront ces même mains que Dieu attrapera pour m’amener avec lui dans son Paradis.

Avec elles, Il m’élèvera à ses cotés.

Et là, je pourrai les utiliser pour toucher la face du Christ »

Pensive, je regardais ses mains et les miennes.

Je ne les verrai jamais plus du même œil.

Plus tard, Dieu tendit ses mains et attira grand-mère à lui.

Quand je me blesse les mains, quand elles sont sensibles, ou quand je caresse le visage de mes enfants ou de mon époux, je pense à grand-mère.

Je sais qu’elle a été soutenue par les mains de Dieu.

Et je veux, moi aussi, un jour, toucher la face de Dieu et sentir Ses mains sur mon visage.

Auteur anonyme

S'abonner au Blog Seraphim

Cliquer ICI

Partager cet article
Repost0