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2 novembre 2025 7 02 /11 /novembre /2025 19:53
La divinisation de l'homme

« Devenir Dieu » par la communion

Pour Sandrine Caneri, l’homme est appelé à être traversé par les énergies divines, et c’est une pensée incroyablement moderne : « Cette idée de déification ou de divinisation, Irénée l’explique très bien ! Pour lui, l’homme est appelé à devenir Dieu, mais pas par lui-même, pas en se mettant au-dessus de Dieu. Devenir « Dieu », c’est à dire à la ressemblance de Dieu, par la divinisation, par la communion.

Dans l’Eglise orthodoxe c’est un sujet qui nous est très cher. On parle assez peu de sanctification, mais davantage de divinisation.

Pourquoi ce terme est-il plus fort pour nous? Parce que – excusez-moi, c’est un terme un peu familier – on colle à Dieu.

On va vers Dieu et on ne le quitte plus, on s’approche de Lui et on colle à lui. Ce n’est pas seulement être saint ou être sanctifié, c’est être Lui en nous et nous en Lui.

Irénée s’appuie sur les Ecritures

Irénée est un immense théologien, sa pensée est gigantesque ! C’est très précieux, parce qu’on peut encore aujourd’hui puiser chez lui de quoi nourrir notre foi.

Sa force réside dans le fait qu’il s’appuie sur les Ecritures, et rien que les Ecritures.

Toute sa théologie, toute son œuvre sont irriguées par les Écritures, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. Il démontre l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament. On ne peut pas comprendre le Nouveau Testament si l’on n’a pas intégré les bases de l’Ancien ».

Chose étonnante qui mérite d’être signalée, Irénée n’a quasiment jamais été sujet à controverses. Homme du deuxième siècle, il apparaît avant tous les conciles, donc avant une dogmatisation de la pensée chrétienne.

« Et aucun concile ne va être contre Irénée : tous les conciles vont confirmer la pensée et la théologie d’Irénée de Lyon. C’est pour ça aussi que c’est un très grand théologien, un gigantesque …. Il avait prévu à l’avance ce qui allait se dérouler dans les conciles, même si c’est de manière embryonnaire ».

Cliquer pour lire le résumé des interventions

resumes_colloque_divinisation_2018.pdf

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu. Ces mots puissants, qui sont prononcés pour la première fois par saint Irénée le sont à nouveau dans les écrits de saint Athanase, saint Grégoire de Naziance et saint Grégoire de Nysse.

Les Pères et les théologiens orthodoxes l’ont répété à chaque siècle avec autant d’emphase, résumant dans cette sentence : la véritable essence du christianisme : une descente ineffable de Dieu jusqu’aux limites ultimes de notre condition déchue, même jusqu’à la mort… une descente de Dieu qui ouvre aux hommes un chemin d’ascension vers la vision illimitée ou l’union des êtres créés avec la Divinité. » 
 

Vladimir Lossky, À l’image et à la ressemblance de Dieu, Paris, éd. Aubier-Montaigne, coll. « Le Buisson Ardent », 1967, p. 97.

L'homme appelé à être Divinisé
Que signifie cette célèbre affirmation reprise notamment par saint Irénée ? "La vie actuelle ne suffit pas à dire qui est chacun de nous, nous préparons une vie définitive où nous serons semblables au Christ et où nous aimerons comme Dieu aime", explique le Père Bernard Housset. 

Pour comprendre cette idée, Varillon utilisait la métaphore du grain de blé. Du grenier où il est parmi d'autres grains de blé au chaud et au sec, il est ensuite jeté en terre dans le noir et l'humidité. Là il se dit ce que si Dieu existait cela ne lui arriverait pas. Pourtant ce que Dieu veut c'est qu'il devienne un bel épis. "La vie actuelle, Dieu ne s'en contente pas pour nous puisqu'il veut que nous devenions amour comme lui est amour, dit le Père Housset, c'est cela l'essentiel de la définition humaine selon la foi chrétienne."

"L'autre passage auxquel nous sommes appelés est notre passage à une existence proprement humano-divine", écrit le Père Varillon. Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce "passage" dont il parle n'est pas un passage pour plus tard, mais pour maintenant. "Chaque fois que je fais quelque chose de bien, de valable, de juste, de vrai, bref d'évangélique, résume le Père Housset, le Christ le prend à son compte et le transforme pour ma vie éternelle."

"Quand je serai divinisé c'est alors que je serai humanisé." À la suite de François Varillon, le Père Housset encourage chacun à se concevoir comme "en construction, en chemin". Varillon écrit : "Le Christ ressuscité qui est vivant, présent, actif, transfigurant, divinisant au cœur de nos décisions humaines humanisantes, leur donne une dimension de royaume éternel proprement divine." Il écrit aussi : "Dieu divinise ce que j'humanise." Ce à quoi le Père Housset ajoute : "Dieu divinise ce qu'il me donne d'humaniser parce que tout est don de Dieu."

Paroles de Saint Irénée

PAROLES DE SAINT IRENEE[1].doc

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29 octobre 2025 3 29 /10 /octobre /2025 23:36
Une croix monumentale érigée sur la Curnichjula par la confrérie Santa Croce di San Martinu di Lota
Déjà connue pour avoir réalisé le mobilier liturgique utilisé lors de la messe du pape à Ajaccio, le 15 décembre dernier, SOS Calvaires,  dont l’objet est de restaurer et d'implanter des croix dans toute la France, a décidé d’intervenir dans l’île et San Martino di Lota a été sélectionnée avec d’autres, tant les traditions religieuses y sont vivaces, notamment durant la Semaine Sainte.

Une œuvre symbolique, au cœur de la vallée
« Il s’agit d’une croix monumentale de six mètres de haut, pesant plus de 300 kg », explique Antoine Retali, président de la Confrérie Santa Croce. « Ça été un chantier colossal, mais surtout une réalisation profondément symbolique, qui vient élever un emblème fort de notre histoire et de notre patrimoine religieux. »
La croix, intégralement financée par la confrérie grâce aux dons récoltés auprès des fidèles, a été acheminée à dos d’homme jusqu’au sommet de la Curnichjula. Ce promontoire rocheux marque l’extrémité de la ligne de crête qui divise la vallée de Lota, dans l’ancienne Pieve éponyme. « Nous avons choisi ce lieu, car il forme le cœur géographique de la vallée, mais aussi le centre spirituel de notre paroisse », précise Antoine Retali.

Un chantier collectif et une cérémonie rassembleuse
La préparation du chantier a nécessité des efforts considérables, tant la topographie des lieux est escarpée. « Ce sont nos confrères, accompagnés de bénévoles, qui ont assuré la montée de la croix. Un travail physique impressionnant, accompli avec ferveur », souligne le président.
Une fois installée, la croix a été bénie lors d’une cérémonie religieuse  célébrée par le père Lukas, curé de San Martino, et  rythmée par les prières et les chants des fidèles et des représentants de plusieurs confréries , après un mot de présentation de l’événement.
Fidèles, habitants de la vallée et visiteurs de passage ont ensuite partagé un moment de convivialité sur place, avant de se retrouver le soir à l’église Sainte-Croix à San Martino di Lota pour un buffet dînatoire festif et fraternel.

À travers ce geste, la confrérie Santa Croce di San Martinu a tenu à réaffirmer sa volonté de faire vivre les symboles chrétiens dans le paysage local, tout en enracinant la foi dans les hauteurs et dans les cœurs : une volonté que l'on retrouve dans les mille et une images de cette journée qui restera mémorable pour tous les "sanmartinaghi" et tous ceux, confrères, bénévoles et "lotinchi", associés à cette belle manifestation de la foi.
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21 octobre 2025 2 21 /10 /octobre /2025 18:29
Ismérie et Notre-Dame de Liesse

L’histoire d’Ismérie

Ismérie, très belle, savante en islam, avait été missionnée par son père, le sultan d’Égypte al-Hazan (ou al-Hafdhal, selon les versions), pour convertir trois chevaliers français de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean, faits prisonniers à la croisade et emmenés en captivité au Caire. Le sultan voulait faire d’eux des musulmans.

« Entre lesquels chevaliers furent trois frères (…) natifs du diocèse de Laon en Laonnois, dont le plus aîné était seigneur d’Eppes, le second de Marchais, et le troisième n’avait nulle seigneurie mais était très dévot et très vaillant chevalier. »
« Or, est-il ainsi que ces trois frères, dont nous faisons mention, furent menés vers le grand sultan d’Egypte et lui furent présentés »
« Mais les trois chevaliers furent très sages et répondirent à l’encontre tout le rebours de ce qu’il avait dit. (…). Ce pourquoi lui, ému de courage, fier et malicieux, les fit mettre en prison, en une tour, grosse et carrée, au fond d’une fosse, vile et sale et très sombre, les donnant en garde à un sarrazin sans pitié, en lui défendant de leur donner autre chose que du pain et de l’eau (…). »
« Alors, après qu’ils furent emprisonnés en telle horrible prison, le sultan commença à se demander comment il les pourrait amener à renier la foi en Jésus-Christ, et les faire croire en son dieu Mahomet (…). »
« Quand le Sultan vit qu’il ne pouvait rien contre eux, il fit appeler sa fille Ismérie, la plus belle pucelle de toute l’Égypte, très gracieuse et avenante, pleine de bonnes mœurs et vertus, à laquelle il dit qu’il fallait convertir les chevaliers à sa foi, par ses paroles et prières (…). »

Mais ce sont les chevaliers qui, en parlant à Ismérie de la Vierge Marie « qui donne au coeur une si grande liesse » ont déclenché sa propre conversion : elle leur demanda alors de lui sculpter une statue de la Vierge Marie, mais c’est cette dernière qui la fit apparaître miraculeusement.

« Alors l’aîné des chevaliers lui répondit : Ô demoiselle, il n’est rien d’impossible à notre Seigneur. (…) Notre Dieu a voulu partager notre humanité, il est venu sur terre pour nous montrer comment nous devions vivre. Une belle vierge nommée Marie l’a porté neuf mois en son ventre (…) »
« Je vous en prie, seigneurs, dites-moi qui est cette dame Marie. »
« Alors la pucelle leur demande s’ils en avaient une image. »

Dans la nuit apparaît dans la cellule des chevaliers une mystérieuse et miraculeuse statue de la Vierge Marie portant l’enfant Jésus (en bois noir, d’où le nom de « vierge noire » donné à la statue). Ils la montrent à Ismérie.

« Dorénavant cette image sera appelée Notre-Dame de Liesse, car elle nous donne et donnera toujours liesse et joie au cœur. »
« Et quand Ismérie vit la statue, elle fut soudain ravie d’amour de Notre-Dame. (…) Je veux servir cette Dame tant que je vivrai, et son fils aussi (…). Et vous promettrai de me faire baptiser et d’être bonne chrétienne. »

La nuit, la Vierge Marie la visite alors en songe. Elle lui inspire de délivrer les chevaliers et de devenir chrétienne. Ismérie fait donc évader les trois chevaliers, et, munis de la statue, ils regagnent tous ensemble le Laonnois natal des chevaliers.

Ismérie est baptisée sous le nom de Marie en 1134, à Laon, par son évêque. Elle épouse Robert d’Eppes, un des chevaliers, et vécut auprès de lui une vie de piété et de charité, puis se retira dans un couvent où elle donna l’exemple de toutes les vertus. Les autres chevaliers prirent femme et vécurent pieusement le reste de leurs jours. Ils auraient été enterrés dans l’abbaye de Saint-Vincent, à Laon.

 

D’Ismérie à Notre Dame de Liesse

On construit une chapelle pour abriter la statue miraculeuse, qui devint lieu de grande dévotion populaire à Notre-Dame de Liesse, de pèlerinage et de nombreux miracles. La localité, ex Lience, prit le nom de Liesse, qu’elle a toujours aujourd’hui. Notre-Dame de Liesse devient patronne de la dynastie capétienne , et donc patronne de la France. Une basilique fut construite, et les rois de France, jusque Charles X, allèrent tout particulièrement en pèlerinage auprès de Notre-Dame de Liesse, son sanctuaire se situant non loin de Reims, ville du sacre (dont Louis XIII et Anne d’Autriche, qui en obtinrent la naissance de Louis-Dieudonné, futur Louis XIV).

Ismérie et Notre-Dame de Liesse

Le pèlerinage

En ce lieu, une vierge en bois foncé devint ainsi l’objet d’un pèlerinage célèbre. C’est cet afflux des fidèles qui conduisit les chanoines de Laon à reconstruire la chapelle dès 1384. A partir du XVe siècle, les rois et reines de France s’y déplaceront aussi, car ils conservaient des liens réguliers avec le berceau de leurs origines monarchiques de Laon, Soissons et Reims.

Ainsi Charles VI se rend à Liesse en 1414. Louis XI la visitera en quatre occasions. En 1602, Marie de Médicis y vient remercier la Vierge pour la naissance du futur Louis XIII et offre au sanctuaire le retable noir et or, la colonnade de jaspe et l’arc triomphal qui encadrent le maître-autel. Louis XIII et Anne d’Autriche y imploreront un héritier à plusieurs reprises. En souvenir de leurs passages, ils offrirent un grand tableau les représentant à genoux devant la Nativité. Le roi consacrera d’ailleurs le royaume à Marie. En 1652, Louis XIV y vient remercier la Vierge pour les faveurs accordées à sa mère quant à sa providentielle naissance qui lui valut le nom de « Dieudonné ».

Par ailleurs, lors de grandes calamités, certaines villes formuleront des vœux à Notre Dame de Liesse. Ainsi Dieppe en 1630, qui offrira au sanctuaire un vaisseau d’argent gravé en lettres d’or : « Vœu public de Dieppe ».

Pendant la Révolution, la statue miraculeuse fut malheureusement brûlée et les exvotos confisqués, mais l’église fut pourtant épargnée et de pieuses mains parvinrent à dissimuler les cendres et charbons de la statue.

Le culte reprit au XIXe siècle et la dévotion mariale retrouva son développement dans le diocèse de l’Aisne. Une nouvelle statue fut couronnée solennellement en 1847 avec la bénédiction du Pape Pie IX. Sculptée en ébène, il semble qu’elle s’éloigne un peu du modèle original, qui était de style très simple. Elle contient dans son socle les cendres et charbons sauvegardés lors de l’autodafé révolutionnaire.

Ismérie et Notre-Dame de Liesse

Durant la guerre de 1914-1918, Liesse fut occupée par les Allemands. Le site subit des dégradations mais la statue ne fut pas détruite. Après la victoire, Monseigneur Binet, évêque de Soissons, plaça son diocèse sous le patronage de la Vierge Marie. En 1921, il partit à pied de Soissons, entouré de 5000 anciens combattants et traversa le champ de bataille du Chemin des Dames pour arriver en pèlerinage à Liesse.

En 1934, le pèlerinage du huitième centenaire du sanctuaire de Liesse rassembla plus de cent mille personnes en présence du Légat du Pape.

L’Ordre de Malte considère aujourd’hui Notre Dame de Liesse comme l’un de ses sanctuaires majeurs en raison de la qualité d’hospitalier attribuée aux trois chevaliers croisés à l’origine de cette geste.

Ismérie et Notre-Dame de Liesse
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