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18 juin 2025 3 18 /06 /juin /2025 19:33
La Lettre de Béthanie : Trinité

Nous venons de vivre le premier dimanche du temps après la Pentecôte où la tradition occidentale nous propose de prier et de contempler le mystère, car c’en est un, de la Sainte Trinité.

Mais comment aborder le mystère de la Sainte Trinité ? Vous me direz peut-être que cette conception de Dieu est absurde, que c’est trois ou que c’est un, mais qu’il faut choisir !

Et bien non, justement, il ne faut pas choisir ! il faut sortir de notre mentalité binaire car nous sommes face à un paradoxe, comme dit Jean-Yves Leloup, un paradoxe qu’il faut embrasser de tout son être, un « koan » diraient les amis japonais de Graf Dürckheim, en tous cas un dépassement radical des catégories du mental !  

Contemplation, passage à un autre niveau de connaissance, Karlfried Graf Dürckheim disait qu’il n’existe pas de religion sans Trinité. Il voulait dire par là que des préfigures de la Trinité sont présentes partout.

Les triades sont innombrables car si l’homme est créé à l’image de Dieu, le reste du monde aussi est à l’image de Dieu.

Ne sommes-nous pas un microcosme autant qu’un macrocosme ? Alors les images de la Trinité, les triades se multiplient. Regardons les grandes traditions du monde :

Dans le bouddhisme par exemple, on parle de Bouddha, Dharma, Sangha. Dans l’hindouisme vous avez ce qu’on appelle la Trimurti : Brahma le Dieu créateur, Vishnou le préservateur du monde créé et  Shiva le dieu de la procréation.

Dans le judaïsme, pourtant farouchement monothéiste, vous avez, et là on se rapproche non plus seulement de la triade mais de la Trinité elle-même : Adonaï, le créateur, la Thora, c’est-à-dire la loi, le principe, le Verbe d’Adonaï et la Ruah le souffle divin…  

Au 11e siècle un kabbaliste nommé Slomo Ibn Gabirol dont les livres font autorité et dont un poème est encore chanté le jour de Yom Kippour, écrivait : « l’unité n’est pas la racine, trois est la racine de tout. »

Dans le livre de la Genèse le premier livre de la Bible hébraïque, Abraham reçoit la visite de trois hommes auxquels Abraham s’adresse en disant : « Monseigneur » au singulier, puis il parle de Lui au pluriel.

Eux-mêmes dans le texte prennent la parole et parlent d’une seule voix et la révélation trinitaire fait un pas de plus quand le texte relate : “YHVH dit : je reviendrai vers toi.”

Le sol se dérobe sous nos pieds, le texte se dérobe sous notre bon sens, l’entendement ici est crucifié !

C’est un ou c’est trois ? Ce sont trois hommes ou c’est YHVH, Dieu lui-même !

Mais c’est un et c’est trois. Trois personnes, un seul Dieu, tout à la fois !

La Sainte Trinité est vraiment un paradoxe, un “koan” mais elle est plus connue comme étant… un dogme !

Là j’utilise un « gros mot », un de ceux qui aujourd’hui font peur ou même qui fâche ! Je vous invite à profiter de l’occasion qui nous est donné pour faire le point, et peut-être pour faire la paix avec ce mot « dogme », pour l’apprivoiser si ce n’est déjà fait.

Non, un dogme ce n’est pas une vérité à croire, à comprendre, quelque chose que l’autorité supérieure, et c’est plutôt mal vécu la plupart du temps, vous impose sous peine d’excommunication !

Non, un dogme c’est simplement un paradoxe, une antinomie comme dit la théologie orthodoxe, quelque chose qui ne relève pas du mental mais de la Vie avec un grand V.

J’aime voir dans ce mot paradoxe une étymologie que me contesteront peut-être les spécialistes : « doxa » veut dire opinion, mais veut dire surtout « louange » et « para » qui veut dire « à côté », veut dire aussi « au-delà ».

C’est donc une louange au-delà de ce que nous pouvons concevoir.

Remarquez bien que ce n’est jamais un intellect, un mental qui énonce un dogme, mais que c’est toujours une longue contemplation collective qui le révèle.

Ce n’est jamais une opinion qui triomphe sur une autre mais c’est, dans la louange, le dépassement des contraires, le dépassement de la raison raisonnante, pour se retrouver non pas pour ou contre, mais au-delà, dans un devenir, un approfondissement, une intériorité.

Dépasser les contraires pour les intégrer et nourrir notre contemplation.

Voilà ce qu’est, en fait, un dogme !

icône de la Ste Trinité, ou l'hospitalité d'Abraham

 

Pour nourrir cette contemplation en arrêtant de cogiter, regardons, contemplons l’icône dite de la Trinité.

Elle a été peinte en se référant à ce passage de la Genèse dont je viens de parler. Je vous invite à la regarder. Non ! pas à la regarder mais à vous laisser regarder par elle, longuement, sans à priori, sans réfléchir.

Vous verrez que de loin on dirait une seule et unique flamme, puis en s’approchant les couleurs, les lignes nous font découvrir peu à peu la différenciation, les trois personnes. Vous verrez l’unité, vous verrez les personnes et la relation entre elles !

Contemplons, faisons l’expérience de Dieu comme Trinité, c’est-à-dire comme relation.

Non pas un face à face, mais une relation dans l’ouverture : ouverture à l’autre, ouverture à Dieu, ouverture du deux au trois.  

J’ai tenté de balbutier quelques paroles avec maladresse à propos de la Divine Trinité et je vous en demande pardon comme je Lui demande pardon. Elle est au-delà de tout !

 

Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !

 

Père Pascal†

 
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7 juin 2025 6 07 /06 /juin /2025 19:30
Comment la science corrobore la vision chrétienne de la création du monde

En physique, la notion d'ajustement fin (en anglais : fine tuning) désigne la situation où un certain nombre de paramètres doivent avoir une valeur très précise pour pouvoir rendre compte de tel ou tel phénomène observé.

En cosmologie, ces considérations sont à la base du principe anthropique : il semble qu'une variation, même faible, de certaines constantes fondamentales n'aurait pas permis à la vie d'apparaître dans l'Univers.

Par exemple, la vie ne peut se développer si la constante cosmologique ou l'énergie noire ont des valeurs trop élevées, car elles empêcheraient alors le mécanisme d'instabilité gravitationnelle et, par suite, la formation des grandes structures.

La notion d'ajustement fin de l'Univers, souvent mise à contribution pour démontrer le principe anthropique fort, est l'un des fers de lance des défenseurs de la thèse spiritualiste du dessein intelligent.

Selon Hugh Ross, repris par de nombreux auteurs, le rapport de la force électromagnétique et gravitationnelle est finement ajusté à 10-40 près[HR 1],[VS 5].

Selon cet auteur, si la force gravitationnelle avait été moins forte, il n'y aurait eu aucune étoile de moins de 1,4  et la vie des étoiles aurait été trop courte et trop irrégulière pour permettre l'apparition de la vie.

Si la force gravitationnelle avait été plus forte, il n'y aurait eu aucune étoile de plus de 0,8  et aucun élément lourd, indispensable à la vie, n'aurait été produit.

Les raisons d'y croire :

  • Les lois de l’Univers témoignent d’un ordre rigoureux et d’une intelligence prodigieuse. Cette précision renvoie à un Dieu qui agit avec sagesse, « avec poids, mesure et nombre » (Sg 11,20). La foi chrétienne affirme justement que la création reflète la raison divine.

  • Toutes les constantes physiques semblent réglées en vue de permettre l’apparition de la vie. Cela suggère une intention derrière la création : faire exister des êtres vivants. La foi chrétienne enseigne que la vie est un don de Dieu, voulu et aimé, et que toute la création est tournée vers la vie.
  • Tout semble indiquer que l’Univers a été préparé pour permettre non seulement la vie, mais l’émergence d’êtres capables de conscience, de liberté et d’amour. Cela rejoint la conviction chrétienne que l’homme est « créé à l’image de Dieu » (Gn 1,27), couronnement et finalité de toute la création.

  • L’extrême soin avec lequel l’Univers a été réglé manifeste non seulement la puissance divine, mais surtout son amour. Un amour tendre, fidèle et patient, comme l’exprime si bien cette parole : « Depuis toujours je t’ai aimé » (Jr 31,3). L’Univers tout entier devient alors le berceau d’une histoire d’amour entre Dieu et l’homme. La foi chrétienne affirme même que Dieu n’aime pas l’humanité de manière générale, mais qu’il aime et connaît chaque personne individuellement. « Avant même de te façonner dans le ventre de ta mère, je te connaissais » (Jr 1,5). Le réglage fin de l’Univers devient ainsi un signe de cette attention unique de Dieu pour chacun de nous.

  • Selon l’Évangile, Jésus dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Dès lors, si l’Univers est orienté vers la vie, il est aussi, mystérieusement, orienté vers le Christ. Le réglage fin de l’Univers prend alors une dimension christocentrique : tout a été créé pour accueillir la Vie divine elle-même.

  • Au-delà des raisons d'y croire :

    L’argument du fine tuning a agi comme un électrochoc pour un grand nombre de scientifiques athées. Il a en quelque sorte mis un être et une intelligence derrière la physique. Là où d’autres arguments sur l’existence de Dieu peuvent sembler philosophiques, celui-ci surgit du cœur des équations elles-mêmes. Il ne parle pas de Dieu directement, mais interpelle en exposant un ordre si précis, si improbable, qu’il pousse à poser la question du sens.

    Le physicien britannique George Thomson, colauréat du prix Nobel de physique 1937, affirmait : « Il est probable que tous les physiciens croiraient à une création si la Bible n’en avait malheureusement touché un mot il y a bien longtemps, lui donnant un petit air vieillot. »

    Le physicien américain Robert Wilson, lui aussi colauréat du prix Nobel de physique 1978, enfonçait le clou : « Certainement, il y a eu quelque chose qui a réglé cela. À mon sens, si vous êtes religieux, selon la tradition judéo-chrétienne, il n’existe pas de meilleure théorie de l’origine de l’Univers qui puisse correspondre à ce point à la Genèse. »

    (Citations rapportées par Matthieu Lavagna, Soyez rationnel, devenez catholique !, MDN Production, 2016, p. 94)

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2 juin 2025 1 02 /06 /juin /2025 19:30
Comprendre la Prière de Jésus

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur !

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, miséricorde pour le pécheur que je suis !

Examinons ce que cette prière a à dire sur l'incarnation de Jésus-Christ et sur notre guérison par lui et en lui.

Il y a deux "pôles" ou deux points extrêmes dans la Prière de Jésus. "Seigneur...Fils de Dieu", la Prière parle d'abord de la gloire de Dieu, proclamant Jésus comme Seigneur de toute la création et comme Fils éternel.

Puis, dans sa conclusion, la Prière se tourne vers notre condition de pécheurs - pécheurs à cause de la chute, pécheurs par nos mauvaises actions personnelles : "..pour le pécheur".

Il est important que nous disions "miséricorde pour le pécheur" - comme si j'étais le seul pécheur.

Ainsi, la prière commence par l'adoration et se termine par la repentance.

Qui ou quoi peut concilier ces deux extrêmes de la gloire divine et du péché humain ? Il y a trois mots dans la prière qui donnent la réponse.

Le premier est "Jésus", le nom personnel donné au Christ après sa naissance humaine de la Vierge Marie.

Ce nom a le sens de Sauveur ; comme l'ange l'a dit au père adoptif du Christ, St. Joseph : "et appelez son nom Jésus, il sauvera son peuple de ses péchés"

Le deuxième mot est le titre "Christ" , la traduction grecque correspondante de "Messie", signifiant "Celui qui a été oint par le Saint-Esprit de Dieu".

Pour les Juifs de l'Ancien Testament, le Messie était le rédempteur attendu, le futur roi qui, avec la puissance de l'Esprit, les libérerait de leurs ennemis.

Le troisième mot est "miséricorde ", un terme qui signifie l'amour en action, l'amour qui travaille pour apporter le pardon, la libération, l'épanouissement.

Avoir pitié signifie absoudre l'autre d'une culpabilité qu'il ne peut éliminer par ses propres efforts ; l'absoudre de dettes qu'il ne peut lui-même payer ; pour le guérir d'une maladie dont il ne peut guérir par lui-même, contre laquelle il demeure impuissant à trouver remède.

Le terme « miséricorde » signifie aussi que tout cela est offert gratuitement ; celui qui demande miséricorde n'a aucune exigence envers l'autre, aucun droit de les invoquer.

La prière de Jésus montre donc à la fois le problème de l'homme et la solution de Dieu. Jésus est le Sauveur, le roi oint, celui qui fait miséricorde.

Mais la prière nous en dit encore plus sur la personne de Jésus lui-même.

Il est appelé "Seigneur" et "Fils de Dieu" ; ici la Prière parle de sa divinité, de sa transcendance et de son éternité.

Mais il est également appelé "Jésus", c'est-à-dire par le nom personnel que sa mère et son beau-père lui ont donné après sa naissance humaine à Bethléem.

Ainsi la Prière parle aussi de sa nature humaine, de la réalité authentique de sa naissance humaine.

La Prière de Jésus est donc une affirmation de foi en Jésus-Christ qui est à la fois vrai Dieu et pleinement homme.

Il est le Dieu-homme qui nous sauve de nos péchés, précisément parce qu'il est à la fois Dieu et homme.

L'homme ne pouvait pas venir à Dieu, alors Dieu est venu à l'homme – se faisant humain.

Dans son amour «extatique», Dieu s'unit à sa création plus étroitement que toute union possible, car il devient lui-même ce qu'il a créé.

Dieu en tant qu'homme accomplit le travail de médiation que l'homme a rejeté à la chute. Jésus, notre Sauveur, comble l'abîme entre Dieu et l'homme parce qu'il est à la fois Dieu et homme.

Comme nous le disons dans l'un des hymnes orthodoxes de la veille de Noël, "Le ciel et la terre sont unis aujourd'hui, créés par le Christ.

L'incarnation est donc l'acte suprême de Dieu pour nous racheter et renouer notre communication avec lui.

Et si une chute ne s'était jamais produite ? Dieu aurait-il choisi de devenir homme même si l'homme n'avait jamais péché ?

L'incarnation devrait-elle être considérée simplement comme la réponse de Dieu à la situation difficile de l'homme mourant, ou fait-elle en quelque sorte partie du dessein éternel de Dieu ?

Devrions-nous regarder en arrière depuis la chute et voir l'acte d'incarnation de Dieu comme l'accomplissement de la véritable destinée de l'homme ?

A cette question hypothétique, nous ne pouvons, dans notre situation actuelle, donner aucune réponse définitive.

Puisque nous vivons dans l'état déchu, nous ne pouvons pas clairement imaginer quelle aurait été la relation de Dieu avec l'humanité si la chute n'avait pas eu lieu.

Les écrivains chrétiens ont donc, dans la plupart des cas, limité leur examen du sujet de l'incarnation au contexte de l'état déchu de l'homme.

Mais il y en a qui ont osé une vision plus large, en particulier St. Isaac le Syrien et St. Maxime le Confesseur à l'Est, ainsi que Duns Scot à l'Ouest.

L'Incarnation, dit S. Isaac, c'est la chose la plus bénie et la plus joyeuse qui puisse arriver à la race humaine.

Donc c'est peut-être juste, assigner comme cause de cet heureux événement quelque chose qui n'est peut-être jamais arrivé et qui n'aurait jamais dû arriver ainsi ? 

Bien sûr, St. Isaac croit que l'acceptation de notre humanité par Dieu doit être comprise non seulement comme une réponse au péché de l'homme, mais aussi avant tout comme un acte d'amour, comme une expression de la nature même de Dieu.

Même si la chute n'avait pas eu lieu, Dieu, dans son amour illimité et extatique, aurait quand même choisi de s'identifier à sa création en devenant homme comme une expression de la nature même de Dieu. 

Lorsque Dieu devient homme, cela marque le début d'une étape essentiellement nouvelle dans l'histoire humaine et pas seulement un retour en arrière.

L'Incarnation élève l'homme à un nouveau niveau, ce dernier état est supérieur au premier.

Ce n'est qu'en Jésus-Christ que nous voyons tout le potentiel de notre nature humaine révélé ; jusqu'à sa naissance, le vrai sens de notre personnalité nous était caché.

La naissance du Christ, comme le dit M. Basilios, est "l'anniversaire de tout le genre humain".

Christ est le premier homme parfait - parfait c'est-à-dire non seulement dynamiquement, comme Adam était dans son innocence avant la chute, mais dans le sens d'une « ressemblance » pleinement réalisée.

L'Incarnation n'est donc pas seulement un moyen d'éliminer les effets du péché originel, mais c'est une étape essentielle dans le cheminement de l'homme de l'image divine à la ressemblance divine.

La véritable image et ressemblance de Dieu est le Christ lui-même ; et ainsi, dès le tout premier moment de la création de l'homme à l'image, l'Incarnation du Christ était en quelque sorte impliquée.

Ainsi, la véritable raison de l'Incarnation ne se trouve pas dans le péché de l'homme, mais dans sa nature incorruptible, dans son existence faite à l'image divine et capable de s'unir à Dieu.

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