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15 août 2025 5 15 /08 /août /2025 14:31
L'Évangile en orbite : 15 artefacts chrétiens tournant autour de la Terre à 27 000 km/h

Le cosmonaute Youri Lonchakov avec des icônes imprimées
Toutes les quatre-vingt-dix minutes, une procession rayonnante d’icônes saintes, de reliques sacrées et d’Écritures bénies fait le tour de la Terre, comme l’Arche de l’Alliance faisant le tour de Jéricho, ou une procession de croix orthodoxe faisant le tour d’une cathédrale majestueuse.

Elles ne sont pas portées par la lueur des bougies ou par des moines en robe de velours, mais par le rugissement des moteurs de la Station spatiale internationale. Caché dans le silence paisible du module russe Zvezda, ce sanctuaire orbital porte les prières et les reliques d'une foi autrefois enfermée dans des catacombes, et qui flotte aujourd'hui au-dessus des nuages, des continents et des guerres. C'est l'encensoir cosmique de l'Église, oscillant autour de la planète avec une révérence défiant la gravité.

Certains de ces objets sacrés ont orbité autour de la Terre pendant plusieurs mois. D'autres sont conservés en permanence dans la station spatiale, à long terme.

Icône du Christ et croix en or flottant près de la trappe avant de Zvezda
 

1. Icône du Christ Pantocrator

La représentation la plus emblématique de Jésus dans la tradition orthodoxe – le Christ Maître de tous – est visible non seulement depuis les cathédrales, mais aussi depuis les confins de l'espace. Cette icône représente le Christ tenant l'Évangile et bénissant le monde – un symbole puissant pour ceux qui flottent au-dessus des nations qu'il est venu sauver.

Son intégration à bord de l'ISS transforme la station orbitale en une sorte d'église aéroportée, où la souveraineté divine est proclamée non pas par des trônes, mais par des propulseurs et des modules.

2. Icône de la Mère de Dieu « Kazan »

Sans doute l'icône la plus vénérée de Russie, la Mère de Dieu de Kazan possède une longue tradition de protection miraculeuse, depuis la lutte contre les invasions jusqu'à la guérison des malades. Aujourd'hui, depuis l'orbite, son regard doux contemple la Terre, signe d'une vigilance maternelle qui s'étend non seulement aux nations, mais aussi aux hémisphères.

Accrochée au mur du module de service Zvezda, l'icône flotte comme un témoignage discret que même dans le monde de la science et du silence, la présence de la Mère de Dieu est présente. Les cosmonautes prient souvent devant elle au début de leurs missions, non pas pour le spectacle, mais pour la force.

3. Icône de la Mère de Dieu « du Signe »

Icône profondément symbolique représentant Marie portant l'Enfant Jésus dans son sein, l'icône du « Signe » célèbre la prophétie et l'incarnation. Elle rappelle aux astronautes comme aux croyants que le Verbe s'est fait chair et a habité non seulement parmi nous, mais désormais, au-dessus de nous.

L'ISS devient un vaisseau non seulement scientifique, mais aussi mystérieux : tandis que l'image de l'icône flotte en apesanteur, le même Esprit qui a couvert Marie de son ombre plane toujours sur le cosmos.

Icône de la Mère de Dieu du Signe avec la Terre en arrière-plan
 

4. Icône de Saint Nicolas

Saint Nicolas, protecteur des voyageurs et des marins, a endossé un nouveau rôle : celui d'intercesseur auprès des astronautes. Connu pour ses talents de faiseur de miracles, il était tout naturel de rejoindre l'équipage céleste.

Son icône à bord de l'ISS n'est pas un objet décoratif. C'est un compagnon spirituel pour ceux qui risquent leur vie dans le vide hostile au-dessus de la Terre, un rappel que même en orbite, ils ne sont pas seuls.

5. Grand Crucifix béni

Ce crucifix en bois, béni par le patriarche Alexis II, a été placé dans la Zvezda en 2006. Plus qu'un symbole, c'est une déclaration. Dans l'Antiquité, la crucifixion du Christ eut lieu sur une colline de Judée ; et aujourd'hui, il gravite au-dessus des nations qu'il a sauvées par sa mort.

Pour les cosmonautes russes qui passent sous sa présence, il offre une perspective : un rappel que même au-delà de la stratosphère, ni hauteur ni profondeur ne les séparent de l'amour du Christ.

6. Croix reliquaire contenant un fragment de la Vraie Croix

Il s'agit peut-être de l'objet le plus sacré jamais envoyé dans l'espace : un minuscule fragment du bois sur lequel Jésus a été crucifié. Le cosmonaute Maxime Suraïev a emporté ce fragment en orbite en 2009, protégé par une croix reliquaire, véritable relique de notre salut.

Imaginez : cette même croix, autrefois élevée sur Terre, prend aujourd'hui place dans les cieux et gravite autour de la Terre, bénissant le monde en sa sainte mémoire.

7. Livre de l'Évangile

Un petit volume relié des Évangiles a accompagné de nombreux équipages russes. Léger mais éternel, le Verbe de Dieu gravite autour de la planète d'où il a été prononcé pour la première fois.

Lu dans les moments de calme ou de détresse, ce livre offre du réconfort aux cosmonautes qui, malgré l'éloignement de la Terre, aspirent encore à se rapprocher du ciel.

8. Relique de saint Serge de Radonège

Le simple réformateur monastique qui unifia la Russie au XIVe siècle s'est rendu dans l'espace. La force tranquille et le courage spirituel de saint Serge font de lui un passager céleste idéal.

En 2008, l'une de ses saintes reliques fut emmenée dans la station spatiale, orbitant autour de la terre même qu'il avait autrefois bénie par le jeûne, la prière et le pardon – tel un gardien spirituel dans le ciel.

9. Relique de saint Séraphin de Sarov

Joyeux, radieux et ascétique, saint Séraphin est l'un des saints les plus aimés de Russie. Sa célèbre salutation – « Le Christ est ressuscité, ma joie ! » – a atteint les étoiles.

L'une de ses reliques, transportée à bord de l'ISS en 2016, a rappelé à l'équipage la joie qui transcende le chagrin, l'espace et même la mort.

10. Relique de Saint Georges le Victorieux

Le martyr tueur de dragons représente le courage, la foi et la sainte résistance. Sa relique, emportée à bord de l'ISS en 2013, est devenue à la fois un talisman et un témoignage.

Même en orbite, la lutte entre le bien et le mal continue – et George, autrefois victorieux sur Terre, a désormais sillonné les cieux.

11. Reliques des saints Théodore Stratilate et Théodore Tiron

Ces premiers guerriers chrétiens, martyrisés pour leur foi, ont été embarqués à bord de l'ISS en 2010, pour voyager aux côtés de scientifiques et d'explorateurs. Leurs ossements sont peut-être anciens, mais leur témoignage est intemporel.

En apesanteur, ils flottent comme un rappel que la véritable victoire exige souvent des sacrifices.

12. Reliques des saints Pierre et Philippe de Moscou

Patriarches et chefs de l'ancienne Église russe, leurs reliques ont volé comme un symbole de continuité – une Église non seulement terrestre, mais qui étend sa présence dans l'espace.

En 2011, leurs reliques ont commencé à orbiter autour de la terre même qu'ils gouvernaient autrefois par la prière, témoignant de la chaîne ininterrompue de la foi apostolique.

13. Relique de saint Athanase de Kovrov

Confesseur et évêque du XXe siècle sous la persécution soviétique, saint Athanase symbolise la persévérance de l'Église. L'une de ses saintes reliques, en orbite au-dessus des cendres de ses persécuteurs, est le dernier mot de la victoire. En 2010, elle a été emportée dans la station spatiale par le cosmonaute Sergueï Volkov.

La vérité est peut-être enterrée pour un temps, mais elle vole désormais librement.

14. Revues et coupures de presse religieuses orthodoxes

Détail modeste, mais touchant : des journaux, des bulletins et des lettres d'information de l'Église ont également été emportés dans l'espace, prenant place à proximité des icônes et des reliques. Ils témoignent de la vie orthodoxe quotidienne : fêtes, baptêmes, calendriers liturgiques.

En orbite, ils deviennent des icônes de la communauté : preuve que l'Église n'est pas seulement hiérarchie et doctrine, mais aussi amour et culte quotidiens.

15. Petites icônes en étain et en papier

Ni dorées à la feuille, ni sophistiquées, ni officiellement médiatisées, ces humbles icônes sont profondément personnelles : glissées dans les poches des cosmonautes, embrassées par leur famille avant le lancement.

Elles flottent désormais au-dessus du monde, portant des prières silencieuses depuis la terre.

Cosmonautes sur la station spatiale avec des icônes de saint Serge de Radonège

Conclusion : Le ciel au-dessus, la terre en dessous

Au-dessus de nous, toutes les quatre-vingt-dix minutes, une procession de croix fait le tour du globe – non pas à pied, mais sur des ailes solaires. L'Évangile flotte silencieusement. Des icônes se pressent délicatement contre les cloisons. Des reliques murmurent des prières dans des couloirs métalliques. C'est une liturgie sans gravité – un rappel discret que les cieux proclament la gloire de Dieu.

Bien avant que les milliardaires ne lancent des satellites, l'Église a lancé l'espoir. Aujourd'hui, elle tourne autour de la Terre, nous bénissant d'en haut.

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7 août 2025 4 07 /08 /août /2025 15:14
Question sur la prière répétitive

Vous m’aviez parlé d’un homme qui priait sans cesse. Comment faisait-il ? Est-ce possible pour nous aussi, ou faut-il une certaine expérience pour y arriver ?

La prière incessante est une injonction de Saint Paul "Priez sans cesse" qui a été à l'origine d'une tradition spirituelle apparue d'abord chez les Pères du désert (premiers moines dans les déserts de l'Egypte autour de Saint Antoine et Saint Pacome) puis transmise avec le monachisme dans tout l'occident.

Le principe spirituel est la répétition incessante d'une phrase, d'un verset de la Bible voire d'un simple mot (c'est un incontournable de nombreuses traditions comme dans le soufisme musulman) d'abord à haute voix puis mentalement et quand la grâce de Dieu le donne et, sans aucun effort de la volonté, la répétition de cette phrase/prière se fait dans le cœur automatiquement pendant le jour et la nuit quelque soit notre activité. 

Cette dernière façon de prier n'est pas donné à tous. Elle peut être reçue au début de cette pratique et perdue ensuite comme une façon de nous montrer que c'est possible mais pas acquise définitivement pour l'instant. Sinon elle est reçue quand on atteint un certain niveau de sainteté par cette voie spirituelle qui est celle des saints hésychastes.

Le processus est donc la descente de la prière vocale/mentale à la prière dans le cœur. D'abord par un effort de la volonté puis par la grâce de l'esprit par une répétition automatique et consciente. Ce n'est pas une technique si ce n'est au début mais une prière qui engage tout l'être corps/âme-psychisme/esprit. Et il est recommandé d'essayer de répéter la phrase en l'imaginant répétée dans le cœur car il y a un lien mystérieux entre le cœur physique et le cœur spirituel de l'homme qui est le temple où se trouve Jésus en nous.

La prière répétitive chrétienne est centrée généralement sur le nom de Jésus et traditionnellement dans l'orthodoxie elle se fait par la répétition de la phrase suivante souvent posée sur le souffle (sur l'inspir pour la première partie et l'expir pour la deuxième partie) : Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu / Aie pitié de moi, pécheur. Dans les pays de tradition grecque la phrase est réduite à sa plus simple expression : Seigneur, aie pitié - Kyrie eleison. On l'appelle Prière du Cœur ou Prière de Jésus.

Sur le plan théologique cette prière qui est en même temps une confession de foi

- un Crédo qui reconnaît que Jésus est le Messie, l'envoyé de Dieu, le Christ; qu'il est un homme, Jésus; qu'il est le roi souverain de la Création devant qui "tout genou fléchit", Seigneur; qu'il est Dieu par sa filiation, Fil de Dieu; que je ne suis qu'un homme/femme qui n'est rien sans lui, sans son amour et que lui seul peut me sauver car je suis pécheur c'est-à-dire coupé de lui par mon incapacité à l'aimer, Aie pitié de moi, Pécheur -

et le moyen d'entrer en union avec Dieu, d'acquérir l'Esprit-Saint qui nous rend saint, qui nous divinise. 

C'est ce qu'on appelle l'hésychasme et les saints qui suivent cette voie sont appelés hésychastes.

Plus précisément : L’hésychasme est une tradition spirituelle et mystique au cœur de l’orthodoxie chrétienne, notamment dans le monachisme oriental. Le terme « hésychasme » vient du grec « hesychia » qui signifie « quiétude, silence, paix intérieure ». 

C’est une voie de prière et de contemplation qui vise à l’union intime avec Dieu, à la déification de l’être humain par la grâce divine.

A Béthanie P Pascal anime des sessions sur la prière du coeur. C'est un bon moyen d'entrer dans cette voie spirituelle. C'est une session à offrande libre donc accessible à tous. 

Le prochaine en octobre :
https://www.centre-bethanie.org/event-details/linvocation-du-saint-nom-2025-10-27-19-00

Pour en savoir plus : il y a énormément de littérature sur le sujet. En voici un peu :

Il y a ce petit livre des fondateurs du Centre Béthanie
Prière de Jésus, prière du coeur

https://www.fnac.com/a5268401/Alphonse-Goettmann-Priere-de-Jesus-priere-du-coeur

Et aussi ce livre écrit par le hiéromoine Frère Jean Père Gérasime dont j'ai donné le lien plus haut vers son podcast sur le sujet

« La prière du cœur » de Frère Jean
https://orthodoxie.com/la-priere-du-coeur-de-frere-jean/

Et aussi un autre petit livre incontournable pour comprendre l'esprit de cette prière dans la tradition orthodoxe russe :

Récits d'un pèlerin russe
https://www.amazon.fr/R%C3%A9cits-dun-p%C3%A8lerin-russe-Anonyme/dp/2757842137

et un autre livre pour sa mise en pratique 

Marcher et prier avec Le pèlerin russe

https://www.amazon.fr/Marcher-prier-avec-p%C3%A8lerin-russe/dp/2488010006

Je t'embrasse
P Elie

En savoir plus

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9 juillet 2025 3 09 /07 /juillet /2025 14:43
Le pape Leon XIV et les rites des Eglises orientales

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, que la paix soit avec vous !

Béatitudes, Éminence, Excellences,
chers prêtres, consacrés et consacrées,
frères et sœurs,

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! Je vous salue avec les paroles que, dans de nombreuses régions, l’Orient chrétien ne se lasse pas de répéter en ce temps pascal, professant ainsi le noyau central de la foi et de l’espérance.

Et il est beau de vous voir ici, précisément à l’occasion du Jubilé de l’espérance dont la résurrection de Jésus est le fondement indestructible.

Bienvenue à Rome ! Je suis heureux de vous rencontrer et de consacrer aux fidèles orientaux l’une des premières audiences de mon pontificat.

Vous êtes précieux. En vous regardant, je pense à la diversité de vos origines, à l’histoire glorieuse et aux dures souffrances que beaucoup de vos communautés ont endurées ou endurent encore.

Et je voudrais répéter ce que le Pape François a dit à propos des Églises orientales : « Ce sont des Églises qu’il faut aimer : elles préservent des traditions spirituelles et sapientielles uniques, et ont beaucoup à nous dire sur la vie chrétienne, la synodalité, la liturgie ; pensons aux Pères anciens, aux conciles, au monachisme : ce sont des trésors inestimables pour l’Église » (Discours aux participants à l’Assemblée de la ROACO, 27 juin 2024).

Je voudrais également citer le Pape Léon XIII qui fut le premier à consacrer un document spécifique à la dignité de vos Églises, en raison du fait que “l’œuvre de la rédemption humaine a commencé en Orient” (cf. Lett. ap. Orientalium dignitas, 30 novembre 1894).

Oui, vous avez « un rôle unique et privilégié, dans la mesure où il constitue le cadre originel de l’Église naissante » (S. Jean-Paul II, Lett. ap. Orientale lumen, n. 5).

Il est significatif que certaines de vos liturgies – que vous célébrez solennellement ces jours-ci à Rome selon les différentes traditions – utilisent encore la langue du Seigneur Jésus.

Mais le Pape Léon XIII lança un appel émouvant afin que « la légitime diversité de la liturgie et de la discipline orientales [...] redonne [...] une grande dignité et une grande valeur à l’Église » (Lett. ap. Orientalium dignitas).

Sa préoccupation d’alors est très actuelle, car aujourd’hui, beaucoup de nos frères et sœurs orientaux, dont plusieurs d’entre vous, contraints de fuir leur terre d’origine à cause de la guerre et des persécutions, de l’instabilité et de la pauvreté, risquent, en arrivant en Occident, de perdre, outre leur patrie, leur identité religieuse.

C’est ainsi qu’au fil des générations, le patrimoine inestimable des Églises Orientales se perd.

Il y a plus d’un siècle, Léon XIII remarquait que « la conservation des rites orientaux est plus importante qu’on ne le croit » et, à cette fin, il prescrivait même que « tout missionnaire latin, du clergé séculier ou régulier, qui, par ses conseils ou son aide, attirait un Oriental vers le rite latin » serait « destitué et exclu de sa charge » (ibid.).

Nous accueillons l’appel à préserver et à promouvoir l’Orient chrétien, en particulier dans la diaspora, où il y est nécessaire de sensibiliser les Latins ; en plus de la création, lorsque cela est possible et opportun, de circonscriptions orientales.

En ce sens, je demande au Dicastère pour les Églises Orientales, que je remercie pour son travail, de m’aider à définir des principes, des normes, des lignes directrices grâce auxquels les Pasteurs latins pourront concrètement soutenir les catholiques orientaux de la diaspora afin de préserver leurs traditions vivantes et d’enrichir par leur spécificité le contexte dans lequel ils vivent.

L’Église a besoin de vous.

Quelle contribution importante peut nous apporter aujourd’hui l’Orient chrétien !

Combien nous avons besoin de retrouver le sens du mystère, si vivant dans vos liturgies qui impliquent la personne humaine dans sa totalité, chantent la beauté du salut et suscitent l’émerveillement devant la grandeur divine qui embrasse la petitesse humaine !

Et combien il est important de redécouvrir, même dans l’Occident chrétien, le sens de la primauté de Dieu, la valeur de la mystagogie, de l’intercession incessante, de la pénitence, du jeûne, des larmes pour ses propres péchés et pour ceux de toute l’humanité (penthos), si typiques des spiritualités orientales !

Il est donc fondamental de préserver vos traditions sans les édulcorer ne serait-ce que par commodité, afin qu’elles ne soient pas corrompues par un esprit consumériste et utilitariste.

Vos spiritualités, anciennes et toujours nouvelles, sont un remède.

Le sens dramatique de la misère humaine s’y confond avec l’émerveillement devant la miséricorde divine, de sorte que nos bassesses ne provoquent pas le désespoir mais invitent à accueillir la grâce d’être des créatures guéries, divinisées et élevées aux hauteurs célestes.

Nous devons louer et remercier sans cesse le Seigneur pour cela. Avec vous, nous pouvons prier avec les paroles de saint Éphrem le Syrien et dire à Jésus : « Gloire à toi qui as fait de ta croix un pont sur la mort. […] Gloire à toi qui t’es revêtu du corps de l’homme mortel et l’as transformé en source de vie pour tous les mortels » (Discours sur le Seigneur, 9).

C’est un don à demander que de voir la certitude de Pâques dans chaque épreuve de la vie et de ne pas perdre courage en se rappelant, comme l’écrivait un autre Père oriental, que « le plus grand péché est de ne pas croire aux énergies de la Résurrection » (Saint Isaac De Ninive, Sermons ascétiques, I, 5).

Qui donc, plus que vous, pourrait chanter des paroles d’espérance dans l’abîme de la violence ?

Qui plus que vous, qui connaissez de près les horreurs de la guerre, au point que le Pape François a qualifié vos Églises de « martyres » (Discours à la ROACO, cit.) ?

C’est vrai : de la Terre Sainte à l’Ukraine, du Liban à la Syrie, du Moyen-Orient au Tigré et au Caucase, quelle violence ! Et sur toute cette horreur, sur les massacres de tant de jeunes vies qui devraient provoquer l’indignation car ce sont des personnes qui meurent au nom de la conquête militaire, se détache un appel : non pas tant celui du Pape, mais celui du Christ, qui répète : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 19.21.26).

Et il précise : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). La paix du Christ n’est pas le silence de mort après le conflit, elle n’est pas le résultat de l’oppression, mais un don qui concerne les personnes et réactive leur vie.

Prions pour cette paix qui est réconciliation, pardon, courage de tourner la page et de recommencer.

Je mettrai tout en œuvre pour que cette paix se répande. Le Saint-Siège est disponible pour que les ennemis se rencontrent et se regardent dans les yeux, pour que les peuples retrouvent l’espérance et la dignité qui leur reviennent, la dignité de la paix.

Les peuples veulent la paix et, la main sur le cœur, je dis aux responsables des peuples : rencontrons-nous, dialoguons, négocions !

La guerre n’est jamais inévitable, les armes peuvent et doivent se taire, car elles ne résolvent pas les problèmes, elles les aggravent ; ce sont ceux qui sèment la paix qui passeront à la postérité, pas ceux qui font des victimes ; les autres ne sont pas d’abord des ennemis, mais des êtres humains : pas des méchants à haïr, mais des personnes avec qui parler. Fuyons les visions manichéennes typiques des récits violents qui divisent le monde entre bons et méchants.

L’Église ne se lassera pas de répéter : que les armes se taisent.

Et je voudrais remercier Dieu pour tous ceux qui, dans le silence, dans la prière, dans le don de soi, tissent des liens de paix, ainsi que les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d’abandonner ces terres.

Il faut donner aux chrétiens la possibilité, et pas seulement en paroles, de rester sur leurs terres avec tous les droits nécessaires à une existence sûre. Je vous en prie, engagez-vous pour cela !

Et merci, merci à vous, chers frères et sœurs d’Orient, où est né Jésus, Soleil de justice, d’être “lumières du monde” (cf. Mt 5, 14).

Continuez à briller par la foi, l’espérance et la charité, et par rien d’autre.

Que vos Églises soient un exemple, et que les Pasteurs promeuvent avec droiture la communion, surtout dans les Synodes des Évêques, afin qu’ils soient des lieux de collégialité et d’authentique coresponsabilité.

Veillez à la transparence dans la gestion des biens, témoignez d’un dévouement humble et total au saint peuple de Dieu, sans attachement aux honneurs, aux pouvoirs du monde et à votre propre image.

Saint Siméon le Nouveau Théologien en donnait un bel exemple : « De même que quelqu’un qui jette de la poussière sur la flamme d’un fourneau allumé l’éteint, de même les soucis de cette vie et tout attachement à des choses mesquines et sans valeur détruisent la chaleur du cœur enflammé au commencement » (Chapitres pratiques et théologiques, 63).

La splendeur de l’Orient chrétien demande aujourd’hui plus que jamais d’être libérée de toute dépendance mondaine et de toute tendance contraire à la communion, afin d’être fidèle à l’obéissance et au témoignage évangéliques.

Je vous en remercie et je vous bénis de tout cœur, en vous demandant de prier pour l’Église et d’élever vos puissantes prières d’intercession pour mon ministère. Merci !

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