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11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 20:30

 

Cette vidéo a été publiée il y a juste un an, et elle a été vue près de 300.000 fois… Le groupe de Saint-Pétersbourg Otava Yo (Отава Ё) a une fiche Wikipedia en français.

Cette sainte nuit, cette nuit du salut, est annoncé dans le monde entier le mystère de l’incarnation de Dieu, est annoncé dans le monde entier le mystère de l’incarnation de Dieu.

Cette nuit, les bergers n’ont pas dormi près de leurs troupeaux. Un ange brillant est venu vers eux, du fin fond brillant des cieux, un ange brillant est venu vers eux, du fin fond brillant des cieux.

Une grande peur est venue sur les enfants du désert. Il leur a dit : Oh, n’ayez pas peur. C’est une joie maintenant pour le monde entier. Il leur a dit : Oh, n’ayez pas peur. C’est une joie maintenant pour le monde entier.

Dieu est né maintenant pour sauver des vies. Allez et voyez, en grande humilité, allez et voyez, en grande humilité., vous trouverez pour vous-mêmes le Fils de Dieu.

C’est un petit enfant dans une pauvre mangeoire, vous le verrez de vos propres yeux. C’est un petit enfant dans une pauvre mangeoire, vous le verrez de vos propres yeux.

Et depuis les hauteurs des cieux un chant a éclaté soudain : Gloire, Gloire à Dieu dans les hauteurs, sur la terre miséricorde. Gloire à Dieu dans les hauteurs, et sur la terre miséricorde.

Et en voici une autre, publiée il y a trois ans, vue plus de 700.000 fois :

A Jérusalem les cloches se sont mises à sonner : Réjouissez-vous ! Terre, réjouis-toi, le Fils de Dieu est né. A toi maître nous apportons une bonne nouvelle. Terre, réjouis-toi : le Fils de Dieu est né ! A la Vierge bénie est née un fils, réjouissez-vous ; terre, réjouis-toi, le Fils de Dieu est né !

Et pour toi maître ce sont trois fêtes, réjouissez-vous, terre, réjouis-toi, le Fils de Dieu est né. La première est le saint jour de Noël, réjouissez-vous, terre, réjouis-toi, le Fils de Dieu est né. La deuxième est pour Basile le Grand [1er janvier], réjouissez-vous, terre, réjouis-toi, le Fils de Dieu est né. Et puis il y a le Saint Baptême [la Théophanie], le troisième jour saint, réjouissez-vous, terre, réjouis-toi, le Fils de Dieu est né.

Par ces paroles soyez bénis ! Réjouissez-vous, terre, réjouis-toi, le Fils de Dieu est né !

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10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 20:30

Qu’est-ce que la règle de prière de la Mère de Dieu? Comment et quand l'utiliser ? Dois-je demander la bénédiction d'un prêtre pour lire ces prières ? Pourquoi sont-elles répétées 150 fois ? 

Cet article répond aux plus courantes d'entre elles et explique comment ce rite a été formé, comment le Nom du Christ est invisiblement présent dans une prière à la Vierge Sainte, et comment suivre ce schéma apparemment complexe de demandes de prière.

Une prière basée sur l'Évangile
Parmi les prières du matin, que nous lisons quotidiennement à la maison, il y a un chant sincère à la Très Sainte Génitrice de Dieu : "Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes, et béni est le Fruit de ton sein, car tu as mis au monde le Sauveur de nos âmes."

Sans aucun doute, tous les chrétiens orthodoxes, connaissent et aiment cette prière.

Elle résonne dans les maisons et dans les églises (par exemple, le samedi soir, lorsque la chorale la chante trois fois pendant la bénédiction des pains [de la Litie] lors de la vigile nocturne).

La pratique de répéter cette prière non pas une ou trois fois, mais cent cinquante fois est appelée Règle de prière de la Mère de Dieu.

Il est clair que réaliser un tel nombre de répétitions, sans pauses ni interruptions, serait difficile.

C'est pourquoi la Règle est divisée en quinze dizaines, entrecoupées d'autres prières.

Il est pratique d'utiliser un chapelet de prière pour compter les prières.

La base de cette oraison de prière à la Mère de Dieu est formée par trois citations de l'Évangile de Luc.

La première partie est la salutation de l'archange Gabriel au moment de l'Annonciation : « L'ange entra chez elle, et dit: réjouis-toi, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi.. » (Luc 01:28)

La deuxième partie est la glorification de la Vierge Marie par la juste Élisabeth : « ... et Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit : Et elle s'exclama d'une voix forte et dit : Bénie es-tu entre  les femmes, et béni est le fruit de ton sein. » (Luc 1:41-42)

La troisième partie est la réponse de la Mère de Dieu elle-même : « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu, mon Sauveur ! » (Luc 1:46-47)

Selon les historiens de l'Eglise, ce fut probablement saint Cyrille d'Alexandrie, l'un des Pères de l'Église du cinquième siècle, qui combina les fragments de l'Évangile en un seul appel de prière.

Dans le rite latin, une invocation presque identique est connue depuis le XIe siècle sous le nom d’Ave Maria.

Étoile de Lumière, un manuscrit sur les miracles

En Russie, la pratique de répéter "«Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce," lors de prières monastiques ou privées commença à se répandre vers la fin du XVIIe siècle.

Un tel effort spirituel fut fait par ceux qui souhaitaient prier la Mère de Dieu d'une manière spéciale, recevoir son réconfort et sa protection, ou remercier la Vierge Sainte pour son intercession.

La règle de prière de la Mère de Dieu fut formée sous l'influence de la compilation manuscrite alors populaire intitulée L’étoile lumineuse, avec des descriptions des miracles associés à la prière "Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi ", recueillie en quinze articles.

Entre autres, elle comprenait l'histoire d'un certain moine qui se moqua de cette prière et qui fut privé de sa santé mentale.

Après avoir trouvé la force de se tourner vers la Mère de Dieu, il fut guéri. 

Une autre anecdote raconte l'histoire d'un évêque, qui n'avait pas accepté cette prière, après quoi, dans un rêve il se vit noyer.

Après qu'il se soit repenti, le rêve se répéta, mais cette fois, la Mère de Dieu y apparut et sauva l'évêque de la noyade. De telles histoires étaient faciles à mémoriser et servaient à l'éducation spirituelle du peuple.

Prière bénie par les saints

En 1825, le vénérable Séraphim de Sarov a décrit avoir eu une vision de la Mère de Dieu, lui ordonnant d'établir une communauté monastique féminine (l'actuel couvent de Diveyevo).

Le chemin, le long duquel la Mère de Dieu avait fait le tour du futur monastère, s'appelait le canal (Kanavka) de la Mère de Dieu.

Suite à la volonté de saint Séraphim de Sarov, les moniales de la communauté de Diveyevo commencèrent à marcher tous les jours le long de ce canal , lisant la prière "«Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi " 150 fois.

D'autres startsy parlèrent également des avantages de la récitation de la Règle de prière de la Mère de Dieu.

Le vénérable Parthène de Kiev (début du XIXe siècle) prononçait cette prière 300 fois par jour.

Le moine mégaloschème Héliodore de l’ermitage de Glinsk (fin du XIXe siècle) donna également la bénédiction à ses enfants spirituels pour lire cette prière.

Le XXe siècle vit la formation de la règle de prière de la Mère de Dieu sous sa forme moderne grâce au hiéromartyr Séraphim (Zvezdinsky). Pendant son exil, l'évêque Séraphim observa cette règle de prière tous les jours.

Il recommandait de la développer en commémorant divers événements de la vie de la Vierge Sainte en y ajoutant des demandes privées, en priant pour soi et pour le monde entier.


 Hiéromartyr Séraphim de (Zvezdinsky)
« Protégez-vous plus souvent et avec plus de diligence, mes chers enfants, avec ce mur invincible.

Avec cette prière, nous ne périrons jamais. Nous ne brûlerons ni dans le feu, ni ne coulerons dans la mer », écrivit Vladyka Séraphim à ses enfants spirituels depuis l'exil.

« Et si Satan, notre adversaire, nous fait trébucher sur notre chemin et nous abat, nous chanterons la salutation angélique, et nos âmes malades, polluées par le péché, seront guéries et purifiées. »

Lire la règle de prière de la Mère de Dieu

La règle de prière de la Mère de Dieu n'est pas incluse dans le Typikon, et les façons de la lire peuvent varier. Considérons celle introduite par le hiéromartyr Séraphim (Zvezdinsky).

Au début de la Règle, nous disons le  « Notre Père » et la prière «Ouvre-nous les portes de la miséricorde, Ô Mère de Dieu bénie, car espérant en toi, nous ne périrons pas ; par toi que nous soyons délivrés de l'adversité, car tu es le salut du peuple chrétien. »

Puis, soigneusement et lentement, nous répétons dix fois : « Ô Mère de Dieu et Vierge, réjouis-toi, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit de ton sein, car tu as mis au monde le Sauveur de nos âmes. »

Après cette première dizaine, nous nous souvenons de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu.

Nous prions pour les mères, les pères et les enfants.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, sauve et garde Tes serviteurs (noms de parents et de proches) et donne à ceux qui sont décédés, le repos avec les saints dans ta gloire éternelle. »

Deuxième dizaine.

Nous nous souvenons de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu. Nous prions pour ceux qui se sont égarés et se sont éloignés de l'Église.

« Ô Sainte Souveraine Mère de Dieu, sauve et protège Tes serviteurs (noms) perdus et qui sont tombés et unis-les à la Sainte Église orthodoxe. »

Troisième dizaine.

Nous nous souvenons de l'Annonciation de la Très Sainte Mère de Dieu et prions pour l’apaisement des épreuves et la consolation de ceux qui pleurent.

« Ô Très Sainte souveraine, Mère de Dieu, apaise nos peines et accorde la consolation à Tes serviteurs malades et en deuil (noms). »

Quatrième dizaine.

Nous nous souvenons de la visite de la Très Sainte Mère de Dieu à la juste Élisabeth. Nous prions pour la réunion des êtres séparés et pour ceux dont les parents ou les enfants sont portés disparus.

« Ô Très Sainte Mère de Dieu, réunis tes serviteurs séparés (noms) ».

Cinquième dizaine.

Nous nous souvenons de la Nativité du Christ et prions pour la renaissance de nos âmes et une nouvelle vie en Christ.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, accorde-moi, qui a été baptisé en Christ, de revêtir  le Christ. »

Sixième dizaine.

Nous nous souvenons de la Rencontre du Seigneur et de la prophétie de saint Siméon, « ... et une épée transpercera ton âme. » (Voir Luc 2:35)

Nous prions pour que la Mère de Dieu accueille nos âmes à l'heure de notre mort, en les comptant dignes de recevoir la Sainte Communion et en les guidant à travers les péages aériens.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, accorde-moi à l'heure de mon dernier souffle de prendre part aux Saints Mystères et conduis mon âme à travers les terribles épreuves. »

Septième dizaine.

Nous nous souvenons de la fuite en Égypte et prions pour que la Reine du Ciel nous aide à éviter les tentations dans cette vie et à nous délivrer des tourments.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, ne me soumets pas à la tentation dans cette vie et délivre-moi de tous tourments. »

Huitième dizaine.

Nous nous souvenons de la disparition de l'enfant Jésus, âgé de douze ans, à Jérusalem et de la tristesse de la Mère de Dieu pour la disparition de son enfant.

Nous prions en demandant à la Mère de Dieu une prière incessante auprès de son Fils.

« Ô Très Sainte Sainte Souveraine Mère de Dieu, Très Pure Vierge Marie, accorde-moi la prière incessante de Jésus. »

Neuvième dizaine.

Nous nous souvenons du miracle à Cana de Galilée, lorsque le Seigneur transforma l'eau en vin, en entendant les paroles de Sa Mère, disant : « Ils n'ont pas de vin ».

Nous demandons à la Mère de Dieu de l'aide dans nos affaires et la délivrance du manque..

Ô Très Sainte Mère de Dieu, aide-moi en toutes choses, et délivre-moi de tous soucis et de toute détresse.

Dixième dizaine.

Nous nous souvenons de la Mère de Dieu debout à la Croix du Seigneur, lorsque la douleur perça son âme comme une épée.

Nous demandons à la Mère de Dieu d'accroître notre force spirituelle et d'éloigner notre découragement.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, Sainte Vierge Marie, affermis-moi spirituellement et chasse de moi le découragement. »

Onzième dizaine.

Nous nous souvenons de la résurrection du Christ et demandons à la Mère de Dieu dans la prière de ressusciter nos âmes et de nous donner de la vigueur pour accomplir de nouveaux actes de foi.

« Ô Très Sainte Mère de Dieu, ressuscite mon âme et accorde-moi une préparation constante pour de nouveaux actes de foi. »

Douzième dizaine.

Nous nous souvenons de l'Ascension du Christ, à laquelle la Mère de Dieu était présente.

Nous prions et demandons à la Reine des Cieux d'élever nos âmes loin de la vanité terrestre et de les diriger vers la poursuite de choses plus élevées des vils amusements terrestres et de les diriger vers l'aspiration au Royaume des Cieux.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, délivre-moi des pensées vaines et accorde-moi un esprit et un cœur qui aspirent au salut de l'âme. »

Treizième dizaine.

Nous nous souvenons de la chambre haute de Sion et de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres et la Mère de Dieu. Nous prions : « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et renouvelle en moi un esprit de rectitude. Ne me prive pas de Ta présence, et ne retire pas de moi  ton Saint-Esprit. »

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, fais descendre et fortifie la grâce du Saint-Esprit dans mon cœur. »

Quatorzième dizaine.

Nous nous souvenons de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu et lui demandons une fin paisible et sereine.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, accorde-moi une mort paisible. »

Quinzième dizaine.

Nous nous souvenons de la gloire de la Mère de Dieu, avec laquelle elle est couronnée par le Seigneur après son départ de la terre vers le Ciel, et nous la prions de ne pas abandonner les fidèles sur terre, les protégeant de tout mal.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, sauve-moi de tout mal et protège-moi sous ton voile. »

À la fin, nous lisons « Ouvre-nous la porte de la miséricorde... » une fois de plus.

Louange du Fils et de la Mère

Le schéma ci-dessus est difficile à retenir par cœur ; pour l'observer, il faut constamment regarder le texte des prières.

Cependant, il se peut qu'il ne soit pas toujours à portée de main. Pour cette raison, il existe une autre version de la règle de prière de la Mère de Dieu.

Après avoir répété le « Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce» dix fois, nous lisons le « Notre Père » puis nous commençons à lire la dizaine de prières suivantes.

D'autres options sont également possibles.

Il est conseillé de consulter votre Père spirituel afin de choisir la façon la plus appropriée de lire cette prière.

Beaucoup de justes attachaient une grande importance à la règle de prière de la Très Sainte Mère de Dieu.

À première vue, elle ne contient pas de demandes directes à la Mère de Dieu, ni ne mentionne Jésus-Christ.

En même temps, lorsque nous lisons « Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec toi», nous devenons comme des anges qui glorifient la Mère de Dieu, et quand nous disons « Seigneur », « fruit de ton sein », ou « le Sauveur », nous entendons Jésus-Christ.

À cette fin, en observant la règle de prière de la Mère de Dieu, nous louons le Fils de Dieu et Sa Très Pure Mère, entrant dans la communion de prière avec eux et nous plaçons sous leur protection céleste.

Version française Claude Lopez-Ginisty

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9 février 2023 4 09 /02 /février /2023 20:30

Il perçoit Dieu dans la nature et le rire des enfants. Mais pour cet écrivain mystique hors norme, la foi est peu compatible avec la vie en société.

Psychologies : On dit que vous êtes un écrivain “qui croit”. Mais en quoi croyez-vous ?
Christian Bobin : Je crois en la " présence " même. Une présence entière et imprévue.

Comme je ne suis pas délirant, je ne parle que de ce que je vois. Cette croyance qui me tient – et non que " j’ai ", comme on possède un objet ou un livre dans sa bibliothèque – me permet de percevoir des correspondances, des échanges entre un rosier et un visage retourné à la terre, ou entre une phrase écrite dans un livre il y a deux siècles et le sourire surpris d’un passant aujourd’hui…

En ce sens, ma foi est de l’ordre de la contemplation : c’est ne pas me remettre d’être sur Terre, c’est être étonné comme un nouveau-né, c’est avoir un appétit immense du " jamais vu " de la vie. Cela n’a rien à voir avec le Dieu enfermé dans les consignes automatiques des Eglises.

Ces correspondances apparaissent partout dans votre œuvre. On a l’impression que l’existence de Dieu vous apparaît dans les plus petites choses, à “ras de terre”, comme vous l’avez écrit dans “Le Très-Bas”. Mais est-ce que cela s’arrête parfois ?

Bien sûr ! A certains moments, je suis atteint, comme chacun de nous, par un manque de fraîcheur. Quand ça s’arrête, j’attends, c’est tout ce que je sais faire. J’ai l’espérance que quelque chose va revenir, et quelque chose toujours revient. Quelque chose dont je ne suis pas maître… D’ailleurs, j’accepte d’avoir très peu de maîtrise sur cette vie. Je trouve que la maîtrise d’une personne sur sa propre vie, ce qui est, hélas !, possible, donne à la vie une consistance pierreuse, voire funéraire.

Priez-vous ?
Je ne sais pas vraiment ce que c’est que prier. Ou, si c’est tout simplement " regarder vraiment ", si c’est ce commerce sans phrases avec ce qui se présente à moi, alors oui, il m’arrive de prier.

Vous vous reconnaissez quand même comme chrétien…
J’aime lire parfois des pages de Lao-Tseu ou certaines pensées bouddhistes. Elles sont souvent très belles, " pacifiantes " comme des massifs d’hortensias bleus…

Mais la manière vivante du Christ d’aller dans sa vie telle qu’elle nous a été racontée m’apparaît inégalable. Je m’appuie sur sa parole, et ce que je sais de Dieu, c’est ce que cet homme m’en a dit, rien d’autre. Dans les Evangiles, je ne trouve pas une technique, encore moins un modèle ou un dogme.

Je trouve une vie lumineuse, qui est comme la vie même : traversée sans cesse d’événements, avec, tout de suite, des réponses à ces événements…

Ça dure le temps d’une comète, à peine trente-trois ans, mais on en perçoit la lueur encore aujourd’hui.

Diriez-vous que croire aide à vivre ?
Je pense qu’il n’y a qu’une seule chose qui puisse vraiment aider à vivre, c’est la conscience de la mort.

Et la croyance, pour moi, est inséparable de cette connaissance consciente : la certitude que ce jour va passer, que presque tout va passer – car je crois que tout passe, sauf le cœur – change notre perspective.

C’est le socle sur lequel on peut, me semble-t-il, s’appuyer pour voir cette vie dans toute son étendue, et la goûter vraiment.

La croyance en Dieu ne rend-elle pas plus fort ?
Pour moi, Dieu a partie liée avec le plus faible de cette vie : la petite enfance, les mourants…

Et il se présente dans tout ce qui nous sort de la convention sociale : ruptures, douleurs, joies. Là où " c’est joli " d’en parler, je ne crois pas qu’il y ait Dieu.

Le Dieu auquel croient – entre autres – les Américains, celui qu’ils ont mis sur le dollar, propose, selon moi, une manière d’être " cruellement optimiste ".

C’est le petit Dieu mauvais du narcissisme, le Dieu magique de la toute puissance imaginaire, celui du nouveau-né qui pense que sa mère est une partie bienfaisante de lui et se met donc à hurler dès que cette partie s’éloigne ou ne répond pas à ses vœux. Je ne crois pas à ce Dieu-là, qui est comme un prolongement monstrueux de la personne.

Celui auquel je crois est tout le contraire. Il est de l’ordre de la lézarde, du passage et du manque.

D’ailleurs, vous écrivez beaucoup sur les épreuves, la douleur de perdre ceux que l’on aime, la fragilité des choses…
Dans l’imaginaire courant, c’est un peu comme si ceux qui avaient la foi possédaient un compte en banque ! La confiance et la tranquillité en sortiraient à jets continus.

Mais pour moi, la foi, ce n’est pas ça du tout. Elle se paie parfois cher et apparaît sur fond de ténèbres, de doutes ou de compassion.

Arthur Rimbaud disait, dans Une saison en enfer : " Je ne me crois pas embarqué dans une noce avec Jésus-Christ comme beau-père. " Je suis assez d’accord avec ça.

J’ai appris que cette vie n’est pas une noce. Elle est fabuleuse, mais elle est terrible aussi. Les deux aspects sont indissociables.

Le Dieu auquel je crois n’est pas fort, mais il est aussi invincible qu’un courant d’air.

C’est-à-dire qu’il rentre dans les têtes et dans les vies alors qu’elles se croyaient cloîtrées, comme bétonnées par la convention, par un faux repos, par de fausses certitudes.

Donc, pour revenir à votre question précédente, c’est un Dieu qui est plus dérangeant qu’arrangeant, et je dis sans aucun masochisme que croire rend la vie, dans un sens, plus difficile.

Pourtant, on dit souvent que la foi aide à développer des qualités positives.
Justement ! Si vous développez des qualités comme la bonté ou la compassion, votre vie va, au contraire, devenir de plus en plus difficile ! Quelle bonne nouvelle, n’est-ce pas ? [Rires.]

Cette difficulté est bien sûr fabuleuse mais, d’une certaine façon, votre vie sera de moins en moins compatible avec l’état social ordinaire qui repose, derrière la courtoisie, sur la lutte et le déchirement.

Vous avez écrit que “la plupart des gens sont tellement adaptés qu’ils en deviennent inexistants”. La foi serait-elle ce qui permet d’être vraiment au monde sans se perdre soi ?
Oui, c’est ça. C’est le contraire d’une adaptation.

Quelqu’un qui est adapté à son milieu, c’est quelqu’un qui est en train de disparaître. La convention mange la plupart des vies comme une petite souris à petites dents et, au bout du compte, c’est la vie entière qui peut être mangée comme un gruyère.

Ça se passe petit à petit : dans des politesses, dans la croyance qu’il y a des choses qui ne se font pas, dans la croyance qu’il existe des modèles pour vivre ou pour écrire.

J’ai parfois été peiné de voir des gens qui avaient une pleine possession de leur talent à l’oral et qui, lorsqu’ils se mettaient à l’écriture, perdaient leur fraîcheur et leur intelligence parce qu’ils étaient en état de révérence par rapport à cette écriture.

Ils pensaient qu’il fallait que leurs livres ressemblent aux précédents, à ce qui se fait couramment. Toute leur lueur disparaissait alors.

Aujourd’hui, tout le monde invoque Dieu pour justifier des actes terribles. Qu’en pensez-vous ?
J’ai l’impression que les peuples se lancent Dieu au visage comme des enfants se jettent des cailloux.

D’un côté comme de l’autre, leur Dieu est aussi raide, aussi dur et menaçant qu’une pierre. A vrai dire, c’est plutôt leur croyance mortifère en eux-mêmes, c’est leur force qu’ils adorent et qu’ils balancent à la face de l’autre…

Peut-être que Dieu s’amuse : au point d’étouffement où l’on en était, il lui fallait peut-être faire arriver des choses nouvelles entre les uns, repus et stupides, et les autres, affamés et remplis de ressentiment. "

Seule la terreur vous rendra intelligent ", dit le prophète Isaïe dans la Bible… Il est également possible que même cela ne suffise plus à nous réveiller.

Alors, nos petites affaires reprendront : l’économique comme unique pensée, l’avidité, le narcissisme… Les affaires du monde, en somme.

Christian Bobin
Né en 1951 au Creusot, il n’en a pas bougé depuis. Après avoir exercé différents métiers, dont ceux de professeur de philosophie et d’infirmier psychiatrique, il se consacre, dès 1977, à l’écriture, et se fait remarquer, en 1985, pour Souveraineté du vide. Suivront une trentaine d’ouvrages. S’il a indéniablement rencontré le succès, Christian Bobin se tient éloigné des mondanités éditoriales pour mieux vivre solitude et inspiration, sources essentielles de son travail.

Extraits
“ […] Ce serait un Dieu meurtrier que celui qui élirait quelques-uns pour les mettre dans une protection totale jusqu’à leur mort.

Si certains naissaient coiffés, mais coiffés par les anges, comme si le réel allait passer sous leurs yeux comme une toile peinte, sans doutes, sans souffrances, ce serait intolérable.

La vie est difficile et éprouvante même pour la plus grande brute…

Même pour un milliardaire la vie est déchirée, pleine d’angoisse et d’attente, avec à la fin le mur noirci de salpêtre de la mort, alors pourquoi les seules vies faciles seraient-elles celles de ceux qui cherchent le ciel ? […]

La Lumière du monde, paroles réveillées et recueillies par Lydie Dattas, page 38.

“[…] Les mères par instants cessent totalement d’aimer leurs enfants. Impatientes, épuisées ou déçues, elles sortent de l’amour une seconde puis y reviennent à la seconde suivante, comme on franchit d’un pas allègre un abîme qu’on n’a pas vu.

Nous sommes la cause d’un tel désamour de Dieu : excédé, il nous a laissés à notre nuit pour une seconde qui semble durer des siècles. Il ne nous reste plus qu’à attendre la seconde suivante où il nous reprendra. […]

Ressusciter, page 129.

”[…] J’ai 6 ans. Je suis en vacances dans un village de la Bresse où mes parents viennent depuis plusieurs années.

Mon père aide souvent les paysans pour la moisson.

Pendant son absence, un jour, je tourmente ma mère.

Quand mon père arrive à vélo devant la maison, elle lui fait part de son irritation. Il me regarde et me dit : je ne suis pas du tout content de toi. Puisque c’est comme ça je m’en vais et je ne reviendrai pas.

Il enfourche son vélo et s’éloigne sur la route qui, à l’horizon, ondule sous la chaleur. Je me sens alors plus bas qu’aux enfers : par ma faute, je ne reverrai plus jamais mon père.

Après quelques minutes passées dans les flammes, je trouve une solution, la seule qui soit à la hauteur de ma faute et puisse la réparer : m’engouffrer dans l’église proche et prier pour le retour de mon père. Je prends le chemin du salut. Il est encombré par un troupeau d’oies aussi hautes que moi qui me harcèlent et pincent mes jambes sans arrêter ma course.

Mon père revient une heure plus tard et je devine très vite que mes prières ne sont pour rien dans ce retour.

Quarante ans plus tard, demeure le charme des églises de campagne et du soleil caressant le battoir en fer forgé de leurs lourdes portes en chêne.

Demeure aussi la douceur d’avoir un jour prié pour un vivant. […]

Ressusciter, pages 91-92.

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