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29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 22:57
Ô Croix du Christ !

Ô Croix du Christ, symbole de l’amour divin et de l’injustice humaine, icône du sacrifice suprême par amour et de l’égoïsme extrême par stupidité, instrument de mort et chemin de résurrection, signe de l’obéissance et emblème de la trahison, échafaud de la persécution et étendard de la victoire.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dressée en nos sœurs et nos frères tués, brûlés vifs, égorgés et décapités avec des épées barbares et dans le silence lâche.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les visages des enfants, des femmes et des personnes, épuisés et apeurés qui fuient les guerres et les violences et ne trouvent souvent que la mort et tant de Pilate aux mains lavées.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les docteurs de la lettre et non de l’esprit, de la mort et non de la vie, qui au lieu d’enseigner la miséricorde et la vie, menacent de punition et de mort et condamnent le juste.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les ministres infidèles qui au lieu
de se dépouiller de leurs vaines ambitions dépouillent même les innocents de leur dignité.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les cœurs endurcis de ceux qui jugent facilement les autres, cœurs prêts à les condamner même à la lapidation, sans jamais s’apercevoir de leurs propres péchés et de leurs fautes.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les fondamentalismes et dans le terrorisme des adeptes de certaines religions qui profanent le nom de Dieu et l’utilisent pour justifier leurs violences inouïes.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui en ceux qui veulent t’enlever des lieux publics et t’exclure de la vie publique, au nom de quelque paganisme laïc ou même au nom de l’égalité que tu nous as toi-même enseignée.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les puissants et dans les vendeurs
d’armes qui alimentent le four des guerres avec le sang innocent des frères.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les traitres qui, pour trente deniers, livrent n’importe qui à la mort.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les voleurs et les corrompus qui au lieu de sauvegarder le bien commun et l’éthique se vendent dans le misérable marché de l’immoralité.
 
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les sots qui construisent des entrepôts pour conserver des trésors qui périssent, laissant Lazare mourir de faim à leurs portes.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les destructeurs de notre “maison commune” qui par leur égoïsme ruinent l’avenir des générations futures.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les personnes âgées abandonnées de leurs proches, dans les personnes avec un handicap et dans les enfants sous-alimentés et écartés par notre société hypocrite et égoïste.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans notre Méditerranée et dans la Mer
Égée devenues un cimetière insatiable, image de notre conscience insensible et droguée.

Ô Croix du Christ, image de l’amour sans fin et chemin de la Résurrection, nous te voyons encore aujourd’hui dans les personnes bonnes et justes qui font le bien sans chercher les applaudissements ou l’admiration des autres.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les ministres fidèles et humbles qui éclairent l’obscurité de notre vie comme des bougies qui se consument gratuitement pour éclairer la vie de ceux qui sont les derniers.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les visages des sœurs et des personnes consacrées – les bons samaritains – qui abandonnent tout pour panser dans le silence évangélique, les blessures de la pauvreté et de l’injustice.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les miséricordieux qui trouvent dans la miséricorde l’expression la plus haute de la justice et de la foi.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les personnes simples qui vivent joyeusement leur foi dans le quotidien et dans l’observance filiale des commandements.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les repentis qui savent, de la profondeur de la misère de leurs péchés, crier : Seigneur, souviens-toi de moi dans ton Royaume !

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les bienheureux et dans les saints qui savent traverser l’obscurité de la nuit de la foi sans perdre la confiance en toi et sans prétendre comprendre ton silence mystérieux.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les familles qui vivent leur
vocation au mariage avec fidélité et fécondité.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les bénévoles qui secourent
généreusement les personnes dans le besoin et celles qui sont battues.

Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les persécutés pour leur foi qui
dans la souffrance continuent à rendre un témoignage authentique à Jésus et à l’Évangile.
 
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les rêveurs qui vivent avec un cœur d’enfant et qui travaillent chaque jour pour rendre le monde un peu meilleur, plus humain et plus juste.

Dans ta sainte Croix, nous voyons Dieu qui aime jusqu’au bout, et nous voyons la haine qui fait la loi et assèche les cœurs et les esprits de ceux qui préfèrent les ténèbres à la lumière.

Ô Croix du Christ, Arche de Noé qui a sauvé l’humanité du déluge du péché, sauve-nous du mal et du malin ! Ô Trône de David et sceau de l’alliance divine et éternelle, réveille-nous des séductions de la vanité ! Ô cri d’amour, suscite en nous le désir de Dieu, du bien et de la lumière.

Ô Croix du Christ, enseigne-nous que l’aube du soleil est plus forte que l’obscurité de la nuit. Ô Croix du Christ, enseigne-nous que l’apparente victoire du mal se dissipe devant le tombeau vide et face à la certitude de la Résurrection et de l’amour de Dieu que rien ne peut vaincre ou obscurcir ou affaiblir. Amen !

Pape François

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29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 19:18
Le lavement des pieds

Depuis toujours, les commentateurs de l’Evangile que nous venons d’entendre se sont demandés pourquoi le Christ lavait les pieds des disciples, et pas une autre partie du corps. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà posé la question, mais moi, je me suis demandé : pourquoi donc les pieds ?

 

C’est intéressant que le Christ lave les pieds… il ne lave pas les jambes, ni les bras, ni la tête, il lave les pieds… alors qu’un pied c’est compliqué à laver, il y a des doigts, cela monte, cela descend, un pied, ça ne sent pas forcément très bon…

 

Alors je me dis que peut-être, le Christ a lavé nos pieds parce que nos pieds ressemblent parfois à notre vie. Un pied, c’est un peu comme nos vies, qui sont compliquées et pleines de replis, qui traversent des hauts et des bas…

 

En lavant nos pieds, Jésus, vient laver ces hauts et ces bas, laver les hauts de nos vies, quand tout va bien, pour nous aider à entrer dans l’action de grâce et à vivre de l’action de grâce, de la joie et de la vie de Dieu ; quand nous sommes en difficultés, quand nous sommes en bas, eh bien le Christ vient aussi laver nos bas, pour nous aider à y discerner sa présence douce, bienfaisante et salutaire.

 

Il y a les formes bizarres du pied, mais il y a aussi les odeurs… un pied cela ne sent pas forcément très bon… un peu comme nos vies… Ô combien nos vies parfois prennent une drôle d’odeur, une drôle d’odeur qui peut être l’odeur des larmes versées, l’odeur des regrets qui s’accumulent, des remords qui s’amoncellent, des péchés qui pourrissent… mais le Christ vient laver cela à grande eau, il vient y déposer un baiser, il vient y répandre le parfum du Saint Chrême, qui fait que depuis notre baptême, nous sentons la bonne odeur du Christ… bien sûr cette odeur de Saint Chrême peut être masquée avec le temps, mais le karcher de la confession met nos pieds et notre cœur à neuf, empli de ce délicieux parfum à nul autre pareil.

 

Dessin de Rembrandt

 

En prenant les pieds de ses disciples, en lavant, le Christ ne fait donc pas que laver des pieds, il nous rappelle que nous sommes déjà lavés tout entiers par le bain du baptême. En lavant les pieds, Jésus nous donne un signe, mais un signe cela renvoie toujours à plus loin… Derrière le geste de Jésus, il y a tout l’amour de Dieu, qui s’abaisse jusqu’à nous pour nous relever avec lui dans sa gloire.

 

En instituant par le lavement des pieds le service comme centre de la vie chrétienne et en donnant son Corps et son Sang, Jésus institue aussi le sacerdoce, qui est signe de l’amour de Dieu, ce Dieu qui donne des hommes pour veiller sur d’autres hommes. Derrière le signe du sacerdoce, il y a l’amour qui ne peut être satisfait que s’il abaisse auprès du plus faible.

 

Derrière le signe du pain et du vin, il y a une révolution admirable : nos yeux, nos sens peuvent nous dire que ce n’est que du pain ou du vin, mais notre âme, notre cœur, sait que, par la puissance de Dieu, ce pain est devenu Corps du Christ, nourriture solide pour notre marche à la suite de Dieu ; notre cœur, sait que, que par la puissance de l’amour de Dieu, le vin est devenu Sang du Christ, vin des Noces de l’Agneau, coupe de la vie éternelle.

 

...

 

Ce soir, nous vivons le début du passage de Pâques, avec la puissance d’amour de Dieu… Cette puissance est à l’œuvre dans notre monde, mais pas à la manière du monde, Dieu œuvre par l’abaissement. La puissance d’amour de Dieu est abaissement, comme nous le lisons dans la Passion, comme nous le lisons dans l’Evangile du lavement des pieds… abaissement… « qui s’abaisse sera élevé » nous dit Jésus.

 

L’abaissement ce n’est pas l’humiliation, c’est se mettre à niveau des hommes : comme lorsqu’un père ou une mère de famille se penche vers son enfant pour lui parler, le laver, le prendre dans ses bras ; c’est se mettre à niveau d’une personne affaiblie par la maladie, s’asseoir pour être au niveau de son visage, pour pouvoir lui prendre la main et demeurer ainsi en communion.

 

Se mettre à niveau des hommes, c’est voir en chacun l’enfant de Dieu qu’il est, soit pour le contempler, car la personne resplendit de l’Evangile, soit pour lui révéler combien est grand l’amour que Dieu a pour elle… S’abaisser pour mieux parler aux hommes de Dieu, leur dire qu’Il est venu dans leur petitesse pour y déployer sa grâce et son amour… S’abaisser enfin pour pardonner, car le pardon ne se donne pas de haut, il se fait don pour élever l’autre, l’ancien offenseur.

 

Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout… Jésus nous aime, jusqu’au bout, jusqu’au bout des pieds (il les lave), jusqu’au bout de la tête (il nous parle), jusqu’au bout de notre cœur (il donne son Corps pour nourrir notre corps).

 

Ouvrons nos mains, nos pieds, notre intelligence et notre cœur à ce Dieu qui vient nourrir notre soif de vie éternelle. Laissons-nous conduire par le Christ dans sa Pâque. Il a désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec nous.

 

Thomas Poussier

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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 22:44
Les offices des ténèbres

Les solennités de Pâques sont un des moments essentiels de la liturgie catholique.

Elles commémorent la mort du Christ, sa mise au tombeau, sa descente en Enfer et sa résurrection.

Jusqu'au IVe siècle, Pâques rythme l'année liturgique avant d'être remplacé par Noël, la naissance du Christ, plus en phase avec les logiques humaines.

Les offices des ténèbres font partie des offices de lecture, les heures canoniales qui, sur fond de tradition hébraïque, permettent de lire ou cantiller les 150 psaumes et cantiques des Testaments dans la semaine. Ce sont des offices sans sacrements.

Fixés au VIIIe siècle, les offices des ténèbres prennent place à l'apogée des célébrations de Pâques, c'est à dire aux trois derniers jours de la Semaine sainte, le Triduum Sacrum, en réunissant les Matines (la fin de la nuit) et les Laudes (le début du jour), d'où le nom d'Office des ténèbres.

A l'origine, selon une organisation, en trois nocturnes de chacune trois leçons, c'est à dire en trois parties comprenant chacune trois lectures, on y lisait chaque jour en première partie les lamentations de Jérémie, en seconde, saint Augustin et en troisième saint Paul.

Mais ce sont surtout les dramatiques Lamentations de Jérémie (Ancien Testament), écrites peu après la destruction de Jérusalem vers 587 qui ont marqué cet office.

Les Ténèbres ont jouit d'une grande popularité et perdurent dans certaines églises orientales, luthériennes ou anglicanes.

Au centre de la dramaturgie est un chandelier triangulaire à quinze bougies qu'on éteint progressivement après chacun des psaumes.

Les cierges représentent les onze apôtres fidèles, les trois Marie et le Christ. Le dernier cierge au sommet du chandelier symbolise le Christ.

Après le 14e psaume, on le cache derrière l'autel ou dans une lanterne fermée pour évoquer les ténèbres de la crucifiction.

On chante le Misere, et le public fait du vacarme (en frappant le sol avec les missels par exemple, ou des bâtons) pour simuler le tremblement de terre évoqué dans le Testament, mais aussi pour chasser les démons, selon les rites.

On ramène le cierge caché, symbolisant ainsi la résurrection.

À partir de la renaissance, les Offices des ténèbres deviennent des spectacles prisés, pour lesquels les compositeurs produisent des oeuvres dramatiques avec les Leçons des ténèbres mais encore Les lamentations de Jémémie.

En France, l'apogée se situe sous l'ancien Régime.

Bibliographie
Favier Thierry, Les Leçons de Ténèbres mises en musique : les enjeux d'une querelle théologique. Dans « Revue de l'histoire des religions » (217, 3) 2000, p. 415-427.
Gaudelus Sébastien, Les offices de Ténèbres en France. 1650-1790 (préface de Catherine Massip). « Sciences de la musique », CNRS, Paris 2005 [300 p.]
Leçons de liturgie à l'usage des séminaires. L. Hébert, prêtre de Saint-Sulpice. Vingt-neuvième édition, revue et mise à jour par A. Fayard, professeur au Séminaire du Puy-en-Velay. Paris 1952 Tome III - chapitre VI.

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