Vous trouverez ici des textes extraits de mes écoutes et lectures "spirituelles". Si un mot, une phrase, une
pensée, touche votre coeur c'est que Dieu vous a fait signe par les mots de ceux qu'Il inspire.
En France, vivait une jeune et jolie femme nommée Catherine de Montalembert.
Celle-ci annonça un jour à son père sa décision de devenir religieuse.
Elle lui dit : « Père, vous savez, j’aime tout ! J’aime le plaisir, j’aime l’humour et l’esprit, j’aime le monde, j’aime la danse, j’aime ma famille, j’aime mes études, j’aime mes amis, mon âge, ma vie, ma patrie, mais j’aime Dieu plus que tout cela et je veux être entièrement à Lui ! »
Son père essaya d’objecter : « Ma chère enfant, ne regretteras-tu pas un jour d’avoir renoncé à toutes ces choses ? », et Catherine de lui répondre : « Père, c’est vous-même qui m’avez appris qu’on n'offre pas à Dieu des cœurs flétris et des volontés molles. »
Catherine (1841-1926), religieuse du Sacré Cœur, supérieure à Marmoutier, Laval, Nantes, Besançon, Lille, la Vicairie d'Autriche et Bruxelles puis assistante générale à Rome
Le point capital, c’est l’entrée en contact et l’interpénétration sans confusion de l’humain et du divin, la divinisation de l’humain dans le sein virginal d’une petite galiléenne.
Il se trouve que nous nous vautrons comme des porcs dans la boue, le sang et la sanie, ce qui nous vaut d’expérimenter la maladie, la souffrance et la mort.
Le nouvel Adam vient donc, sans faire le difficile, nous rejoindre là où nous sommes.
Sans même retrousser ses manches, il plonge ses mains et ses bras, lui le-seul-sans-péché, ο μονος αναμαρτητος, comme disent nos textes liturgiques, dans les profondeurs immondes de notre pauvre nature animalisée par le péché, dans les abîmes où se déploient les racines chevelues de notre violence, de notre sexualité blessée et fragile, de nos angoisses et de nos névroses.
C’est pourquoi le 25 mars aboutira aux affres du grand Vendredi et à la déréliction du Roi endormi dans le tombeau, le grand Samedi.
Mais le Nouvel Adam est infiniment plus que Adam avant la chute, c’est l’Homme par excellence, le seul homme pleinement humain, qui ne fragmente pas la nature humaine, parce qu’il est en même temps pleinement divin.
On peut donc supposer que, quand même l’homme n’eût pas péché, les épousailles divines avec l’humanité auraient été malgré tout célébrées.
Le point capital, ce n’est pas le Vendredi saint, mais le 25 mars.
Parce que l’Epoux de l’Eglise est fou d’amour pour son Epouse, nous possédons le redoutable et tragique pouvoir de lui imposer la nécessité du Vendredi saint dès lors qu’il décide d’être le divin Mendiant d’amour frappant à la porte du cœur humain afin de pénétrer dans notre humanité.
Mais nous ne devons pas croire qu’il n’est devenu l’un de nous que pour rattraper le Dessein de Dieu que nous avions fait échouer.
Ce Dessein vient de bien plus loin : en lançant dans l’être la première molécule, Dieu, qui ne vit pas dans le temps et donc pense tout en même temps, Dieu le Père contemple son Fils et l’union divinisante qu’il réalisera de toute manière avec l’humanité, c’est-à-dire avec la sainte Eglise.
C’est l’Incarnation qui nous livre la signification profonde de la création, ce n’est pas la chute qui suffit à expliquer l’Incarnation.
Et de tous les Pères orientaux, celui qui est allé le plus loin dans le refus de tout juridisme en théologie chrétienne, c’est très certainement saint Isaac le Syrien, ce grand moine du golfe Persique, au 7ème siècle.
L’Abbé Isaac tient pour blasphématoire l’idée que Dieu puisse faire payer l’homme pour le mal qu’il a pu faire, et il rejette catégoriquement l’idée de rétribution.
Il ne veut entendre parler que d’une sollicitude divine pouvant aller jusqu’à s’adresser aux démons eux-mêmes, sollicitude qui n’est pas moins grande que la plénitude d’amour qu’il porte envers toutes ses autres créatures.
Pour l’Abbé Isaac, la miséricorde divine est opposée à la justice, et elle transcende toute justice.
Il nous dit : S’il y a l’amour, il n’y a pas de rétribution; et s’il y a rétribution, il n’y a pas d’amour.
Et il dit encore : L’usage que Dieu fait de sa justice ne fait pas le poids devant sa miséricorde.
Pour lui, l’idée d’un châtiment éternel des hommes pécheurs et même des démons, est incompatible avec l’idée d’un Dieu dont saint Jean nous dit qu’il est amour, idée que l’Abbé Isaac situe au centre de toute son oeuvre.
Si l’amour ineffable est constitutif de l’être même du Dieu tri-unique, unique mais non point solitaire, le salut que Dieu veut pour ses créatures, même pour les démons, ne peut être qu’un salut universel.
La seule limite à la réalisation de ce dessein divin est la liberté tragique que possèdent les hommes comme les anges de rejeter le salut accompli par le Christ et qui ne saurait être obligatoire.
Pour l’Abbé Isaac, l’enfer est une sorte de purgatoire, plutôt qu’un enfer : son but est de sauver les anges comme les hommes.
L’idée d’un châtiment que Dieu voudrait éternel lui paraît incompatible avec la bonté du Dieu qui est amour.
Aucun discours religieux ne peut être plus actuel pour nos contemporains que l’annonce d’un Dieu d’amour et de miséricorde, et non pas d’un Dieu/Juge.
La miséricorde, écrit saint Isaac, est opposée à la justice.
En tout cas, dans le christianisme tel que le comprend l’Abbé Isaac, la miséricorde doit transcender toute justice.
Saint Isaac a ce que Pascal appellera la force d’esprit de penser et d’affirmer que Dieu n’a fait tout cela – Isaac veut parler de l’Incarnation – pour aucune autre raison, sinon pour faire connaître au monde son amour.
Et il ajoute que ladite Incarnation s’est produite non pas pour nous racheter de nos péchés, ni pour aucune autre raison, mais uniquement afin que le monde se rendît compte de l’amour que Dieu porte à sa création.
Et il faut entendre ici l’amour non point principalement au niveau psychologique, comme un sentiment, mais au niveau ontologique – c’est-à-dire au niveau de l’être même de Dieu, de la vérité de l’existence divine, de la réalité existentielle de Dieu, de l’identité de son être proprement divin.
Une des trois Personnes divines devient l’un des hommes afin de restaurer l’union de Dieu et de l’homme qui était tout le Dessein de salut divin sur les anges et les hommes dès avant la création du monde.
Dire que Dieu aime les anges et les hommes, et qu’il ne saurait faire autre chose que les aimer, c’est dire qu’il pense tout le sens de leur existence et de leur destinée comme une déification, comme une ascension vers la gloire divine, vers la lumière incréée, comme une entrée dans l’acte générateur éternel par lequel le Père communique à son Fils unique toute sa plénitude de vie divine et incréée qu’est son saint Esprit.
Vous pouvez bien chercher ce qui peut relever de la justice et du droit dans ce projet divin, on vous met bien au défi d’en trouver la moindre trace.
Mgr Jean de Saint-Denis ayant reçu, vers 1943, la commande d’une icône par les Compagnons de France -descendants lointains des corporations du Moyen-âge- peignit une grande icône de Notre Dame du Labeur, dans le manteau de laquelle sont représentés les principaux métiers des hommes. Marie, en effet, a accompli la plus grande oeuvre humaine, celle d’engendrer, selon la chair, le Fils de Dieu, et elle récapitule tous les labeurs des hommes. Et il composa une très belle litanie à N. D. du labeur, qui pourrait d’ailleurs être continuée, parce que tous les métiers, ou types de métiers n’y sont pas représentés, à condition d’en garder le style et l’esprit (mettre chaque métier en rapport avec sa symbolique spirituelle)* : je crois en avoir écrit quelques-unes. De plus, Mgr Jean ayant constaté qu’en France, le travail n’était fêté que par la « société civile » (les syndicats), sans référence à Dieu, il a aussi voulu rappeler le labeur des anges, qui, comme Dieu, « œuvrent sans cesse », et, ainsi, à travers Marie et les anges, sanctifier le labeur humain.
Il voulait rappeler, notamment, le grand miracle du renouvellement des icônes (et des coupoles d’églises) survenu en Russie, pendant la Révolution bolchévique, puis au début des années 30, avant le grand mouvement de destruction des églises par les Soviétiques (jusque vers 1942), puis en Chine, où le même miracle se produisit dans les églises russes, entre la fin de la guerre et la prise de pouvoir par les communistes (1945-1949)**. Un grand nombre d’icônes et de fresques, noircies par le temps et la fumée des cierges, retrouvèrent instantanément leur éclat et leurs couleurs par le ministère des anges. Il en fut de même pour de nombreuses coupoles d’églises. Le jeune Eugraph Kovalevsky fut témoin d’un de ces miracles à Karkhov en 1919 [il avait 14 ans et ses parents s’étaient réfugiés en Ukraine].
Nous avons célébré plusieurs fois cette liturgie dans notre paroisse. Je vous envoie la photo de l’icône et la litanie. Je vous joins aussi la lecture liturgique de la vie de l’évêque Jean, qui rapporte lui-même le miracle dont il fut témoin, que nous avons élaborée et introduite dans la liturgie de cette fête le 1er mai 1983***.
Il est important de prier actuellement pour ceux qui, par leur travail, nous permettent de continuer à vivre, pour les médecins et tous ceux qui soignent les malades, ainsi que pour les millions de chômeurs victimes de cette épidémie.
Que Dieu bénisse notre labeur et nous accorde qu’il produise des fruits spirituels.
P. Noël TANAZACQ
* On peut aussi la compléter : par ex.,
- après « Mère des médecins et des chirurgiens, », on peut ajouter : « des pharmaciens, des dentistes,…… et de tous les thérapeutes »
- après « Mère des imprimeurs », on peut ajouter : « des bibliothécaires, des documentalistes… et des informaticiens ».
Etc.
** Miracle planétaire, accompli devant des millions de témoins, et dont personne ne parle jamais, ni dans la presse, ni dans les livres d’histoire…
***Dans les rites occidentaux on peut introduire une lecture de la vie d’un saint (synthétisée et dans un style biblique) ou même un extrait de son œuvre, s’il est un Père de l’Eglise, avant la lecture canonique de l’Epître, ce qui n’existe pas en Orient.
Litanie de Notre-Dame du Labeur
Ave, Mère des cultivateurs et des vignerons, de ton sein très pur est sorti la vigne de la Vie éternelle.
Ave, Mère des jardiniers, tes entrailles sont des jardins de délices pour le Nouvel Adam.
Ave, Mère des pêcheurs, tes filets de vertus ont pêché Ichtys1, Dieu plongé dans les eaux de nos misères.
Ave, Mère des forgerons, ayant frappé le fer rouge du feu divin, tu forges des chaînes d’amitié entre Dieu et l’Homme.
Ave, Mère des fondeurs, carillon qui annonce par ton Fils la bonne nouvelle aux pauvres et la paix au monde.
Ave, Mère des mineurs, dans la grotte tu as frappé la terre de ta maternité et, demeurant Vierge, tu as donné naissance au Christ, charbon ardent de l’amour.
Ave, Mère des menuisiers et des charpentiers, tu charpentes le Ciel nouveau où Dieu est avec nous.
Ave, Mère des bouchers, l’Agneau immolé est ton Fils dont le Sang donne la vie aux mortels.
Avec, Mère des maçons, tu as bâti le temple pour la Sagesse prééternelle et Sa gloire y habite.
Ave, Mère des imprimeurs, le Nom qui est au-dessus de tout nom, Jésus, l’Alpha et l’Oméga, Lui la plénitude de l’alphabet, S’est imprimé en toi.
Ave, Mère des verriers, tu as soufflé une coupe de cristal sans défaut, le corps parfait d’un Dieu parfait.
Ave, Mère des orfèvres, de toi se détache une pierre précieuse, joyau inestimable, fondement du monde nouveau.
Ave, Mère des jongleurs, l’enfant d’Elisabeth en te voyant a tressailli dans le sein de sa mère et toutes les créatures sont entrées dans une ronde d’allégresse.
Ave, Mère des alchimistes, de la terre vile, tu as retiré l’or plus vrillant que celui d’Ophir et tu as extrait la Pierre d’angle, couronnement de l’œuvre divine.
Ave, Mère des tailleurs, tu as tissé le beau corps de l’Inaccessible et, voyant sa splendeur, l’humanité se presse de revêtir le Christ.
Ave, Mère des troubadours, la parole exquise bouillonne dans ton cœur et de tes entrailles jaillit le chant nouveau de la Résurrection.
Ave, Mère des médecins et des chirurgiens, tu as engendré le Médecin du monde, Qui, par Sa Croix, nous guérit de la mort.
Ave, Mère des teinturiers, tu as peint en blanc, ô merveille, les habits noirs du péché de l’homme déchu, par l’écarlate du sang de ton Fils.
Ave, Mère des serruriers, tu as ouvert la porte du Paradis avec la clef virginale, demeurant toi-même la porte close et donnant passage au héros de notre salut.
Ave, Mère des épiciers et de tous les commerçants, tu as donné naissance à Celui Qui nous vend gratuitement l’or de l’Evangile et l’argent éprouvé de la Parole pure.
Ave, Mère de tout labeur humain ! En toi, nous reconnaissons la Mère de Dieu et l’œuvre parfaite que, dans l’Esprit Saint, l’homme a forgée, sculptée, cultivée, battue, imprimée, teinte, ciselée, taillée, mesurée, pêchée, fondue, extraite, polie, édifiée et produite, ô Très Pure.
Protège tes enfants, sauve-les, Marie, pleine de Grâce, Notre-Dame du Labeur.
Mgr Jean de Saint-Denis (1905-1970) peignit en 1962 une grande icône de Notre-Damedu labeur pour les compagnons du tour de France et écrivit cette très belle litanie. Puis il sanctifia le 1er mai, en en faisant la fête de ND du labeur et du travail angélique, resituant ainsi tout le travail des hommes dans une perspective spirituelle. Il est bien de se tourner vers ND du labeur et de dire cette litanie lorsqu’on est en recherche d’un travail ou qu’on souffre dans son travail. P. N.T. (8-11-2013)
(1)Ichtys ou ichtus veut dire « poisson » en grec. Ce terme était un symbole chrétien dans l’Antiquité, parce qu’il est l’acronyme de : Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur.